Beverley attrape Lane par le bras, assez violemment pour lui laisser un bleu.
- Tu ne vas pas faire de bêtise, hein, Michael ?
Il ne dit rien et libère son bras.
- Putain. Mike, mais regarde-le, ce pays ! Il y a plus de meurtres en un jour que dans une zone de guerre, les femmes de ministres font du trafic de coke et tous les flics marchent au backchich. Pourquoi on devrait se plier à des règles dépassées ?
- Tu essaies de justifier ce qu'on a fait en le transformant en une espèce d'action politique ?
- Je t'explique que le droit chemin n'existe plus, alors pourquoi essayer de le suivre, pour l'amour du Ciel ? lui lance-t-elle en le regardant dans les yeux. On ne peut plus faire marche arrière, Michael, tu saisis ?
Parle, Disco, sinon on va encore jeter ton cul de défoncé à Pollsmoor. Tu prendras perpète, mon pote. Et tu pourras te garer un camion dans le cul quand Piper en aura fini avec toi.
Sa présence allait au-delà du physique. C'était une atmosphère. Une manière d'empoisonner l'air autour de lui. Un être empreint de mort.
Benny Mongrel vivait d'expédients depuis l’âge d'une heure, quand son minuscule corps nu encore couvert de placenta avait été abandonné dans une poubelle. Son instinct de survie l'avait poussé à pleurer dans la nuit - et à continuer de pleurer dans l'aube grise et pluvieuse - quand un groupe de sans-abri était venu piller les hectares du dépotoir.
Il avait pleuré jusqu'à ce qu'une sans-abri se baisse, l'extraie d'un tas d'os pourris et de têtes de poissons et le serre contre son sein. Alors il s'était calmé. Et n'avait plus jamais pleuré.
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Le langage politique a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner une apparence de consistance à ce qui n'est que du vent. George Orwell
Disaster Zondi estimait que la police était un rempart, la fine ligne bleue qui sépare la société de l'anarchie. Sa mission dans la vie était d'éliminer les mauvais flics qui s'enrichissent allègrement sur le dos du miracle de la transformation en Afrique du Sud.
Kate toujours dans des contrées où les minarets poussent dans le désert, où les femmes ne sont que des spectres noirs et où, armés d’AK-47 et d’engins explosifs bricolés, les hommes sont prêts à tuer et à mourir pour une foi passée au tamis de la peur et de la haine, aiguisée par l’Amérique, ses agents recruteurs, ses désertions, ses missions secrètes, ses drones et ses incessantes croisades monolithiques dopées au Coca-Cola, l’Amérique avec ses opérations militaires, ses armées par procuration – rien que des pillards, violeurs et cinglés du moment, cooptés, armés et lâchés dans la nature jusqu’à ce qu’ils soient désavoués la semaine suivante, après quoi ils se retournaient, aussi sûrement que la Terre tourne sur elle-même, contre leurs amis devenus ennemis et les haïssaient avec passion.
Burn se retrouva assis dans la chambre de Matt, sur un des lits super posés à la couette bariolée. Un livre de Dr Seuss traînait sur la maquette. Le Chat chapeauté. Burn le ramassa et feuilleta; les nuits interminables pendant lesquelles il l’avait lu à son fils avaient imprimé chaque page dans sa mémoire. Il reposa le livre.
- Tu es zoulou, n'est-ce pas?
- Ja. Et? ...
- Tu n'as pas l'air d'adorer tes traditions.
Zondi haussa les épaules.
- Tu peux me trouver blasé, mais je n'approuve pas ce mythe de bon sauvage. C'est un fantasme de Blancs et de nationalistes zoulous.
Rien de tel que la haine féroce d’un être pour vous donner une raison de vivre.