Après la Seconde Guerre et l ' Occupation, ce fut, en France, une pratique massivement appliquée à l ' encontre des femmes suspectes de " collaboration horizontale". C'est un des aspects les plus sinistres de la libération : un carnaval moche, comme dit Alain Brossat, un des premiers à l ' avoir étudié. Fabrice Virgili lui a consacré sa thèse. Il a montré l ' ampleur, voire la généralité, d ' une pratique étendue à toute la France et qui a touché peut être vingt mille femmes, aussi bien dans les grandes villes que dans les campagnes. La " tonte" commence dès le printemps 1944, avec une deuxième vague en mai - juin 1945 et le retour des prisonniers, des gens du STO ( Service du travail obligatoire), et la découverte des camps. Le rituel est partout le même : promenades accompagnant les tontes publiques, pratiquées souvent sur une estrade, occasion de dérision, de rigolade, de défoulement sur des femmes prises comme exutoire des lâchetés de tous.