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Citations de Michelle Perrot (183)


Lorsqu'en 1967 la contraception a été légalisée, des hommes se sont demandé ce qui allait se passer avec la sexualité féminine. Le député à l'origine de la loi, Lucien Neuwirth s'est vu accusé de transformer la France en bordel... Page 119
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On le voit très bien dans le droit de vote : pour Sieyès, les femmes sont des citoyennes passives, qui ont droit à la protection de leur personne et de leurs biens mais ne votent pas. Elles n’ont aucun accès à la décision politique. Néanmoins, son discours n’est pas sans nuance puisqu’il précise : « du moins dans l’état actuel », comme si les femmes n’étaient pas encore capables à ce moment-là d’être citoyennes et de participer à la vie publique, mais pourraient l’être un jour. -- Cette distinction a été immédiatement récusée par les femmes, en particulier par Olympe de Gouges, la première à avoir eu conscience que cet universalisme proclamé était un piège. Elle objecte que si les femmes ont le droit de monter à l’échafaud, elles ont aussi le droit de monter à la tribune, à la fois lieu matériel et symbolique. Publiée en 179 1, en fait très peu diffusée (elle l’affichait elle-même sur les lieux accessibles), sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est d’une grande clarté, et on pourrait toujours la revendiquer aujourd’hui. En voici deux extraits.
Article VI : « La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. »
Article XVI : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution : la Constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction. »
En matière de liberté d’expression, il n’y a pas tant d’événements véritablement créateurs dans l’histoire. La Révolution en est un, assurément. La déclaration d’Olympe de Gouges aussi. 142
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"Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d'invention et de fécondité ."
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" Privés d'avenir, les révolutionnaires investissent le passé de leur espoir déçu."

(page 34)
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L'irruption d'une présence et d'une parole féminines en des lieux qui leur étaient jusque-là interdits, ou peu familiers, est une innovation du dernier demi-siècle qui change l'horizon sonore. Il subsiste pourtant bien des zones muettes et, en ce qui concerne le passé, un océan de silence, lié au partage inégal des traces, de la mémoire et, plus encore, de l'Histoire, ce récit qui, si longtemps, a "oublié" les femmes, comme si, vouées à l'obscurité de la reproduction, inénarrable, elles étaient hors du temps, du moins hors événement.
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Nohant est un lieu. Hérité par Aurore Dupin, adopté et investi par George Sand qui en a fait non seulement une habitation et un mode de vie, mais un projet : celui d'une maison d'artiste, seule identité qu'elle se reconnaisse, enracinée dans un pays, le Berry, pauvre et laid, et pourtant oasis dans les tempêtes, "ma Capoue", où les printemps sont plus beaux qu'ailleurs. Un lieu infiniment désirable, où l'on revient toujours, cristal de souvenirs, porteur d'une mémoire relativement longue, lié à l'histoire d'une famille et plus largement à celle de la France centrale, confluente, protégée et protectrice.
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Les formes d'enfermement, de clôture des femmes sont innombrables : le gynécée, le harem, la chambre des dames du château féodal dont Jeanne Bourin a fait un roman à succès, le couvent, la maison victorienne, la maison close. Il faut protéger les femmes, cacher leur séduction. Les voiler. "Une femme en public est toujours déplacée", dit Pythagore. "Toute femme qui se montre se déshonore", écrit Rousseau à d'Alembert. Ce que l'on redoute : les femmes en public, les femmes en mouvement.
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La séduction du fait-divers

M.P : le fait-divers plongeait au coeur d'un secret privé et devenait l'épopée du quotidien. Ce dernier prenait alors une sorte de grandeur épique à l'échelle individuelle. À partir du moment où la mondialisation s'est étoffée, rendant accessibles toutes les nouvelles du monde, le événements tragiques suscitent l'inquiétude et mobilisent les sensibilités - parce qu'au fond chacun peut se précipiter devant la télévision, son ordinateur ou son téléphone portable, pour regarder l'attentat de tel pays, la guerre en direct ,une catastrophe industrielle ou naturelle.Le déplacement du regard équivaut à un déplacement du seuil de sensibilité, éloignant le fait-divers et ainsi réduisant son impact émotionnel.

( p.110)
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[...] Il faut nous débarrasser des théories de 93 ; elles nous ont perdus. Terreur et Saint-Barthélémy, c'est la même voix [...]. Maudissez tous ceux qui creusent des charniers. La vie n'en sort pas. C'est une erreur historique dont il faut nous dégager. Le mal engendre le mal. Apprenons à être révolutionnaires obstinés et patients, jamais terroristes. » Une manière de testament politique de celle qui est « demeurée rouge dans son coeur ».
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La séduction du fait divers

Les écrivains, moralistes et censeurs ne sont pas unanimes. Les critiques les plus vives datent du XIX e siècle. Pour Barbey d'Aurevilly, le fait-divers est appelé à devenir la "vermine" des journaux qu'il rongera de l'intérieur jusqu'à leur anéantissement. Mais Jean- Paul Sartre fera explicitement référence aux soeurs Papin (...)Le fait-divers est entré en Littérature. Flaubert a puisé la trame de Madame Bovary dans "La Gazette des tribunaux ", Mauriac s'est inspiré d'un fait-divers bordelais pour rédiger
" Thérèse Desqueyroux".Devenue source d'inspiration, l'importance romanesque du fait-divers ne cesse de croître comme en témoignent " L'Adversaire " ou " La Serpe", les romans d'Emmanuel Carrère et Philippe Jaenada...
Non seulement le fait divers fait partie intégrante de la communication, mais sélectionné et construit, il renseigne sur ses usages et les préoccupations d'une époque, et parfois sur les conditions de vie et les difficultés d'une existence de misère.

(p.87)
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Ces chambres foisonnantes, énigmatiques, je les ai aimées pour les cicatrices de leurs murs, leurs murmures étouffés, leurs émotions contenues, leurs intrigues, leur densité existentielle et les sentiers forestiers de leur imaginaire. Tributaire des confidences et des « aveux du roman », surprise par leur puissance de suggestion, voire de confession pour chacun d'entre nous, j'ai eu parfois le sentiment d'être indiscrète. Mais plus encore de me heurter à l'éphémère et à l'inconnaissable. Le secret protecteur dont les habitants des chambres s'enveloppaient, leur silence, s'opposent pareillement à l'intrusion de l'historien. La chambre est un objet limite dont l'opacité déjoue les curiosités du chercheur, comme celles du pouvoir.
C'est sans doute une des raisons de sa séduction.
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À l'ombre des hauts murs

F.C :Jeremy Bentham, qui naquit à Londres au milieu du XVIIIe siècle, auquel vous vous êtes intéressé, notamment dans " L'Oeil du pouvoir " qui est un entretien avec Michel Foucault, a joué un rôle important, hier comme aujourd'hui, dans les réflexions sur la surveillance. (...) Le vrai changement, a confié, en 1973, Michel Foucault dans un entretien publié dans " Pro Justitia.Revue politique de droit" , c'est "l'invention du panoptisme " qui est devenu, selon lui , très tôt, une réalité juridique et institutionnelle, mais aussi une " invention technologique", dont la prison est une pièce maîtresse du système pénal.

M.P : Dans " Surveiller et punir" , un chapitre s'appelle le panoptique de Jeremy Bentham qui avait été occulté ou négligé. (...)
La version originale, en anglais, intitulée "Panoption" , a été publiée en 1786.(...)
Il veut s'adresser aux révolutionnaires, en particulier à Condorcet, La Fayette et La Rochefoucauld- Liancourt, en quête de modèle de prison et leur dit à peu près :" Moi j'ai une solution , un modèle architectural qui consiste à faire surveiller un très grand nombre de gens par un tout petit nombre."

( p.36)
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Ces souvenirs d'enfance ont eu le secret de m'attacher à une maison par des liens d'affection et de bien être qui font que je ne m'en éloigne jamais sans pleurer de regret et que je n'y rentre point sans pleurer de joie
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" Aimer sans être aimée, c'est vouloir allumer
Une Cigarette à une cigarette déjà éteinte ."
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Le mariage, elle en était convaincue, était la clé de la servitude, d'autant plus que, acte religieux de catholicité ( mais il n'y avait pas alors d'état civil), il était un acte indissoluble.
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[...] leur posture normale [des femmes] est l'écoute, l'attente, le repli des mots au fond d'elles-mêmes. Accepter, se conformer, obéir, se soumettre et se taire. Car ce silence, imposé par l'ordre symbolique, n'est pas seulement celui de la parole, mais aussi celui de l'expression, gestuelle ou scripturaire. Le corps des femmes, leur tête, leur visage parfois doivent être couverts, et même voilés. "Les femmes sont faites pour cacher leur vie" dans l'ombre du gynécée, du couvent ou de la maison. Et l'accès au livre et à l'écriture, mode de communication distanciée et serpentine, susceptible et déjouer les clôtures et de pénétrer dans l'intimité la mieux gardée, de troubler un imaginaire toujours prêt aux tentations du rêve, leur fût longtemps refusé, ou parcimonieusement accordé, comme une porte entr'ouverte vers l'infini du désir.
Car le silence était à la fois discipline du monde, des familles et des corps, règle politique, sociale, familiale -les murs de la maison étouffent les cris des femmes et des enfants battus- personnelle. Une femme convenable ne se plaint pas, ne se confie pas, excepté chez les catholiques à son confesseur, ne se livre pas. La pudeur est sa vertu, le silence, son honneur, au point de devenir une seconde nature, l'impossibilité de parler d'elles finissant par abolir son être-même, ou du moins ce qu'on peut en savoir. Telles ces vieilles femmes murées dans un mutisme d'outre-tombe, dont on ne discerne plus s'il est volonté de se taire, incapacité à communiquer ou absence d'une pensée dissoute à force de ne pouvoir s'exprimer.
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Page 29

Pendant très longtemps, battre un enfant était presque normal. Une taloche..
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Universel dans sa foisonnante diversité, le féminisme est une manière de révolution dans les rapports entre les sexes, un chemin sinueux, ombreux, obstiné, vers l'égalité, la liberté et l'amour.
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Michelle Perrot
Une oasis, un sanctuaire : la vocation idéale de Nohant. - p. 136
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Elle ressent douloureusement les obstacles opposés à son sexe et les difficultés de passer de la galanterie de la femme-objet, à la citoyenneté de la femme-sujet.
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