Avec des mots simples, Mireille Delaunay brosse le portrait de 10 femmes dont la voix s’est élevée dans une société où elles auraient dû se taire, n’être que silence résigné et soumis. Elles ont pourtant bravé l’hypocrite l’adage « sois belle et tais-toi ».
Professeure de lettres pendant 40 ans et férue d’Histoire, Mireille Delaunay vit dans les monts du Lyonnais. Elle vient de publier un court essai, Dix portraits d’écrivaines françaises rebelles en leur temps, à l’usage des esprits curieux aux Éditions Complicités, illustré par Flora Gressard.
Il est de saines rébellions, nécessaires à l’avancée d’une société plus juste. Dès lors que l’autorité est abusive, l’insoumission est légitime. Oh ! Pas une révolte violente, non ! Celle, subtile et sûre, que nous donnent les connaissances. C’est ainsi que ces femmes ont gagné leur émancipation. Et n’oublions pas : il fut des temps où refuser de se taire fut l’acte d’un véritable courage.
Dans ce bref essai, Mireille Delaunay remet à l’honneur ces écrivaines qui ont bravé les limites que leur imposait l’éducation de leur sexe, de leur époque ou de leur couleur. « Ces portraits, explique Mireille Delaunay, sont présentés dans un ordre chronologique, ils sont brefs, vivants, détaillés et replacés dans leur contexte historique pour que tout lecteur, et un jeune-homme ou une jeune-fille en particulier, puisse se repérer et mieux comprendre l’évolution de la condition féminine, la différence de traitement et les inégalités auxquelles les femmes ont dû faire face. C’est un livre concis (100 pages) et facile à lire. »
Des voix féminines
« Il était une fois des petites filles, et quelques pères en avance sur leur temps, n’acceptant pas qu’on les éduque et qu’on les traite différemment des garçons. » Ainsi commence la 4e de couverture, qui donne la tonalité de ces portraits, rapidement brossés, prémices d’une émancipation féminine.
Marie de France, Louise Labé, Madame d’Aulnoy, Madame du Châtelet, Olympe de Gouges auront laissé leur empreinte dans les manuels de nos lycéens, mais connaissez-vous Hubertine Auclert (1848-1914), la première suffragette qui « n’imaginait certainement pas à l’âge de treize ans, âge où son père meurt, qu’elle deviendrait plus tard une militante féministe très active ! » ou encore Paulette Nardal, « la première étudiante noire à être admise à la prestigieuse Sorbonne en 1920 » et première femme journaliste noire ?
À qui s’adresse cet essai ?
On pourrait penser spontanément aux jeunes filles en quête de modèles de femmes courageuses, mais aussi à tous les « esprits curieux » de l’histoire en général, de l’évolution des relations hommes-femmes en particulier.
Enfin, cet ouvrage rappelle l’importance du combat de ces femmes, à l’heure où l’on considère, à tort, l’émancipation féminine comme étant définitivement acquise.
Nathalie DUNAND
nathalie.infochalon@gmail.com
Dix portraits d’écrivaines françaises rebelles en leur temps, à l’usage des esprits curieux, (100 pages), de Mireille Delaunay
Illustrations et couverture : Flora Gressard
Les Éditions Complicités, 2020, Paris
10 €, disponible en ligne ou en librairie.
Mail : contact@editions-complicités.fr
Il était une fois des petites filles, et quelques pères en avance sur leur temps, n’acceptant pas qu’on les éduque et qu’on les traite différemment des garçons. Ces petites filles, issues du peuple, de la bourgeoisie ou de la noblesse, ont grandi, sont devenues des femmes, libres, parfois audacieuses, ayant osé écrire, ou même se battre, pour défendre leurs droits, à une époque où un tel acte était au mieux mal considéré, au pire dangereux. Leurs textes doivent donc être lus à la lumière du contexte historique dans lequel elles ont vécu, c’est-à-dire un monde gouverné en majorité par des hommes autoritaires, souvent méprisants et intolérants. Ces dix portraits d’écrivaines, dépeints volontairement avec la légèreté du croquis plutôt qu’avec le parachèvement de l’étude universitaire, s’inscrivent dans la grande Histoire. Ils ont donc pour vocation de réhabiliter l’importance du combat de ces femmes, même minime, pour que les jeunes filles et les jeunes garçons du XXI° siècle comprennent mieux l’évolution de la condition féminine, la différence de traitement et les inégalités auxquelles les femmes ont dû faire face et aussi pour que toutes et tous puissions regarder autrement le monde d’aujourd’hui.
On peut ne pas suivre l’ordre chronologique et les découvrir comme on découvre une amie intime qui soudain raconte sa vie et qu’on prend plaisir à écouter.
Voici le premier almanach consacré à des écrivaines, des femmes surprenantes, inspirantes.
Certaines sont célèbres, la plupart sont tombées dans l’oubli mais elles ont toutes en commun d’avoir osé écrire. Pour cela, elles ont dû souvent batailler pour transgresser les préjugés de leur époque, s’imposer ou s’engager.
C’est une invitation à découvrir ce matrimoine littéraire de toute origine géographique et qui est aussi une histoire sous-jacente de la condition féminine depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.
Pour ne pas les oublier, découvrir leur combat, leur courage ou leur résilience et leur rendre hommage, il suffira de tourner une page chaque jour ou de papillonner au hasard du jaillissement d’une présence attirante. Cet almanach débute avec la princesse mésopotamienne Enheduanna, première poétesse connue, ayant vécu au XXIIIe siècle avant Jésus-Christ et se termine avec Nadia Anjuman, poétesse afghane assassinée par son mari en 2005. Elles sont toutes désignées par leur prénom parce qu’un sentiment de sororité est né au fur et à mesure de l’écriture et naîtra inévitablement au fur et à mesure de la lecture.
Alors que la guerre fait rage à nouveau à nos portes, en Europe, j’ai pensé que rendre hommage à Gustave André mais aussi à d’autres résistants dont sa femme, Suzanne Brachet, qui se sont engagés dans le même combat, était nécessaire. Et quoi de plus émouvant pour souligner la nécessité, la beauté mais aussi la dangerosité de leur engagement que des citations et des références à des œuvres littéraires et artistiques qui nous éclairent sur la folie et la cruauté des uns ou le courage et la solidarité des autres ! Car on peut aussi « Résister par l’art et la culture » (thème du Concours national de la Résistance et de la Déportation en 2015-2016).
Mieux comprendre pourquoi et comment cet instituteur, comme des milliers d’autres, s’est battu et a sacrifié sa vie pour les générations suivantes est l’un des buts premiers de ce livre, le second est de le faire surgir de l’ombre dans laquelle il aurait pu être définitivement noyé et éviter que des hommes tels que lui, au courage admirable, tombent dans l’oubli. Car si nous ne sommes pas responsables de notre histoire passée, nous sommes responsables de sauvegarder et d’honorer la mémoire de nos héros.
Le commentaire de Martine :
Ce livre est très abordable, il est facile à lire, chaque écrivaine est présentée par un court texte concis qui explique très bien sa démarche afin de pouvoir oser écrire des textes intéressants. Des textes qui dépeignent la société dans laquelle elle vit, ainsi que la place de la femme dans cette dite société. Leur histoire s'inscrit dans un monde gouverné par des hommes, ce qui rend encore plus audacieuses leurs démarches de se faire reconnaître comme écrivaine.
Un livre qui met en lumière les inégalités entre les filles et les garçons, les femmes contre les hommes. Les positions sociales, la condition féminine, le patriarcat, les études et le savoir, etc. Une lecture très intéressante, éducative et qui démontre l'audace de ses femmes de lettres qui se sont battues pour leurs droits. C'est un livre à lire !
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Le dégoût d'un grand nombre d'enfants pour la lecture vient de la nature des livres qu'on leur met entre les mains ; ils ne les comprennent pas et de là naît inévitablement l'ennui.
"Cet almanach est un objet merveilleusement instructif et jouissif."
Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022