Mireille Hadas-Lebel - Hérode
La poésie biblique se distingue de la prose, non seulement par le rythme ,mais aussi par certains traits lexicaux et gramaticaux.
On trouve une dizaine de noms pour le désert, une vingtaine pour les espèces épineuses, un nom particulier pour chaque type de Pluie -
C’est précisément dans la région de Canaan que se produit, dans le courant du second millénaire, une innovation proprement révolutionnaire : l’apparition de l’alphabet.
Certes, l’écriture existait antérieurement à cette période, mais les systèmes connus dans cette partie de l’univers depuis – 3 000 environ étaient extrêmement complexes, qu’il s’agisse des hiéroglyphes d’Égypte ou des caractères cunéiformes de l’Assyro-Babylonie. Ils comprenaient des centaines de signes difficiles à manier. Rares étaient donc ceux qui accédaient à la lecture et à l’écriture, et le petit nombre de lettrés se constituait en caste de scribes comme les mandarins en Chine. La découverte de l’alphabet, c’est-à-dire d’un système de signes limité à moins d’une trentaine, représente donc une véritable révolution sociale : la maîtrise de l’écriture n’est désormais plus le privilège de quelques-uns, elle est à la portée de tous.
Qu'elle langue a-t-on jamais vu ressusciter ?
Que ma doctrine se déverse comme la pluie
que ma parole se répende comme la rosée
comme les ondée sur le gazon
Comme les averses sur l'herbe .
Deutéronome 32,2.
(Aryeh Kasher et la psycho-histoire). Cette méthode qui associe psychologie et psychiatrie à l'histoire a déjà été appliquée à des personnalités controversées, comme Henry VIII ou Bismarck, et même à Martin Luther King, qui ont influencé le cours des événements. Elle marque le retour de la place faite aux "grands" hommes, sans que le terme de "grand" doive être pris nécessairement au sens positif. En association avec Eliezer Witztum, Kasher examine donc le comportement d'Hérode, tel qu'il est décrit par Flavius Josèphe. Schalit avait certes déjà évoqué la véritable "paranoïa" qui se serait emparée d'Hérode vers la fin de sa vie. Pour Kasher, il s'agit de détecter ses tendances paranoïdes depuis son jeune âge et de repérer le point où il passe d'un désordre paranoïde de la personnalité à un état plus sévère qui est délire de la persécution. Le résultat est une volumineuse "psychobiographie" qui cite de larges passages de Josèphe, en s'efforçant à chaque fois d'y déceler l'état mental d'Hérode à ce moment. L'entreprise n'a pas manqué de susciter, elle aussi, des critiques, mais elle a le mérite d'échapper à toute prévention idéologique en mettant l'accent sur la maladie mentale qui fut sans doute une des clés du comportement d'Hérode.
pp. 347-348
Pour qui arrivait de la mer, Alexandrie se signalait d'abord par son phare, c'est-à-dire par la tour construite sur l'île de Pharos. Comment ne pas parler d'abord de l'une des sept merveilles du monde ? De jour, il apparaissait de loin, alors que la côte, très basse, était encore indistincte ; de nuit, il signalait les écueils par une haute flamme.
Lorsqu'on songe à la suspicion qu'a value à Flavius Josèphe, sa présentation de la clémence des Flaviens, on n'en est que plus frappé de trouver dans une tradition juive antique un point de vue aussi favorable à Vespasien. Si favorable, que le véritable héros de l'histoire, Yo'hanan ben Zakkaï, apparaît comme un agent du général romain. C'est ce qui ressort de nos deux passages où il tient un discours en substance identique à celui de Josèphe sous les murs de Jérusalem assiégée. Tout ce que demande en effet Vespasien est un geste symbolique de soumission...
p. 129
A partir du II°s, l'équivalence entre Rome et Esaü-Edom est si bien acquise que tout ce qui s'applique à l'un s'applique à l'autre. Cela ressort explicitement de certains textes où l'on passe sans transition de Rome "royaume du mal" à Esaü et vice versa. (...) Toutes les exégèses bibliques sur Jacob et Esaü méritent donc de retenir l'attention, même lorsque de prime abord, elles paraissent dépourvues d'arrière-pensée politique. En effet, malgré les apparences, on est toujours en droit de soupçonner que Rome se profile à chaque fois derrière Esaü.
p. 465
Les Asidéens auraient donc été les premiers soutiens de la dynastie hasmonéenne (ainsi nommée, selon Josèphe, en référence à l’arrière-grand-père de Mattathias). Toutefois leur nom disparaît de l’histoire après l’avènement de Jonathan. Est-ce à partir de ce moment qu’ils ont été nommés « pharisiens » ? Le terme hébreu perushim, supposé être à la base de cette appellation, implique l’idée de séparation. Se donnaient-ils eux-mêmes ce nom ou ont-ils fini par accepter celui que leur attribuaient leurs adversaires ?