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Critiques de Mo Malø (821)
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Qaanaaq

Plus jamais tu ne prononceras le nom de ce super polar autrement que «  Hranaak » !



Comme dans tout polar, tout commence par un carnage , celui d'ouvriers de plateformes pétrolières dont les corps sont retrouvés déchiquetés comme par un ours polaire. Bien évidemment, l'intrigue propose rebondissements, fausses-pistes mais on sent dès le départ que l'auteur ne recherche pas une efficacité immédiate qui ne ferait qu'assommer le lecteur de péripéties épuisantes.



Non, là, c'est l'imprégnation progressive qui est au centre de tout, l'auteur prend son temps pour poser le décor. Et c'est plus que réussi ! Immersion totale, j'ai été embarquée au Groenland comme si j'y étais. Mo Malo ( auteur français sous pseudo ) n'y est jamais allé, handicap, mais il s'est ultra documenté. Toute la singularité de cette terre est rendue sans que jamais cela ne soit artificiellement présenté : la confrontation à la modernité d'une culture millénaire inuite en cours d'érosion, profondément articulée autour des forces de la nature ; les tensions avec le Danemark d'un territoire en quête d'indépendance depuis la loi d'autonomie de 2009 avec la montée d'un nationalisme inuit violent ; les bouleversements apportés par des mutations économiques d'une terre de chasseurs-pêcheurs en terre d'exploitation intensive convoitée pour la richesse de son sous-sol ( pétrole – or – uranium etc ); mais aussi la position géostratégique essentielle du Groenland au cours de la guerre froide avec la construction de bases secrètes américaines



C'est passionnant de suivre l'enquête l'inspecteur danois Qaanaaq avec tout cet arrière-plan. Un héros attachant bien que je l'ai trouvé un poil falot, mais j'ai aimé ces failles et sa quête d'identité ( c'est un enfant du Groenland, adopté par des Danois, qui retrouve sa terre d'origine et découvre les mystères de son histoire ), j'ai aimé sa ténacité et l'intuition qui lui fait mener avec intelligence ces interrogatoires. J'ai aimé son duo avec l'inspecteur autochtone Apputiku, souvent comique mais efficace.



Un vrai polar d'ambiance dépaysant, au scénario remarquablement mené, je me suis régalée !
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Summit

Direction le Grand Nord pour une lecture totalement immersive, déjà le quatrième opus des enquêtes de l'inspecteur Qaanaaq Adriensen, chef de la police locale de Nuuk, capitale du Groenland. Si cette enquête se veut indépendante, il y a tellement de références aux trois romans précédents qu'il me semble important de les avoir lus afin de vraiment apprécier cet opus.



Cette fois-ci, Qaanaaq est chargé d'encadrer le premier séminaire de la Scandinavian Police Association ( SPA ), réunissant des flics criminologues de Norvège, Islande, Danemark, Suède et Finlande, placé sous l'égide du grand patron de la PJ danoise, Arne Jacobsen, afin de mutualiser les forces dans la lutte anti-gang. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Un des flics disparait à peine après avoir atterri. Puis le trek en traineaux prévu dans l'Inlandsis tourne au fiasco, comme si quelqu'un cherchait à saboter la réunion et à décapiter la SPA.



Des quatre, c'est sans doute le roman dans lequel l'enquête m'a semblée la plus « secondaire ». Non pas qu'elle ne soit pas intéressante en elle-même, non pas qu'il n'y ait pas les rebondissements nécessaires pour happer, mais dans le sens où c'est vraiment le Groenland qui se place en majesté dans la tête du lecteur. Le Français Mo Malø ( c'est un pseudo ) y a séjourné longuement. Ça se sent, comme on sent son amour et son respect pour le lieu et ses habitants. A travers ses mots, il réussit parfaitement à laisser le lecteur voir les scènes, totalement immergé dans le Pibloktoq, la folie polaire de celui qui se retrouve perdu en plein Inlandsis, ce glacier aux vastes étendues dont l'épaisseur de glace peut atteindre des milliers de kilomètres.



« Sous les -40°C, Molsen n'avait pas menti, la véritable douleur du froid commençait. Celle qui oppressait la poitrine. Brûlait la peau aussitôt dénudée. Engourdissait le moindre geste. Pétrifiait toute trace liquide instantanément. Mais sous les -50°C, une autre dimension s'ouvrait encore. La sensation n'était plus seulement physique – ces poignards qui lardaient les poumons au moment d'inspirer – elle prenait un tour spirituel. Chaque pensée, lorsqu'elle n'était pas juste grippée, semblait vouloir s'échapper de cet enfer. On se trouvait, dès lors, dans l'au-delà de la cristallisation. Là où l'esprit se libérait du parfait assemblage moléculaire de la glace et se faisait ondes. »



Le blizzard, la faim, le froid, la paranoïa, des ours polaires affamés, tout est là pour dépayser le lecteur, mais avec du fond, au-delà des clichés. Si tout sonne authentique, c'est aussi parce que Mo Malø fait porter son récit par des personnages attachants, à commencer par Qaanaaq, né au Groenland, adopté par un couple de Danois, élevé au Danemark, découvrant sur le tard la terre de sa naissance, des secrets importants liés à sa naissance seront révélés.



Plus que jamais, il est rongé par la difficulté d'accorder ses devoirs de policier danois et son identité inuite qui a ressurgi. Face à des dilemmes forts dictés par les événements, il doit quasiment choisir entre trahir son pays d'adoption ( la terre natale ) ou celui de ses racines avec lequel il a conclu un pacte de coeur avec Nuna en se faisant tatouer de façon traditionnelle et en épousant Massaq. La société et la culture inuite sont au coeur du roman et c'est vraiment une chouette idée que de les faire découvrir grâce à cet excellent polar en mode huis clos glacé.



Lu dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée Babelio.



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L'Inuite

Je suis heureuse, de retrouver la plume de Mo Malo, l'écrivain qui m'emporte dans les comtés polaires du Groenland . L'auteur ne tergiverse pas, et nous plonge direct dans cette histoire énigmatique, mystérieuse, addictive , et captivante. Un roman enrichissant, mettant les valeurs les coutumes des inuits, et nous relate un pan d'histoire basé, sur un fait divers réels , que je ne connaissais pas .Deux histoires, deux enquêtes qui vont se télescoper, au fur et mesure de la lecture. D'un coté nous avons Bjorn Westen , qui se retrouve avec deux meurtres sur les bras, un indice celui d'une sage femme , qui se trouve toujours là où il ne faut pas, pas de doute pour Bjorn Paninguaq Madsen est la principale suspect . De l'autre coté , il y a Ostersan qui se voit confier, une affaire , non résolue, qui se déroulait en 1950 surnommée « L'affaire des 22 », 22 enfants arrachés à leurs familles, conduit au Danemark, où doivent apprendre les coutumes des danois ,dossier nommé « Expérience , L'auteur promène ses lecteurs, il est très dur de découvrir la vérité , par nous même, il est très fort à ce petit jeu. Un roman sombre , à multiples rebondissements, Un rythme qui monte crescendo, un récit qui nous tient en haleine jusqu'au twist final , un suspens et une intrigue passionnants . Arriveront ils à résoudre ces deux affaires, qui n'en fait qu'une La plume de l'auteur est toujours aussi percutante . Un total dépaysement grâce aux descriptions des lieux , de l’environnement , des coutumes, qui me donnent envie de partir à la découverte de ce pays. Une lecture passionnante.
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La Mélancolie de l'ours polaire

Ceux qui suivent Mo Malø et se régalent des enquêtes de Qaanaaq Adriensen, connaissent la passion de l'auteur pour le Groenland. Cette fois, ce n'est pas un polar arctique qu'il nous offre mais un récit de son voyage dans le village reculé de Kullorsuaq, 450 habitants, sur les traces de l'ours polaire, Nanook en inuktitut.



Mo Malø n'a pas l'expertise d'un explorateur ou ethnologue comme Jean Malaurie, Paul-Emile Victor ou plus récemment l'aventurier Nicolas Dubreuil. Ce n'est que son deuxième séjour au Groenland, qu'il aborde avec une grande humilité. Celle d'un Occidental qui ne connait rien à la chasse à l'ours, la déteste même telle qu'elle est pratiquée en France , et s'apprête à participer à une traque accompagné de trois Inuits.



« Il est si difficile de faire preuve de discernement sur ces pratiques quand on n'a pas côtoyé ceux d'ici. Que peut-on entrevoir de leurs besoins (vitaux), de leurs coutumes (millénaires), de leur engagement (total), de leur respect des proies (absolu), de la maitrise et de l'écoute de leur environnement (sans égal) sans les avoir constatés de ses propres yeux ? On condamne toujours plus facilement depuis son fauteuil et/ou son écran. »



Dès les premières pages, l'auteur s'interroge sur sa capacité à restituer sans dénaturer, à raconter sans piller le mode de vie d'un des derniers peuples autochtones de la planète à perpétuer ses traditions millénaires. Il y parvient de façon très convaincante, alternant récit d'aventures très physiques et introspection plus intimiste. Il décrit de façon très factuelle et sensible la reddition des sens dans ce territoire de glace impossible à domestiquer, ses paysages étonnants, son froid extrême, le bruit d'un traineau. Les mots choisis permettent totalement de s'immerger, même sans photographie pour accompagner ( je conseille vivement d'aller visiter les réseaux sociaux de l'auteur qui en a posté de superbes très généreusement ).



« Il est si difficile de faire preuve de discernement sur ces pratiques quand on n'a pas côtoyé ceux d'ici. Que peut-on entrevoir de leurs besoins (vitaux), de leurs coutumes (millénaires), de leur engagement (total), de leur respect des proies (absolu), de la maitrise et de l'écoute de leur environnement (sans égal) sans les avoir constatés de ses propres yeux ? On condamne toujours plus facilement depuis son fauteuil et/ou son écran. »



Oui, c'est vraiment l'humilité de Mo Malø qui m'a le plus séduite dans ce livre. On le voit essayer d'éliminer son « émotivité made in France » qui altèrerait sa perception du Groenland. Là-bas, l'ours polaire n'est pas un totem iconique des animaux en voie d'extinction victime du réchauffement climatique, un dogme interdisant tout débat. Là-bas, la chasse est vitale, vivrière, ritualisé.



Grâce à l'auteur, on comprend mieux la complexité de la chasse à l'ours présentée dans toutes ses dimensions cosmogoniques dans un environnement de survie et dans une culture imprégnée d'animisme où il n'existe aucune rupture entre les différentes formes de vivant, toutes en communion.



Un texte authentique et sincère qui va bien au-delà d'une simple transcription de voyage.

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Qaanaaq

Un roman écrit sans doute par le plus breton des groenlandais :))



J'avoue ne pas avoir été surprise puisque je sais qui se cache derrière Mo Malo et donc j'ai essayé de découvrir comment il avait abordé ce polar venu du froid. Une chose est sure c'est qu'il a gardé son humour parfois cinglant.



Bon je reconnais bien quelques longueurs qui ont un peu nuit à ma lecture mais dans l'ensemble je trouve que l'auteur s'en sort plutôt bien.

J'ai aimé les descriptions de ce Groenland a la fois si froid et attachant.

Et puis l'intrigue est bien tenue et on a envie d'en savoir plus sur le passé de ce flic au nom atypique.

J'ai juste eu un soucis au niveau de l'écriture , qui est bien française . La politesse française qui donne de la place au vouvoiement … dans tous les romans que j'ai pu lire venant du froid le tutoiement est de mise , même avec un inconnu. Le relationnel entre les personnages a aune dimension importante et différente de ce qu'on a l'habitude de lire avec cette façon d refaire… du coup cela m'a manqué ici.



mais en règle général ce polar tient ses promesses et je continuerais à lire l'auteur , même si en fait je le préfère quand même sous son vrai nom.
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Diskø

Depuis l'opus précédent du même auteur, Qaanaaq , le Groenland est devenu un territoire de polar à part entière et de façon très pertinente. C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé le duo d'enquêteurs Qaanaaq Andriesen ( né au Groenland mais adopté et élevé au Danemark suite à un drame ) et Apputiku Kalakek, son adjoint autochtone.



L'auteur reprend le même scénario que dans Qaanaaa avec le cocktail série de meurtres surprenants + secrets familiaux à découvrir pour Qaanaaq en quête de ses origines + contexte actuel groenlandais ( après les richesses énergétiques convoitées, ici le réchauffement climatique ).



Pour se renouveler, Mo Malø à l'intelligence de centrer son intrigue sur l'univers du glacier et de la formation des icebergs, on sent à quel point il s'est documenté sur le sujet et intègre parfaitement ses connaissances à son roman. Les premières images de son polar sont saisissantes : un cadavre pris dans la glace translucide d'un iceberg fraîchement vêlé, après mort par asphyxie dans un trou cylindrique percé à la foreuse ! Très original !



Par contre, j'ai moins accroché avec l'enquête en elle-même, surtout à mi-parcours, sans doute à cause de répétitions et d'une baisse d'intensité : les rappels très nombreux à l'enquête précédente, nécessaires pour les néo-lecteurs, ont tendance à freiner l'action pour ceux qui en connaissent les arcanes antérieurs pour avoir lu Qaanaaq.



Un polar très dépaysant, immersif et plaisant mais tout de même en-dessous du premier volet, faute de s'en démarquer suffisamment.
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Respirer le noir

Voici déjà le quatrième tome de cette collection délicieusement noire, développée autour de nos cinq sens et cette fois dédié à celui de l’odorat. Après « Ecouter le noir », « Regarder le noir » et « Toucher le noir », Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS nous invite donc à « Respirer le noir » en compagnie d’auteurs de renom, le temps de douze nouvelles qui devraient pouvoir réconcilier les plus sceptiques avec le genre.



1. R. J. Ellory – le parfum du laurier-rose

Qui de mieux que le maître du noir et grand fidèle de cette collection pour ouvrir ce bal olfactif ? R.J. Ellory invite à suivre les pas d’Anderson, un ancien policier qui sort de prison après une très longue détention pour un crime dont les souvenirs et les odeurs le poursuivent. Une histoire enveloppée d’un parfum de vengeance où l’odeur du sang se mélange régulièrement à celle du laurier-rose. Un récit parfaitement maîtrisé mêlant justice et crime !



2. Sophie Loubière – Respirer la mort

Déjà présente dans « Ecouter le noir », Sophie Loubière raconte les déboires de Willy, qui a développé un odorat hors norme suite à un accident de jeunesse. Un très bon récit qui débute la tête enfoncée dans une bouse de vache et qui développe des capacités olfactives pour le moins surprenantes au fil des pages…



3. Franck Bouysse – Je suis un poisson

Nouveau venu au sein de cette collection, Franck Bouysse se base sur une pathologie certes rare, mais bel et bien réelle pour nous conter le calvaire d’un homme atteint du Fish-Odor Syndrom. Malgré une chute assez prévisible, j’ai particulièrement apprécié la superbe plume de cet auteur qui invite à partager la solitude de cet individu souffrant d’un manque d’amour, incapable de nouer des relations sociales à cause de l’odeur nauséabonde qu’il dégage…



4. Mo Malø – Cristal qui sent

C’est sans grande surprise que Mo Malø décide de nous emmener au Groenland, région qu’il affectionne particulièrement au cœur de ses romans, pour une expédition visant à retrouver le carnet d’expédition d’un climatologue disparu depuis 90 ans. Un décor qui a le mérite de rafraîchir un peu le lecteur en cette période de canicule et un périple enneigé qui va révéler l’existence d’un cristal diffusant une odeur qui rend vite accro. Un bon récit dont la thématique se rapproche peut-être très/trop fort de la nouvelle de Sophie Loubière…



5. Dominique Maisons – Deux heures et trente minutes

Cet auteur que je découvre à l’occasion de cette nouvelle nous emmène dans les coulisses de l’Elysée, où la découverte d’un corps va mettre les sens de la sécurité nationale en alerte. Une enquête certes classique, mais parfaitement maîtrisée et un auteur dont je note le nom.



6. François-Xavier Dillard – Happy World

Ah, la voilà, la nouvelle qui va vous faire tourner les pages un peu plus vite et augmenter votre rythme cardiaque. « Happy World » est un parc d’attraction où une famille de quatre s’apprête à passer une journée de rêve…sauf qu’un étrange commando s’apprête à y perpétrer un attentat terroriste. Le bon père de famille que je suis a retenu son souffle en suivant les efforts de ce papa essayant de sauver sa famille… Une montagne russe d’émotions ! Bravo François-Xavier Dillard (« Prendre un enfant par la main ») !



7. Adeline Dieudonné – Glandy

L’autrice de l’excellent « La Vraie Vie » partage toute la misère d’Alexandre Glandy, un homme amoureux qui noie sa misère dans l’alcool. Si cette nouvelle parvient à restituer les odeurs fétides liées à la condition de cette homme désagréable buvant le peu d’argent que sa femme tente de mettre de côté, je n’ai malheureusement pas accroché à cette histoire. Probablement que l’incapacité de pouvoir m’attacher à un tel personnage n’y est pas étranger…



8. Hervé Commère – le monde d’après

Hervé Commère dresse le portrait d’une petite bourgade sur le déclin depuis que l’unique entreprise du coin a été contrainte de fermer ses portes. Si L’auteur de « Sauf » décrit avec grand brio l’amertume et les difficultés des habitants de ce bled croulant sous le chômage, le lien olfactif de cette nouvelle m’a par contre semblé bien léger. Bien aimé !



9. Vincent Hauuy – Miracle

Vincent Hauuy (lisez le « Le tricycle rouge » !) propose une nouvelle plus futuriste qui invite à plonger dans le cerveau d’un meurtrier comateux afin d’élucider un meurtre. Un récit d’anticipation qui invite le lecteur à découvrir la mémoire des odeurs afin de résoudre une enquête. Pas mal.



10. Jérôme Loubry – Les doux parfums du cimetière

Cette nouvelle de Jérôme Loubry (lisez « Les refuges » !) se déroule dans un cimetière en compagnie d’un gamin venant régulièrement se recueillir sur la tombe de sa mère. Si l’environnement sied donc parfaitement à l’ambiance noire de cette collection, le récit s’avère cependant le plus lumineux de tous. Outre ce petit garçon particulièrement attachant qui associe les autres visiteurs endeuillés à une odeur spécifique, j’ai beaucoup apprécié l’humanité qui accompagne ce petit conte tendre et poétique.



11. Chrystel Duchamp – L’amour à mort

En trois chapitres très courts, l’autrice de « Le sang des Belasko » et « Délivre-nous du mal » invite à suivre les déboires d’un homme victime d’une rupture amoureuse, qui passera du paradis à l’enfer via un passage par le purgatoire, poursuivi par l’odeur d’un bien étrange hôpital. Surprenant !



12. Barbara Abel & Karine Giebel – Petit nouveau

S’il y a un duo que l’on prend grand plaisir à retrouver au sein de cette collection qui m’aura incité à lire des nouvelles, c’est bien celui-ci ! Un récit à quatre mains inspiré d’un fait réel, qui réunit une nouvelle fois deux reines du polar, l’une française, l’autre bruxelloise. La cerise sur le gâteau, la touche finale de noirceur qui vous invite à refermer cet ouvrage la peur au ventre, presque avec l’envie de remettre cet horrible masque et à vous désinfecter les mains toutes les deux minutes, juste au cas où quelque chose de pire que le COVID viendrait menacer notre société… Brillant !



Ancré dans les problématiques de notre société actuelle grâce à plusieurs nouvelles très proches de la réalité, « Respirer le noir » propose des nouvelles certes inégales, ce qui est inhérent au genre, mais dans lesquelles je vous invite néanmoins à plonger le nez, surtout dans celles de François-Xavier Dillard et de Barbara Abel et Karine Giebel. Personnellement, je me prépare à goûter à nouveau du noir avec le cinquième et dernier volet de cette collection.



Et si vous n’avez pas encore eu votre dose de nouvelles, je vous invite vivement à lire « Chambres noires » de Karine Giebel… du très haut de gamme !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Qaanaaq

Ouf ! J'ai réussi à le finir ! Ce n'était pas une mince affaire !



J'avais commencé ce livre au mois d'août... et je viens seulement de le terminer !

Pourtant, j'étais enthousiasmée par ce polar au décor prometteur et par cette intrigue d'apparence captivante.

Mais je pense avoir été trompée par le pseudo de l'auteur et par cette couverture avec sa mention qui sonnait très littérature nordique.

Sauf que non.

Malgré l'immersion de Mo Malø dans ce paysage pour s'en inspirer, cette production est entièrement française.

J'ai néanmoins essayé de persévérer en allant au-delà de cette désagréable impression d'être pigeonnée, mais rien n'y fait.



Je dois quand même avouer avoir apprécié les lieux dans lesquels se déroulait l'histoire.

En revanche, j'ai été totalement hermétique au fameux personnage de Qaanaaq, un capitaine de la police criminelle de Copenhague venu en mission au Groenland pour une affaire de meurtres.

Je l'ai trouvé sans charisme particulier et pas très futé pour un enquêteur.

À vrai dire, un enquêteur qui fait appel à sa maman par téléphone pour être éclairé sur ses pistes n'a rien de fascinant.

Apputiku, son bras droit n'était pas non plus un personnage transcendant.



Côté enquête, dans la première partie je me suis quand même posée quelques questions au sujet des crimes qui se déroulaient à Nuuk.

C'est surtout le mode opératoire du ou des tueur(s) qui est intriguant. On a des victimes qui semblent avoir été attaquées par un ours polaire. Sauf qu'il n'y a pas de trace de bave sur les plaies, la langue des victimes a été lavée post mortem, avec en prime l'ablation de leur foie et un tupilak posé près des corps...



Intéressant...

Mais ça trainait !



Avec la deuxième partie (à la moitié du livre) et le changement de ville, je me suis dit que l'auteur allait cravacher.

Mais non.

L'enquête piétine encore, même plus que précédemment.

C'est lent. Même Qaanaaq semble ne pas savoir ce qu'il doit chercher.

Les pistes semblent toutes aussi légères les unes que les autres.

J'ai aussi noté quelques détails qui me paraissaient incongrus.





Je finissais par être agacée par les nombreuses expressions étrangères.

Il y a un nombre infini de personnages avec des noms compliqués. Je n'ai pas arrêté d'en confondre certains. Jusqu'aux dernières pages, je me disais encore : « c'est qui lui déjà ? ».

Certains personnages sont survolés et n'ont aucune utilité dans l'histoire.

La supérieure de la police Groenlandaise Rikke Engell est une vraie tête à claques.

Je me suis surtout ennuyée quand il s'agissait des complots politiques et du business lié à la filière des plateformes pétrolières groenlandaises.

Lourd !

Je m'attendais à une fin spectaculaire.

Mais encore une fois, non.



Quand je pense qu'à un moment Appu dit de Qaanaaq :

« Avec lui, la vie de flic était plus exaltante qu'une série américaine. Peu de chance de s'ennuyer ».

Dommage qu'il n'en est pas de même pour le lecteur.

Désintérêt et lassitude, c'est tout ce que je retiens de ce roman.
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Qaanaaq

"Un polar qui vient du froid" ? ( dixit la maison d'édition).

Faut le dire vite…



J'ai abandonné ce roman policier , environ vers le chapitre 12, tellement je renâclais , retardais le moment de m'y plonger, ce qui est toujours mauvais signe. Quelque chose me gênait , sans que j'arrive réellement à mettre le doigt dessus, un "je ne sais quoi "d'artificiel, trop de données (de renseignements sur cet endroit , le Groenland au détriment des personnages ) , un côté "fanfaron" dans l'écriture…

Jusqu'à ce que j'aille voir la biographie de l'auteur, je me demandais si c'était son premier livre ou si c'était juste le premier traduit .

Et là : stupéfaction ! … l''AUTEUR EST FRANCAIS !!!!!, Mo Malo (avec le o barré s'l vous plait !) est un pseudonyme…

[ Si ça se trouve, derrière Mo Malo se cache Houellebecq ! Supputons les amis ;-) ]

Il est mentionné sur la couverture que ce "polar vient du Groenland" , et que "l'auteur vit en France" , [ tu m 'éttones , vu qu'il est français !!! ] ... Faudrait voir, à ne pas nous prendre pour des canetons de l'année !

j'ai mieux compris pourquoi je trouvais ce roman artificiel, malgré tout l'excellent travail de documentation réalisé par Mo Malo [ avec un O barré, dois-je le préciser! ;-) ] : on ne sent pas la patte des auteurs qui venaient du froid. Pour qui lit beaucoup de littérature nordique, ça ne le fait pas ! Désolée..



A part ce léger couac, Qaanaaq est un flic d'origine Inuit , adopté dés l'âge de 3 ans par un couple danois ( papa écrivait des polars ; lui même a adopté des jumeaux). Il est envoyé , afin de résoudre un quadruple meurtre, au Groenland , où il n'a plus jamais remis les pieds.



Bon, j'arrête ici… Vous comprendrez que je n'ai pas accroché avec ce premier opus des aventures de Qaanaaq Adriensen. Peut-on écrire une critique sur un livre qu'on a pas terminé... j'ai mis 2 jours avant de m'y coller.



D'autres ont aimé...

Action, documentation, et dépaysement garanti au pays du froid polaire

( écrit par un auteur français.. ça passe mieux si on le sait …)
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Summit

Plus nordique que ça, tu meurs ! C’est sur l’irnlandsis, au coeur du Groenland que se déroule l’action de ce thriller aussi glaçant que glacial !



En amont de l’histoire actuelle, la disparition d’un enfant de 11 ans, qui a échappé quelques minutes à l’attention de ses parents dans cet aéroport de Kangerlussuaq, quelques années plus tôt on y reviendra.

Pour l’heure, en 2022, l’inlandsis va être le théâtre d’une opération de renforcement de la cohésion des équipes de police islandaises, norvégiennes, danoises et finlandaises. Autant dire que le projet ne fait pas l’unanimité …

Pendant l’expédition, les incidents se multiplient, trop nombreux pour être le fruit de la malchance alors que les guides sont des pros expérimentés. Quelqu’un aurait-il organisé cette aventure macabre pour assouvir une vengeance ?



Le décor, sans mauvais jeu de langage, fait froid dans le dos, il suffit d’un détail pour que la vie soit menacée, les conditions d’orientation sont complexes et le réseau est loin d’être fiable. Les cadavres ne manqueront pas.



Il faudra toute l’ingéniosité de Qaanaaq, le chef de la police du Groenland pour tirer l’équipe de ce mauvais pas et faire le clair sur l’histoire, à laquelle sont mêlés les terribles bandes de motards ennemis, Hells et AK 81, sans que l’on sache au départ leur rôle dans le coup monté. Bien entendu, les gentils et les méchants ne sont pas si faciles que ça à identifier : autrement dit, il faut se méfier de tout le monde.



On souffre terriblement avec ces pauvres aventuriers malgré eux, dans les conditions extrêmes de leur périple.



L’intrigue est bien menée et on ne devine pas rapidement le noeud de l’affaire.



Une belle expérience qui fait trembler mais pas que de froid !





#Summit #NetGalleyFrance

400 pages Martinière 3 juin 2022


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Summit

Avant de lire le nom de l'auteur, c'est la magnifique couverture du livre qui a accroché mon regard. On y découvre un ours polaire face au lecteur, beauté fascinante et menaçante.

Je n'ai pas été surprise de découvrir tout de suite après, le nom de l'auteur, Mo Malo. Cet auteur français publie sous ce pseudonyme une série policière originale se déroulant au Groenland.

Dans ce quatrième tome, l'auteur nous emmène sur le territoire de ce redoutable prédateur, animal emblématique du Groenland.



Son premier titre, « Qaanaaq », m'avait laissé une belle impression. Il faut dire que je suis attirée par la culture inuite très respectueuse de la nature, leurs mythes transmis oralement. Et c'est donc sans hésitation que j'ai sollicité la lecture de ce roman auprès de NetGalley et des éditions De La Martinière que je remercie.



*

Qaanaaq Andriesen est à la tête de la section criminelle de Politigarden de Nuuk, au Groenland. Il est chargé d'organiser un séminaire en vue d'améliorer la cohésion, la solidarité entre les différents services de la police judiciaire scandinave et d'accroître leur efficacité face aux guerres de gangs qui font rage au Danemark.

Ainsi, les plus grands criminologues norvégiens, finlandais, suédois, islandais, et danois se retrouvent pour quelques jours à Kangerlussuaq, à l'ouest du pays.



Cette première rencontre de travail aurait pu bien se passer, mais dans un polar, rien ne se passe comme prévu. Très vite, la tension monte après la disparition de l'agent islandais. le programme se poursuit malgré tout et le groupe part en expédition pour quelques jours dans l'Inlandsis, là où règne en maître le roi de l'Arctique.



« L'inlandsis.

Il ne peut s'agir que de cela. Cet infini de vent et de glace, insondable. Ce vide absolu, négation de toute vie, animale, végétale ou humaine, si ce n'est la sienne, égarée là, et si précaire à présent. »



L'expédition est loin d'imaginer les périls qui les attendent sur cet immense désert de glace.

L'intrigue est prenante et contre toute attente, des histoires du passé de Qaanaaq ressurgissent.



*

Comme dans les précédents tomes, le dépaysement est total.



Le lecteur est totalement immergé dans cette atmosphère de nuit polaire par de magnifiques descriptions de paysages.

Le décor crépusculaire génère une atmosphère inquiétante et cet aplat blanc bleuté qui recouvre toute cette étendue désertique a un effet hypnotique qui apporte une sensation apaisante et douce. Les apparences sont bien souvent trompeuses, car, même si je me suis sentie étrangement bien, comme dans un cocon ouaté, certaines paroles m'ont rappelé l'inhospitalité et la dangerosité de ces étendues glacées.



« … l'Inlandsis rimait avec danger, mort, folie. »



La rudesse du climat n'est qu'un élément qui permet de parfaire le décor car l'auteur prend aussi en considération les divers enjeux du Groenland sous administration danoise en ne négligeant pas d'évoquer les dimensions sociale, culturelle, politique et environnementale dans le pays.

Ainsi, l'intrigue policière intègre le mode de vie traditionnel, la culture et les coutumes des Inuits, ce qui nécessairement provoque une réflexion sur l'identité et la reconnaissance de ce peuple.



*

Le personnage principal, Quaanaaq, est un personnage particulièrement intéressant par sa double identité. Mi-Inuit mi-Danois, il est un pont entre deux cultures très différentes.

J'aime beaucoup ce policier, ses faiblesses, ses interrogations, ses conflits intérieurs, son besoin de connaître ses origines groenlandaises. Ce tome permet de découvrir un nouveau pan de son passé.



« Choisir entre les siens et sa passion pour son métier. Entre son foyer et les folles équipées. Entre Nuuk et Copenhague. Entre un présent qui désormais s'inscrivait pleinement dans ce territoire, et un lointain passé. Choisir entre l'Inuk et le Danois qui s'affrontaient en lui.

Ou pas. Ces deux pôles étaient-ils aussi antagonistes… ? N'existait-il pas une voie médiane, celle d'un compromis acceptable par tous ? »



Entouré de ses coéquipiers, de sa femme, je prends plaisir à le voir évoluer au fil des enquêtes. A la fois rugueux, taiseux, imprévisible, c'est un personnage plus fin et intelligent qu'il n'y paraît au premier abord.

L'intrigue laisse la place à de beaux personnages, et en particulier à sa femme Massaq et à son partenaire Appu.



*

Mais le ressenti de lecture sera, je pense, très différent si vous avez lu, ou pas, les précédents romans de l'auteur.

En effet, même si ce quatrième tome se lit indépendamment des trois autres, l'auteur fait référence, à de nombreuses reprises, aux enquêtes précédentes, à des histoires personnelles et au passé de Qaanaaq.



Si cette série vous intéresse, je vous conseille donc très fortement de commencer par le premier tome de la série, « Qaanaaq», sinon vous risquez d'être déçu..



*

Certains lecteurs aiment lire les romans suivant la saison qu'ils évoquent. Mais je dois reconnaître qu'il n'y a rien de mieux pour se rafraîchir que de la littérature d'hiver. J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir ces grands espaces glacés pour oublier la chaleur écrasante de la journée.

« Summit » est un roman policier d'ambiance dépaysant et inattendu que je vous conseille si vous avez déjà apprécié les tomes précédents.



#Summit #NetGalleyFrance
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L'Inuite

Depuis le temps que je vois défiler des critiques de romans de Mo Malo, très élogieuses, il fallait que je me fasse ma propre idée.

Dans mon ignorance profonde, je le voyais en grand viking. Que nenni ! Il est né à Rueil-Malmaison et sa famille étant originaire de Saint-Malo, il s'est emparé de l'appellation pour se faire un pseudo.

Avant cela, il a écrit d'autres oeuvres, sous le nom d'Emma Mars et Frédéric Mars (son vrai nom).

Sous ce dénominatif nordique, il a écrit une série de quatre livres sur les enquêtes de Qaanaaq Adriensen qui se déroulent au Groenland, puis s'est rapproché de ses racines en nous contant les investigations, sur trois tomes à ce jour, de la Breizh Brigade.

J'ai choisi de le découvrir, dans sa dernière parution « l'Inuite ». Retour sur son territoire de chasse préféré, le Groenland, il nous prouve son amour pour cette « île-continent » par de jolies descriptions de paysages, mais nous familiarise, surtout, avec la culture et le vocabulaire inuits.

Nous suivons, en début de roman, Paninguaq, une ténébreuse accoucheuse, une sanaji (une sage-femme itinérante). À cause de structures hospitalières insuffisantes et d'un habitat dispersé en petites localités, voire hameaux séparés de plusieurs centaines de kilomètres, notre jeune femme est très demandée. En ce mois de février 2021, elle est appelée à Kullorsuaq pour aider à l'accouchement de Nina, une toute jeune femme de 15 ans, qui donne vie à un petit garçon Ole. Sauf que l'on retrouve la parturiente égorgée avec un ulu (couteau inuit), qui a servi à couper le cordon ombilical. Curieux, surtout que son père Ole Eliassen avait été retrouvé mort, dans des conditions mystérieuses, neuf mois plus tôt. Les investigations sur ce nouveau meurtre échoient à Bjorn Western, un flic débonnaire et souriant et son fils Pitak. Non sans avoir reçu la pression de sa hiérarchie, suite aux recherches infructueuses sur l'affaire du père.

Dans ce même temps à Copenhague, Tim Osterman, un grand gaillard rouquin, de la cellule cold-case doit se débrouiller avec une affaire qui remonte au 10 avril 2011, jour de la mort de Johannes Fersen, directeur adjoint de la Croix-Rouge danoise. Et là aussi, menace de ses supérieurs, s'il échoue à retrouver le coupable, il finira dans un « service placard » au fin fond du Groenland.

Nos policiers sous pressions vont devoir unir leur force, car il va s'avérer que les deux enquêtes convergent. À l'origine, un fait historique réel, une histoire très peu glorieuse pour les autorités danoises. Au cours de l'été 1951, 22 petits enfants inuits (entre 6 et 10 ans) sont séparés sans ménagement de leur famille et placés dans des familles d'accueil au Danemark (Il faut vous dire que le Groenland a été une colonie danoise jusqu'en 1953, il a acquis son autonomie territoriale en 1979, mais reste constitutif du Royaume du Danemark.). le pire visage du colonialisme, sous le prétexte d'un développement social et de modernisation, les enfants devaient être « rééduqués », « civilisés » selon le modèle danois. Acculturation tragique, car bon nombre de ces enfants ne seront pas restitués à leur famille d'origine et finiront dans un orphelinat à Nuuk (capitale du Groenland), leur vie brisée.

Cette déplorable expérimentation, base de l'ouvrage de Mo Malo lui confère une force indéniable. Un récit vraiment poignant, où s'étale le choc des cultures entre tradition et modernité. Un roman fort, porté par le personnage attachant de cette jeune sage-femme inuite, véritable trait d'union entre ces deux civilisations.

Pour ceux qui, comme moi, n'ont jamais lu cet auteur je vous engage à sauter le pas, pour les autres, il se dit que c'est son meilleur roman.

Tous mes remerciements à l'agence littéraire Trames et aux Éditions De La Martinière

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Qaanaaq

Qaanaaq ? Un thriller tropical ? Non, pas kanak. S'il vous plait, veuillez prononcer « Hranaak » !

Qu'est-ce qui différencie un polar d'un autre dans cette masse noire, sombre, sanguinolente et glauque où chaque livre cherche à se frayer un chemin vers la lumière et la gloire ? Thrillers psychologiques pour les uns, récits gores pour les autres, on les lit, on les oublie, on voudrait s'en souvenir que l'effort mental en devient presque un supplice, aussi terrible que les tortures infligées à certains de leurs personnages. Parfois, l'un s'en détache, cela tient à presque rien, quelque chose de rare, un style, de l'humour, une manière décalée, un flic attachant, une victime qu'on n'a pas envie de voir être sauvée...

Ici, la particularité de ce roman intitulé Qaanaaq tient sans doute à plusieurs registres alors même que la trame repose sur une construction plutôt classique.

La première des originalités de ce récit est de nous inviter sur le territoire du Groenland. Voilà un polar venu du froid et j'en ai encore quelques frissons... Allez, prenez votre polaire et je vous invite en terre boréale sous la Grande Ourse ...

Il me semble qu'il s'agit de ma seconde exploration littéraire en terre inconnue groenlandaise. La première fois, c'était lors de ma lecture d'Imaqa, un roman très attachant et nimbé d'humour. C'est ainsi que j'ai découvert qu'Imaqa signifie en groenlandais « peut-être ».

Le récit débute par le constat de plusieurs carnages. Les scènes de crime semblent sidérantes, incroyables. On y décèle à chaque fois comme un rituel, celui d'un animal, les traces d'un ours polaire qui aurait peut-être égorgé les victimes dans des conditions atroces. Un autre point commun se détache avec la même évidence que le réchauffement climatique détache là-bas des blocs de glace jusqu'ici immuables : toutes les victimes travaillaient pour la même compagnie pétrolière qui exploite le sol groenlandais, au grand dam de certaines communautés inuites, certaines d'entre elles engagées dans des combats écologiques, d'autres dont les missions cachent un nationalisme exacerbé et violent. En toile de fond viennent alors des thèmes qui offrent un autre paysage en arrière-plan : des intrigues politiques, des intérêts financiers, la quête d'indépendance d'un peuple qui cherche à préserver son histoire, sa culture, son identité...

C'est une terre singulière ballotée, pour ne pas dire déchirée, entre traditions et modernité, convoitée pour ses richesses, dépouillée, en quête d'avenir et de sens...

Dès les premières pages, nous faisons connaissance avec l'inspecteur danois Qaanaaq Adriensen, tout juste débarqué sur ce sol qui lui est un peu étranger tout en ne l'étant pas totalement, car ici c'est sa terre natale. Je ne sais pas si vous me suivez. Non ? Tant mieux... Alors, je poursuis...

L'accueil qui lui est réservé est plutôt froid pour ne pas dire glacial, autant par la capitaine, la cheffe de l'équipe policière en charge de l'enquête, une certaine Rikke Engell, que par la populace du coin.

Il lui reste presque cinq cents pages pour briser la glace...

Immersion totale en terre groenlandaise, une terre hostile autant pour la rudesse de son paysage que pour celle du comité d'accueil. Une terre où des coeurs peuvent s'ouvrir et s'éprendre...

Mais qui est Qaanaaq ? Un policier qui fonctionne à l'intuition, j'adore. C'est son histoire qui m'a ému, ses fêlures aussi, sa manière de mettre les pieds là où il ne faut pas, mais l'intuition n'est pas une science exacte... Sinon, il n'y aurait jamais de littérature romanesque...

Je me suis assez rapidement lassé et détourné de l'intrigue, laissant les protagonistes s'en occuper, les flics, les médecins légistes, les politiques... Je me suis dit que c'était leur affaire et qu'ils s'en arrangeraient bien, je leur ai fait confiance...

J'ai fait un pas de côté dans la banquise pour regarder des paysages intérieurs, parfois bien plus fascinants... Des visages, d'enfants, de vieux, de prostituées, des âmes perdues sur cette terre qui l'est tout autant.

J'ai aimé ce voyage presque intérieur de Qaanaaq vers Qaanaaq à l'autre bout de ce bout de continent, une trajectoire intime où l'inspecteur danois brise la glace de son coeur, va à la confrontation de son destin, chercher les méchants de cette histoire et côtoyer un peu par hasard les tréfonds de la sienne, trouver d'où il vient, le bonheur des siens...

En dehors des méchants et des soi-disant bons, nous côtoyons ici la réalité qui mêle des paysages immenses, des chamanes, des superstitions qui résistent encore au temps, des vies brisées...

Des êtres parfois attachants, à la fois indissociables et pourtant bien distincts.

Ici la blessure faite à la terre fait aussi mal qu'une blessure faite à des personnes... Ce récit est traversée de déflagrations qui ont peut-être fini par éventrer certains personnages mais pas ce sol minéral du Groenland, à la fois invisible et immortel...

J'ai aimé être dans cette dérive des continents...

Bon, certes, l'auteur, un certain Mo Malø n'est pas plus groenlandais que je ne suis kanak, puisqu'il serait même breton.... Zut, je vous perds encore. Qu'importe ! Cet auteur a su

Alors ? Ai-je aimé ? Imaqa.

Imaqa oui ? Ou Imaqa non ?

Imaqa...

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Diskø

Dans la baie d'Ilulissat, au Groenland, on découvre un cadavre dans un iceberg. Le meurtre fait peu de doute. Le capitaine Qaanaaq de la police danoise, nommé à la tête de la police du Groenland quelques mois plus tôt, prend en charge la direction d'une enquête qui va l'emmener au fond de ses angoisses.

Discø est le deuxième tome des aventure groenlandaises de Mo Malø et de son héros le capitaine Qaanaaq. Autant le dire tout de suite, la magie fonctionne moins bien qu'avec Qaanaaq, le premier opus. L'absence d'effet de surprise y est sans doute pour beaucoup : on replonge dans un univers déjà connu, et découvert récemment pour ce qui me concerne.



Avec Diskø, Mo Malø continue à nous faire découvrir ce pays méconnu qu'est le Groenland. Si la dimension "touristico-géographique" est bien présente, l'auteur édulcore davantage les aspects ethnologiques ; on apprend peu sur les modes de vie de la population Inuit, excepté peut-être sur sa relation à la mort.

Comme dans Qaanaaq, l'intrigue est parfois un peu limite, notamment certains aspects de la personnalité du héros.

Reste que l'écriture est agréable et facile à lire, sans tomber dans la facilité.

Un bon polar dépaysant, qui a perdu un peu de caractère par rapport au tome précédent...
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Qaanaaq

Le capitaine Qaanaaq Adriensen revient sur la terre de sa naissance plus de 40 ans après son départ. Adopté par un couple danois, devenu policier, il est dépêché au Groenland pour aider la police locale à résoudre une énigme : trois hommes travaillant pour l'industrie pétrolière ont été tués, victimes en apparence d'attaques d'ours blancs. Des ours qui auraient réussi à ne laisser aucune trace d'ADN derrière eux...

Qaanaaq mène l'enquête en compagnie de l'inspecteur inuit Apputiku, qui lui servira de guide dans le décryptage des traditions locales.



Premier roman policier de Mo Malø, et clairement une belle réussite ! Un polar ethnologique comme je les aime, digne de Tony Hillerman. Tout y est : une ambiance géographique (relief, climat), biologique (faune) et humaine qui a façonné des croyances ancestrales ; la confrontation avec le monde moderne ; la résurgence des traditions, vécues comme autant de points d'ancrage en réaction à une modernité qui s'impose.

N'ayant pas d'expérience groenlandaise, je ne sais si les personnages sont crédibles. Ils sont bien campés, tous avec leurs zones d'ombre et de lumière. Il n'y a pas le bon et le méchant, tous peuvent passer de l'un à l'autre.

Le point faible du roman est peut-être l'intrigue, un peu "tirée par les cheveux" ; mais elle permet de se plonger dans un Groenland où l'aspiration à la modernité affronte avec violence respect dû aux traditions.

L'écriture est belle, bien rythmée. Elle donne envie d'avancer dans la lecture. Il faut juste ne pas se laisser rebuter par l'utilisation des noms locaux.



Un excellent polar ethnologique !




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Qaanaaq

Qaanaaq est à la fois le nom du personnage principal de ce roman policier et celui de l’endroit où il est né, situé au Groenland, et où justement une partie de l’intrigue va se dérouler.

Que de coïncidences dans ce roman qui va à toute vitesse !

On y trouve d’ailleurs un peu de tout : des meurtres aussi sanglants qu’étranges, puisque des ouvriers de plateformes pétrolières sont retrouvés sauvagement assassinés par ce qui semble être une attaque d’ours dans leurs logements pourtant fermés à clés, des vieux secrets, une quête des origines, des nationalistes qui n’aiment pas beaucoup les étrangers et le font bien sentir, des paysages glacés, des compagnies pétrolières qui se font la guerre, des chasseurs de phoques, des traditions ancestrales, des complots politiques et financiers…

L’ensemble se lit bien, le rythme est soutenu et on ne s’ennuie pas, mais le tout semble assez improbable tant les coïncidences sont nombreuses dans cette intrigue.

Un roman policier très dépaysant, bien agréable à lire pendant les chaudes journées d’été.



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Summit

Summit, voici le roman idéal par ces temps caniculaires. Je vous envoie dans la banquise. N'y cherchez pas une quelconque contrepèterie, ma préférée étant en ce moment : il fait beau et chaud.

Anna Karina aurait très bien pu chanter :

♫ Sur la banquise exactement

♫ Pas à côté, pas n'importe où

Sur la banquise, sur la banquise ♫

Toutes les enquêtes policières ont tendance à se ressembler un peu comme un paysage de banquise. C'est pourquoi j'ai besoin de m'accrocher à des thrillers qui prônent une différence.

Nous sommes bien au Groenland par -40 degrés. Oui, vous en rêvez en ce moment tandis que vous avez la même température chez vous mais avec le signe inverse devant. Je vous assure que le Groenland, bien que terre magnifique, n'est pas un monde forcément toujours idyllique. La preuve, ici. Allez, on part ? En traîneau, entraîné...

Nous sommes à Nuuk, capitale du Groenland, un certain Qaanaaq Adriensen, dont j'ai fait la connaissance avec plaisir il y a quelques semaines dans le roman éponyme, Qaanaaq, est devenu le chef de la police locale, mi-Inuit mi-Danois. Il est aujourd'hui chargé d'organiser le premier séminaire de la SPA, entendez par là : Scandinavian Police Association, m'est avis que cette réunion s'apprête à rassembler de drôles de zèbres !

Après Qaanaaq, Disko et Nuuk, Summit est le quatrième opus des enquêtes de Qaanaaq Adriensen au Groenland, écrit par un certain Mo Malø.

Une amie bienveillante, sachant que je m'apprêtais à lire Summit, m'avait conseillé de lire les trois premiers opus pour mieux comprendre certains éléments du récit. Merci Sandrine, je t'ai écoutée mais qu'à moitié voire au tiers, je n'ai lu que le premier opus et cela m'a un peu aidé dans la connaissance des itinéraires de certains personnages. J'ai découvert cependant qu'il y avait dans ma compréhension globale du récit quelques trous dans la raquette à neige...

Le Danemark est confronté à une guerre des gangs qui menace la stabilité du pays. Les plus grands flics islandais, danois, norvégiens et finlandais se retrouvent à Kangerlussaq, à l'ouest du grand pays blanc, pour aider le Danemark. Les relations ne sont pas terribles entre les membres, mais il faut trouver un intérêt collectif qui dépasse les crispations individuelles. Il y a comme un froid et il faut dégeler au plus vite les relations.

Rien de mieux qu'un petit séminaire avec un trek à la clef pour rompre la glace entre les membres ! L'idée semble être venue d'un certain Arne Jacobsen, alias la Fourmi, directeur de la police judiciaire danoise, qui semble vouloir tout piloter l'affaire de son bureau, comme s'il n'aime pas le grand air.

Qaanaaq Adriensen est l'homme de la situation pour coacher ce séminaire, cependant qu'on ne lui laisse guère le choix.

Le groupe doit partir en expédition dans l'Inlandsis – une nappe de glace recouvrant la terre ferme et qui peut atteindre plusieurs milliers de mètres d'épaisseur.

Tout commence à se compliquer quand l'un des membres participants disparaît, à peine débarqué de l'aéroport…

Puis pendant le voyage, d'autres événements de plus en plus inquiétants se produisent : les balises de repérages des participants sont désactivées, ils évitent un accident de justesse, deux autres participants disparaissent à leur tour… On a fait renifler du sel aux chiens de traineau pour qu'ils perdent délibérément leur chemin. Et si quelqu'un cherchait à provoquer leur perte ?

Dans cette atmosphère angoissante, Qaanaaq, devenu pour moi presque un ami lors du premier opus, doit affronter une blessure ancienne, liée à un secret de famille qui vient de refaire surface...

Au milieu du blizzard et des blocs de glace, tous sont désormais coupés du monde : si la faim et le froid n'ont pas raison d'eux, ce pourrait bien être la folie polaire…

J'ai découvert ainsi qu'il existait ce concept de folie polaire. Comme il existe peut-être, j'imagine, une folie caniculaire...

Il y a des personnages récurrents qui reviennent ici, ont une vie, une histoire, qui ont évolué, les relations entre certains ont elles-mêmes évolué, comme la vraie vie finalement.

J'ai découvert aussi dans ce récit la souffrance animale, thème auquel je suis très sensible, la maltraitance des mushers à l'égard de leurs équipages animaliers m'a étonné, ceux-ci traités comme des bêtes de somme. Au bout de cinq ans, on les écarte, c'est-à-dire que le plus souvent ils sont abattus, comme les chevaux de course chez nous, je fais allusion à un récent scandale qui faisait croire à des soi-disant maisons de retraite pour chevaux hors course. Mes dernières illusions d'un peuple respectueux de leurs bêtes se sont terriblement effondrées à ce moment-là, alors que je pensais que dans la culture inuit, le respect du vivant était primordial, inscrit dans leur culture. Triste.

Je me suis alors éloigné de l'enquête policière qui commençait à m'ennuyer pour me promener dans cet Inlandsis qui devenait brusquement un territoire intéressant pour autre chose : justement cette culture inuit, la dimension invisible qui la porte et que je n'oserai pas tenter de visiter mais qui est très forte autant dans la culture inuit que dans le roman, des personnages égarés dans cette histoire à laquelle ils n'étaient pas préparés.

Je me souviens de cette phrase notée sur mon petit carnet « Déjà lorsqu'on s'égare, on regarde mieux le paysage. » J'ai oublié de noter la référence du livre où j'ai cueilli cette perle. Aidez-moi s'il vous plaît, j'aimerais retrouver l'auteur.

Mais je m'en suis servi pour observer le paysage de Summit, qui pour moi représente un des personnages principaux, sinon le personnage principal.

Naïvement, je pensais que le Groenland était plat.

Le Summit, c'est le sommet du Groenland. C'est aussi le sommet de l'intrigue.

Ce que j'ai aimé dans ce roman, ce n'est pas le coeur de l'intrigue, mais c'est une déambulation à la fois géographique et intemporelle.

J'ai adoré le désarroi de mon ami Qaanaaq. Quel semblant d'ordre il va devoir remettre dans ce chaos-là.

Et puis cela parle d'animaux, de prédateurs même, l'ours polaire en est un, mais j'ai découvert ici, preuve à l'appui, que le plus grand prédateur de la planète n'est ni un ours polaire, ni une fourmi, ni un chien de traineau, mais, j'ai nommé ici l'homme, l'homme avec une grande hache...

J'ai aimé ce voyage qui prend l'allure d'une errance dans le désert.

Se perdre, être privé de repères.

On prend chaud, on prend froid. Il faut faire attention de ne pas être frigorifié dans sa transpiration et transformé en glaçon, à la façon de cet explorateur qui découvrit justement le Summit et mourut ainsi, façon Jack Nicholson, alias Jack Torrance dans Shining, mort de froid figé en statue givrée à la fin du film. J'espère pour lui et les siens qu'il n'avait pas le même sourire.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions De La Martinière qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#Summit #NetGalleyFrance

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La Breizh brigade, tome 1 : Bienvenue chez ..

Un petit tour dans la cité corsaire ? C’est ce que nous propose Mo Malø, pour une enquête de cosy crime : autrement dit attendons nous à côtoyer des enquêteurs auto-proclamés. Enquêtrices, devrais-je dire dans le cas présent.



Dans la résidence touristique tenue par trois générations de femmes remarquables, la saison risque de tourner court : un des hôtes est décédé dans sa chambre et il n’est pas nécessaire de tergiverser pour identifier immédiatement le tableau comme une scène de crime. Comment expliquer autrement la présence de l’embout de sa cornemuse profondément enfoncée dans on larynx ?



Bien entendu, la police est sur le coup, mais les dames Corrigan ne peuvent laisser les investigateurs officies se débrouiller sans qu’elles leur donnent un petit coup de main !



On découvrira de sombres histoires de détournements, d’argent, d’adultères et de trahison…la routine !



C’est plaisant, on s’offre une petite excursion à saint Malo, sans les bouchons sur la route de retour vers Rennes, et les trois héroïnes sont bien sympathiques, hautes en couleurs et fortes en gueule.



352 pages Les Escales 3 février 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Qaanaaq

Adopté à l’âge de trois ans par un couple de Danois, Qaanaaq Adriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale jusqu’au jour où une enquête le conduit à Nuuk, capitale du Groenland. Dans cette ville plutôt paisible, trois ouvriers de la plateforme pétrolière ont été tués, déchiquetés plutôt, comme s’ils avaient été attaqués par un ours polaire. Homme de la ville, Qaanaaq n’est pas à l’aise au milieu des chasseurs de phoques, dans ce climat glacial, cette langue gutturale qu’il ne comprend pas et ces croyances, traditions, superstitions et tabous qu’il ne connait pas. La cheffe de la police lui adjoint un policier autochtone, Apputiku Kalakek, chargé de l’introduire dans ce monde inconnu, et accessoirement de le surveiller. Les deux hommes vont enquêter dans les paysages blancs, au pays de l’or noir, au moment crucial où le Parlement régional doit décider de son autonomie. Pétrole, dollars, politique et séparatisme se mettent sur la route de Qaanaaq qui va aussi renouer avec ses origines inuites et peut-être découvrir les terribles circonstances qui ont fait de lui un orphelin.



Quel dépaysement ! Et quelle belle incursion sur les terres gelées du Groenland ! Mo Malø a beau être français, il maîtrise bien son sujet et sait décrire les paysages, les modes de vie et le pays des Inuits. Dans ce grand nord, la préoccupation principale est la survie. Il s’agit de conserver sa force, aussi, parler est une perte d’énergie. Alors on s’exprime d’un haussement de sourcils qui en dit plus long que les mots. On respecte la terre, les esprits et les traditions mais pour combien de temps encore ? Les Groenlandais vivent sur des gisements de pétrole et autres minerais convoités. Sauront-ils conserver leur mode de vie et leur nature ou succomberont-ils à l’appel des pétrodollars ? Là-bas comme ailleurs, les politiciens surfent entre ambition et démagogie, mensonges et corruption…La population hésite entre un mode de vie rude mais ancestral et les tentations de la modernité.

Mo Malø réussit le savant mélange entre une intrigue policière qui tient la route et sinue entre moultes fausses pistes et une analyse de la situation politique et sociale du Groenland. Qaanaaq est un policier qui gagne à être connu. Ce premier tome livre les secrets de ses origines et donne quelques indices sur l’homme qu’il est devenu. On aura plaisir à en apprendre plus sur ses parents adoptifs (une cheffe de la police à la retraite et un célèbre auteur de romans policiers), ses deux enfants, adoptifs eux aussi, et sa façon de se réapproprier son histoire. Son acolyte, Appu, est le plus attachant des deux. Derrière ses airs un peu patauds et sa nonchalance toute inuite se cache un bon flic qui a plusieurs fois sauvé la mise au super flic venu de Copenhague. Un duo qui fonctionne bien et un voyage au Groenland trop court malgré les plus de cinq cents pages du roman. On en veut plus ! Un coup de cœur.

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Diskø

J'ai pensé ne jamais parvenir au bout de cette lecture. Quelle sensation bizarre que ma peine ressentie, paragraphe après paragraphe, ligne après ligne. Pourtant, j'avais été ravie d'être sélectionnée pour ce livre lors de la dernière masse critique : ayant très envie de lire un policier en faisant un tour au Groenland. Tout était réuni pour une belle aventure, et je remercie par ailleurs Babelio ainsi que les éditions La Martinière pour ma sélection. Hélas, la rencontre littéraire ne s'est pas faite.



Il est clair que si je n'avais pas eu une critique à donner au bout, j'aurais abandonné cette froide enquête policière qui ne m'a pas glacée un instant. Dès le début de l'histoire, aucun personnage ne m'a touchée ou ne m'a semblé crédible. Ils sont nombreux avec des noms compliqués sur lesquels on s'embrouille malgré l'index en fin d'ouvrage. Mais on reste tellement peu longtemps sur chacun d'eux qu'on finit par les confondre et on ne s'y attache pas du tout.



Tout traîne, tout est long, avec un style assez plat, des dialogues plutôt mous ne permettant pas au récit de prendre de la tenue. L'histoire perd en force avant même d'en avoir pris. C'est ce que j'ai ressenti, hélas. Jamais mon intérêt n'a été titillé ; la narration truffée de flashback que j'ai trouvés très mielleux donnent des passages souffrant d'une facilité déconcertante.



Ce polar qui se déroule au pays du froid manque donc sérieusement de souffle. Il ne suffit pas d'un (ou deux) cadavres(s), d'un enquêteur à la double culture, et de quelques jolies expressions surgissant ça ou là (comme " la grosse langue blanche qui léchait le toit du monde " pour dire le Groenland) pour remonter le niveau général. La nature brute du Groenland, les promenades sur la banquise ne sont pas assez joliment racontées pour relever l'ensemble. Quand émotion, tonus et suspens manquent… ça fait beaucoup au final.


Lien : http://justelire.fr/disko-de..
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