« Je continuerai d'emmerder l'extrême droite, les islamophobes et les racistes, et j'emmerderai les misogynes de ma communauté »
Mona Eltahawy, journaliste, écrivaine, féministe égyptienne.
L'émission complète : https://www.mediapart.fr/journal/international/050221/mona-eltahawy-la-phrase-la-plus-revolutionnaire-c-est-mon-corps-m-appartient#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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La féministe la plus contemporaine et la plus critiquée par ses pairs qui réfutent sa compréhension, sa vision ses critiques et ses expériences. Malgré le chaos par lequel elle est passée elle continue d'exprimer sa singularité, sa liberté et son indépendance. Elle est la femme à abattre car elle est un modèle pour les jeunes femmes
Il est important de noter qu'au Yémen presque toutes les femmes sont couvertes de la tête aux pieds. Alors que dans nos sociétés conservatrices les gens prétendent que les femmes s'attirent des ennuis parce qu'elles s'habillent de manière impudique - idée que je réfute complètement -, le nombre très élevé de cas de harcèlements au Yémen démontre clairement l'inanité d'une telle théorie.
Les femmes ont beau avoir combattu à côté des hommes pour renverser les tyrans, une fois ces régimes tombés, elles ont pu constater qu'elles étaient toujours opprimées, parfois par ces mêmes hommes avec lesquels elles avaient fait la révolution et qui étaient censés les protéger.
Alors que les conservateurs islamophobes et xénophobes sont ravis d'entendre à quel point les musulmans maltraitent les femmes, l'aile conservatrice parmi les hommes musulmans propage la détestation des femmes. Au final, au lieu de nous allier à l'une pour combattre l'autre, ce sont ces deux tendances contre lesquelles nous devons simultanément lutter. (p.41)
Presque toutes les jeunes filles et les femmes égyptiennes sont ou ont été victimes de harcèlement sexuel. Pour être précis, ce chiffre monte à 99,3% selon un rapport des Nations unies de 2013, et les 0,7% restant avaient probablement leur téléphone éteint lorsque les sondeurs ont cherché à les contacter, dit-on pour plaisanter.
En Syrie, où le soulèvement contre Bachar el-Assad entamé en 2011 a dégénéré en guerre civile, les femmes sont elles aussi victimes tout à la fois des forces armées et des rebelles. Selon le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH), entre mars 2011 et juillet 2013, quelque six mille Syriennes ont été violées.
Malika Mokkedem ,mes hommes:
Je revendique mes amours successives dont certaines "mécréantes". Elles illustrent ma liberté d'être au monde. Je tiens à le faire. Les forces obscurantistes m'ont rejointe ici en France. Et dans tout l'Occident elles viennent dénier aux femmes la dignité d'une existence affranchie. L'un de leurs prétendus grands penseurs - un barbu aux crocs aussi longs que la sanglante nuit algérienne- tergiverse à propos de la lapidation des femmes adultères sur les écrans des télévisions. Et leurs brigades ont réussi à bâter des jeunes filles de l'immigration, à leur mettre des oeillères. Il ne sera pas dit qu'ils auront le dernier mot, mon père. Nous sommes si nombreuses à avoir fait du droit à l'égalité, à la liberté, à l'amour, au choix de notre sexualité, notre seule religion.
Le patriarcat est universel. Le féminisme doit l'être tout autant. Je veux que le patriarcat et tout ceux qui en profitent ressentent la même terreur que ce type dans le club de Montréal qui, avant de s'enfuir, m'a regardée pour voir la femme qui avait osé répliquer. Le patriarcat doit savoir que le féminisme est révolté par les siècles de crimes perpétrés contre les femmes et les filles du monde entier, des crimes justifiés au nom de la "culture" et autres "tradition", et ponctués de "c'est comme ça", qui sont autant d'euphémismes pour dire que "ce monde est dirigé par des hommes pour les hommes". Notre féminisme doit être ferme, agressif et sans remords. C'est la seule façon de combattre un patriarcat systémique.
Mais à qui profite la civilité ? Le racisme n'a rien de civilisé. Ni de poli. Et pourtant, tous ces gens ont répété à l'envi qu'il faut être courtois lorsqu'on parle de Trump et de ses partisans. C'était, bien sûr, des blancs. Pour les Américains qui n'ont aucune expérience du racisme, c'est un concept, une théorie, une idée à débattre, et non une réalité endurée. Bordel, stop ! (...) Je refuse d'être civilisée avec quelqu'un qui refuse de reconnaître pleinement mon humanité.
Les mots sont importants pour lutter contre le silence, l'aliénation et la violence. Les mots sont des drapeaux plantés qui inscrivent la reconquête; ils affirment"ceci est à moi, je l'ai gagné et malgré vos tentatives de me réduire au silence, je suis encore là". Tout aussi, importants, les mots nous aident à nous trouver les uns les autres et à surmonter l'isolement qui menace de nous submerger. Les mots témoignent que nous sommes bien là.