Thalia Stories: Mona Kasten
- Sur le terrain de crosse… je t’ai dit que tu ne pouvais pas perdre ce qui ne t’appartient pas.
Le souvenir de ses paroles me fait l’effet d’un coup de poignard. Je cherche à détourner le regard sans y parvenir. Les sentiments que j’éprouve semblent se refléter dans les yeux de James.
- C’était un mensonge. Je t’appartiens depuis le moment où tu m’as jeté mon argent au visage, Ruby Bell.
- Tu n’es ni horrible, ni fracassé, ni tordu. (Il rit d’un rire amer et secoue la tête.) Je ne veux pas te perdre, j’ajoute en mobilisant le peu de courage qu’il me reste.
Il met sa main sur la mienne, ferme les yeux. Il semble être au supplice. Ses doigts caressent doucement le dos de ma main, qui frissonne.
- On ne peut pas perdre une chose qui ne nous appartient pas, Ruby.
Dans ma vie, tout est écrit. C’est peut-être précisément ça qui m’a attiré chez Ruby dès le départ. Alors qu’elle prend sa vie en main, je ne suis qu’un figurant dans la mienne.
Alors qu’elle vit, je ne fais qu’exister.
Nous n’allons pas ensemble.
- Beaufort ne t’a pas lâchée des yeux pendant toute la session.
- J’étais face à la salle. Tout le monde me fixait.
- Pas comme lui. On aurait dit qu’il te suppliait de lui rendre ses regards.
Il a raison. Je ne le connais pas vraiment. Je n’ai aucun droit de lui lancer des trucs pareils à la tête, juste parce qu’il se comporte comme un abruti. Cela ne me rend pas meilleure que lui.
Ça ne doit pas être agréable de sortir avec quelqu’un qui vous cache comme si vous étiez un secret honteux.
C’est OK d’être attirée par quelqu’un qu’on trouve stupide.
Je ne peux pas me permettre d’être vue avec toi.
- Tu me perturbes. Je ne voulais plus jamais me laisser approcher et pourtant tu as réussi. Tu me rends dingue avec tes bavardages et parfois j’aimerais bien te scotcher la bouche. Je ne suis pas un mec gentil et je ne veux pas t’entraîner dans ma merde, parce que je sais que tu as suffisamment de problèmes à régler comme ça… mais bon sang, Allie, je suis fou de toi.
Un patron qui séduit sa secrétaire... Non, c’était bien plus que ça. Il avait percé à jour tous mes secrets, il s’était aventuré au plus profond de mon être. Jamais je n’aurais cru me sentir aussi désirée un jour.
Le regard brûlant de Grover laissait son empreinte sur moi et en moi. Je ne pouvais pas détourner les yeux. À chaque poussée, il me conquérait de nouveau, il m’entraînait sur la crête d’une vague immense d’où je ne voyais plus le fond.