Tachibana Morikuni (1679-1748) a été formé dans la grande tradition Kano : son maître, Tanzan, fut en effet l'élève de Tanyu Kano (1602-1674), figure qui domine ce courant pictural au milieu du XVIIe s.
(…) Le style de Morikuni, tout comme celui de ses élèves, s'inscrit, à bien des égards, en contrepoint de l'art sensuel et volontiers hédoniste développé à la même époque à Edo ou à Kamigata (l'ancienne Osaka) par ceux que l'on qualifie habituellement de “primitifs”, des artistes tels que Masanobu (1686-1764) ou Sukenobu (1671-1751).
Il semble que Morikuni ait consacré toute sa carrière à l'art de l'estampe et à l'illustration d'ouvrages ; on ne lui connaît pas d'œuvre peint. [On] suppose qu'en se spécialisant ainsi dans cet art mineur, Morikuni fit délibérément le choix d'abandonner les privilèges qui étaient attachés à la caste des peintres officiels. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, cette spécialisation a amené Morikuni a faire évoluer très sensiblement la technique Kano, en particulier en introduisant dans ses images une vitalité inhabituelle dans les œuvres peintes pour l'aristocratie nippone à la même époque.