C’est le problème de ma vie. La douleur me grille la moitié du cerveau, tandis que les médicaments censés la traiter consument le reste.
Des pans entiers de mémoire me font défaut. Je ne me souviens plus de certains endroits où je suis allée ni de livres que j’ai lus. Et, ce qui est une véritable tragédie pour moi, je ne me rappelle plus l’absence de douleur dans ma vie.
Je me sens un tel fardeau pour toi. Tu es jeune, tu peux prendre un nouveau départ. Tu le mérites.
Lorsque tu liras cette lettre, je serai morte. Ne me pleure pas, car je ne souffre plus désormais. Ce sera merveilleux pour nous deux lorsque nous nous retrouverons.
À quarante-trois ans, je suis encore jeune et, bien qu’un peu petite, je suis plutôt mince. Je peux manger pratiquement de tout sans grossir parce que la douleur brûle les calories comme un incendie de forêt.
C’était censé être romantique, mais il l’a tellement joué que c’en est devenu sinistre. Je disais qu’il avait dû se documenter, qu’il savait que c’était ton film préféré et qu’il allait jouer ce morceau autant de fois que tu avais vu le film… Ça nous faisait rire de plus belle. On a fait trembler le lit jusqu’à deux heures du matin avec nos fous rires.
Le cerveau et le corps ont tous les deux leurs propres moyens de survie. Ils font barrage à l’horreur pour continuer.
C’est frustrant, parfois. Mon cerveau est comme la lettre d’adieu : il est plié, corné, au point qu’on en distingue encore à peine les mots, et déchiré en mille morceaux maintenant.
Néanmoins, il en subsiste des fragments.
Si tu étais un arbre
Je pourrais t’enlacer dans mes bras
Sans que tu puisses rien dire
Si tu étais un arbre
Je pourrais graver mon nom sur ton flanc
Sans que tu pleures
Car les arbres ne pleurent pas
Neil Hannon
"C’était censé être romantique, mais il l’a tellement joué que c’en est devenu sinistre. Je disais qu’il avait dû se documenter, qu’il savait que c’était ton film préféré et qu’il allait jouer ce morceau autant de fois que tu avais vu le film… Ça nous faisait rire de plus belle. On a fait trembler le lit jusqu’à deux heures du matin avec nos fous rires."