Nadine Brun-Cosme

Derrière le grand dos de Léon, Max et Rémi ne voyaient rien.
Ça leur était égal.
Derrière ce grand dos, ils se sentaient bien.

Un matin, Léon dit :
- Oh ! Regardez le ballon, comme il est beau, comme il est grand !

Et, pour la première fois, derrière le grand dos de Léon, Max eut envie de regarder.

Il dit :
- Léon, je ne vois pas le ballon. Est-ce que je peux passer devant ?

Léon hésita. Puis il dit :
- D'accord. A ton tour !

Et Rémi sentit que Max lâchait sa main.

Mais...Lapin, dis-moi : après trois, qu'est-ce qu'il y a ?

Une fille, c'est bien connu, ça ne peut pas faire ce que font les garçons.
;-)

Alors Maman sourit et cette fois, elle dit oui:
oui pour l'histoire du Petit Chaperon rouge,
oui pour le bisou de maman, juste sur le bout du nez...
Et surtout, surtout, oui pour un gros câlin!

- Le silence, la première fois, ça fait presque peur.
Et puis mon père s'est tu. Il est resté un moment dans le vague. Je me sentais dans le silence du prince.
- Mais le prince ?
- Le prince ? D'abord il laisse grandir ce silence qui lui fait un peu peur. Alors, tout au fond de lui il sent quelques chose de caché : comme un secret...
Et mon père s'est levé.
- ... Quelque chose qui bouge et essaie de sortir. Mais il ne sait pas ce que c'est. Il ne sait pas encore qu'il abrite un oiseau qui essaie de chanter.

- Il écoute et il attend.
- Tu crois qu'il va attendre longtemps ?
- Pet-être ... Je ne sais pas. Peut-être que c'est important, parfois, d'attendre ... Non ?

En bas, ils parlent, beaucoup, de rien.
Moi je monte dans ma chambre. Quand ils se parlent pour de faux, je ne veux pas entendre.

Il atteignit l'orée du bois et, une dernière fois, il se retourna.
Petit Loup était toujours sous l'arbre, et il était si petit à présent
qu'il fallait vraiment être un grand loup pour savoir qu'il était là, ce tout petit loup.

Petit Loup approchait.
Grand Loup eut peur soudain qu'il soit plus grand que lui.

Petit Loup commença à gravir la colline,
et Grand Loup vit qu'il était petit.
ça le rassura.

Il le laissa grimper jusqu'à son arbre.

Ils disent que je me trompe. ils disent que Théo, c'est Tom. Mais moi je sais bien que c'est Théo. Quand on a joué à colin-maillard avec le grand foulard jaune de ma mère, quand j'ai posé mes mains sur son visage, je savais bien que c'était le visage de Théo.

- Tu me voles mes parents, tu me voles ma maison, et maintenant, maintenant tu me voles mes livres !

- C'est un peu ça. Les gens qui travaillent à la D.D.A.S.S. aident les familles qui ont de gros problèmes à trouver des solutions. Parfois ils en trouvent, parfois ils n'y arrivent pas. Lisa qui vient vivre chez nous, c'est peut-être un morceau de solution pour elle. Pas toute la solution, juste un morceau.

C'est quand ils l'ont soulevés que j'ai crié. J'ai senti qu'ils avaient arrêté. quoi, je ne sais pas. Ce qui était important, c'est qu'ils avaient arrêté.

Je marche à droite de mon papi. Il marche toujours entre le bord du trottoir et moi. C'est à cause des voitures. Il dit :
- Moi vivant, rien ne peut t'arriver.

Petit Lièvre est tout petit.
Petit Lièvre ne saute pas. Petit Lièvre ne sort pas.
A l'entrée de son terrier, il y a trois brins d'herbe.
Depuis qu'il est né, à l'entrée de son terrier, il y a toujours eu trois brins d'herbe: le brun, très doux, qui aime voleter dans le vent; le rose, très tendre, qui change de couleur à mesure que le soleil tourne sur l'horizon, et le vert qui ne bouge sous aucun vent, qui ne change sous aucun soleil. Le vert qui est là, tout simplement.

Pour la première fois, il se disait qu'un petit, même tout petit, ça prenait de la place dans le cœur. Beaucoup, beaucoup de place.