Citations de Nadine Brun-Cosme (77)
Le joyeux défilé arrive enfin dans une vaste clairière.
Devant eux, au milieu d'une foule d'hommes masqués se tient un personnage étrange, coiffé d'un magnifique masque de dragon.
Mon petit coin secret, là où je cache toutes mes petites choses [...] Je ne l'ai pas vraiment choisi. Je n'y aurais même pas pensé. Qui pourrait bien choisir comme coin secret le petit creux entre ses deux orteils ? Qui pourrait avoir une idée aussi bête ? Moi.
A cause du petit poil de laine bleu.
C'est tout un travail, s'habituer à ce qu'on ne veut pas.
Je ne suis plus ce qu'elle croit: sa fille, celle qui va bien, qui mange bien, qui est à l'heure en cours et qui a des bonnes notes. Je suis étrangère, j'ai menti, et elle ne sait plus qui je suis à présent. Moi non plus.
Loup se frotte les yeux, se gratte la tête, et se dit qu'après tout, un beau petit cochon si rose, c'est encore mieux qu'une petite fille ! En plus, il transporte le bois pour le faire cuire ! Quelle chance !
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Je guette Ben, je ne veux surtout pas le croiser et, en même temps, je n'attends que ça.
J'admirais ma mère, cette élégance, cette violence, cet art de rendre les autres idiots. D'elle, j'ai appris comment plaire, et sûrement le goût de faire souffrir.
Comment fait-on quand on est lâché dans le monde et qu’il est sans amour, qu’aucun amour ne nous tient plus ?
La moquette bleu azur, c'était grand-mère qui l'avait choisie avant de nous quitter pour rejoindre le ciel, et ce bleu dans lequel je mettais mes pieds, ce bleu "plus bleu que le bleu du ciel", comme elle disait, c'était comme une façon de marcher un peu tous les jours avec elle.
Loup se relève. Il n'a rien vu.
A présent, la cape ne bouge plus.
Quelle surprise me réserve-t-elle ? se demande-t-il en se léchant les babines. Deux cochons ? Trois moutons ?
Il regarda la belle orange, si ronde, si douce, si blonde.
Il se dit qu’il allait rentrer. Qu’il allait le manger.
Que ça suffirait bien. Que peut-être Petit Loup reviendrait.
Tout seul. Sans prévenir. Que sûrement il était déjà là-bas.
Puis Grand Loup pensa à l’arbre. A lui dessous, sans Petit Loup.
Il trembla de la tête aux pieds.
Sommaire:
- Réveil soleil, comptine du matin,
- Bien au sec, comptine pour le change,
- Du bout des doigts, comptine câlin,
- D'abord mes pieds, comptine pour s'habiller
- La purée, comptine pour manger
- Tout propre, comptine pour se débarbouiller,
- Dame Croco, comptine avant la sieste, ...
- Debout petit chat, comptine après la sieste,
- Toboggan, comptine pour jouer,
- Patatras! comptine pour en promenade,
- Au revoir chagrin! comptine pour se consoler,
- Dans mon bain: comptine pour le bain,
- Dans ma serviette: comptine pour se sécher,
- C'est la nuit: comptine pour s'endormir.
Ce petit roi-là adorait les couronnes. Toutes les couronnes. À chaque Noël, à chaque anniversaire, à chaque fête, il en demandait une nouvelle. Et il en avait tant et tant qu’il avait bien du mal à les ranger dans son palais. Tant et tant qu’il en oubliait son cher petit royaume…
[...]l'enfance. Ca reste tapi longtemps dans un coin, parfois ça ne se réveille pas, jamais, et puis parfois, un geste, un mot la fait ressortir d'un coup de son oubli.
Jamais, je n'ai entendu ma voix dans le silence, écoutée par les autres.
"Alors Jamin, rien à dire ?"
Si. Tellement. Rien ne vient.
je pense à ma mère jouant au jeu du dictionnaire, ce jeu qu'elle adorait quand j'étais petit. Jouer à deviner le monde.
[...]
Puis je me suis mis à en savoir plus que ma mère, à voir ma ma mère peiner, à voir ma mère ne plus savoir. Là, j'ai cessé d'aimer ce jeu.
On croit pouvoir traverser le monde sans trop souffrir. A condition de ne pas trop vivre.
Un matin, ils tirent si fort que mon oreille se décolle.
Cette coupure, ce cri dans ma peau, pour tous ces cris qui ne sortent plus de mon ventre.
D’avoir mal dans ma peau, ça me fait moins mal dedans.