Nassrine Reza

L’amour dont je vous parle n’implique aucune contrainte, aucun compromis, aucun sacrifice. Prenons un exemple commun : vous
pensez avoir besoin de l’autre pour être épanoui, pour vous sentir utile. Pourtant, l’autre n’a strictement rien à voir avec cette
croyance, car il s’agit uniquement de vos propres interprétations. Et voilà qu’un jour votre partenaire vous quitte. Vous vous
effondrez, puis vous lui en voulez en vous exclamant : « Comment a-t-il pu me décevoir à ce point ? » Ce n’est pas l’autre qui vous
déçoit et ce n’est pas vous qui vous effondrez, mais votre système de pensée.
Si vous vous aimez vraiment, et ce sans raisons apparentes, alors vous êtes apte à aimer l’autre pour ce qu’il est réellement : un être
libre, comme vous. Vous souhaitez tout le bonheur du monde à une personne qui vous est chère, n’est-ce pas ? Serait-ce toujours le
cas si elle vous tournait le dos ? Quand vous aimez inconditionnellement, vous n’êtes plus dans l’attente et vous ne pouvez plus être
déçu. Vous savourez pleinement chaque moment de partage, sans jamais avoir peur d’être quitté. Vous ne faites plus de compromis
ou de sacrifices, parce que tout est offert spontanément et en résonance avec votre propre liberté d’être.
Vous réalisez que l’autre n’est pas présent pour combler vos besoins ou vos manques illusoires, mais pour vous faire prendre
conscience que vous possédez toutes les ressources nécessaires à votre propre épanouissement.

Arrête-toi un instant. Ferme les yeux et respire calmement. Comprends que tu ne peux pas être heureux demain, si tu ne l’es pas maintenant. Observe qu’en dehors de toute agitation, il subsiste toujours un espace intérieur empli d’une paix profonde. Fusionne avec elle à chaque respiration. Ainsi, tu apprends à vivre pleinement chaque instant, sans attache, ni résistance.

S’écouter, se respecter et se réaliser tient de la responsabilité de chacun. N’attendez plus des autres qu’ils vous donnent ce dont vous avez besoin, car ils en sont incapables. Non pas parce qu’ils n’en ont pas envie, mais parce que vous êtes un être unique et que vous seul savez ce qui est bon pour vous.

Une de mes patientes souffrant d’une maladie auto-immune et qui avait déjà suivi de nombreuses thérapies, m’expliqua un jour :
« Grâce à un long travail d’introspection, j’ai finalement constaté que j’étais l’obstacle à la guérison. En étant malade, mes proches
prennent soin de moi. Mais si je guéris, je ne serai plus leur centre d’attention et j’ai peur de passer à l’arrière-plan. » « Votre mental
a trouvé une explication plausible à son fonctionnement. Pensez-vous que cette révélation va déclencher la guérison ? », demandaije.
Elle poursuivit : « Si je décide de ne plus jouer le rôle de la malade, la situation va forcément changer ». « Vous avez entrepris
plusieurs thérapies et apparemment elles vous ont toutes amené à concevoir la maladie d’un point de vue purement mental. Il est
commun à l’être humain de s’accrocher à des explications intellectuelles, mais le corps n’en a guère besoin pour guérir. » Ma patiente
m’observa intriguée et ajouta : « Comment puis-je l’aider ? » Je pris la main de ma patiente et la posa sur son cœur. « Votre corps a
fondamentalement besoin que vous l’acceptiez tel qu’il est ». Des larmes coulèrent sur son visage et elle se serra dans les bras.
« Pourriez-vous maintenant autoriser votre corps à être malade ? Vous serait-il possible de cesser de nourrir votre mental par des
explications, car cela témoigne de votre inaptitude à accueillir pleinement la situation ? ». Elle hocha la tête. Je la vis un an plus tard,
le corps guéri.
Votre corps ne comprend pas les interprétations mentales. Par contre, il ressent à chaque instant, si vous êtes avec ou contre lui.

Tout ce que tu chéris dans ton for intérieur, éclot naturellement à l'extérieur.

Observez la phrase suivante que vous avez déjà utilisée maintes fois : « Je suis angoissé. » La phrase l’indique bel et bien. Il y a ce « je », cette conscience qui perçoit à cet instant une angoisse. Est-ce que ce « je » peut être angoissé ? Absolument pas ! Ce « je » est uniquement le témoin de cette émotion. Pour pouvoir déceler l’angoisse, ce témoin « je » doit avant tout « être en paix ». C’est à partir de cette paix qu’il lui est possible d’observer toute forme d’agitation.

"Vous m'invitez à ne rien faire pour aider ce monde ?"
Si, vous pourriez avant tout être en paix. La vie se charge du reste.

Comprenez qu'un mental sain n'accuse jamais l'autre. Il transmet uniquement ce qu'il ressent en parlant uniquement de lui.

"Comment être en paix dans ces circonstances ?"
Les circonstances ne déclenchent pas la paix en vous . Elles vous permettent uniquement d'observer si vous l'êtes déjà.