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Citations de Natasha Trethewey (51)


L’esprit travaille de telle façon que, lorsque nous voyons et percevons quelque chose pour la première fois, cela se fait toujours à travers le filtre de ce que nous avons déjà vu.
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Bien sûr, nous sommes faits de ce que nous avons oublié, de ce que nous avons cherché à enterrer ou à retrancher. Une part d’oubli est nécessaire et l’esprit travaille à nous protéger de ce qui est trop douloureux ; cela n’empêche pas certains aspects d’un traumatisme de vivre dans notre corps et de se manifester de façon impromptue.
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Depuis ce premier rêve, tout au long de ma vie d'adulte, j'ai vécu avec la culpabilité d'avoir été impliquée dans la mort de ma mère - ou plus exactement, avec l'idée qu'elle était morte parce que je ne le suis pas.
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« Sais-tu ce que ça fait de porter une blessure qui ne guérit jamais? »

(De l’Olivier, p.12)
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Le journal intime était un exutoire essentiel. Ma mère savait que tout ce que j’avais besoin d’exprimer, il me faudrait l’écrire. J’ai toujours aimé le contact des livres, cette façon qu’ils ont de donner litteralement le poids aux mots et d’en faire un objet sacré que je peux tenir entre mes mains.
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La jeune fille qui est sortie de cet appartement des heures plus tard n’était plus celle qui y était entrée. C’est comme si la jeune fille que j’avais été était encore à l’intérieur, derrière la porte close, enfermée dans cette séquence vidéo. J’ai souvent vu cette porte en rêve. Elle est enfin devenue un seuil que je peux franchir.
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Pendant longtemps, j'ai essayé d'oublier autant que possible ce qui s'est passé pendant ces douze années, entre 1973 et 1985. Je voulais bannir cette partie de mon passé, un acte d'autocréation par lequel je chercherais à n'être constituée que de ce que je décidais de me souvenir. J'ai choisi d'inscrire le mot fin sur l'année qui a suivi notre départ du Mississipi, et le mot début après le moment de la perte - la mort de ma mère.
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Regarde-toi. Aujourd'hui encore tu cris que tu peux prendre tes distances avec cette petite fille par l'écriture, en recourant à la deuxième personne du singulier, comme si tu n'étais pas celle à qui tout cela est arrivé. (p13)
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J’ai besoin de donner du sens à notre histoire, de comprendre la trajectoire tragique qu’a suivie la vie de ma mère et la façon dont ma propre vie a été façonnée par cet héritage.
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C’est plus ou moins à cette période qu’elle a aussi souscrit plusieurs polices d’assurance-vie et, pendant longtemps, j’ai songé qu’elle avait dû se préparer à l’inévitable, s’assurer - au cours de ses dernières semaines - que ses enfants ne manqueraient de rien quand elle ne serait plus là.
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Son récit s’arrête là. En l’écrivant elle devait encore avoir l’espoir – si ce n’est la certitude absolue – qu’il s’agissait d’une histoire d’évasion, de celles où on repart de zéro, qu’une fin heureuse l’attendait, que c’était cette histoire-là qu’elle vivait. Je pense aux mots d’Orson Welles : « Une fin heureuse dépend du moment où l’on arrête l’histoire. »
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Ce dont je voulais me débarrasser, c’était cette image de captivité et de souffrance, de ce cri ultime.
.
(De l’Olivier, p.204)
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Il est descendu à la cuisine et m’a dit qu’il savait qu’il le regretterait sans doute, mais qu’il avait décidé de me laisser vivre. Mais si je refaisais quoi que ce soit qui lui déplaise, il ne dirait rien et se contenterait de me tuer dans mon sommeil. Mes problèmes digestifs ont commencé ce jour-là.
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Je pense aux mots d'Orson Welles: "une fin heureuse dépend du moment où l'on arrête l'histoire. "
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Depuis que je travaille à raconter cette histoire, je me suis attachée à le faire de manière très progressive, à l’analyser par petits bouts pour pouvoir la supporter : des segments bien nets et compartimentés qui m’ont permis d’avancer pendant trois décennies sans craquer.
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Quand j'essaye d'écrire sur ma mère, sur ces années perdues dont je ne peux pas me souvenir, tout s'eparpille. J'écris sur un bloc notes jaune que je transporte avec moi jusqu'à ce que les pages se détachent toutes seules, arrachées à l'adhesif
du haut. J'écris sur des bouts de papier- enveloppes, tickets de caisse-et je les egare. J'enregistre des notes audio sur mon téléphone et ma voix rauque m'est étrangère. J'écris dans mon journal aux pages blanches en les prenant par la fin, au milieu, comme si mon coeur avait été retourné. Je rassemble tout ce que je peux, pages manuscrites, carnets et journaux, bloc-notes jaunes et blancs entassés sur mon bureau.
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Depuis toujours, les gens s’interrogent sur « ce que » je suis, sur ma race, ma nationalité. La façon qu’a le médium d’essayer de deviner mes origines m’est familière. Ça arrive tout le temps : une personne me jette un coup d’œil, me qualifie d’« exotique » et demande : « Quel est votre héritage ? » Un jour, dans un grand magasin, le vendeur blanc derrière le comptoir s’est montré trop gêné ou poli pour poser la question – sûrement pour ne pas offenser une femme blanche en présumant qu’elle était autre chose que blanche. Il fallait pourtant l’inscrire au dos de mon chèque, les informations concernant la race et le genre étant requises à l’époque. Hésitant, stylo en l’air, il a tenté de m’examiner discrètement. Je l’ai dévisagé pendant qu’il cogitait après deux ou trois coups d’œil à mon visage, à mes cheveux raides et fins, à la couleur de ma peau et à mes vêtements. Il a aussi certainement pris en compte ma façon de parler et a comparé ces éléments à l’idée qu’il se faisait de certaines personnes – les Noirs. Je suis restée là sans rien dire tandis qu’il griffonnait les lettres FB, pour « femme blanche ». Cette même semaine, un autre vendeur m’avait attribué un FN, pour « femme noire ». Ce jour-là, je n’étais pas seule, j’étais dans la file d’attente du supermarché avec une amie noire.
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Bien sûr, nous sommes aussi faits de ce que nous avons oublié, de ce que nous avons cherché à enterrer ou à retrancher. Une part d’oubli est nécessaire et l’esprit travaille à nous protéger de ce qui est trop douloureux ; cela n’empêche pas certains aspects d’un traumatisme de vivre dans notre corps et de se manifester de manière impromptue. Même quand j’essayais d’enterrer le passé, des fragments de ces années perdues ne cessaient de resurgir, de me revenir à l’esprit sans que je l’aie voulu. Ces souvenirs – certains intrusifs, certains jolis – semblent plus significatifs aujourd’hui, pareils à des jalons sur un chemin. Et je suis capable de voir ce chemin uniquement parce que je suis revenue sur mes pas afin d’y trouver un instant révélateur, la preuve d’un élément déclencheur.
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Sugar ne s'exprimait pas comme mon père, mais elle aussi recourait aux idiotismes et aux métaphores. Elle me faisait taire à l'église en me disant d'être "aussi silencieuse qu'un rat pissant sur du coton". Le moindre secret commençait par "Motus et bouche cousue mais...". Quand elle a appelé son petit chien Toby en référence, m'a-t-elle expliqué, au terme vaudou qui désigne une amulette, j'étais ravie, persuadée qu'elle avait des pouvoirs magiques et était capable de changer d'apparence. Elle aimait la poésie des psaumes qu'elle récitait souvent en effectuant ses tâches ménagères. Des années plus tard, quand la démence l'a empêchée de parler normalement, elle psalmodiait ce qu'elle avait besoin de dire en adoptant cette même cadence. Bien avant que nous reconnaissions les signes de sa maladie, Sugar se présentait tous les jours à la porte de derrière en chantant mon nom à travers la moustiquaire, me tendant trois figues encore vertes au creux de sa paume : une offrande. Attends, semblaient dire les fruits, sois patiente et la douceur viendra. Sans prononcer un mot, elle m'apprenait le pouvoir figuré des objets, leurs juxtapositions riches de sens.
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Son récit s'arrête là. En l'écrivant elle devait encore avoir l'espoir - si ce n'est la certitude absolue – qu'il s'agissait d'une histoire d'évasion, de celles où on repart de zéro, qu'une fin heureuse l'attendait, que cétait cette histoire-là qu'elle vivait. Je pense aux mots d'Orson Welles : "Une fin heureuse dépend du moment où l'on arrête l'histoire."
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