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Critiques de Nghi Vo (87)
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Des mammouths à la porte

Enfin, l’adelphe Chih rentre chez iel. Enfin, iel est de retour dans l’abbaye des Collines-Chantantes. Mais quand iel parvient en vue de ce but tant espéré, une désagréable surprise l’attend. Comme le titre l’indique, iel découvre deux mammouths massifs postés devant les portes de ce qu’il considère comme sa demeure. Que font-ils là ? Pourquoi menacent-ils l’intégrité de ce lieu de savoir ?



Quatrième volume de la série des Archives des Collines-Chantantes, après L’impératrice du Sel et de la Fortune, Quand la tigresse descendit de la montagne et Entre les méandres, Des mammouths à la porte nous conte la suite des aventures de l’adelphe Chih. Dans un épisode important, puisqu’après plusieurs années d’absence, iel (Pour ceux qui n’ont lu aucun des volumes précédents, ce personnage est non binaire et iel est désigné tantôt par le pronom « il », tantôt par le pronom « elle ». De mon côté, j’utilise « iel » car c’est plus simple.) revient là où tout a commencé. Même si nous, en tant que lecteurice, nous n’avons encore jamais mis les pieds (les yeux ou les oreilles pour ceux qui préfèrent les audio livres) dans ce lieu où Chih a été formé et a grandi. Le moment est donc nécessairement empli d’émotions, car iel va retrouver des êtres chers dont iel n’avait aucune nouvelle depuis tout ce temps. N’oublions pas que le téléphone et autres moyens de communication si banals de nos jours n’existaient pas. D’où la force de ces retrouvailles.



De plus, Chih avait perdu (enfin, pas vraiment, mais celui-ci devait retourner aux Collines-Chantantes pour une belle raison) son neixin, l’animal qui l’accompagne en permanence et retient dans sa mémoire fantastique toutes les histoires qui lui sont narrées. Mais je ne devrais pas employer ce terme pour le qualifier, comme le dit au autre neixin : « Un animal ? Vous le savez pourtant sans équivoque, je n’en suis pas un. Je suis une neixin des Collines-chantantes, dont vous occupez le territoire sans invitation. »



Comme le pointe cette dernière citation, une troupe cerne le lieu de culte et menace son intégrité. La raison ? Un différent à propos de l’un des habitants des Collines-Chantantes. Or les deux chefs des deux camps sont particulièrement têtus et campent sur leurs positions. Chih va donc, malgré iel se retrouver au centre de ce conflit et tenter, avec ses moyens, et ceux des neixin, d’arranger les choses. J’ai bien dit les neixin. La belle surprise de ce tome est la découverte de l’endroit où ils vivent, mais aussi où ils naissent et sont élevés. C’est d’ailleurs là que Chih retrouve Presque-Brillante « sa » neixin attitrée. Ce n’est que le début de cette plongée dans le passé. Chih va, vu les circonstances, être obligé de se souvenir et de retrouver des histoires permettant aux différents protagonistes de trouver une solution. Iel ne sera pas lae seul, mais iel sera déterminant. Et cela lui permettra à iel aussi, de surmonter l’épreuve terrible du deuil.



Encore une histoire racontant des histoires. Encore un récit plein d’empathie et de tendresse, de finesse et de douceur. Mais sans éviter les haines et les colères. Nghi Vo ne se montre pas naïve dans ses écrits. Et si elle vante le dialogue comme solution, elle sait et montre que la force des sentiments peut être plus forte que la raison. Des mammouths à la porte offre encore de beaux moments de contemplation et de réflexion, dans son style si particulier et que j’apprécie toujours autant. Ce qui me fait attendre, déjà, avec impatience The Brides of High Hill, cinquième aventure de l’adelphe Chih.
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L'impératrice du sel et de la fortune

L’adelphe Chih, de l’abbaye des Collines-Chantantes, vient à la maison qui borde le lac Écarlate. Accompagnée de Presque-Brillante, sa neixin (un petit animal malicieux doué de la parole et d’une mémoire absolue), elle se rend dans cette demeure restée jusque-là interdite à toute visite. Il faut dire qu’elle a accueilli l’impératrice du Sel et de la Fortune lors de son exil.



Alors qu’elle s’attendait à être seule, elle rencontre une ancienne servante de l’impératrice surnommée Lapin. L’adelphe (à ce propos, j’ai découvert grâce à ce livre le sens actuel de ce nom) va peu à peu découvrir ce qui s’est réellement déroulé durant ce séjour. Comment l’histoire s’est écrite sur les rives de ce lac aux eaux rouges. Mais, et c’est là toute l’habileté de l’auteurice, ce récit nous sera fait par petits chapitres, parfois sans lien apparent les uns avec les autres. En fait, Lapin a vécu les évènements qui ont amené cette demeure a être interdite à quiconque. Elle a vécu les secrets d’alcôve. Elle a été très proche d’une femme épousée pour la valeur de l’alliance, uniquement. Moquée à la cour dès son arrivée à cause de ses différences, parce qu’elle venait d’un autre royaume. Humiliée par son époux après lui avoir donné ce qu’il recherchait, un héritier. In-yo, la jeune impératrice, semble résignée à son sort et s’apprête à vivre isolée dans ce coin perdu du royaume. Et ce jusqu’à sa mort. Sauf que tout ne va pas se passer comme on aurait pu le croire.



Est-ce parce qu’elles sont publiées dans la même maison d’édition en France et que le deuxième volume de la série va sortir bientôt ? En tout cas, j’ai beaucoup pensé, à la lecture de L’impératrice du Sel et de la Fortune, à Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers. Sans doute le côté feutré de la narration. Les aspérités ne sont pas gommées. Chez Nghi Vo, la mort et la cruauté sont sans cesse présentes. Mais elles ne sont pas théâtralisées, presque sacralisées comme dans d’autres œuvres où on peut avoir l’impression que l’auteur s’en délecte. Ni décrites avec force détails, pour les rendre tellement vraies qu’elles en deviennent presque illisibles, si l’on est un peu sensible. Par exemple, dans une autre série d’inspiration asiatique, Zhongguo, David Windgrove n’hésite pas à étaler la cruauté de certains de ses personnages. On peut trouver cela dommage de passer rapidement sur les horreurs, mais je pense, dans ce cas, que cela fonctionne à merveille. On n’est pas effarouché par la violence potentielle et on se laisse entraîner dans le récit. Où l’on découvre l’horreur et la cruauté. La mesquinerie et la petitesse. Sans être rebuté par des scènes trop brutales.



Et si l’on peut retenir une caractéristique de l’écriture de Nghi Vo (du moins dans cet ouvrage : je n’en ai pas lu d’autre), c’est la subtilité. D’ailleurs, rien que la construction de cette novella. Dès le deuxième chapitre, quand Chih est installé dans la maison, iel commence à faire l’inventaire des objets qu’elle contient. Et c’est de cet inventaire que l’autrice part pour raconter des épisodes de la vie de l’impératrice en ce lieu. Progressivement, par petits éléments ajoutés à petits éléments, elle va construire son histoire. À partir d’objets devant lesquels on passerait sans un regard ou presque dans un musée, elle enclenche des souvenirs narrés par Lapin et qui éclairent le passé sous un autre jour. La vérité des évènements va se construire parcelle par parcelle devant nos yeux. Et même si l’on ne connait rien de cette époque, rien de ces personnages, tout finit par apparaître, clair et limpide. En douceur, mais sans masquer l’horreur ni la trahison, la tristesse ni la douleur du devoir.



Je comprends pourquoi L’impératrice du Sel et de la Fortune a gagné le prix Hugo en 2021. Cette novella est de toute beauté. Et, par sa construction, elle révèle au lecteur son histoire de façon subtile, lui fait confiance, le prend par la main, mais sans le forcer. Poésie des objets, grâce des sentiments, force des évènements. Superbement servies par la traduction de Mikael Cabon. Une lecture à recommander, absolument. Et qui donne l’envie furieuse de lire Quand la tigresse descendit des montagnes, à paraître prochainement, deuxième titre de cette série, qui en compte quatre pour l’instant.
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Entre les méandres

Que c’est agréable de retrouver des personnages que l’on apprécie. Surtout quand les parutions sont peu espacées. La série des Archives des Collines-chantantes de Nghi Vo paraît depuis le début de l’année aux éditions de L’Atalante. Et on en est à la troisième novella. Après l’ombre de l’impératrice de L’impératrice du Sel et de la Fortune et le trio de tigresses de Quand la tigresse descendit de la montagne, l’adelphe Chih se rend dans la région des méandres, célèbre pour ses bandits et ses conflits. Quelles rencontres va-t-iel y faire ?



Comme à chaque fois, l’adelphe Chih voyage à travers les contrées afin d’entendre et donc d’écrire les histoires qu’iel pourra glaner. Iel est, cette fois, à nouveau accompagné de sa neixin, Presque-Brillante, qui lui avait fait faux-bond dans le précédent épisode. Et c’était bien dommage tant cet animal volant apporte en légèreté aux dialogues, tant Presque-Brillante n’hésite pas à utiliser son bec ou ses griffes pour se venger d’une répartie jugée trop moqueuse de Chih. Et cela permet de plus d’enrichir certaines situations. Rappelons qu’elle est dotée d’une mémoire fabuleuse, ce qui en fait l’alliée idéale pour une personne chargée d’enregistrer des conversations dans un monde sans électronique.



L’intérêt de ces voyages est de découvrir d’autres lieux, d’autres personnes. Et dans cette époque où les trajets se déroulent à pied ou en moyens moins modernes (mais moins polluants) qu’aujourd’hui sur notre Terre, ils permettent de faire des rencontres. Parfois anecdotiques. Souvent passionnantes. Comme ici. Le récit s’ouvre sur une discussion chez un barbier, comme je l’ai noté en découvrant les premières lignes de cet ouvrage. Et juste après, Chih se rend dans une taverne. Et, comme souvent dans ces lieux, une bagarre éclate, mettant en valeur les qualités de combattants de plusieurs protagonistes. On découvre ainsi les futurs compagnons de voyage de Chih : Wei Jintai et Sang, deux jeunes femmes qui voyagent de conserve, et Lao Bingyi et Khanh, un couple de nobles au passé mystérieux et qui semblent avoir vécu de nombreuses années. Peut-être un peu trop pour de simples mortels.



Le trajet qu’ils vont entreprendre tous les six va, une fois encore, être l’occasion d’entendre des contes venus d’un passé lointain et sujet à caution. Car, un des points qui reviennent dans cette série et que j’apprécie particulièrement, c’est l’insistance sur le fait que les histoires varient selon qui raconte et à quel moment. Le même récit peut changer du tout au tout d’un interlocuteur à l’autre. Dans Entre les méandres, l’autrice s’attaque à la classique figure de la belle héroïne. Pourquoi cette beauté obligatoire ? Et si on s’intéressait à une femme laide. En quoi cela serait-il moins intéressant ? Nous découvrons ainsi le récit de la vie de Yi la Laie, à la force supérieure à celle des sangliers (d’où la figure centrale de la belle illustration de couverture d’Alyssa Winans).



Mais le bandit principal de cette novella, c’est la gang de la main blanche. Un regroupement de truands qui, malgré sa disparition, revient régulièrement : les mythes ont la vie dure et n’importe qui peut utiliser ce nom pour commettre les pires larcins. Là aussi, Nghi Vo met le doigt sur un classique des récits d’aventure : ces légendes qui acquièrent une telle force, une telle aura qu’elle résiste à la mort de leur créateur. Ce qui permet à d’autres d’endosser le rôle et de reprendre les activités de l’original. Que ce soit des activités positives comme des activités criminelles. Ainsi en est de la main blanche qui vole, tue sans relâche dans la région.



Décidément, je ne me lasse pas des novellas mettant en scène l’adelphe Chih. J’aime cette sensibilité que Nghi Vo sait placer dans les rapports entre les personnages. Tout comme le parfum de magie qui baigne ses récits sans pour autant devenir envahissant. Et ces histoires de voyage donnent envie d’enfiler ses meilleures chaussures et de partir sur les routes. Mais je vais plus sagement attendre la traduction de Mammoths at the Gates qui vient de paraître en V.O.
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Quand la tigresse descendit de la montagne

L'adelphe Chih, de l'abbaye des Collines-Chantantes, poursuit son périple à la recherche d'histoires à consigner dans les archives de son ordre. Abandonné pour un temps par sa neixin occupée à couver sa nichée, iel se doit de demander de l'aide afin de franchir un col enneigé. Iel s'avance donc sur des routes peu sures, escorté par Si-yu et son mammouth, Piluk. Jusqu'à ce qu'ils tombent sur un trio de tigres affamés.



Dans ce monde aux tons asiatiques mâtiné de fantastique, les tigresses peuvent se transformer en humaines et ne rechignent pas à discuter avec leurs proies. Avant de les dévorer. Car nous ne sommes pas chez Walt Disney. Les animaux sont cruels. Ils tuent par nécessité, mais aussi par goût. Ces gros félins aiment la bonne chère avec délectation et savent en apprécier la saveur. Mais quand un humain leur cause souci ou les agace, ils n'hésitent pas à s'en débarrasser d'un coup de dent sec et précis. D'où leur réputation de prédateur bien justifiée. Aussi, quand Chih et Si-yu, en fin de journée, sont poursuivis par le trio, ils savent que leur dernière heure est proche. Ils parviennent à se réfugier dans une grange. Mais rien n'est joué, car les renforts sont loin et ne devraient de toute façon pas arriver avant le lendemain. Heureusement, la jurisprudence Shéhérazade a encore frappé ! Les tigres (tigresses devrais-je dire, car ce sont des soeurs) aiment les histoires. Et, surtout, la vérité. Enfin, leur vision de la vérité.



Or, Chih évoque Dieu (oui, oui, c'est son nom), une femme célèbre pour sa relation forte et son mariage avec la tigresse Ho Thi Thao. le trio de félins ne résiste pas à l'envie de découvrir la version archivée dans la mémoire de l'abbaye des Collines-Chantantes. Et de savoir si elle correspond à ce qu'elles en savent. On s'en doute, les divergences seront nombreuses, donnant lieu à de savoureux récits et contre-récits. Les uns à la gloire des humains, les autres des tigres. Et, même si ce n'est pas le but premier de cette novella que de s'interroger sur la véracité des faits et leur transformation selon les intérêts et le temps qui passe, on ne peut s'empêcher d'y songer à la lecture de ces pages. Si l'on pense à la période de la Rome antique et à sa réécriture permanente de l'histoire. Ne serait-ce que la défaite d'Hannibal : qui en a écrit le déroulement, si ce ne sont les vainqueurs eux-mêmes, les Romains, qui n'hésitent pas à décrire leurs ennemis comme des barbares tueurs d'enfants ? Et Jules César, qui se donne le beau rôle dans la Guerre des Gaules, dont on sait bien à présent qu'elle est truffée de contre-vérités et d'imprécisions. Deux exemples parmi des milliers. Lointains alors qu'on en trouve de bien plus proches, tant sur le plan géographique que temporel. Surtout aujourd'hui, où les moyens de propager des informations se sont amplifiés à un point tel que c'en est vertigineux.



Ce qui ressort aussi de ce récit, et avant tout même, c'est une impression de calme et de tranquillité. La vie de Chih semble bien menacée puisqu'iel risque de se faire dévorer par trois tigresses puissantes et sans pitié. Mais la lecture de Quand la tigresse descendit de la montagne n'inquiète pas. Comme dans les petits livres de Becky Chambers publiés chez le même éditeur, l'Atalante (Un psaume pour les recyclés sauvages et Une prière pour les cimes timides), en tant que lecteurice, on ne se sent pas en danger. Les aventures du personnage principal nous concernent, mais elles restent sans réel danger. Ce qui compte, c'est l'aventure intellectuelle. Pas d'objets et leurs histoires, comme dans L'impératrice du sel et de la fortune. Ici, on assiste avec ravissement à un duel d'histoires. le passé légendaire et fantasmé d'une Asie de contes s'ouvre à nous, empli de ce qu'on attend à trouver dans un tel contexte, mais aussi de découvertes. Rien de déstabilisant donc, mais, pour autant, pas d'ennui. Au contraire, du confort. L'autrice a trouvé un rythme de narration idéal, alternant les dialogues humains-tigresses et les bribes de contes. On se croirait par moments, quoique de façon très éloignée, dans le Décaméron de Boccace ou l'Heptaméron de Marguerite de Navarre : des histoires imbriquées dans une histoire de base. Et on ressort apaisé de ce voyage.



Troisième tome en vue chez l'Atalante, en V.F. : Entre les méandres est annoncé pour septembre prochain. Si on ajoute que le cinquième tome est en vue, lui, de l'autre côté de l'Atlantique, en V.O., cela fait deux bonnes nouvelles. Si l'autrice maintient ce cap et cette qualité d'écriture. Car ces Archives des Collines-Chantantes brillent par leur poésie et leur puissance évocatrice. En quelques mots, on est plongé dans l'univers de Nghi Vo et on s'y sent tellement bien qu'on a du mal à le quitter. J'attends le prochain opus avec assurance et patience.
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Entre les méandres

Le temps de quelques pages, Nghi Vo nous transmets un récit aux allures de conte et d'une grande profondeur. L'immersion est rude dans le sens où l'histoire se déroule en peu de pages et pourtant on finit par se laisser porter par le courant et découvrir les nouvelles histoires qui sont rapportées à Chih et à Presque-Brillante. Ici, on suit celles emplies de brigands , des légendes aux multiples facettes avec des variantes subtiles. Entre les méandres n'est en rien une histoire linéaire. Tout comme les personnages ne deviennent pas des protagonistes dont on sait tout. Non, on se perd dans les versions, on devine une certaine vérité, voire on l'effleure tandis que les protagonistes sont riches et mystérieux tout à la fois.

C'est un type de lecture surprenant sous bien des aspects et je trouve que l'édition Atalante arrive à sublimer ces histoires en éditant des objets livres magnifiques.
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Des mammouths à la porte

J'ai retrouvé dans cette novella l'engouement que j'avais trouvé dans le tome 1 et que j'ai moins senti dans les deux autres tomes.

On retrouve Chih, au retour de ses pérégrinations aux Collines Chantantes. Quelle surprise ! L'abbaye est désertée, un membre auquel iel tenait est décédé et deux mammouths royaux sont à la porte, accompagnés de deux femmes nordistes qui veulent, d'apparence en découdre avec l'abbaye et forcer ses portes.



Si on pourrait croire que de prime abord ce sera un récit de combat, il n'en est rien. Je fais parallèlement un challenge en rapport avec les cartes du tarot et à mes yeux l'Arcane de la Mort correspond parfaitement pour résumer l'ambiance de ce titre.



On est dans cette ambiance de deuil, de souvenirs qui sont si importants pour les Collines Chantantes et les neixin. On est surtout dans cette ambiance de changement, d'évolution, de réinvention de soi, de rupture avec le passé, sous bien des aspects.



En si peu de pages, Nghi Vo réussit à aborder tout cela en une plume magnifique et avec une trame riche, en actions, en émotions comme en messages.



Le tome 5 paraît cette année en langue originale. Hâte de le découvrir à mon tour. En attendant, je savoure l'objet-livre réalisé par l'édition Atalante : au graphisme sublime de la page de couverture s'allie un effet doux au toucher qui ne me fait pas regretter d'avoir acquis l'édition collector.
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L'impératrice du sel et de la fortune

Voici une novella fantasy qui m’a déstabilisée, du haut de ses 120 pages, tant l’autrice a maintenu le flou durant un bon moment.



L’univers est asiatique, sans hésitation possible, mais au départ, j’ai eu du mal à trouver mes marques dans ce récit dont la narration est inhabituelle…



C’est Lapin, une ancienne servante de l’impératrice In-yo, qui racontera son histoire à Chih, qui est un/une adelphe (le flou est maintenu sur son genre, c’est parfois il, parfois elle, alors, je ferai iel).



Les chapitres sont courts, chacun racontant dont un événement du passé, souvent sans liens entre eux. Lapin les racontera au fur et à mesure des choses dont Chih fera l’inventaire dans cette petite maison, où vécu l’impératrice en exil.



On ne s’en rend pas tout de suite compte, mais toutes ces petites histoires sont cruelles, sans pour autant qu’il y ait des détails glauques, mais on comprend très vite le sort réservé à certains membres du personnel qui était dans l’entourage de l’impératrice, ainsi que d’autres détails sur la méchanceté des gens et sur le fait que In-yo ait plus été une femme utilisée pour obtenir un enfant et sceller une union avec les peuples du Nord.



Bref, tout comme dans la vie réelle, on assistera à des mesquineries, des bassesses, de la méchanceté gratuite, mais aussi à des complots, des trahisons, à des stratégies, et si toutes ces petites histoires, de prime abord, n’ont pas l’air d’être narrées dans leur chronologie, on se rend compte, finalement, qu’on a eu droit à beaucoup de petits secrets d’alcôve, le tout raconté sans avoir l’air de les divulguer.



La narration se fait tout en finesse, c’est assez rapide, en 120 pages, difficile de nous ensevelir sous une montagne de détails, mais l’autrice en dit assez pour que l’on puisse se faire une représentation de son univers, de percevoir le tout de manière claire et limpide, et de comprendre le tout une fois arrivé au bout de ce premier tome.



C’est un récit très court, assez déstabilisant lorsqu’on entre dedans (enfin, pour moi), mais qui se met assez vite en place et en divulgue assez pour que l’on ait envie de poursuivre notre lecture du récit de Lapin, récit qui se fera tout en finesse, sans nous épargner les bassesses de la vie, mais sans s’appesantir dessus.



En tout cas, ce premier opus m’a donné envie de lire les quatre autres !


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Quand la tigresse descendit de la montagne

Après « L’impératrice du sel et de la fortune », les éditions L’Atalante continuent d’explorer l’univers de Nghi Vo et de sa série « Les archives des Collines-Chantantes » avec une deuxième novella qui se déroule dans le même univers et met à nouveau en scène l’adelphe Chih. Membre d’un ordre d’archivistes chargés de compulser tout le savoir du monde, ce dernier (ou cette dernière, puisque son genre nous demeure inconnu, l’adelphe se définissant tour à tour au masculin ou au féminin) entreprend de traverser des montagnes avec pour seule guide une jeune femme montée sur un mammouth. Mais le voyage ne se déroule pas comme prévu, les deux compagnons se retrouvant un soir nez à nez avec trois tigresses. Des félins pas tout à fait comme les autres puisque, outre le fait qu’ils peuvent se métamorphoser en femmes, il se trouve qu’ils sont aussi doués de paroles. Afin de gagner du temps avant l’arrivée de potentiels secours, l’adelphe va se lancer dans le récit de l’histoire de Ho Thi Thao, une tigresse renommée, et de Dieu, une jeune femme qui croisa sa route et dont elle tomba éperdument amoureuse. Tout comme dans la précédente nouvelle de l’autrice, le texte se compose de récits imbriqués et confronte plusieurs versions d’un même événement. Les trois tigresses ont en effet bien des choses à redire à la version de l’histoire telle que retenue par les humains, aussi le récit est-il rythmé selon un régulier va-et-vient à mesure que les tigresses reviennent sur une scène pour ajouter certains détails, ou même en modifient totalement le déroulement. On retrouve ici une partie du charme de « L’impératrice du sel et de la fortune » : le récit prend rapidement des allures de conte et met en scène des humains confrontés à des forces ou des créatures surnaturelles difficiles à cerner et donc imprévisibles.



La plume de l’autrice est agréable et non dénuée d’une poésie qui renforce l’impression de parenthèse enchantée. La construction narrative est ici ingénieuse, car elle permet de mêler étroitement le récit passé de la tigresse Ho Thi Thao tout en continuant à évoquer le présent et la situation périlleuse de l’adelphe et de son guide. Comme dans le précédent texte, aussi, on retrouve la même violence insidieuse qu’on ne perçoit pas immédiatement car elle est occultée dans un premier temps par les formes que mettent les personnages pour s’adresser les uns aux autres ou par le respect qu’ils portent à certains traditions. L’univers de Nghi Vo n’est ainsi pas dénué de cruauté, et le récit de cette tigresse insatiable en appétit comme en amour en est la preuve. J’ai toutefois quelques réserves concernant cette deuxième nouvelle que j’ai trouvé moins profonde que la première qui avait également le mérite de nous immerger un peu dans des intrigues politiques qui permettaient de mieux cerner le monde dans lequel évoluent les personnages de cette série. Ici, on a finalement peu d’indices sur cet univers : ni repère géographique, ni éléments de compréhension sur l’existence de ces animaux étranges qui peuplent les montagnes, qu’ils soient mammouths ou tigresses. On ressort ainsi de la lecture un peu frustré, avec l’idée que cette nouvelle à elle-seule ne permet pas d’appréhender pleinement la qualité de l’oeuvre de l’auteur, et qu’il aurait sans doute mieux valu l’intégrer à un recueil. L’idée d’un format « novella », un peu à la manière du Bélial, est intéressant, mais, autant cela fonctionnait à merveille avec les textes de Phenderson Djeli Clark, autant les histoires de Nghi Vo ne se suffisent à mon sens pas tout à fait à elles-mêmes pour constituer des publications indépendantes.



Deuxième incursion dans l’univers des « Archives des Collines-Chantantes », « Quand la tigresse descendit de la montagne » est un joli conte narrant la rencontre entre un/une archiviste et un trio de tigresses métamorphes avec lesquelles iel va se lancer dans le récit d’un épisode de la vie d’une de leur plus emblématique souveraine. Bien que poétique et intéressante par sa construction, la novella peine toutefois à satisfaire complètement la satiété du lecteur qui aurait souhaité davantage de contextualisation pour mieux cerner l’univers de l’autrice et ses spécificités. Mais peut-être que « Entres les méandres », dont la parution est prévue pour la fin de l’année, remédiera à cet écueil.
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L'impératrice du sel et de la fortune

Ayant entendu de bons échos de cette série de novellas et charmée par la couverture du titre, on ne va pas se le cacher ça joue, j'ai acquis ce titre et sa suite, tout en restant très perplexe sur le "résumé" qui au final ne te résume rien du tout!



C'est donc en territoire quasiment inconnu que je me suis plongée dans ce titre de fantasy, très court mais aussi très dense à la fois. On suit Chih, adelphe archiviste des Collines Chantantes. Son rôle ? Consigner les traces du passé, que ce soit des objets ou des des écrits, des mémoires. Un passé récent s'offre à ses bras : celui de découvrir le passé de la célèbre Impératrice du sel et de la fortune. C'est donc le long d'un lac, auprès d'une vieille servante, entourés d'objets du passé que Chih et Presque-Brillante en apprend plus sur cette impératrice exilée.



Cet récit m'a charmée, autant que sa couverture. On retrouve cette ambiance de fantasy asiatique que j'apprécie de plus en plus. On découvre tout un univers qui reste pour autant pas très éloigné des codes du nôtre. Je savoure l'idée d'en découvrir un peu plus dans els autres novellas. J'aime beaucoup le personnage de Chih, très en retrait, à l'écoute et empathe à sa manière. L'autrice parvient avec beaucoup de pudeur à nous conter un récit qui est loin d'être "tout mignon". Peut-être en aurais-je voulu un peu plus, notamment sur les plans de l'impératrice. Mais en définitive, cette narration sobre et succincte sied à l'ambiance du récit et à la volonté d'archiver une légende...
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L'impératrice du sel et de la fortune

En 2022, les éditions l’Atalante se lançaient dans la publication de la bibliographie de Phenderson Djeli Clark, auteur américain alors jamais traduit en France et dont les novellas (« Les tambours du dieu noir » ; « Le mystère du tramway hanté » et « Ring shout ») connurent un grand succès. En 2023, place à Nghi Vo, autrice américaine dont la novella « L’impératrice du Sel et de la Fortune » vient de paraître et devrait vite être suivie par une ribambelle d’autres. Ce sera d’ailleurs le cas dès le mois de mai avec « Quand la tigresse descendit de la montagne », un récit qui se situera dans le même univers puisque toutes deux s’inscrivent dans le cadre d’une même série baptisée « Archives des Collines-Chantantes ». A quoi avons-nous affaire ici ? Nous sommes dans un univers de fantasy d’influence asiatique à propos duquel l’autrice entretient volontairement le flou. Tout juste sait-on que deux empires se faisaient face depuis des années mais que celui du Sud a finalement prévalu sur son homologue du Nord. Une victoire ayant pour principale conséquence la consécration d’une nouvelle impératrice venue des régions défaites pour épouser l’empereur du Sud. C’est cette toute jeune femme perdue dans une cour étrangère, In-yo, qui se trouve ici au cœur de l’intrigue, pourtant ce n’est pas elle qui va nous raconter son histoire. Celle-ci nous est en effet présentée selon le point de vue de deux autres personnages qui n’ont, à priori, rien en commun. Le premier, Lapin, fut la servante la plus intime de l’impératrice, celle qui resta avec elle jusqu’au bout et connût tous ses secrets. Le second, Chih, est un adelphe (l’autrice ne lui assigne aucun genre et emploie tour à tour le masculin ou le féminin pour le désigner) qui travaille pour le compte des Collines-Chantantes et est chargé de récolter des informations pour les archives de son ordre concernant l’ancienne impératrice. Les révélations de Lapin sont donc primordiales pour son travail, mais certaines risquent de faire vaciller un certain nombre de certitudes chez l’apprentie archiviste.



Dans la mesure où nous avons affaire à une novella, le texte est évidemment assez court (environ cent vingt pages), ce qui suffit néanmoins amplement à Nghi Vo pour développer son propos et tisser une belle histoire. Le principal choix narratif opéré par l’autrice est pourtant assez osé et, à mon sens, pas forcément le plus pertinent, puisque le témoignage de Lapin se déroule en fonction des objets dénichés par Chih dans sa demeure. Le découverte de chacun d’entre eux (plateau de jeu, vêtement, figurine, carte…) est l’occasion d’une réminiscence pour l’ancienne servante qui se sert de ce biais pour relater l’histoire de sa maîtresse et, en parallèle, la sienne et celle de l’empire. En ce qui me concerne, ce procédé est sans doute la plus grande faiblesse du texte dans la mesure où il hache les souvenirs de Lapin de façon assez artificielle. Ce bémol mis à part (et qui a tendance à s’atténuer au fil de la lecture), la novella de Nghi Vo se révèle tout à fait plaisante et met en scène un imaginaire qui sort de l’ordinaire. L’autrice nous livre peu de détails sur son univers mais les quelques mentions qui en sont faites sont à même d’enflammer l’imagination, qu’il s’agisse de ces oiseaux capables de recueillir les souvenirs de l’humanité, de ces régions vivant dans un hiver ou un été infini, ou bien de ces femmes se transformant en animal pour survivre au deuil d’un être cher. Tout cela est encore une fois saupoudré d’une façon presque imperceptible dans l’intrigue, mais cela contribue à créer une atmosphère poétique et hors du temps très agréable pour le lecteur. Le principal point fort de la novella réside toutefois dans ses personnages, à commencer par le duo formé par l’impératrice et Lapin, deux jeunes femmes d’origine et de statut différents mais qui vont tisser ensemble un lien de sororité extrêmement fort et touchant.



Cette complicité et cette solidarité dans l’adversité, elle s’explique en partie par la place attribuée aux femmes dans cet empire du sud qui ne les considère que comme des objets remplaçables et interchangeables. Il suffit pour le comprendre de voir la multitude de femmes qui gravitent autour de l’empereur, toutes soumises au bon vouloir de ce dernier et par conséquent toutes en sursis. La figure de In-yo va, pour le coup, complètement trancher avec l’idéal de beauté et de docilité du Sud puisque la jeune femme possède un physique très éloigné des canons prisés par son pays d’adoption, et surtout parce qu’elle ne compte visiblement pas se contenter du rôle de trophée mais entend au contraire s’impliquer, discrètement, dans l’évolution des relations entre Nord et Sud. Car au-delà de l’histoire de deux femmes se joue également celle de deux empires, les décisions de la nouvelle impératrice ayant de lourdes conséquences sur la politique de son ancien royaume, et ce en dépit de son absence totale de proximité avec son époux que l’on ne voit d’ailleurs jamais. Bien qu’évoqué de façon concise, le parcours de cette femme amenée à bouleverser l’histoire de l’empire se révèle donc passionnant mais aussi émouvant. L’autrice parvient en effet en très peu de lignes à camper des protagonistes solides et attachants, à commencer par cette servante devenue intime de l’impératrice et qui, elle aussi, est loin de se cantonner au rôle qu’on lui a attribué. Les sentiments qu’elle éprouve pour In-yo sont ainsi complexes et n’ont rien à voir avec de l’obéissance aveugle ou de la vénération. Il s’agit plutôt d’une amitié qui se construit et se solidifie au fur et à mesure des épreuves, et c’est cette relation très forte qui fait en grande partie le charme de cette histoire.



« L’impératrice du Sel et de la Fortune » inaugure l’arrivée sur la scène de l’imaginaire francophone de Nghi Vo, autrice prometteuse qui nous livre là une novella touchante et originale qui s’inspire en grande partie de la culture asiatique. La sororité ou encore la construction de l’histoire sont deux thématiques centrales de ce texte qui, s’il n’est pas exempt de quelques maladresses, n’en demeure pas moins agréable et donne envie de poursuivre plus avant la découverte de la bibliographie de cette autrice atypique.
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Quand la tigresse descendit de la montagne

Si j’avais eu quelques difficultés à entrer dans le premier tome, découvrant son univers et le personnage de l’adelphe Chih, pour le deuxième, ce fut un jeu d’enfant.



Nous retrouvons donc Chih de l’abbaye des Collines-Chantantes et iel est en voyage à dos de mammouth (qui n’écrase aucun prix).



Chih a dû demander de l’aide à Si-yu et son mammouth, Piluk afin de franchir un col enneigé. Bison Futé n’a pas annoncé de problèmes.



Et là, bardaf, nos deux personnages croisent la route de trois tigresses affamées, qui, tel Shere Khan, sont douées de paroles et même capable de prendre forme humaine ! Réfugiés dans une grange, sous la garde de Piluk, Chih va la jouer comme Shéhérazade et narrer le récit d’une tigresse chère aux yeux de notre trio de félins affamés.



Quel suspense et quelle histoire ! Tout comme les tigresses, je me suis installée plus confortablement pour écouter le récit fait par Chih, sur la tigresse Ho Thi Thao et de sa rencontre avec une lettrée prénommée Dieu (on a le nom qu’on a).



Mais la version archivée dans la mémoire de Chih (qui est celle des Collines chantantes) comporte des fautes que les tigresses se feront un félin plaisir de mettre en évidence, ce qui donnera lui à des contre récits bien différents. Chacun écrivant SA vérité, selon qu’il soit tigre, ou humain.



Comme dans la vie réelle où la vérité est écrite par les vainqueurs, au détriment de la réalité. Propagande, mensonges… Quand on ne veut pas que la vérité exacte soit connue (et parfois, on ne la connait même pas), on change un peu le récit et on gomme ce qui nous gêne.



Cette lecture fut un réel plaisir, j’avais l’impression d’être au coin du feu (j’y étais, ce mois d’avril 2024 n’est pas chaud) et d’écouter une histoire, tranquillement, en sirotant une boisson chaude, le tout dans le calme absolu, alors qu’il y a trois tigresses prêtes à nous dévorer.



Alternant le conte et les dialogues entre nos protagonistes et les tigresses, l’autrice a réussi à nous donner un récit qui nous tient en haleine, dont on veut connaître la suite et à transformer une nuit oppressante en nuit tranquille, malgré les dents brillantes des tigresses métamorphes.



Un récit de fantasy asiatique qui m’a tenu en haleine, que j’ai lu d’une traite, savourant la plume de l’autrice, son univers, ses personnages et ses animaux qu’elle met très bien en scène.



Je poursuivrai avec les deux autres tomes prochainement.


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Quand la tigresse descendit de la montagne

Suite des aventures de Chih, l'archiviste qui consigne les faits du passé pour en révéler une certaine vérité. Alors qu'il est en périple, ses pas l'emmène vers trois tigresses métamorphes. Sa survie ne tient qu'à un fil. Comment ? En consignant la version réelle - selon les tigresses - d'une légende parlant d'une romance entre une humaine et une tigresse dans le passé.



Cette aventure-ci prend vraiment des allures de conte. On trouve aussi l'idée d'une légende orale qui se déforme avec le temps mais aussi le parti-pris des conteurs qui influence le contenu de ladite légende.



Le format conte fait que j'ai été bien moins frustrée qu'avec le premier tome. Pour autant, même si j'ai été moins frustrée, l'histoire m'a moins séduite. J'ai préféré l'aspect fantasy politique du premier tome. Même si je reconnais encore une fois la poésie qui émane du récit, à laquelle la couverture correspond complètement. On retrouve cette ambiance asiatique si particulière et le/la protagoniste, encore toujours en retrait, reste très attachant.e.



Je suis assez curieuse de découvrir les nouvelles aventures de Chih pour acquérir la prochaine novella qui sortira très prochainement.

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L'impératrice du sel et de la fortune

Cette novella procure des moments de lecture agréables en raison de son style poétique et imagé. Je suis toutefois resté un peu sur le bord du chemin, et je ne suis pas certain d'avoir saisi toutes les nuances du récit. Celui-ci est en effet tout en ellipses, construit autour de souvenirs épars, convoqués au hasard de la redécouverte d'objets plus ou moins anodins sur les lieux d'exil de la fameuse impératrice. La narratrice, âgée, narre alors ce que ces objets lui rappellent, jetant un peu de lumière sur quelque évènement du passé. Mais, comme chacun sait, la lumière projette des ombres, et les souvenirs nous laissent parfois avec plus de questions que de réponses. Rien de bien grave, encore une fois il s'agit d'une lecture sympathique et plutôt originale et je pense jeter un oeil aux autres volumes de ce cycle.

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Quand la tigresse descendit de la montagne

Quand la tigresse descendit de la montagne est un nouveau conte merveilleux mêlant plusieurs mythologies sous la plume poétique et envoûtante de Nghi Vo. Entre tolérance, amour, dangers et poésie, ce nouvel opus des Archives des Collines-chantantes est très beau et propose une réflexion sur le point de vue depuis lesquels l’Histoire se raconte. J’ai cependant été un peu déçue par sa narration plus linéaire que le premier volume.



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L'impératrice du sel et de la fortune

Je suis très embêtée pour parler de ce texte... Ayant flashé sur la couverture et l'objet livre, proposé en édition reliée, et ayant envie d'ambiance asiatique, je pensais que cette lecture allait être un coup de coeur ou pas loin. C'est presque tout l'inverse malheureusement. La faute à un titre mauvais ? Pas du tout. Juste à une narration et une ambiance au final pas faites pour moi.





Je pensais être enchantée par la plume poétique et décalée de Nghi Vo qui fait vraiment voyager dans des ambiances d'un autre temps, un autre lieu et emmène dans un monde entre réalité crue et légende. J'y suis malheureusement en grande partie restée hermétique, sauf à de top rares moments où parvenant enfin à voir à travers le brouillard de cet épais décor poétique, j'ai pu saisir la substantifique moelle de ce qui était conté : une histoire de femme tragique mais tellement vraie.



L'autrice a en effet fait le choix de camoufler toute son histoire derrière d'épais effets de manches poétiques qui se veulent enchanteurs mais ne le furent pas pour moi. Elle affuble de noms et visages improbables les héroïnes de son histoire, ce qui m'a donné beaucoup de fil à retordre pour me les figurer. Elle cache aussi leur histoire sous de multiples couches de légendes ou bien d'histoires anodines et quotidiennes et il faut faire un sacré effort pour percer à travers le voile opaque que cela constitue. J'ai eu beaucoup de mal à le faire, surtout l'ayant lu une semaine où j'étais particulièrement fatiguée et peu en proie à un tel effort, je l'avoue.



La brièveté du texte en revanche ne m'a pas gênée. Sachant que ce serait au moins une trilogie, j'ai trouvé que cela offrait un premier acte correct pour entrer et saisir l'univers. J'ai moins apprécié l'enchaînement de chapitre brefs qui manquaient souvent de liaison entre eux et démarraient par quelques lignes poétiques qui ne me parlaient pas. Quand je vous dis que je suis restée hermétiques...



Cependant la thématique de la femme mariée de force, outil politique contraint, utilisée puis abandonnée, seule et objet d'une reconstruction à l'aide de rencontre douce mais marquante, permettant la formation d'un duo émouvant, ça j'ai beaucoup aimé, de même que l'impression de lire une histoire officieuse entre les voiles et couloirs de ces palais chinois tellement plein de mystères et de complots. L'ambiance est savamment travaillée, entêtante, poignante et mystérieuse et rien que pour elle, je pourrais presque me laisser tenter par la lecture de la suite et la relecture de ce premier volume à un moment où cela irait mieux pour moi.



Univers poétique trop hermétique pour moi ou mauvais moment pour le lire, je suis passée à côté de L'impératrice du sel et de la fortune malgré ma grande envie d'aimer ce texte que je pensais trouver aussi beau que son écrin. J'en reconnais les thématiques de fond qui ont su me toucher à travers le voile opaque de la forme prise par le texte, mais je reste embêtée car je ne sais dire si j'ai envie ou pas de lire la suite. J'ai envie et en même temps j'ai peur de rester à nouveau sur le carreau. Mais les livres sont si beaux... Dilemme !
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L'impératrice du sel et de la fortune

In-yo est forcée d'épouser l'empereur Sung de l'empire Anh après que ses frères aient été défaits dans la guerre qui opposa les provinces du Nord à celles du Sud. Alors qu'elle n'a pas d'autre choix que de s'acclimater aux us et aux coutumes d'un monde inconnu, elle se lie d'amitié avec l'une des ses servantes, surnommée Lapin. Ensemble, elles vont affronter adversité et chagrin et même s'entraider pour survivre face à la cruauté du pouvoir. Mais que trouvera-t-elle au bout du chemin ?



L'Impératrice du Sel et de la Fortune est un court récit de fantasy asiatique parsemé de rites et de mythes. La magie s'exprime ici par petites touches discrètes car l'autrice s'appuie sur cette croyance de la mythologie chinoise que toutes les choses sont capables d'acquérir des formes humaines, des pouvoirs magiques et l'immortalité, à condition que la lune et le soleil leur fournissent suffisamment d'énergie. Aussi, on retrouve, par exemple, entre ces lignes la mention d'une femme-renarde qui s'incarne dans l'un des personnages de cette novella. Or, cela fait bien évidemment référence à un personnage chinois récurrent des contes, c'est à dire la renarde qui se métamorphose en une charmante et agréable jeune fille pour séduire les héros. De même que Nghi Vo joue beaucoup sur le symbolisme, notamment du martin-pêcheur qui personnifie la fidélité et le bonheur conjugal. Il y est fait mention ici à travers cette épouse de la délégation impériale qui se transforme en martin-pêcheur mais revient retrouver son mari à sa mort. Or, tous ces éléments contribuent à déposer sur le texte une bonne couche de merveilleux.



De même que la narration n'est pas dénuée d'un certain enchantement. En effet, Nghi Vo a choisi de partir d'objets pour remonter le fil de l'histoire et nous dérouler l'incroyable destinée de cette impératrice arrachée aux siens. Le procédé est original et accroche immédiatement l'intérêt des lecteurs.



En outre, l'autrice s'appuie essentiellement sur un duo féminin pour porter sa nouvelle. Deux femmes traitées par ce monde masculin comme de simples objets. L'une est vouée à occuper le plus haut rang du pouvoir tandis que l'autre est cantonnée au bas de l'échelle. Pourtant, elles vont mêler leur destin et même nouer une solide amitié. Prise de guerre, In-yo est condamnée à épouser l'homme qui a défait les siens. Elle débarque sur cette terre qui lui est hostile car elle est considérée par presque tous comme une étrangère. Or, en dépit de l'adversité, elle reste digne et dégage une vraie noblesse. Stratège, subtile et habile, elle va louvoyer dans cet environnement âpre pour se tisser un relationnel solide qui lui sera nécessaire pour mettre en échec ses ennemis. Quant à sa servante, Lapin, sa douceur et son insouciance font d'elle une confidente idéale, complice de ses actions et autres coups d'éclat. Il n'y a pas meilleure observatrice pour témoigner de cette histoire secrète, piquée de trahisons et de revanches.



Derrière la dureté de cette intrigue, on retrouve une puissante poésie dans les mots et les métaphores choisis par Nghi Vo. Le texte est juste envoûtant... suite sur Fantasy à la Carte.
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Des mammouths à la porte

Après une longue absence de quatre ans, Chih est de retour à l'abbaye des Collines-Chantantes. Alors que l'adelphe pensait simplement retrouver ses pairs et renouer avec un quotidien paisible, la réalité s'annonce déjà toute autre puisque l'accès à l'abbaye est obstruée par un groupe de personnes accompagnées de mammouths. Celles-ci sont venues demander réparation d'un litige sans savoir que les lieux sont presque complètement désertés par ses occupants, dispersés aux quatre vents pour régler d'autres problèmes. Mais, alors qui sera à même de régler cette situation interne tendue, aggravée par la disparition du patriarche du clan Coh et quel rôle Chih y jouera-t-il ?



Contrairement à ses précédents récits, Nghi Vo n'a pas choisi une narration linéaire pour nous conter les pérégrinations de Chih et de Presque-Brillante à travers l'empire. En effet, il ne s'agit donc plus de partir à la découverte de nouveaux lieux et de nouvelles personnes mais c'est plutôt un retour aux sources pour le personnage principal.



Pour autant, le récit n'en est pas moins semé d'embûches et nourri d'intrigues. Le ton est d'ailleurs donné dès le départ puisque Chih doit commencer par traverser un rempart de corps humains et de mammouths pour atteindre les portes de l'abbaye. En effet, il y a du mécontentement dans l'air et certaines sont là pour demander réparation. Mais le plus difficile demeure la disparition brutale de l'adelphe Thien, surtout en l'absence de tout le monde ou presque. C'est à son ami d'enfance Ru d'assurer l'intérim des responsabilités. Or, un écueil se pose avec la petite-fille de Thien qui se trouve parmi les assiégeants et réclame le corps de son grand-père pour l'inhumer sur ses terres. L'affaire est clairement épineuse.



Mais ce décès est aussi un temps pour le souvenir et le recueillement. Ainsi, le deuil imprègne les pages de cette quatrième novella. Alors beaucoup d'émotions traversent ces lignes comme le chagrin, la perte, la colère et même le regret. En quelques pages, Nghi Vo s'exprime sur beaucoup de sujets car la disparition d'un proche constitue toujours une occasion pour exorciser les fantômes du passé. C'est une manière de mettre à nu ce qui hante et de faire tomber les masques. Aussi, une personne peut donc tout à fait s'avérer être un ange pour certains et un monstre pour les autres. Et, ce n'est pas parce qu'elle n'est plus qu'il faut taire ses secrets. Cela l'autrice nous le raconte très bien dans sa nouvelle et cela remue d'autant plus qu'il est question de violence faite aux femmes.



Cette remontée de souvenirs à graver dans la mémoire et à inscrire dans les archives permet aussi aux vivants de faire le point sur leur vie. Ainsi, on se remémore le passé pour mieux se projeter dans l'avenir.



Chaque texte de cette série des Archives des Collines-Chantantes a beau être court, il est toujours très percutant.



Disponible en librairie depuis quelques jours seulement, n'attendez pas plus longtemps pour vous ruer dessus car comme d'habitude, c'est d'une très grande qualité... plus sur Fantasy à la Carte.






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L'impératrice du sel et de la fortune

Chih, des Collines-chantantes, est archiviste dans l'Empire de Anh. Lorsque l'interdit d'aller dans certains lieux historiques est levé, Chih se précipite au Lac Ecarlate, jouxté par le château de Fortune-Prospère, où fut jadis exilée l'Impératrice du Sel et de la Fortune après avoir donné un fils à l'Empereur - et avant de renverser le pouvoir. L'Impératrice du sel et de la fortune, c'est avant l'histoire de la revanche politique et personnelle éclatante d'une femme méprisée, bafouée et jetée au rebut.



Avec Presque-Brillante, petite huppe bavarde, Chih rencontre une vieille dame. Surnommée Lapin à cause de ses deux incisives légèrement plus longues, elle a été la servante de l'impératrice In-yo, qu'elle a suivie dans son exil.



Rencontre prodigieuse pour un archiviste ! Au fil des chapitres et des objets rencontrés, un plateau de jeu, une carte astrologique, un pot de sel d'une couleur différente…, la vieille dame va raconter à Chih tout ce dont elle aura été témoin, de l'arrivée de In-yo comme épouse, à sa grossesse, sa mise à l'écart, et ses stratagèmes pour renverser le pourvoir jusqu'à ce jour, à quelques jours du couronnement de la nouvelle impératrice, la fille miraculeuse d'In-yo.



C'est ainsi la fomentation et la genèse, et l'application d'un magistral coup d'état qui se déroule sous nos yeux, en même temps que les vies liées des deux femmes. Les allers-retours des devins et astrologues, les cartes astrologiques mal dessinées, les pots de sel, et, hélas, les pertes inévitables dans les rangs.



Comme va vite le deviner Chih, Lapin est beaucoup, beaucoup plus qu'une simple servante. Mais si sa carrière est assurée, un très gros poids est désormais sur ses épaules.



J'ai adoré cette histoire, un gros coup de cœur, ce n'est pas ennuyeux du tout bien qu'il s'agisse d'une vieille femme qui raconte, la plupart du temps. Cela aurait pu être pesant, mais absolument pas. L'atmosphère onirique, poétique, tranche de manière tout à fait réussie avec ce qui reste un complot, davantage en raccord avec la tristesse sourde de la narratrice qu'avec le triomphe de la victoire de l'Impératrice.



Je lirai avec grand plaisir tous les autres livres de cette auteure que je pourrai trouver à la médiathèque, j'ai adoré son style et son univers !
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Quand la tigresse descendit de la montagne

J'ai retrouvé Chih, adelphe des Collines-Chantantes, avec curiosité. Le premier tome m'avait plu sans pour autant avoir réussi à m'embarquer totalement dans son univers. Ce deuxième tome est beaucoup plus à mon goût.



Narration à plusieurs voix, "Quand la tigresse descendit de la montagne" évoque les histoires et leur transmission. C'est vachement bien fait, avec des personnages toujours aussi intrigants, même si le contexte reste morcelé et que c'est un tantinet frustrant.

J'aime bien avoir des détails et l'autrice, Nghi Vo, ne développe pas directement tout donc il faut deviner et se contenter de ce qu'elle nous offre... Il faut admettre que ça m'agace un peu mais que le charme fonctionne malgré tout.
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Quand la tigresse descendit de la montagne

On retrouve l'adelphe Chih, à nouveau, sur les routes en quête de nouvelles histoires à consigner. Pour ce voyage, elle a rejoint la compagnie de Si-yu et de ses mammouths royaux qui servent ici de montures. Un jour, elles sont pourchassées par trois tigres qui les acculent dans une grange. Or, derrière cette apparence se dissimulent trois femmes qui ont bien envie de les dévorer. Sauf que Chih a l'idée de leur raconter une histoire afin de gagner du temps. C'est ainsi que l'adelphe choisit de conter le fabuleux destin de Ho Thi Thao et d'une mystérieuse lettrée. Mais est-ce que cela sera suffisant pour leur sauver la mise ?



Avec Quand la tigresse descendit de la montagne, Nghi Vo nous offre à nouveau un récit peuplé de mythes et de créatures fantasmagoriques qui prennent vie sous sa plume pour envoûter les lecteurs. Plus familier de la mythologie grecque ou de la geste arthurienne, c'est très agréable de se laisser bercer par d'autres influences qui donnent à cette fantasy son caractère dépaysant.



Nghi Vo s'inspire ainsi de mythes d'Asie du Sud-Est, notamment à travers la symbolique du tigre qui est considéré comme un animal ambivalent, associé aux esprits et qui, allégoriquement, vit à la lisière entre la civilisation et le monde sauvage. Dans la culture javanaise existe la légende du tigre-garou faisant référence soit à la réincarnation d'un aristocrate décédé en exil dans la forêt de Lodogo, soit à un shaman transformé. En tout cas, la personnification du tigre est intimement lié à la royauté. C'est pourquoi, on la retrouve aussi bien ici sous les traits de la reine des Dos-de-Sangliers, Ho Sinh Loan et de ses sœurs Sinh Hoa et Sinh Cam que sous ceux de la légendaire prêtresse Ho Thi Thao.



Au fil des pages, les rencontres oniriques se succèdent et se teintent parfois de notes horrifiques. L'Asie bruisse de fantômes, de revenants, d'esprits et de démons. Ils sont autant vénérés que craints. Leur rapport à la mort n'est pas le même qu'en Occident. Ainsi, il existe une tradition qui consiste à ne pas laisser un défunt partir seul pour l'éternité en lui trouvant un conjoint fantôme ou vivant. Or, l'autrice va clairement puiser dans ce rite pour mettre en difficulté l'une de ses protagonistes et susciter un certain effroi chez les lecteurs.



Ce récit se colore d'un puissant ésotérisme qui fait naître moult émotions allant de la fascination à l'épouvante.



Avec toute la sensibilité qui la caractérise, Nghi Vo brosse le portrait d'héroïnes fortes et indépendantes qui, grâce à une volonté farouche, se libèrent des chaînes de la tradition, notamment des unions arrangées, et peuvent, ainsi, vivre pleinement leurs passions. Ignorant les difficultés et surmontant les obstacles, les voici qui assument leur féminité et revendiquent leurs sentiments.



Le texte est beau et tout en poésie car tel est le moyen d'expression choisi par Nghi Vo.



Lire ce roman est finalement le gage d'une lecture hors du temps, d'un moment suspendu... suite sur Fantasy à la Carte.








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