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Citations de Nichita Danilov (51)


Serenity

With me eyes empty, my sight extinguished,
I will sink into my country.
I will walk barefoot through the snow,
torn with longing for an old white field.
[…]

Sky blue, sky as red as a tear
you go dark slowly, so slowly...
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Nichita Danilov
Clés

Les maisons se chevauchent
l’une l’autre dans la rue
comme des animaux
en période de rut…

Depuis les portes et les fenêtres grandes ouvertes
se fraye un chemin dans la nuit
un fou rire de lumière…

… Je marche avec empressement,
de plus en plus pressé dans les rues.
Je m’arrête devant
chaque vitre,
je palpe mes clés dans les poches
et j’éclate de rire…
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Nichita Danilov
Médaillon (xy)

Le soir dans la ville, passaient bras dessus, bras dessous,
un homme rouge et une femme bleue
et chacun portait sa propre tête sur ses épaules.

Dans la tête de l’homme rouge
battait un cœur bleu,
dans le cœur de la femme bleue
fonctionnait un cerveau rouge.

Au-dessus de l’homme rouge
s’allumaient et s’éteignaient
des réclames lumineuses bleues et rouges.
Au-dessus de la femme bleue
s’éteignaient et s’allumaient
des réclames lumineuses rouges et bleues.
Le soir dans la ville, passaient bras dessus, bras dessous,
un homme rouge et une femme bleue
mais chacun portait sa propre tête sur ses épaules.

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Nichita Danilov
Les traces des amoureux

Sur la route sont restées les traces des amoureux ;
les traces de ses pas comme deux coupes dont on a bu le vin,
les traces de la plante de ses pieds à lui comme deux urnes
dont les cendres ont été vidées.

Le vent lunaire souffle et les recouvre
de la même poudre froide et silencieuse.
Où êtes-vous maintenant, les amoureux
qui dans votre sommeil vous vous êtes rapprochés
dans une étreinte timide ?

Où êtes-vous, les amoureux ?
Le vent lunaire souffle et anéantit vos traces…
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Nichita Danilov
Ombre dorée, mélancolie

Qui dans ton immensité ne craindrait pas ton cri ?

Mais lui, dont on soupçonne à peine l’ombre
parmi les ombres des choses, de qui est-il l’ombre ?
La joie et le cri, la vague de terreur et la vague de froid
et une autre vague qui mélange les choses.
Nuit blanche inondée de sphères.
Et voici ton visage qui grandit à l’horizon
et les pas qui toujours s’éloignent… Pas le moindre battement d’ailes,
ni drapeaux flottants, ni les trompettes
de la nuit, mais seulement un immense silence et ton visage
comme un ciel lumineux englouti dans la pourpre du soir.
Les yeux lourds dont s’élève la vapeur
de la mort. Combien de fois jaillit cette fontaine
dont tu es l’eau ? Visage détaché d’une autre visage :
tu t’éloignes, image effacée, brisée
par une autre image. Le miroir d’un autre miroir,
l’heure d’une autre heure. Le temps d’un autre temps.
Douleur nostalgique des choses,
l’ombre de quel ciel es-tu, mélancolie ?
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Nichita Danilov
Arlequins au bord du champ

Il se tient dans mon ombre celui dont je suis l’ombre.
Il me regarde dans les yeux et secoue
la tête lentement. Tout son sang a quitté son visage,
il est en effet pâle comme un mort
et il peut à peine garder ses paupières entre-ouvertes.

De temps en temps, il secoue sa tête.

Il se tient dans mon dos celui dont je suis l’ombre
et il me le soutient. Son ombre s’est écoulée
le long de son corps et son corps a entièrement noirci. Si le vent soufflait
un peu il s’effondrerait dans les cendres.

Il se tient dans mon dos et secoue lentement sa tête.

Je suis assis sur une chaise haute,
à une table de jeux noire. Je mélange les cartes
et je fume une cigarette. Autour de moi, champ vide.

Un petit vent souffle et secoue ma tête.
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Nichita Danilov
Poème pour l’absence

Le jour de ses trente ans il disparut.
À table il avait ri, il avait bu. Il avait diverti ses hôtes.
Personne ne se rendit compte de son absence. Ils continuèrent
à manger, à boire. La danse battait son plein dans
la salle. Tous se lâchèrent.

… Il se dirigeait lentement sur un chemin de soirée.
Paisiblement se levait derrière lui
la poussière du chemin. Paisiblement croissaient les cendres…
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Nichita Danilov
Cages en or

Le soir je poignarderai la Rivière,
comme une peau de cheval je l’étalerai dans le grenier.
Ces oiseaux affamés
et ces chiens apprivoisés
avec des entrailles fumantes de froid je les nourrirai.

Les poissons qui se débattent dans la neige,
avec des écailles d’or et des lances dans la bouche,
ce ne sont pas vraiment des poissons : en cottes de maille dorées,
de fiers chevaliers sont venus,
à travers le froid ils ont traversé, sur des chevaux blancs,
de vastes terres, des villes riches ;
derrière eux ils n’ont laissé que de la poussière, que de la cendre
puis avec tous les chevaux,
avec toute l’armée,
et même avec tambours, canons et drapeaux
ils sont entrés dans la rivière au son du clairon et n’en sont jamais ressortis…

… Je vais suspendre l’eau aux nuages,
au ciel, le soir, avec des clous
comme une peau de cheval
la rivière je l’entendrai et la laisserai sécher au vent.

Ceux qui se taisent méritent leur sort, dis-je.
Dans les grandes villes, les femmes
ont des plumes d’aigle sur la tête
et des yeux de lynx.
Des œufs d’aigle éclosent,
tandis que les hommes tournent en rond dans les cuisines,
lavent la vaisselle et nettoient le poisson.

J’enfermerai mes mains dans des cages dorées
et je leur ferai jouer de la harpe.
Dans des cages dorées j’enfermerai
mains et cous et je les mettrai
à chanter de vieilles chansons
dans une langue jamais entendue aux portes.
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Nichita Danilov
Paysage d’automne

Le peintre peint un paysage d’après la nature ;
dans un récipient il a du sang d’oiseau,
dans un autre récipient, du sang de chien.
Les enfants viennent dans le parc et lui demandent :
« Quelle est la saison qui est enfermée ici, dans le cadre ? »
Les vieillards sont paisiblement assis sur les bancs publics,
et ne se laissent pas facilement représenter dans le tableau,
parce que leurs mains tremblent
et parce que retombe, retombe toujours leur tête sur la poitrine.
Ils feuillettent des journaux, fument des cigarettes roulées,
toussent sous les arbres, jouent aux échecs
ou bien discutent de la guerre.
Ils observent les nuages qui passent entre les branches
et dessinent avec la pointe de leurs cannes
des petits carreaux et des cercles sur l’asphalte.
« Cet automne sera long », se disent-ils.
Le peintre sourit entre ses dents jaunis par le tabac
et peint l’automne en tant que saison bleue ;
il veut se débarrasser de l’inquiétude,
de la crainte qu’il ressent,
de la belle dame Mort en habits bordeaux
qui rôde autour. Il peint
l’automne en tant que saison sereine ;
dans un récipient il a du sang bleu de cheval,
dans un récipient, du sang jaune d’oiseau
et dans un autre récipient, du sang humain, c’est-à-dire son propre sang.

Les chevaux galopent inquiets dans les rues,
bottent avec leurs sabots sous les cieux,
hennissent aux nuages blancs qui s’écoulent par les fenêtres.
Les oiseaux passent d’une saison à l’autre,
se détachent de la toile, partent
l’automne et reviennent au printemps de nouveau.
Les enfants, au fur et à mesure qu’ils sont peints,
deviennent des adultes et se dispersent aux quatre coins du monde,
tandis que les vieillards, ah, les vieillards vieillissent
tant, qu’ils disparaissent, purement et simplement de la vue…
… Et seuls les arbres dénudés secouent
dans le cadre les feuilles rouges et dorées,
qui tombent, tombent toujours
et sans fin…
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Nichita Danilov
Le nom de ta Demeure, la mélancolie

Le nom je le porte au-dessus de moi comme une demeure porte son toit :
mur haut, recouvert de lierre.
Des pluies il ne me défend pas
de froid il ne me protège pas !

La nuit je laisse mes bras pendre dans le vide
entre les cloisons de verre de la demeure
et les jambes à l’ombre de la lune je les sors
à l’instar de petites cornes d’escargot à travers la lucarne.

L’oreille collée à la descente de gouttière
du côté oriental de la Demeure,
dans ma solitude j’écoute
le vide se lamenter dans le ciel désert.

Dans les rues, les mannequins dévêtus
et les gens aux visages ravagés par le sommeil
me demandent : Combien d’argent as tu enterré
dans la fondation de ta Demeure ?

Dans la fondation de ma Demeure
j’ai enterré quatre dés :
l’un au levant, l’autre au couchant,
l’un au sud, l’autre au nord.

La nuit, dans mon sommeil, j’entends le vent les jeter.
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Nichita Danilov
Arlequin au bord du champ
(toile sans cadre)

Se tiennent trois anges décapités
au bout d’un paysage jaune.
Sur eux tombe la nuit.
Le premier est aussi vert que l’herbe,
le deuxième aussi rouge que le feu,
le troisième aussi violacé que la lune.

Leurs têtes sont tombées par terre
et à présent tout autour pousse l’herbe.
Le premier tient à la main un clairon,
mais il est dépourvu de bouche pour y souffler.

Le deuxième a une épée,
mais pas de force pour la lever.
Le troisième tient dans sa main
une boule de feu à l’intérieur de laquelle pousse l’herbe.
Des couples d’amoureux
se sont placés en cercle autour d’eux
et dansent dans l’herbe.
Gisent trois anges décapités
au bout d’un paysage jaune.

Le premier est aussi vert que l’herbe,
le deuxième aussi rouge que le feu,
le troisième aussi violacé que la lune.
Leurs têtes sont tombées par terre
et à présent tout autour se fane l’herbe.
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Nichita Danilov
Rivage

Un arc-en-ciel de cloches : le soir
lave ses plaies dans la Rivière,
s’écoule une rouge eau,
s’écoule une rouge eau
depuis Je fus vers Je serai.

Un arc-en-ciel de cloches : le soir
perle des tintements froids sur ta joue
s’écoule une limpide eau,
s’écoule une limpide eau
depuis Hier vers Aujourd’hui.

Prépare-toi, mon âme,
il est tard, ah, il est tard !
L’arc-en-ciel de cloches,
l’arc-en-ciel de cloches
a bu tout notre sang
toute notre quiétude dans la Rivière.

Un arc-en-ciel de cloches : le soir
colle ses plantes des pieds blanches à la vitre,
s’écoule une trouble eau,
s’écoule une trouble eau
depuis Je Fus vers J’étais.
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Nichita Danilov
Le poème des larmes

La larme que tu écrases avec ton pied
et la larme que tu brûles avec un fer rouge.
La larme qui brûle dans tes yeux
et la larme qui coule sur les eaux.

La larme devant laquelle tu t’agenouilles
la tête découverte et le visage en larmes.
… Tu dis : Il n’y a pas des larmes sans yeux
et pourtant tout le monde invisible pleure…
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Nichita Danilov
Simultanément au temps, l’eau aussi

Simultanément au temps, l’eau aussi,
toutes les choses s’écouleront sans cesse :
ma main et ta main
et toutes nos mains
s’écouleront en une seule
toute-puissante ;
ma voix et ta voix
et toutes nos voix
s’écouleront en une seule voix
omnisciente ;
mon cœur et ton cœur
et tous nos cœurs
s’écouleront en un seul cœur
tout-aimant ;
mon œil et ton œil
et tous nos yeux
s’écouleront en un seul œil
tout-voyant…

Et alors il n’y aura plus que
une seule main, une seule voix et un seul cœur,
un seul œil
et un seul cerveau
qui tendra tous ses bras,
tous ses regards et toutes ses pensées,
comme une géante araignée, partout.
Et en dehors d’elle,
il n’y aura plus que la paix éternelle…
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Nichita Danilov
Par-dessus des choses

Vous ne verrez pas mon visage, car il
est bien trop près, en face de vous. Le bien et le mal,
la partie et le tout, la lumière et l’obscurité
et ce chemin sans fin
qui finit en toutes choses.

Vous ne verrez pas mon visage, ni ne sentirez mon ombre,
car mon ombre est en permanence dans votre ombre :
le bien et le mal, la partie et le tout,
la lumière et l’obscurité et ce chemin sans fin

qui finit en toutes choses…
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Nichita Danilov
Un autre siècle

Mon ange guérisseur
n’a pas d’aura, ni d’ailes.
Il pose son doigt sur ma plaie et me dit :
« Tu existes, Danilov, tu existes ? »
« J’existe, j’existe, je lui réponds.
Depuis plus d’un quart de siècle
je ne fais qu’exister. »

« Dans ce cas, sois un peu plus sûr de toi
et fais en sorte d’exister vraiment ! »
« J’existe, j’existe », je lui réponds.

« À ton âge, j’étais autrement, me dit-il.
Toi, on dirait que tu n’as pas du sang dans les veines,
que tu n’as pas de vie, pas de démon. »
« J’existe, j’existe, je lui réponds,
Depuis plus d’un quart de siècle
je m’efforce d’exister. »

« Dans ce cas, cherche ton autre moitié
et fais en sorte d’exister vraiment ! »
« Mon autre moitié est
restée de l’autre côté. De l’autre côté, je lui réponds.
Amène-moi dans un autre temps, dans un autre siècle ! »
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Nichita Danilov
Le XXe siècle

Je suis mort alors que Dieu
n’était pas encore né
et je suis né alors que Dieu
était déjà mort !

Le XXe siècle était finissant,
Márquez avait déjà écrit Cent ans de solitude
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
L’homme avait déjà fait son premier pas sur la Lune,
Des cieux tombaient
les anges morts !

À l’horizon on entrevoyait
une troisième guerre mondiale.
Einstein était mort
et Dieu également était déjà mort !
S’achevait la fin d’un monde
et commençait le début d’un homme
dans lequel plus personne ne croyait.
Les rues étaient balayées par un vent de plus en plus noir,
dans le ciel les vautours tournaient en rond
de manière de plus en plus inquiétante.
Un tintement de cloche de plus en plus funeste
annonçait un nouveau commencement.
Alléluia !
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Nichita Danilov
Ombre

Mon visage tu ne pourras jamais
le voir troublé comme les eaux,
toi celui qui m’appelle des profondeurs
et me hèle dans les profondeurs !
Des vapeurs légères flotteront
en signe d’interrogation
et en lieu et place d’une réponse
se répandra au-dessus du lac
un vol étrange de cygnes au soir
en troublant le coucher du soleil et les eaux,
et non pas le visage, car mon visage
jamais tu ne pourras le troubler !
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Nichita Danilov
Paysage avec cierges allumés dans le vent

De même que les nuages noirs s’appuient sur le ciel,
mon âme s’appuie
sur ton ombre, Seigneur !

Aux pieds de l’Homme
on a semé
des larmes de blé,
des larmes d’orge
et des larmes de seigle.

Les pieds des passants
passent parmi les hauts épis :
cierges d’argile
que le couchant fait frémir !
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Nichita Danilov
Saison

Cette tristesse sacrée des nuages
peinte sur la vitre.
Cette fin de siècle
projetée sur les murs !
Telle une eau lourde s’écoule dans les rues le soir…

… Qui nous a ouvert dans le front ces fenêtres,
qui nous a maçonné dans la poitrine
ces portes cachées ?
À travers moi j’erre comme dans une saison souffrante.
La voix de ma mère je l’entends à travers le mur sombre :
Pourquoi es-tu venu ici,
pourquoi es-tu revenu ?
Pars, sors tant qu’il te reste du temps.

La voix du frère je t’entends éteinte, comme à travers les eaux :
Sors au plus vite de cette lumière
et laisse-moi seul
à respirer mon ombre…

Les visages de qui sont-ils conservés ici
dans cette putride lumière de soirée ?
Mille têtes décapitées
attendent quelle saison ?
Les bras de qui seront semés dans le champ,
les dents de qui pousseront de l’herbe ?

À travers moi je passe comme à travers une étrange saison,
Avec le crâne de Yorick entre mes mains, je me demande :
Si j’ai moissonné
où et quoi ai-je moissonné ?
Si je récolte, quand et qui je récolte ?
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