Nicholas Reeves

Cet ouvrage de 200 pages n'est pas à classer parmi les "beaux livres" comme il y en a tant sur cette Egypte ancienne si belle et si photogénique. Il s'agit d'un guide illustré de photographies anciennes ou modernes, de graphiques et de croquis, de tableaux, de vues en coupe et surtout d'objets qu'on n'a jamais vus nulle part, et qui doivent dormir dans les réserves des musées du monde. Bien sûr, on trouvera aussi les oeuvres les plus célèbres. Chaque tombe de la Vallée des Roi est classée chronologiquement, par règne et dynastie, plutôt que par numéro d'ordre ou de fouille. Le texte, très riche, relate aussi bien les événements de la découverte que l'essentiel du règne en question, et s'efforce de couvrir tout l'ensemble de ce qu'il faut savoir au minimum pour comprendre une tombe égyptienne, espace qui, remarque-t-on, n'a rien de lugubre ni de morbide, mais grouille de vie, de compétences, d'images, de richesses et de signes multiples. Un seul détail à noter cependant : l'ouvrage a été publié avant la révolution islamiste ratée qui a occasionné (et occasionne encore) tant de pillages et de destructions en Egypte. Le gouvernement actuel a bien du mal à rétablir l'ordre, et il se peut que certaines informations touristiques du livre soient périmées.

Livre très intéressant où l'on apprend à connaitre Akhenaton le pharaon "hérétique". On y trouve toute l'histoire de ce pharaon et de sa femme Nefertiti. Je l'ai lu comme un roman d'aventures. Pour qui s'intéresse à l’Égypte c'est un livre passionnant

Le pharaon Akhenaton et sa femme Néfertiti, la période amarnienne (XIVe siècle avant notre ère), le culte "exclusif" du disque solaire Aton, et surtout l'iconographie maniériste, sont des choses qui continuent d'intriguer les spécialistes de l'histoire de l'Égypte ancienne. Ces sujets sont extrêmement intéressants et controversés en même temps. A tel point que les scientifiques ne savent toujours pas comment les placer et les interpréter. L'opinion classique, inspirée par l'étude biblique, selon laquelle Akhenaton a inventé à lui seul le monothéisme et qu'il est passé directement de lui aux Hébreux a depuis longtemps été dépassée, car plus de 700 ans se sont écoulés entre le modèle égyptien et le modèle hébreu, et probablement encore plus.

Au cours des dernières décennies, les historiens ont mis de plus en plus l'accent sur la continuité au sein de l'histoire du Nouvel Empire égyptien : bien avant Akhenaton, il y a eu des tentatives de culte religieux plus exclusif, en particulier du disque solaire « Aton ». L'égyptologue Nicholas Reeves est d'accord avec ce point de vue. Les pharaons qui ont précédé Akhenaton étaient clairement déjà entrés dans la bataille avec le puissant temple du dieu Amon à Thèbes. Une bataille politique, donc, dans laquelle le pharaon tentait de tempérer le pouvoir des prêtres par toutes sortes de manœuvres, et revenait à la vieille tradition de divinisation du roi. Akhenaton n'apparaît alors que comme une continuation de cette politique.

Donc continuité, aussi chez Reeves. Seulement, chez cet auteur Akhenaton est dépeint comme une aberration, quelqu'un qui a continué la ligne jusqu'à l'absurde et s'est aussi concentré sur lui-même et son environnement immédiat (surtout Néfertiti et ses enfants) dans d'autres domaines. Reeves écrit absolument intéressant sur tout cela, mais dans le dernier tiers de ce livre, il devient carrément tendancieux, et c'est en fait incompréhensible. Plus d'informations à ce sujet dans mon compte Historique sur Goodreads : https://www.goodreads.com/review/show/5446708000.