AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.11/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 30/01/1950
Biographie :

Nicolaï Drassof (un pseudonyme) est une romancière et nouvelliste.

son blog: http://racontecrire.eklablog.com/
Twitter: https://twitter.com/racontecrire
page Facebook: https://www.facebook.com/Nicola%C3%AF-Drassof-128541003983076/

Ajouter des informations
Bibliographie de Nicolaï Drassof   (10)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Un goufre, un maelström, un trou noir... noir... noir
...
Ils assouvirent successivement leur faim et leur soif, puis l'envie qu'ils avaient de se prouver combien ils étaient heureux de reconstituer l'être unique qu'ils formaient désormais. Il avait de son jeune âge la fougue et la timidité. Des victoires alternées de ces deux sentiments naissait un comportement émouvant de jeune cheval en qui son cavalier accumule l'ardeur, pour la liberer en un fantastique élan puissant et respectueux. Avec une maturité insoupçonnable, elle recevait et rendait ce magnifique fleuve d'amour comme une impératrice, amplement, avec la vitalité d'un océan, ses déchaînements, ses caresses, ses abîmes. Elle était le gouffre de vie où il se précipitait en un flot tumultueux, paradoxalement ébloui du don qu'il recevait.
Kader approcha le mystère féminin avec reconnaissance et l'impression soudaine d'être grandi au cours de cette "nuit" hors du temps. Rebecca, forte de plus de cinq mille ans d'histoire et de la genèse d'une humanité toute entière sentait avec jubilation son corps s'ouvrir, recevoir et donner...
Des univers en gestation habitaient son être devenu le Cosmos... Ils jouaient avec les étoiles, se reposaient au coin des galaxies, et le même rêve les ramena doucement sur leur agreste couche.
Ce couple voué au malheur dès ses prémisses eut ainsi la plus jolie nuit de noces dont on puisse rêver!
Commenter  J’apprécie          50
Le contact fut un feu d'artifice de sensations voluptueuses. Les deux peaux, visqueuses à souhait, se rencontrèrent avec un bonheur inexprimable. Les palpations, les étreintes ondulatoires, les sucions d'un corps à l'autre, les explorations tentaculaires se succédaient, déclenchant pour Philibert des vagues d'un bonheur inconnu à ce jour, qui répondait pleinement à ses frustrations antérieures.
Par bribes, les étreintes insatisfaisantes de sa vie précédente se surimposaient à celle qui avait lieu. Leur pauvreté par rapport à ce qu'il vivait le navrait brièvement puis il se redonnait tout entier aux délices présentes.(extrait du conte: L'escargot-Garou
Commenter  J’apprécie          30
J'ai dormi, je crois. mon beau feu de joie s'est assagi et va réclamer mes soins. Le volume que mes mains ne retiennent plus glisse et va tomber... Une drôle de petite bestiole accompagne sa chute et tente une échappée
J'intercepte les deux au vol avec une agilité dont je ne suis pas mécontente...mais... je découvre avec stupeur mon erreur : au lieu d'une bestiole, j'ai attrapé une minuscule petite personne au total grande comme un scarabée.
Une adorable poupée vivante furieuse, rouspéteuse, toute hurlante de petites vociférations à peine audibles, se débattant de toutes ses menues forces pour échapper à l'imperceptible goutte de sucre qui la retient collée par sa longue chevelure à la couverture du livre.
--- Allons...Tout doux...Je vais te sortir de là...
--- Aïe aïe aïe aïe aïe ... Ça tire !
J'arrange l'ensemble au mieux pour éviter que : "ça tire". Le coin du mouchoir humide arrange tout.
Le petit personnage se calme et se rajuste, fait bouffer coquettement sa toison blonde, pousse un soupir et me remercie.[...]
Tu as dit ce qu'il faut. Tu vois bien que j'existe : je chatouille le creux de ta main et je te sens frissonner. je n'ai pas l'honneur d'être une fée,, ce sont de grandes dames que je respecte mais fréquente peu. Korrigan, gnome... Pfft...Regarde moi, se rengorge-t-elle : je suis une lutine.
---Tu veux dire un lutin, en fille ?
--- Le peuple lutin, comme les humains, est composé d'êtres sexués...
Commenter  J’apprécie          20
Il est vrai que Gervais avait abusé du vin ce jour-là. La chaleur aidant, et je ne sais quel folklore en tête, en jetant au loin la pauvre bête décriée (un crapaud), il avait cru voir se matérialiser le Gilou, qui était seulement arrivé à pied sur les conseils des copains de bistrot de Gervais, qui en riaient encore! Gilou était pigiste stagiaire dans un modeste journal écolo. Il avait demandéà rencontrer un éleveur pour faire un petit reportage rural. tout le bistrot avait clamé le nom de Gervais, déclarant que c'était le plus représentatif d'entre eux, le plus capable de parler du sujet, puis s'était plié de rire dès que Gilou eut tourné les talons de ses santiags, en trémoussant ses petites fesses espiègles ^pour suivre ce conseil.
Commenter  J’apprécie          20
— Nom d'un chien ! Je n'ai dit à personne que je venais ! Qu'est-ce que... ? Ah non ! Ils me poursuivent !
Bruno Michalon est lecteur chez Grajugalli, un grand éditeur germanopratin, ce qui signifie : Parisien puissance dix.
Il affronte chaque jour des murailles de manuscrits empilés, déjà triés par les stagiaires. Il aime son métier mais sature souvent. Ce fut le cas cette fois-ci. Il s’est trouvé capable de lire tout un ouvrage —d'habitude il procède par sondage de quelques pages ici et là— sans qu'un traître mot ne passe de ses yeux à la partie de sa cervelle chargée de comprendre. Comment juger alors ?
Un peu inquiet, il s'est donc accordé cette pause, refilant sa part de lecture de la semaine à une collègue et amie rentrée toute fraîche de vacances à Bali
Réfugié dans le plus grand secret dans sa forteresse creusoise, sans mobile, sans portable, sa douce Irvine (la Parisienne) dûment mandatée pour faire barrage à tout : téléphone, courrier, visites, il aurait normalement pu se consacrer au farniente, éventuellement agrémenté d'une belote chez Tintin, un soir, et de la lecture, tout au plus, de quelques albums de Bécassine moisissant au grenier.
Cool, Raoul !
Un vrai break, quoi.
Au lieu de ça, un coup d’œil jeté au contenu du colis lui fait découvrir une pile de manuscrits, plutôt minces mais parfaitement indésirables. Incongrus, même.
La mention de l’expéditeur est un griffonnage peu lisible, l'étiquette de la poste indique un trou inconnu dans un département qu’il n’identifie pas immédiatement. Son adresse est très correctement libellée.
Et le paquet est arrivé.
Outré du viol de son refuge-forteresse, rouspétant dans sa moustache, et soucieux d’exécuter son programme : ne rien faire — et surtout pas lire des manuscrits clandestins — il remet à plus tard de les porter à la poubelle. Il préfère s'offrir un verre de vin de pays dans ce gobelet de demi cristal finement gravé « Souvenir de l'Exposition 1900 ». Grand-père Auguste l’avait rangé en haut du buffet à l’époque. Il y est resté, servant rarement.
Il s'affale sur son canapé, objet nouveau dans le salon qui n'avait jamais contenu de « Pousse à la flemme » comme disait l'Alfred sur ses vieux jours, raide sur sa chaise.
Un murmure l'interpelle. Tiens ! La mère Arlette écoute la radio maintenant ?
Il se lève pour constater ce fait nouveau, en profitant pour humer ce qui mijote sur le gaz.
À la cuisine, le silence sert de faire valoir aux bruits de vaisselle, mais non. Pas de radio.
— Chantiez-vous Arlette ?
— Oh non ! Monsieur Bruno, heureusement ! Je ferais pleuvoir !
— N'avez-vous rien entendu ?
Arlette ne voulait pas qu'on se moquât d’elle... Mais si lui aussi entend des voix... Quand même elle est prudente :
— Je sais pas. Je crois que j'ai des accustènes , comme Germaine. Alors je sais pas si c'en est ou si on cause.
— Chut... Écoutons.
Il y avait comme une conversation, des mots confus et bas entre plusieurs personnes... Cela semblait venir du salon...
Bruno tendit l’oreille vers la table : il s’empara du carton et tout se tut.
Qu’est ce que c’est que ce bordel ! ? Il secoua les feuillets, les vida sur la table... Rien au fond, ni insecte prisonnier ni invention électronique nouvelle, mauvaise farce d’un collègue inventif.
Perplexe, attendant une explication qui ne vient pas, Bruno reste penché sur les liasses de papier. Il lit machinalement des prénoms . Chaque liasse porte comme titre un prénom, voire un diminutif. C’est tout.
Bon. Il n’y a rien. Allons ! A la poubelle.
Ou mieux, à l’incinérateur du jardin.
Muni d’un briquet, le carton sous le bras, il sort.
Tandis qu’il marche à grandes enjambées sur le gravier de l’allée, il entend nettement des plaintes, puis des pleurs, puis des sanglots et des lamentations.
Cette fois, c’est sûr. Tout ça provient de sous son bras, du carton, des feuillets écrits.
Il s’assied dans la gloriette pour examiner ce phénomène insolite. Alors, une petite voix se fait entendre parmi les pleurs assourdis et les reniflements.
— « Comment peux-tu me condamner une autre fois ? J’ai tant fait pour me sortir de la misère où j’étais. Une enfant mal née, pas au bon endroit, et j’ai tout redressé. Dans ma candeur, j’en ai fait toute une affaire, mais j’ai gagné le bonheur, du moins l’image que je m’en faisais ! Et tu veux brûler mon histoire ? Nos histoires ! Car tous ici nous avons redressé courageusement notre vie mal plantée, contourné des pièges... Nous avons gagné ou découvert la vie, nous voulons vivre ! »
Les sanglots et les plaintes reprirent, plus bas.
Commenter  J’apprécie          00
Ce printemps capricieux m'arrache à la tiédeur de chez moi, à une langueur bienheureuse qui me fait accepter de bon gré les giboulées cinglantes, les gelées blanches matinales, ultime sillage laissé par le manteau froid de l'hiver en déroute.
Réceptive aux brusques embellies tièdes, à l'affolement général des plantes en délire, des insectes hésitants au seuil de l'affairement du plein soleil, je ne cesse de tenter des sorties vite douchées de frais. Je ne tiens plus en place.
Ce matin pointe un soleil pimpant. dans un joli ciel bleu pâle, aucun nuage ne menace... Vite ! Dehors !
Une grande promenade a rosi mes joues, gelé mon nez carminé. Avec mes légères bottes de caoutchouc, j'ai la démarche dansante et souple d'une petite fille à l'école buissonnière. Où est la femme alanguie, où sont ses efforts pour supporter la vie, acceptée du bout des lèvres ?
La petite lutine est entière maîtresse des lieux autrefois dévastés. Elle en profite, me suggère de continuer la promenade dans un autre monde.
Depuis mon incursion dans les ténèbres, l'autre jour, j'ai savouré sans vergogne la légèreté paradoxale remontée du gouffre terrible. J'ai tourné et retourné le souvenir de cette plongée inattendue, les éléments horribles de cette vision ne m'ont laissé que soulagement, allègement ...
Une lourde peine familière m'accompagnait dans ces tréfonds. J'y ai vu, l'incompréhensible, l'insensé, l'indicible.
Bouleversée, j'en suis revenue soulagée, contre toute attente.
Et l'incroyable nuit qui a suivi ! Et l'amour...
Commenter  J’apprécie          10
je vis cette horreur intensément, de l'intérieur. Je meurs : mon sang, ma vie, mon âme se délitent dans le néant.
L'autre petite forme blanche est inerte. Immobile et froide. Seule sa main solitaire, éperdue, a glissé doucement vers son ventre, d'où jaillit un gros cordon.
Elle l'agrippe, le serre, si fort que s'arrêtent les pulsations. Le foetus se décolore, ses membres se détendent comme si la vie le quittait. Cette petite mort le sauve : la main inerte a libéré le cordon qui, dans un soubresaut, reprend ses pulsations vitales.
Cette impuissance devant la mort de la moitié de son être, ce suicide intra-utérin inabouti, je les reçois comme un douloureux cadeau, comme une vérité révélée, lourde à porter, mais indispensable.
Autour de la petite âme solitaire à la recherche infinie de ce qui lui manque, les ténèbres se resserrent.. Dans un désir de réconfort, je tends vers elle mes bras vides, et n'enlace que des lambeaux évanescents de noirceur déserte.[...]
D'une vapeur blanche fugitive et glacée,sortent ces mots distincts :
---Je vivrai, je vivrai ! Il ne reste que ton corps, je l'habiterai... Pour toujours !
La ténuité des vibrations de ce sifflement haineux et la détermination inouïe de ces paroles résonnent longtemps à mes oreilles.
Vide, exténuée, bouleversée, j'oublie la porte et tombe dans un sommeil comateux.
Commenter  J’apprécie          10
Lettre de Michel Tournier à l'auteur qui lui avait soumis l'ébauche du roman.

Merci [...] pour ce "Zoé Crue Robinson" qui déborde de drôlerie et d'invention. je suis heureux de constater que mon "Vendredi", loin d'épuiser le sujet robinsonesque, vous a plutôt inspiré et de la meilleure façon. Il vous reste à reprendre en plus délirant le sujet des jumeaux abordé dans "les météores" Bien à vous et bon courage.
La mer est déchaînée sous un ciel d'apocalypse. La grosse lune ronde éclaire un océan noirâtre élevant d'énormes murailles liquides et mouvantes...

Ballotée en tous sens, malmenée, brisée, la naufragée dangereusement attirée vers le tourbillon finissant d'engloutir le navire s'accroche désespérément à une grosse pièce de bois qui vient de surgir des profondeurs. A bout de forces elle s'y cramponne...

L'esprit lui revient suffisamment pour inventorier ses sensations dernières : puisqu'elle est sur ce banc, avec un sac familier, est-ce que la tempête, la mer démontée, la noyade, le bateau font partie du rêve ?...

C'est un squatt.
Les murs de brique rongées et les verrières cassées d'une ancienne usine laissent parfois place à de joyeuses places plus unies couvertes de tags incompréhensibles et d'inscriptions multicolores. Ils ouvrent sur un lieu grouillant, animé de musiques exotiques et de cris d'enfants. On y sent la cuisine africaine et le tam-tam y résonne...

Le royaume endormi où se risque Zoé l'impressionne et la ravit à la fois. Elle est vraiment sur une île, le monde originel est loin, hors d'atteinte. Maîtresse de ces lieux qui l'ont sauvée après son naufrage, voici que le "pays derrière la dune" s'offre sous le soleil. Une fierté de propriétaire, une arrogance satisfaite de souveraine enflent son sein...

---Toute seule. Moi, Winnie...toute seule...
Une larme perla, le fil de sa voix se rompit. Zoé, soudain volubile, noya sa peine évidente sous un flot verbeux. ...

Au rythme de ses grandes enjambées il brasse l'océan désert qui cache en son sein l'île de Zoé Crue Robinson. Se disant ces mots, il est frappé de l'étrangeté de ce nom, qu'il connaît pourtant. Il se souvient que, lorsqu'il l'a traînée jusqu'ici par l'anse de son sac, elle ne cessait de bredouiller à propos de vagues immenses frappant de terribles rochers, de bateau coulé, de naufrage...
Au fond, s'est-il bien donné la peine de savoir qui est Zoé ? Lui a-t-il vraiment accordé son attention au lieu de cultiver une fausse image de chaton égaré à laquelle elle n'a pas voulu ressembler ? ...
Commenter  J’apprécie          00
Le bon samaritain puant et sale insiste, patient et compréhensif, pour qu'elle absorbe le breuvage inconnu. Obéir passivement lui fait du bien : elle n'a pas l'habitude que l'on s'occupe d'elle. L'esprit lui revient suffisamment pour inventorier et trier ses sensations dernières : puisqu'elle est sur ce banc, avec un sac familier, est ce que la tempête, la mer démontée, la noyade, le bateau coulé font partie d'un rêve ?
Commenter  J’apprécie          00
le royaume endormi où se risque Zoé [...] l'impressionne et la ravit à la fois. Elle est vraiment sur une île, le monde originel est loin, hors d'atteinte.
Maîtresse de ces lieux qui l'ont sauvée après son naufrage, voici que le pays derrière la dune, familier, amical, s'offre sous le soleil.
Une fierté de propriétaire, une arrogance satisfaite de souveraine enflent son sein.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nicolaï Drassof (6)Voir plus

Quiz Voir plus

La Vénus d'lle

'L'histoire se déroule à Ille, petite commune du sud de la France dans :

Le Rousillon
Le Rouergue
Le Midi Pyrénée
Le Limousin

10 questions
1197 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}