Ne prononce pas ce mot à la légère. Et d’ailleurs, ne le prononce jamais devant moi ! Si tu ne peux absolument pas l’éviter, tu utiliseras un autre mot. Que dirais-tu d’un terme de typographie ? Parangonnage, par exemple : dans sa forme grave, cette maladie peut mener au « parangonnage », ça m’irait très bien. L’« esperluette » du malade est coudée, elle forme un certain angle et il ne peut plus l’introduire dans « l’alinea » de la femme.
Oh, et puis merde ! Un autre homme préfèrerait se faire égorger plutôt que de l’admettre, mais au point où j’en suis, je peux bien te l’avouer : passer à l’acte m’a toujours terrorisé. Répondre aux attentes d’une femme, essayer de la satisfaire, quelle angoisse ! Et pourtant, toute ma vie d’adulte, je n’ai pensé à rien d’autre qu’au sexe. Comment accepter que cette chose qui m’a tellement occupé, tellement obsédé, soit définitivement derrière moi ? Ça laisse un vide béant. Si j’avais su… Mais non. Si j’avais su, qu’est-ce que ça aurait changé ? Rien. On est prisonnier de soi-même.
Un jour que je révisais mon manuscrit, je fus frappée par le parallélisme entre mon histoire avec Duncan et l’intrigue de mon roman, pourtant commencé bien avant de le connaître. Ce genre de coïncidences arrive aux écrivains, ces gens bizarres qui se souviennent de ce qu’ils n’ont pas vécu.