Le manuscrit et la mort

Mon avis :
En peu de mots, tout est dit sur la quatrième de couverture, alors inutile de vous décrire ce livre :
Les quatre premières nouvelles parlent d'amours bizarres, ou plutôt invitent le lecteur à observer, un peu voyeur, les bizarreries parfois voulues, d'autres fois subies, mais toujours inhérentes à l'alchimie d'une rencontre, d'un désir… Les quatre suivantes explorent les rapports entre l'écrivain, son oeuvre… et la mort qui est toujours omniprésente, dans les textes de Nila Kazar, non pas comme une menace, mais comme une évidence. Après tout, la mort n'est-elle pas la contrepartie inéluctable à la vie ?
Qu'elle nous parle d'amour ou de mort, de la relation à l'autre ou du lien qui unit l'auteur à ses personnages, à ses écrits, Nila Kazar nous offre avant tout des instants de vie. Instants de vie de quelques heures, quelques jours ou quelques semaines, il n'y a jamais de chute à ces récits, puisque ce sont des moments arrachés au temps, mais qui gardent toujours, en filigrane, l'ombre de l'avant, la possibilité d'un après. Chaque nouvelle est un livre qu'on a du mal à refermer, à terme, comme s'il nous parlait encore, par la magie des pages ouvertes.
J'ai déjà dit tout le bien que je pense de cette auteure, de sa plume aiguisée et précise, comme un scalpel, de son empathie évidente pour les gens qu'elle nous décrit et de la façon à la fois claire et pudique dont elle nous dévoile leurs sentiments. Avec le manuscrit et la mort, Nila Kazar confirme, s'il en était besoin, qu'elle sait manier la langue et la teinter de ce qu'il faut d'humour, de sensualité, de tendresse, ou d'une pointe d'ironie… de tous ces ingrédients placés quand il faut, où il faut, sans jamais tomber dans l'excès ou la grandiloquence. Elle nous rappelle qu'en écriture comme dans la vie, la beauté est dans la simplicité. Elle n'a pas besoin d'artifices, mais de naturel et de sincérité.
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Un style impeccable, implacable !

Voilà un recueil qui pourrait bien vous réconcilier avec l'écriture dite « classique ». En effet, Nila Kazar ne se contente pas de faire référence aux grands noms de la littérature, elle leur fait honneur. On sent chez l'auteur un bagage littéraire solide, elle a su apprendre d'eux, s'approprier cette richesse lexicale, rythmique, prosaïque, pour nous la livrer dans des nouvelles raffinées sur le thème de l'écriture.

Au risque de me répéter, le français est parfait, je n'ai d'ailleurs débusqué aucune faute ; en tant qu'auteur, je suis carrément jaloux. Une écriture riche, mais jamais lourde. Un phrasé léger, insouciant (d'apparence seulement), aérien, et délicieusement féminin. On sent une subtilité de chaque instant, dans le choix des mots ainsi que dans leur agencement ; l'atmosphère que l'auteure installe s'en ressent logiquement.

J'ai beau avoir du mal avec les formats courts type nouvelle, j'ai été émerveillé par ces textes sans prétention, qui se contentent d'aborder l'Humain dans des scènes variées de la vie d'auteurs, ou de passionnés de lettres. Certaines m'ont touché plus que d'autre, mais toutes ces nouvelles sont éclairées par une sage clairvoyance, une gravité mesurée, et surtout, une psychologie gracieuse.
De toute façon, je crois que Nila Kazar pourrait écrire n'importe quoi, du moment qu'elle s'applique comme ici, ça passera crème (comme disent les jeunes)

Précipitez-vous sur ce recueil ! Moi, je vais rouvrir quelques classiques…
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