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Critiques de Nina Kéhayan (4)
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Librairie, librairies, regards d'écrivains

Lu en 1988- Relecture février 2019





Je poursuis mes rangements et tris de bibliothèque... Je retrouve ce volume sympathique édité par les éditions de l'Aube, offrant un florilège d'extraits de textes d'écrivains français et étrangers parlant des libraires, des librairies, sans oublier les bouquinistes et les "marchands" de livres rares; Paris et les quais de la Seine avec ses bouquinistes ont une belle part , dans ce florilège...!



Un ensemble des plus éclectiques réunissant Apollinaire, René Belletto, Jacques Brenner, Michel Butor, José Corti, Gertrude Stein, André Gide, Adrienne Monnier, Charles Nodier, Flaubert, Laurent Tailhade, Robert Walser, Hemingway, Georges-Olivier Chateaureynaud,Anatole France, etc.



J'ai choisi trois extraits significatifs... mais il y en aurait plusieurs autres aussi éloquents... Je débute par un truculent passage de "Bourlinguer "de Blaise Cendrars [@éditions Denoël, 1948]:



"(...)Etaient considérés comme fâcheux les simples curieux qui venaient de tous les pays du monde visiter la célèbre collection, et il y en avait tous les jours; les collectionneurs qui collectionnent pour collectionner, ces maniaques, et il n'en manque pas, qui dépensent une fortune pour ranger sous vitrine aussi bien des boutons de culotte que des livres rares, peu importe; tous ceux qui parlent, vous interrogent, ne vous écoutent pas, et pérorent, et pérorent pour ne rien dire, et Dieu sait si la satanée engeance en est répandue qui prend plaisir à vous faire perdre votre temps; les amateurs de fadaises et les pieds-plats, parmi lesquels Chadenat classait, en premier ses confrères, qu'il traitait d'ânes ignares et honorifiques, et, en second, les spéculateurs, qui ne pensent qu'à placer, planquer leur argent et faire une bonne affaire.

En vérité, Chadenat n'aimait pas vendre ses livres et ne le faisait que contraint par les circonstances (p. 83)



Une lecture comme une flânerie buissonnière, sympathique et enjouée... qui rend hommage, sur tous les tons et dans tous les styles aux Libraires....aux "voyageurs du Livre" !



"Parmi les pierres vivantes de Paris, les plus vivantes sont peut-être celles qui abritent les librairies. Dans cette grande ville dont l'indifférence et l'aridité font un désert. Les poètes et les enfants y sont chez eux. Cela est particulièrement vrai au quartier Latin où monte sans cesse le flot de la vulgarité, du lucre, et où les librairies figurent les sentinelles de la civilisation.

(- Gabriel Matzneff, le Taureau de Phalaris, éditions de la Table Ronde, 1987; p. 32)



"Il ne me paraît pas possible qu'on puisse avoir l'esprit tout à fait commun, si l'on fut élevé sur les quais de Paris, en face du Louvre et des Tuileries, près du palais Mazarin, devant la glorieuse rivière de Seine, qui coule entre les tours, les tourelles et les flèches du vieux Paris.Là, de la rue Guénégaud à la rue du Bac, les boutiques des libraires, des antiquaires et des

marchands d'estampes étalent à profusion les plus belles formes de l'art et les plus curieux témoignages du passé. Chaque vitrine est, dans sa grâce bizarre et son pêle-mêle amusant, une séduction pour les yeux et pour l'esprit. le passant qui sait voir en emporte toujours quelque idée, comme l'oiseau s'envole avec une paille pour son nid. Puisqu'il y a là des arbres avec des livres, et que des femmes y passent, c'est le plus beau lieu

du monde. (p. 16)

@Anatole France, le livre de mon ami, 1885"
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Rue du prolétaire rouge

Chronique d'un quotidien de désillusions de deux convictions face à une réalité de société bien différente.

Tableau d'une politique et de sa société, celle que l'on ne peut trouver dans aucuns chapitres de manuels, quel qu'ils soient.

A lire et découvrir sans hésitations pour une approche, peut être un peu plus honnête de certaines lignes politiques.
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Rue du prolétaire rouge

Conseillée par la bibliothécaire de l'INALCO où je travaillais dans les années 80, j'ai lu ce livre - que je possède encore - avant de partir en expatriation familiale en ex-R.D.A.



A l'époque, une telle expatriation avait un goût d'aventure, et c'en était une. On vous regardait avec admiration ou commisération, selon l'état d'esprit de votre interlocuteur. Mais rien, aucune lecture, aucun avis, ne remplace l'expérience vécue, incarnée. La citation que j'ai choisie représente mon quotidien de mère de famille durant deux années complètes. Je le dis sans amertume car je mesure d'autant mieux aujourd'hui les ravages de l'hyper-consommation.



Le choc des cultures était de toute nature. Entre autre, la déconvenue de certains expatriés de conviction communiste, qui se voyaient rejetés par les gens du cru, collègues de travail ou connaissances. Ceux-ci ne pouvaient comprendre, je cite Nina Kéhayan : ... "que l'on pût être membre d'un parti communiste de façon désintéressée dans un pays comme la France, où l'on trouve de tout, où l'on possède une voiture personnelle à trente ans". L'idéologie cédait le pas à un quotidien trop difficile et au manque de liberté dans un monde qui évoluait.



Cependant, dans ce contexte difficile, des amours sont nées, des amitiés se sont nouées et perdurent de nos jours. Quelles que soient les circonstances, il est impossible d'empêcher la rencontre. Même si je conserve très vivace le souvenir des difficultés endurées, par nous bien sûr, mais surtout par les peuples que nous côtoyons, ce qui reste prégnant, c'est d'avoir pu vivre en leur compagnie un moment de l'histoire, et de continuer l'histoire avec eux.
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Rue du prolétaire rouge

Deux militants communistes décident de partir vivre deux ans en URSS (1976?). C'est donc en dehors de toutes visites officielles, que les auteurs s'immergent, et nous avec, dans le quotidien du monde communiste.

Fatalement, le rideau tombe. Tant et si bien que les auteurs, de retour en France, auront beaucoup de difficultés à se décider à écrire et publier le récit de leur voyage.

Loin de l'épopée mélo-dramatique d'un Soljenitsyne, qui focalise l'attention sur les conditions de vie extrêmes du goulag, on a ici un véritable compte rendu de la vie quotidienne des citoyens soviétiques sous l'ère Brejnev. Tout le mérite de cet ouvrage est de montrer, d'un point de vue pourtant communiste, la pesanteur de la vie russe de l'époque.



En URSS Jean Kehayan est employé comme « traducteur ». En réalité, après sa rédaction, le texte est déjà traduit en français par un soviétique. Ensuite Kehayan vérifie que le français est correct : « aucune connaissance en russe n'est nécessaire ! »

Nina et lui sont frappés par l'uniformité de l'ameublement dans les appartements soviétiques, comme celui des vêtements. Tant qu'ils portaient des vêtements à la française, tout le monde était au petit soin pour eux. Ils s'aperçurent que, dès qu'ils troquèrent ceux-ci contre les vêtements disponibles sur le marché russe, l'intérêt des gens pour eux diminua radicalement.



On pourrait croire qu'avec l'amélioration des conditions économiques, dans les années 70, un semblant de démocratie apparaîtrait... Il n'en est rien. Tout les déplacements en véhicule, hors agglomération sont contrôlés. Les voitures étrangères sont particulièrement surveillées.

Il est évident qu'il ne vaut mieux pas critiquer le Parti. Mais pire, ceux qui ne confient pas leurs enfants à l'organisation des Pionniers (organisation éducative proche du Parti) sont perçus comme « différents » et deviennent suspects. Rentrer au Parti est un véritable parcours du combattant. C'est qu'il faut présenter mains blanches pour intégrer l'aristocratie ! Tout est fait pour que le citoyen perde son temps à chercher comment se nourrir et ne se pose jamais de questions politiques. Les discussions politiques sont d'ailleurs très rares et tournent vite courts tant on a peur des représailles.

Avec un certain talent d'écriture, l'URSS des années 70 nous est contée et n'a rien du paradis sur terre...

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