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Critiques de Niroz Malek (23)
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Le promeneur d'Alep

“J’ai peur, leur dis-je, que cette folie de guerre autour de moi me projette dans un autre monde, c’est le moins qu’on puisse dire, celui de la mort.”

Folie, guerre, mort....et la ville d’Alep, que Noriz Malek refuse de quitter .

Sous forme d’une écriture fragmentaire, en courts uppercuts littéraires, témoignage directe d’une ville où la frontière entre la vie et la mort n’existe plus.

Je laisse la parole à l’auteur, car je n’ai pas assez de mots pour exprimer ce que je viens de lire,

“les gens qui se font tuer sans raison.”,

“des hommes cagoulés qui lui couraient après et qui avaient poussé autour de nous comme des champignons vénéneux.”,

“Et parfois, à d’autres moments de la journée, tu te vois encerclé par deux chars grondant dans une rue bondée et chacun d’eux tente de t’écraser avant l’autre.”

“Le silence est total que déchirent seulement, par intervalles, des tirs d’armes automatiques.”,

“CHER lecteur : Ce qui se passe dehors crève l’œil de la nuit.”.....

Je vous laisse découvrir le reste. Une très belle prose, bien que “belle” soit un adjectif inapproprié dans ce contexte horrible et poignant. L’auteur en accentue l’absurdité par l’usage de l’artifice du fantastique. Et pourtant, dans cet enfer sur terre, il réussit à y insérer un reste d’humanité, une lueur d’espoir avec l’amour et un « seau de yaourt ». Donc tout n’est pas perdu tant qu’existent des poètes comme Noriz Malek !

Inutile de vous dire , Lisez- le ! , si le fond et la forme vous intéresse.



“Je suis convaincu qu’un jour la lumière jaillira à nouveau de l’obscurité qui s’est abattue sur nous…”



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Le promeneur d'Alep

Cinq étoiles parce que je ne peux pas en mettre davantage.



De notre côté du miroir, le conflit syrien c'est surtout la crise migratoire, l'exode massif des migrants, la traversée de la Méditerranée, la route des Balkans. On parle rarement de ceux qui sont restés au pays. Parmi eux, Niroz Malek, écrivain et poète syrien d'origine kurde, issu de la communauté yézidie, est né à Alep en 1946 et n'a jamais quitté sa ville. Pour lui, rester là n'est pas tant une question de courage. Paradoxalement, c'est plutôt une question de survie : "Comment pourrais-je quitter ma maison, m'éloigner de mon bureau ? [...] Est-ce pour sauver uniquement mon corps ? Tu sais que derrière moi, dans ce bureau, ce ne sont pas des livres, des bibelots et des photographies que je laisserais, mais mon âme. le corps pourrait-il survivre sans âme ? Ai-je poursuivi. C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme". Alors il est resté dans sa maison, et continue à écrire pour témoigner, pour résister face à la barbarie, pour tenir le coup devant la folie et le désespoir. Ce livre est un ensemble de saynètes très courtes, quelques pages tout au plus, dans lesquelles la violence aveugle empêche toute vie normale. Personne ne sait, quand il sort de sa maison pour faire des courses ou prendre l'air, s'il en reviendra vivant. La mort peut surgir de partout, d'un chasseur bombardier, d'un sniper sur un toit, d'une rafale de mitrailleuse tirée depuis l'un des innombrables barrages par un soldat ou un milicien arrogant qui n'est pourtant lui-même qu'un cadavre en sursis. Hantés par la mort et la peur, les textes sont très souvent oniriques, comme pour permettre à l'esprit de se réfugier dans l'imaginaire et échapper ainsi à une réalité atroce. Les souvenirs aussi sont un abri où duper la douleur : devant un bistrot détruit par une explosion, on se rappelle des conversations sans fin avec les amis ; devant l'abattage des arbres du jardin public (parce qu'il n'y a plus d'autre bois pour se chauffer), on se rappelle les générations d'adolescents qu'on a vus graver leurs noms sur les troncs. Réaliser alors que les jours heureux appartiennent au passé, mais nourrir un espoir fou : "Je suis convaincu qu'un jour la lumière jaillira à nouveau de l'obscurité qui s'est abattue sur nous".

L'écriture de Niroz Malek est simple et sobre; point n'est besoin de pathos pour rendre ce texte déchirant et bouleversant. Pour supporter ce quotidien insupportable, il s'adresse souvent à "celle qui se trouve au loin" et lui parle d'amour. Quelle force d'âme a-t-il trouvée/conservée pour invoquer, face à cette sale guerre aussi absurde que cruelle, la poésie et la lumière de Chagall et de van Gogh, ou la musique de Beethoven ?

Respect.



En partenariat avec les éditions du Serpent à Plumes/La Martinière (que je remercie pour l'envoi et le mot d'accompagnement), via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Le promeneur d'Alep

Merci aux éditions La Martinière et à Babelio qui à travers l’opération masse critique m’ont permis de croiser « Le promeneur d’Alep ».



Syrie, rebelles, armée Syrienne, barbus, Kurdes, Iran, Russie et au milieu de tout ça Alep. Et au milieu de tout ça des hommes, des femmes, des enfants, qui vivent chaque seconde en se demandant où tombera le prochain obus, quelle cible atteindra la prochaine balle du snipper d’en face, combien de temps encore à « vivre » ? Il y a ceux qui partent vers des horizons où ils ne sont malheureusement pas les bienvenus et puis il y a ceux qui restent. Niroz Malek est de ceux là.

Le promeneur d’Alep, quel titre!!! Il résonne comme une provocation à la folie des hommes, comme un appel à une résistance pacifique, comme un renoncement au fatalisme. Il fait allégeance à la vie.

Un titre est souvent trompeur…

Souvent oui mais là, non. On est en plein dans la protestation, dans la lutte, juste parce que l’auteur est là, parce qu’il reste par choix. Un combat sans armes gagné d’avance car même la mort ne met pas ce genre d’homme à genoux. Il n’y a pas d’héroïsme, juste de la dignité malgré la peur.

Niroz Malek est ce promeneur. Il va nous faire visiter ses émotions et sa ville à travers un passé décomposé. Si la mort règne apparemment sans partage sur la ville, même si c’est difficile à dire, l’impression est trompeuse car il reste toujours quelqu’un debout.

Au fil des pages les vivants déjà morts côtoient les morts encore vivants dans le souvenir. Passé et présent se mêlent, rêves et cauchemars embrasent les braises toujours chaudes de la vie d’avant.

Une vie d’avant comme une résurrection, l’espace d’un instant, où les lieux renaissent de leurs cendres, où les anciennes conversations animées avec les amis viennent bousculer fugitivement la routine des bombes. Une vie d’avant pour s’enivrer d’un souffle de liberté. L’ivresse est forte, la gueule de bois est rude. A chaque image sortie des combles de la mémoire de l’auteur succède la triste réalité et soudain le café rempli de vie n’est plus que ruines fumantes, le car de ramassage scolaire qui l’emmène à l’école n’est plus que carcasse carbonisée, victime d’un attentat de plus. A chaque évocation répond la destruction, la disparition.

J’avoue que l’écriture ne m’a pas transporté, la traduction peut être. A chaud, j’ai aimé moyen car je ne m’attendais pas à ce genre de promenade mais une fois décanté… je me rends compte que l’angle choisi par Niroz Malek pour dire son quotidien, ses peurs, ses espoirs, est original et atteint son but. On repense à ce livre dans les jours qui suivent la lecture, enfin de mon coté j’y ai repensé. Il laisse une empreinte, une respiration… fragile, comme la vie.

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Le promeneur d'Alep

Niroz Malek est né à Alep en 1946. Il est donc syrien issu de la communauté Yézidie, ses parents étaient kurdes.

Il est artiste et romancier et on lui doit huit recueils de nouvelles et six romans.

Avec « Le promeneur d’Alep », il nous décrit le quotidien d’un écrivain qui a refusé de quitter Alep et qui tente d’y survivre.

On le comprend, ce recueil de très courts récits est en pleine actualité et éclaire durement dans quelle horreur vit le peuple syrien depuis l’émergence de ce conflit terrifiant. Pas un jour sans que le protagoniste n’apprenne la mort violente d’un parent ou d’un ami. Aller acheter quelques vivres, vouloir prendre un café avec ses amis constitue un parcours qui peut devenir mortel. Alep quadrillée de barrages, bombardée, survolée par des hélicoptères qui tirent à l’aveugle ou des tireurs qui abattent sans discernement les passants est un enfer. L’électricité et l’eau sont coupées sans avis, l’approvisionnement est aléatoire. Alep s’est vidée de ses habitants qui ont préféré partir à l’étranger, devenir ses fameux « migrants », risquant encore leur vie pour tenter de survivre.

Pourtant lui ne partira pas, il a trop à laisser derrière lui, non sa maison, ses livres mais son âme, écrit-il. Alors il continue de témoigner par ces petits tableaux allégoriques ou déchirants d’un quotidien absurde, d’une guerre que les habitants de Syrie ne comprennent pas, eux qui ne désiraient que vivre en paix de petits bonheurs simples.

Un livre d’une actualité criante qui nous permet de comprendre intimement qui sont ces migrants de l’humanité.
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Le promeneur d'Alep

La guerre en Syrie ? La crise migratoire ? Le drame humain des réfugiés syriens débarquant par dizaines de milliers sur les côtes grecques et déjà menacés d'y être bloqués ou alors refoulés en Turquie... On en entend parler tous les jours, et on croit tout en connaitre...

Mais Niroz Malek, écrivain et poète kurde syrien vivant à Alep, survivant plutôt au milieu d'une ville détruite par la violence, nous livre une image profondément tragique et poignante de l'omniprésence de la mort dans sa ville défigurée par les barrages de miliciens, les bombardements, les combats, les massacres de femmes, d'enfants, de vieillards.

En de courtes pages poétiques, excellemment traduites par Fawaz Hussain, il nous fait vivre cette ambiance de cauchemar où le mort saisit le vif, où il est devenu impossible d'aller au bout de la rue, de prendre un café ensemble, de se promener au jardin public... Arbres tronçonnés pour faire du feu, miliciens arrogants ou voués à être bientôt tués, cafés où certains ne reviendront plus, à supposer que les lieux ne soient ni fermés ni détruits, il ne reste plus à l'habitant de la ville en ruines qu'à tourner en rond chez lui entre ses livres bien aimés, des infos télévisées terrifiantes, des appels téléphoniques dramatiquement interrompus.

La beauté des images, des rêves virant au cauchemar, des souvenirs nostalgiques des femmes aimées en temps de paix, des artistes comme Chagall ou Van Gogh qui aident à sublimer le réel, donnent à ce texte déchirant une force et une présence peu communes qui nous font ressentir au plus profond de nous-mêmes l'horreur de la guerre en Syrie et ce qui pousse hommes, femmes et enfants sur les routes périlleuses de l'exil.

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Le promeneur d'Alep

Le promeneur d’Alep est un témoignage venu en droite ligne de Syrie. Sous forme de courtes anecdotes romancées de deux ou trois pages, l’auteur nous rapporte son quotidien, imaginaire ou ultra-réaliste selon les cas, d’habitant de la ville occupée d’Alep sous les traits d’un narrateur s’exprimant sans cesse à la première personne. Les vivants cotoient les morts dans la rue, au café, au téléphone… La fine ligne séparant les deux mondes s’estompant parfois tout à fait pour rendre compte d’un état d’esprit propre au survivant d’un monde en guerre.



Cette lecture m’a été particulière difficile et troublante, le roman laissant largement entrevoir la véracité d’une guerre très actuelle dont nous connaissons les retentissements jusque dans nos pays croyons-nous protégés. Il n’est pas d’écrits sanglants ou provocateurs dans la prose de Niroz Malek. L’oppression, si elle est parfois physique, est d’avantage psychologique ici. Le poids de la mort sur le quotidien y est magistralement dépeint. Le narrateur, le promeneur d’Alep, vit avec la mort, meurt un peu plus chaque jour, comment savoir… La fin n’est pas encore écrite, les tirs de mortiers cisaillent encore l’air, et la paix se fait inexorablement attendre. Il n’y a que l’ici et maintenant qui semblent compter : le passé est révolu et l’avenir n’existe peut-être pas.

Niroz Malek s’attelle ici avec brio à un sujet ultra-sensible, avec humilité et simplicité, il réussit à rendre dans une langue éminemment fluide et poétique toute la douleur des pertes humaines et des perspectives cloisonnées.
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Le promeneur d'Alep

« Nous l’avions vu s’avancer vers nous dans le café avant qu’il ne soit devenu une part de nos souvenirs. » (p. 79)



Quelle belle découverte que ce roman de Malek Niroz, un auteur que je ne connaissais pas qui, en une succession d’une cinquantaine de courts chapitres, ou pourrais-je dire de tableaux, rend compte de la vie du narrateur dans la ville occupée d’Alep, en Syrie, où les bombes n’ont de cesse de tomber, coupant l’électricité et détruisant les immeubles. En estompant tel qu’il le fait si poétiquement la frontière entre les vivants et les morts, l’auteur réussit particulièrement bien à faire ressentir la proximité constante de la mort, de même que l'angoisse de vivre dans l'attente de l’anéantissement. Absolument un de mes coups de cœur jusqu’à présent.

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Le promeneur d'Alep

Niroz Malek a choisi de ne pas quitter la Syrie, et de raconter, au jour le jour, en de brefs fragments, d'une ou deux pages, qui répondent aux bombardements et tirs quotidiens à Alep, la vie qui doit se poursuivre, pour ceux qui sont restés, envers et contre tout.



Par ces fragments, souvent poétiques, l'auteur raconte la mort, principalement, la survie, également, mais aussi ce qui reste pour rendre la vie supportable à travers elles : des petits instants heureux du quotidien, empreints d'amour, d'amitié, de nostalgie, parfois d'espoir.



Malgré sa poésie, et une publication qui a désormais plusieurs années, c'est un témoignage rude à lire, évidemment, poignant, indéniablement, et, encore aujourd'hui, essentiel.
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Le promeneur d'Alep

Il y a celle qui se trouve au loin, celle qui « a laissé un très beau baiser sur [son] cou, un autre sur [sa] bouche et un troisième sur [son] épaule ». Il y a ces gens qui coupent les arbres dans les parcs et les jardins publics pour se chauffer. Il y a les amis qui sont partis, se sont dispersés et sont maintenant « des expatriés, des bannis, des migrants, des exilés ». Et « ceux qui sont morts de toutes les manières possibles ». Il y a ce garçon trisomique fauché par une rafale de mitraillette. Il y a cet amour d’enfance « tuée par la balle d’un sniper ». Il y a ce soldat qui voudrait que le poète écrive une lettre d’amour à sa fiancée. Et tout autour il y a Alep en ruine, Alep en guerre, Alep martyrisée qui baigne dans le sang.



Niroz Malek n’a pas voulu quitter sa ville. Il arpente ses rues, passe les barrages, vit avec les coupures d’électricité, le bruit des déflagrations, les murs qui tremblent après une explosion. Il vit la peur au ventre, croise des fantômes, attend le retour de sa femme emprisonnée, retrouve des connaissances au café et traverse la cité malgré les dangers.



Le promeneur d’Alep, c’est un peu Delerm sous les bombes. Une écriture minuscule, une succession de tableaux pour dire les petits riens d’une existence sous la mitraille. Ce sont les mots d’un homme traumatisé par les atrocités mais qui refuse de les décrire de façon brutale et réaliste. Son témoignage est avant tout poétique, aussi sensible que bouleversant, sans jamais tomber dans le pathos ou le larmoyant. Il décrit des ambiances, un cheminement de l’esprit perturbé par un environnement des plus anxiogènes. Et pourtant cette description du quotidien garde en permanence une petite note lumineuse, une sorte de minimalisme solaire qui traverse chaque texte et transcende l’horreur pour extirper la beauté des décombres. Comme pour apaiser les plaies béantes de la guerre avec la force de l’écriture.


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Le promeneur d'Alep

Ce livre regroupe un peu plus d'une cinquantaine de textes courts, qui ont tous en commun la Syrie, Alep, la guerre. Un auteur( l'auteur ), reste dans la ville d'Alep envers et contre tout et s'évertue par la grâce de son écriture à retranscrire ce qu'est la vie à Alep.



On pouvait s'attendre à de grandes descriptions où le sang serait la toile de fond et les bombardements le décor mais, on est bien au-delà de ça. Par la qualité des textes, on perçoit tout ce qui est la guerre mais aussi la douceur de la vie "d'avant". C'est le contraste entre les deux qui donne l'ampleur des désastres de la guerre, sans que l'auteur éprouve la nécessité de jouer du sensationnel ou du pathos . Ces textes, si joliment poétiques, sur un sujet qui ne l'est absolument pas, m'ont fait ressentir la tristesse de ne pas avoir connu la douceur de la vie d'avant la guerre et le doute qu'un jour la vie revienne sur les terrasses des cafés pour que des hommes, des femmes s'y arrêtent juste pour discuter....



J'ai été émue par la beauté des textes et la noirceur de la situation, une lecture qui, sans violence , en dit bien plus qu'un entre-filet aux infos sur le conflit qui a lieu,en donnant corps et âme à ce pays que je ne connais pas .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le promeneur d'Alep

Après L’arbre du pays Toraja, c’est l’actualité de plus en plus désespérée d’Alep vue à la télé en ce mois de juillet qui m’a poussée à ouvrir ce livre, qui a comme le premier cité des rapports constants avec la mort.



En cinquante-cinq textes courts, Niroz Malek raconte le quotidien d’une ville assiégée, livrée aux factions, aux caprices des snipers et des soldats aux barrages, une ville où on ne peut faire quelques pas sans tomber sur une rue barrée, où l’électricité est régulièrement coupée, où les bruits de bombes et les tirs de balles font partie du décor sonore.



Mais ce récit, qui a une valeur de témoignage et est un gage d’attachement à une cité que l’auteur ne peut quitter comme tant d’autres exilés, ces textes ne sont pas écrits de manière journalistique : le titre du recueil oriente le style. Il s’agit le plus souvent de promenades réelles ou rêvées où les souvenirs, les émotions, les regards et les rencontres prennent le pas sur l’horreur des ruines et des morts. Une dimension fantastique se glisse également dans ces pages : le stylo de l’écrivain devient un double animé qui exprime les doutes de l’homme sur les raisons de rester, les morts se relèvent et vivent une vie parallèle dans les rues démolies, les cauchemars conduisent dans les bureaux de la police pour une séance de torture surréaliste. C’est en lisant ces textes tantôt hallucinés, tantôt déchirants de nostalgie que l’on mesure la puissance de l’écriture, le lien viscéral qui unit un écrivain à son univers quotidien, on saisit le paradoxe, la confrontation entre l’acte de création et la barbarie (suggérée) de la réalité.
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Le promeneur d'Alep

Qui n’a pas entendu parler de la guerre en Syrie ? Personne ! Que ce soient les médias, les réseaux sociaux, tout le monde donne son avis sur les migrants, leur sort et j’en passe, mais l’image qui nous est servie est celle de ceux qui ont quitté le pays, Niroz Malek nous parle de ceux qui y sont restés !



Il nous peint différents tableaux sous forme de saynètes tragiques, chaque saynète est un chapitre, ça peut remplir une demi page, comme 6 pages ; mais chaque chapitre est une gifle, que dis-je une baffe qu’on se prend en pleine figure, on n’a pas fini de la digérer qu’on se prend la seconde.



Il ne fait que retracer son quotidien, lui qui a refusé de fuir cette épouvantable guerre qui oppose les différentes factions.

Par cet acte de résistance, il est le témoin par excellence d’une tragédie devenue folie meurtrière « Le corps pourrait-il survivre sans âme ? C’est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n’y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme. »



Le quotidien d’un septuagénaire, qui se promène dans Alep.

Il va boire un petit thé au café, comme le font tant d’autres de par le monde, mais lui, il faut qu’il évite les barrages.



Il assiste à l’abattage anarchique des arbres des jardins publics, car il faut bien se chauffer.



Il voit déambuler un enfant nu dans les rues de sa ville, mais qui est complètement ignoré, les rues d’une ville dont le « peuple est devenu aveugle ».



Il va jusqu’à pressentir le drame de Aylan « J’ai dégagé mon regard de l’horizon pour fixer mes pieds. J’ai vu alors des vêtements de petits garçons et de petites filles apportés par les vagues, venant de loin, parait-il d’un autre monde. […] Alors je me suis approché de la télévision que j’ai rallumée de nouveau. Les images qu’elle diffusait m’ont horrifié. Les flots jouaient avec des enfants et des femmes, tous noyés ».



Il nous parle de ses amours d’enfance, de son amour pour la littérature et les arts, Chagall, Van Gogh, Beethoven, Hemingway, Rachmaninov.



Bref, on est emporté par une magnifique plume, idéalement traduite (malgré quelques petites coquilles), on est emporté dans une poésie macabre à travers cette promenade dans Alep, cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la soie, une Soie devenue très rugueuse, rêche…
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Le promeneur d'Alep

Alors que la guerre dévaste la Syrie, Niroz Malek, écrivain, a choisi de rester dans son appartement à Alep. Il n’a pas eu la force de fuir, de quitter cette ville qu’il chérit tant.



Témoin du chaos, survivant, l’auteur côtoie la mort au quotidien. Elle rôde, inlassablement menaçante et les victimes innocentes s’accumulent.



Sur le papier, il confie sa cohabitation avec la peur, les coupures d’électricité, les bombardements et les tirs de snipers. À chaque pas qu’il effectue à l’extérieur, sa vie est en danger. Alep se noie sous les bombes et il assiste, impuissant, à ce terrible spectacle.



Un livre qui rassemble de courts textes, indépendants les uns des autres, sur un ton qui n’est jamais larmoyant. Des mots pour évoquer le présent mais également les souvenirs de Niroz. Il repense aux jours heureux pour échapper à l’insoutenable réalité. Le lecteur se perd dans le dédale des pensées du syrien, entre rêves et cauchemars, aux côtés des vivants et des morts.



Par le biais de textes forts, poétiques et poignants, Niroz Malek raconte de l’intérieur l’effroyable guerre qui a ravagé Alep. Des fragments de vie, peuplés de fantômes, pour tenter d’exprimer l’indicible. Témoin de la folie des hommes, ses mots nous ébranlent, nous bouleversent.
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Le promeneur d'Alep

Aujourd'hui en Syrie, aujourd'hui ailleurs, dans des villes autrefois comme les autres, il y a des hommes, des femmes, des enfants pour qui la guerre est le quotidien.

Certains, comme Niroz Malek, racontent. La guerre vue du dedans.

Ici, de courts chapitres (munis d'un titre) décrivent des situations parfois terribles, tendres ou même absurdes où la vie s'écoule. Beaucoup de choses s'ecroulent. La vie continue cependant. Il y a peu d'espoir et beaucoup de souvenirs. Niroz avance et témoigne sans pour autant faire un récit larmoyant. Il ne peut quitter Alep, car il ne peut simplement pas "quitter son âme". Alors ils nous parle de ses proches, de ses voisins, de ses amoureuses d'école, de sa ville... de tout ce qui disparaît mais aussi le peu qui reste. Comme un hommage discret.

La mort est omniprésente, (il la frôle après avoir été torturé), il la vit, il la rêve. Tant qu'il passera à côté, il témoignera par ses écrits.



Les lire et les faire lire, c'est bien là la moindre des choses que nous puissions faire...

Un grand merci à l'opération Masse Critique et à La Martinière.
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Le promeneur d'Alep

actualités. C'est à Wadi Rum que des touristes français, connectés, m'ont appris que des Syriens avaient été gazés...que Trump avait réagi...



Ce recueil de textes poétiques est le journal d'un écrivain qui n'a pas pu quitter Alep et qui témoigne de l'enfer quotidien de ses habitants.



"- Le corps pourrait-il survivre sans âme? C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme"



Texte très courts racontant le quotidien dans la ville, entre bombardements et barrages, parfois prosaïques, de celui qui malgré tout rencontre des amis, va au café, tente une promenade, retrouve ses souvenirs de jeunesse ou d'enfance dans un square où jouaient les enfants....



Textes hallucinés entre vie et mort. Le narrateur est-il encore vivant, est-il échappé de la morgue comme celui qui grelotte de froid dans le chaud été syrien?



Des personnages interviennent, on ne sait pas si l'enfant nu est un fantôme...si la jeune fille amoureuse survivra à son fiancé... des histoires de vivants se trament quand même.



Un texte que je ne suis pas prête d'oublier.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Le promeneur d'Alep

Dans ce témoignage d’environ 150 pages, Niroz Malek nous écrit son quotidien dans une Alep sans cesse bombardée et dont les habitants sont soumis à une violence et à des menaces inouïes. Organisé en petits chapitres courts, c’est un témoignage très particulier puisqu’il raconte plus l’état d’esprit de l’auteur qu’il ne décrit objectivement les faits. C’est donc un récit très focalisé sur les émotions intimes du narrateur, sur les effets que son environnement a sur son psychisme, ce qui donne très souvent lieu à des passages presque surréalistes où le narrateur fait abstraction de la réalité et la confond avec des rêves ou des illusion.



Le Promeneur d’Alep est en revanche loin d’être un récit onirique, au contraire les scènes décrites relèvent plus du cauchemar. Incapable de quitter cette fille qui est chaque jour un peu plus réduite en cendres, le narrateur reste, essaye de continuer à vivre, de reconnaître les endroits qu’il affectionnait avant la guerre, essaye de circuler dans cette ville qu’il connaît par cœur. Le texte est franchement très triste et éprouvant, et je ne vous le conseille pas si vous êtes juste « curieux » : sachez au contraire à quoi vous attendre et soyez préparé.



Je n’ai pas appris beaucoup de choses avec le livre de Niroz Malek, dans le sens où le récit ne se concentre ni sur des faits historiques ni sur la recherche théorique d’une explication, du pourquoi ou du comment, mais au contraire sur l’intimité de l’auteur, ses émotions. Le Promeneur d’Alep a en revanche une énorme capacité à émouvoir. J’ai découvert de nouvelles émotions, étendu ma capacité à m’émouvoir et à compatir, bref, j’ai en quelque sorte l’impression d’avoir gagné en « intelligence du cœur » (si ça veut dire quelque chose). Le Promeneur d’Alep est un beau roman, une histoire unique et très enrichissante, et qui a une résonance toute particulière en ce moment.



S’il y a un message que je voudrais faire passer, c’est celui de lire des auteurs arabes, de découvrir leurs mots et pas ce que d’autres disent d’eux, les faire vivre par la culture et les connaître par la littérature plutôt que par les chaînes d’informations. J’espère en tout cas que cet article ne vous aura pas mis mal à l’aise et qu’il vous a donné envie de découvrir Niroz Malek !
Lien : http://ulostcontrol.com/le-p..
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Le promeneur d'Alep

Ce roman, je l'ai repéré chez Tu lis quoi, qui l'avait elle-même repéré chez Natalia. Les mots qu'elles utilisaient m'ont donné l'impression d'une œuvre sensible et poétique donnant à voir l'horreur d'une ville en guerre, sans user pour autant de facilité. Et c'est exactement ça.



Au fil des anecdotes, le narrateur expose son quotidien, depuis cinq ans que des factions s'opposent dans Alep. Sa ville et toute sa vie se transforme. Il croise régulièrement des scènes ahurissantes qui deviennent banales et n'étonnent plus personne d'autre que le lecteur. Au détour d'un récit, ce sont les fantômes qui se révèlent, ceux d'une vie d'avant. A vouloir faire comme si, l'esprit est trompé et trompe le lecteur, qui se prend la violence de la réalité d'autant plus fortement.



Un monde absurde se dessine, derrière cette vie qui n'en est plus une : barrages partout, immeubles en ruines, des corps, des morts qui s'ignorent et se croient encore vivants. Au milieu de ce monde dévasté pourtant, l'amour parfois surgit et éclaire d'une lumière d'autant plus aveuglante que le narrateur vit souvent dans les ombres de la peur. La plume onirique de l'auteur apporte ce qu'il faut de douceur pour espérer encore et toujours, pour se souvenir de temps plus heureux qu'on espère à nouveau possibles.
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Les anciennes nuits

C’est une Alep fantastique qui nous est contée, riche et parée de mille feux, issue de temps immémoriaux, loin des champs de ruines qu’on a malheureusement trop vu de nos jours. (Pourtant, ici et là, quelques indices sont glissés. Que penser, par exemple, de cette cité figée en proie à un mauvais génie ?) Djinns, princesses, sultans, palais merveilleux et surtout des histoires, sensuelles, extravagantes, inquiétantes, pleines de philosophie, racontées nuit après nuit… Les deux Fatima dans leur petit salon des invités… Et cette pièce secrète dans le palais…



La construction en destabilisera plus d’un, ne serait-ce que parce que les limites entre les fictions sont parfois très ténues. Ca n’est pas forcément le roman le plus accessible de la planète… Mais quel plus bel hommage à l’imagination ? Ici, la feuille blanche n’est plus le cauchemar de l’écrivain, une source d’intarissable frustration mais bien l’espace de liberté ultime. Tout commence ici, et surtout n’importe qu’elle histoire peut commencer ici.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Le promeneur d'Alep

J'aime flâner dans les allées de la médiathèque et j'aime aussi gratter dans les bacs de livres, vous voyez ceux qui ne sont pas très bien rangés. J'y fais parfois des trouvailles (bon, quelque fois je tombe sur des bons gros flops aussi). Lors de ma dernière visite, j'ai été interpellée par la couverture du "Promeneur d'Alep", je la trouve très jolie, et après l'avoir feuilleté rapidement, je l'ai embarqué avec moi ...



Le promeneur d'Alep est le témoignage poétique et étourdissant d'un écrivain plongé dans la guerre. La voix de Niroz Malek nous parvient à travers les déflagrations et les rafales d'armes automatiques. Pourtant elle nous parle de choses simples, d'amis qui se retrouvent dans un café, de cœurs gravés dans les arbres, de promenades dans cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la Soie. Et du chaos qui guette derrière chaque bruit venu du ciel, devant chaque barrage hérissé de sentinelles.



C'est un bien joli témoignage que celui de Niroz Malek. Je ne me sens pas plus concernée que ça par ce qui se passe au Moyen-Orient et à Alep (oui, je l'avoue, balancez moi des fruits pourris si le coeur vous en dit ...) et pourtant, j'ai eu très envie de découvrir le quotidien d'un de ses habitants.



Je ne suis absolument pas déçue car j'ai découvert une plume de toute beauté (le traducteur a dû faire un super boulot). J'ai aimé lire les mots de l'auteur, ils sont très bien choisis et ils résonnent aux yeux et aux oreilles du lecteur. Je ne sais pas comment expliquer mais j'ai été très touchée par ces chapitres courts et parfois très percutants. C'est quelque fois lyrique, souvent poétique mais ça a fait mouche sur moi à chaque fois.



Car le livre est une succession de tranches de vie à Alep alors qu'il semble très difficile de circuler, de faire ses courses ou même simplement de rester en vie dans cette ville dévastée. La mort est tapie à chaque page, prête à bondir sur n'importe qui et pourtant, la vie est la plus forte et elle continue coûte que coûte ...



Au final, c'est un beau message d'espoir qui est contenu dans ce livre. Et pourtant, la plupart des anecdotes que l'auteur nous livre ici sont d'une grande tristesse mais il ne se laisse pas aller à la mélancolie. Je suis très contente de ma découverte, je ne m'attendais pas à apprécier autant. Surtout que je ne lis quasiment jamais d'auteur arabophones, du coup j'ai été dépaysée.



Une belle découverte, des histoires et des êtres qui resteront dans un coin de ma tête ...
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Le promeneur d'Alep

Un très beau texte à découvrir : le quotidien d'un écrivain, Niroz Malek, qui témoigne de sa vie à ALEP plongée dans la guerre.

De courts chapitres poétiques et bouleversants au travers des choses simples de la vie courante, des sensations vécues avant le désastre.

Des tranches de vie, des souvenirs d'avant la guerre, des vies fauchées par une explosion, un tir au hasard, toute l'absurdité de la guerre , implacable.

Une ville en ruine dans laquelle il faut survivre, pourtant jadis une perle sur la Route de la soie.

L'homme, l'écrivain n'envisage pas de partir "comment pourrais-je quitter ma maison... le corps pourrait-il survivre sans âme ?"

Poétique et douloureux, ce livre résonnera longtemps en moi.

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