Noémie Renard, auteure du livre "En finir avec la culture du viol"
Il faut défricher cette étrange inversion qui fait des victimes les quasi-coupables, acculées à se défendre, à dissimuler, à se taire et soupçonnées, quand elles osent parler, de vouloir attenter à la stature et à l’honneur de l’homme
En se fondant sur une définition positive du consentement, c'est-à-dire en explicitant ce qu'il est, la loi permettrait de responsabiliser davantage les hommes – qui, s'ils ont accusé de vil, devront expliquer comment ils ont recherché le consentement librement donné de leur victime. Autrement dit, il s'agit de ne plus considérer que les femmes sont a priori consentantes mais que, au contraire, ce consentement doit être exprimé par une personne en capacité de le faire. Une telle loi devrait obligatoirement inclure une liste de circonstances coercitives qui invalideraient le consentement. Cette façon de conceptualiser les violences sexuelles permettrait de respecter l'une des mesures de la convention d'Istanbul qui stipule que "le consentement doit être donné volontairement comme résultat de la volonté libre de la personne considérée dans le contexte des circonstances environnantes". (article 30 de la convention)
Certaines victimes sont tellement maltraitées durant le processus judiciaire qu'elles parlent de "second viol", et les chercheurs qui étudient ce phénomène l'ont nommé "victimisation secondaire". La victimisation secondaire peut être générée par des agents de la chaîne judiciaire, mais également par d'autres professionnels: des médecins, des psychologues, etc.
Par ailleurs, quand on les interroge sur leurs motivations, les hommes incarcérés pour le viol de femmes énoncent assez fréquemment l'idée de punition, de revanche ou de volonté de contrôler le comportement d'autrui: "[Je voulais] la rabaisser et la remettre à sa place, pour m'avoir défié."
Il y a donc des viols qui n’en seraient pas tout à fait, et qui, par là même, ne sont ni vraiment condamnables ni condamnés, et ceux, plus rares, où l’on juge que l’agresseur a dépassé les limites du tolérable ou n’a pas respecté certaines règles tacites, celles régissant le groupe des hommes. Dès la fn des années 1980, dans son livre Toward a Feminist Theory of the State, la théoricienne féministe Catharine MacKinnon faisait des observations similaires. Elle concluait: «Du point de vue des femmes, le viol n’est pas prohibé; il est régulé.»
L’expression «culture du viol» est née dans les années 1970 aux États-Unis au sein du mouvement féministe radical. Il désigne une culture (dans le sens de «l’ensemble des valeurs, des modes de vie et des traditions d’une société») dans laquelle le viol et les autres violences sexuelles sont à la fois prégnants et tolérés, avec un décalage entre l’ampleur du phénomène et l’impunité quasi-totale des agresseurs – pas uniquement au sens juridique, mais aussi social.
Les résultats ont révélé que c'est bien le plaisir de dominer qui prédit la propension au viol, et non l'excitation sexuelle.
Par exemple, pour quatre Français sur dix, la responsabilité du violeur est moindre si la victime se montre aguichante, et, pour deux sur dix, un "non" veut souvent dire "oui".
La pornographie est donc l’expression d’un imaginaire collectif où la sexualité est intimement liée à la domination masculine
une culture de viol se caractérise par des éléments plus insidieux comme les idées reçues et des attitudes concernant es actes et la sexualité, ainsi que par des inégalités sociales entre hommes et femmes et entre adultes et enfants