Dans ce superbe recueil de nouvelles (sous la direction de Claire Bergeron), les auteurs font l'éloge de l'amour, mais souvent en explorant des facettes non traditionnelles. Aussi touchant que divertissant.
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Oui, de Bellefeuille écrit bien, et oui plusieurs poèmes sont intéressants. Mais un écrivain qui écrit qu'il se regarde écrire ce qu'il est en train d'écrire, en se demandant d'où vient ce qu'il écrit, désolé, mais cette vieille thématique des années 70, je ne suis plus capable.
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Je vais commencer pas dire comme tout le monde : que c'est pas facile de parler d'un recueil de nouvelles. Surtout parce que quand c'est bon (& ici c'est bon), chaque nouvelle est un petit monde en soi, qui mérite qu'on s'y attarde, qu'on creuse un peu pour essayer de deviner ce qu'il y a en dessous. Mais je crois qu'il y a plus d'une vingtaine de nouvelles dans ce livre, & ce serait beaucoup trop long que de toutes les décortiquer.
Ce que disait Alice est porté par deux choses : un thème, l'obsession -- & puis Alice. Alice, c'est la troisième femme de la maison, pas la mère & pas la tante mais bien la grand-mère, & à Alice l'auteur consacre cinq nouvelles qui rythment le recueil, apparaissent à intervalles réguliers. & pour l'obsession c'est partout, dans toutes les histoires, chez tous ces personnages qui, chacun à leur façon, sont poussés dans leurs derniers retranchements, s'embourbent dans une logique fautive qui les mène là où rien ne devrait les mener : un homme pratique sa mort trop longtemps pour ne pas finir par la rater, un autre pousse un peu trop loin son amour des conversations téléphoniques. Les nouvelles ont quelque chose d'irréel & d'intemporel, elles sont ancrées dans la tête des personnages beaucoup plus que dans leur environnement, & le résultat a quelque chose d'étrange & de doucement inquiétant.
J'ai lu ce livre dans le métro, surtout, par petites gorgées, & j'ai surtout été bercée par l'élégance de la plume de Normand de Bellefeuille, une espèce de lyrisme très travaillé mais qui réussit, je sais pas comment, à ne pas trop se prendre au sérieux. Un exemple, juste parce que :
« D'autres pensent avant tout à faire oeuvre, certains plutôt à quelques corps qu'ils veulent parfaits et, le plus souvent bien sûr, inaccessibles, plusieurs s'acharnent désespérément à réussir, de préférence sous le soleil, exactement et, cela va de soi, en monnaies étrangères. Lui, beaucoup plus simplement, ne songeait qu'à sa mort. Sans désespoir, sans violence, impatience ou colère, sans même un malheur plus ou moins durable, il avait toujours voulu mourir. »
Satisfaisant & agréable.
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