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Critiques de Olivier Mak-Bouchard (198)
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Le temps des grêlons

Il n'y a que de belles idées dans ce roman follement inventif et terriblement original. Que des trouvailles génialement teintées de poésie.



Dans un monde très légèrement dystopique, le monde commence à se dérégler lorsque les appareils photo ( smartphones compris ) puis les caméras refusent d'enregistrer la présence humaine. le décor, oui, les animaux oui, mais les hommes, niet, numériquement invisibles. Et puis, vient le temps des Grêlons. L'espace de stockage du Nuage est tellement saturé de data qu'il commence à recracher chronologiquement des Grêlons, tous les êtres humains photographiés et filmés depuis le premier portrait de Constant Huet par Louis Daguerre au Museum d'histoire naturelle en 1837 … Bientôt, le monde est submergé de Grêlons qui atterrissent de partout, totalement hébétés.





« Là, ce que Le Nuage relâche, ce n'est pas des 0 et des 1, du binaire. C'est autre chose, un langage qui n'a ni queue ni tête, de la data d'un nouveau type, qui s'échappe du Nuage au milieu du reste en petits paquets. de micro-averses qui tombent comme ça, alors qu'on n'a rien demandé. Il ne s'agit pas de flux, qui sont vectorisés ; non, Le Nuage nous crache dessus des micro-averses de data sauvage. Un peu comme si Le Nuage était plein à ras bord, qu'il était trop lourd et qu'il n'arrivait plus à se contenir un jour de plus de façon normale. Imaginez des grêlons qui tombent du Nuage : de la date congelé à l'intérieur et maintenant elle est trop lourde pour y rester alors elle chute. »



C'est la voix d'un narrateur assez étrange qui nous conte ces événements étranges. Au début du récit, c'est un tout jeune adolescent. On va le voir devenir jeune adulte tout en restant résolument accroché à l'enfance, le nez dans son bol banania et sa soupe Floraline préparée par sa maman, confondant de candeur mais avec une touche de lucidité, peut-être malgré lui. Avec à ses côtés son meilleur ami et son amoureuse secrète, qui eux aussi vont devoir grandir en se trouvant une place dans ce drôle de monde.



Lorsqu'on écrit un roman à touches fantastiques empreintes de réalisme magique, le plus difficile est de parvenir à créer un univers cohérent et à le conclure. Il y a peut-être quelques longueurs mais le grain de folie douce est tellement plaisant et surtout l'avancée de l'intrigue si ingénieusement millimétrée que je me suis régalée, portée par une écriture enjouée, pleine d'humour. C'est sans doute cela le plus fort, en fait, parvenir en toute légèreté à parler avec intelligence et profondeur des dérives de notre société : narcissisme, consumérisme, dangers d'un populisme de plus en plus extrémiste, xénophobie ( superbe idée des Frelons anti-Grêlons ) … les métaphores / échos à aujourd'hui sont multiples et jamais lourdauds.



Mais le plus touchant, c'est la façon qu'à ce merveilleux roman à nous inviter à conserver notre âme d'enfant face aux déchaînements du monde. Avec Arthur Rimbaud en guest star pour soigner la peur du basculement dans le monde des Grands. Et attention à bien lire jusqu'à la dernière ligne, y compris le « Achevé d'imprimer » final. Lorsque j'ai découvert le prénom du narrateur et l'identité de l'auteur, c'est juste magique et m'a emplie de reconnaissance envers Olivier Mak-Bouchard. Illuminée.









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Le dit du mistral

°°° Rentrée littéraire 2020 #6 °°°



Ce premier roman complètement inattendu est un véritable coffre aux trésors, un don de mots offert au lecteur comme une parenthèse enchantée et enchanteresse hors du temps, hors du chaos du monde, un conte comme on en écrit plus dans lequel on plonge avec bonheur et qu'on referme le sourire aux lèvres.



Le point de départ est presque anodin : au coeur du Lubéron, deux voisins découvre après un soir d'orage un mur éboulé qui révèle des tessons de poterie fort anciens ; ils se lancent dans des fouilles archéologiques clandestines qui vont les amener très loin, jusqu'aux origines du monde.



Dès les premières pages, Olivier Mak-Bouchard déploie un talent évident pour faire voyager dans l'imaginaire. Chaque chapitre démarre par un proverbe provençal ou une citation de Frédéric Mistral, Jean Giono ou Henri Bosco, mais au-delà d'un simple patronage rassurant, l'auteur crée sa propre histoire ancrée dans le territoire fort du Lubéron. On mange des ocres à pleine bouche, on se prend le Mistral en pleine figure et il nous envoie bien loin des images d'Epinal habituelles avé l'accent. L'amour de ce jeune auteur pour ce Lubéron magnétique imprègne chaque page, il en fait son omphalos, là où se jouent toutes les forces cosmiques.



Le roman convoque légendes et patrimoine historique du Lubéron avec une simplicité limpide merveilleusement décantée, sans artifice ni ostentation érudite, avec une lenteur réelle qui stoppe l'accélération du temps et du tourbillon contemporain. Petit à petit, le récit dérive vers le fantastique avec une évidence toujours juste, mêlant personnages réels et personnages métaphysiques ou légendaires. Quel bonheur de voir le narrateur basculer dans un univers magique peuplé d'une femme-calcaire, de l'enfant Maître-Vent, du dieu celte Vintour !



Un roman atypique, délicieusement généreux, porté par une écriture fluide et humble, laissant toute la place au lecteur de laisser vagabonder son imagination. Comme une invitation à la vie et à l'amitié, comme un pied de nez au temps qui passe.



A noter, comme souvent chez le Tripode, une couverture écrin juste sublime réalisée par Philéas Dog ( aka Sophie Glade ), rendant hommage aux ocres du Lubéron ( et à ce sacré Hussard, le chat énigmatique du narrateur ). Je crois que rien que pour elle, j'aurais acheté ce roman …
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Le dit du mistral

"Si par hasard, sur le pont du Gard

Tu croises le vent maraud

Prends garde à ton chapeau."🌬️

Pardon, Mr Brassens.



Ce vent, té c'est le Mistral qui secoue les tuiles, pendant "3,6 ou 9 jours et rend fou."

C'est une divinité païenne dédiée au vent et sa source, découvertes par le héros et le vieux Sécaillat, son voisin.



Cette source magique soigne l'alzheimer de la femme de Sécaillat, chuchote à l'oreille de celui qui se baigne dans son eau et convoque à la fois, Hannibal et ses éléphants et le loup et la chèvre de Mr Seguin...



C'est le vent qui souffle à travers les beaux paysages du Lubéron : Apt, le portail Saint Jean et la fontaine du Vaucluse..



C'était quand le vent nous chantait une créature mi-salamandre, mi-dragon qui survolait Fontaine-du-Vaucluse. "La garrigue était sa brousse, les ocres ses canyons, les bories ses cavernes..."



"A l'heure où nous dormons, un monde mystérieux s'éveille dans la solitude et le silence." Alphonse Daudet.
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La Ballade du feu

C'est le troisième livre d'Olivier Mak-Bouchard et le troisième moment de plaisir pour moi, même si j'ai trouvé celui-ci moins percutant que les deux autres. Peut-être parce que l'effet de surprise ne joue plus, peut-être parce qu'il rappelle un peu plus le premier. Mais, peu importe, on y retrouve avec bonheur la Provence. Je vois celui-ci comme un livre-doudou, où il fait bon se lover, où les pages se tournent toutes seules, tellement on est bien, et ... où un chat a souvent le dernier mot, pour notre plus grand plaisir et auquel je dois beaucoup de mes sourires pendant cette lecture.



Un jeune homme qui a du mal à s'affirmer, qui a suivi la voix de la sagesse, enfin celle présentée ainsi par ses professeurs et ses parents, renonçant pour les écouter à la voix de son cœur, qui se retrouve du jour au lendemain sans emploi. Un frère postier, inscrit à la CGT, qui parle beaucoup, crie un peu, mais a un cœur gros comme ça. Une vétérinaire amie des oiseaux. Un rapace sauvé de l'électrocution qui visite le monde. Un coupeur de feu, un homme au poignet douloureux, et surtout Tartempion. Qui est Tartempion? Allez un petit effort, je vous en ai parlé au tout début et il trône sur la couverture ... C'est bon, vous avez compris :-)



Un livre qui parle des erreurs d'orientation, des campagnes provençales un peu vides quand les touristes sont partis, de l'importance de se connaitre, de savoir saisir sa chance et puis bien sûr des magnifiques paysages de ces régions, pleins de lumière et de couleurs, en particulier ce Colorado provençal, et ses carrières d'ocre.



Des personnages qui nous ressemblent, qui essaient de vivre au mieux, qui empruntent parfois des chemins détournés pour mieux se retrouver, qui se mettent en rogne parfois, mais qui savent aller au- delà dans une histoire baignée par l'amour. Celui des autres et celui de ce pays. Et ne prenez pas peur, ce n'est pas sirupeux , ni gnangnan. Juste tendre et chaleureux.



A conseiller à tous les amoureux des chats.



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La Ballade du feu

Après avoir lu et apprécié « le dit du Mistral » et plus récemment « le temps des grêlons », je n'ai pu résister à la tentation de découvrir le tout dernier roman d'Olivier Mak-Bouchard.

C'est un livre qui se prête aux lectures d'été car ce nouveau roman au charme provençal est à l'image de sa magnifique couverture : chaleureux, coloré, lumineux. C'est avec le sourire aux lèvres que j'ai ouvert ce roman, c'est le sourire aux lèvres que, quelques heures plus tard, je l'ai refermé.



Pour mon plus grand plaisir, l'auteur a renouvelé sa confiance en l'illustratrice Phileas Dog qui a su capter l'esprit des romans de l'auteur. Avec un choix restreint de couleurs chaudes, l'artiste peint les montagnes du Lubéron et les forêts de cèdres chères à l'auteur. Elle s'inspire également d'un thème récurrent dans les récits d'Olivier Mak-Bouchard : l'environnement, la nature, la faune et la flore sauvages. Un chat noir refait son apparition, ce n'est pas le Hussard de son premier roman, mais il est tout aussi malicieux et craquant !

Et puis bien alignés, quelques objets insolites et discrets, mais qui ont leur importance !



*

Le narrateur rêve depuis tout petit d'être potier, mais les caprices de la vie feront qu'il deviendra vendeur dans un magasin de bricolage. C'est un métier insipide et ennuyeux, mais le jeune homme s'en contente, frustré, résigné.

Jusqu'au jour où il perd son emploi et trouve en rentrant chez lui, un chat famélique devant la porte de sa maison.



« On aurait dit un clochard qui avait dégoté un costume trois-pièces à l'Armée du salut et qui faisait la manche à la sortie de l'opéra. Il m'a regardé droit dans les yeux et a miaulé. C'était sans équivoque : « Une petite pièce pour manger s'il vous plaît. »»



Cette journée pourrait être la pire de sa vie, mais elle va au contraire être l'occasion d'une remise en question et d'un nouveau départ.



Ainsi, l'histoire nous parle d'accidents de parcours, des hasards de la vie et des caprices du destin, de rêves et de revers, de volonté et de persévérance, de coïncidence ou de chance, de rencontres et d'espoirs.



« … j'aimerais juste avoir une machine à remonter le temps et interrompre ces adultes qui savent tout, me pencher vers cet ado pour lui dire que non, ce n'est pas parce que tout s'est pété la gueule qu'il ne faut pas croire en soi. S'asseoir sur ses rêves. »



Entre fable sociale, roman de terroir et conte initiatique, ce récit aux odeurs de Provence et saupoudré d'une pointe de réalisme magique, questionne une nouvelle fois les maux de notre époque : l'environnement, le réchauffement climatique, les déserts médicaux, le chômage.



*

J'aime beaucoup les romans d'Olivier Mak-Bouchard. Porté par une écriture fluide et sensible, l'auteur parvient à un juste équilibre entre fantaisie et réalité. On ressent immédiatement l'authenticité et la générosité dans l'écriture, l'attachement à ses personnages, l'humour léger et agréable, l'originalité du récit dans lequel il y a toujours une part d'imprévu, de mystère et de magie.



La construction du récit est originale. Structuré en trois parties, chacune laissant un narrateur différent s'exprimer, elle forme un tout dans les toutes dernières pages. Encore une fois, il faut absolument lire jusqu'à la toute fin pour se rendre compte que tout est lié, emboîté et réfléchi depuis le début.



*

Olivier Mak-Bouchard a un véritable talent de conteur : il sait installer un décor, une ambiance qui glisse tout doucement vers l'étrange, l'onirisme et le surnaturel, créer des personnages vrais et attachants que l'on a envie de suivre.



Il faut dire que l'un des points forts de l'auteur est sa capacité à raconter, avec humanité, tendresse et humour, la vie simple de gens ordinaires : un jeune homme timide, perdu, qui se mésestime et cherche sa voie ; une vétérinaire engagée ; un frère protecteur, postier syndiqué ; un passeur de feu qui n'y voit que du feu. L'espace d'un clin d'oeil, l'auteur s'amuse même à évoquer les deux personnages de « le dit du Mistral ».

On rencontre également un chat facétieux et bavard, des santons qui prennent vie, un aigle qui se prend pour un pigeon voyageur.



*

Olivier Mak-Bouchard parle avec émotions et poésie du Lubéron, terre de traditions, d'Histoire et de légendes.

L'auteur exalte la beauté de ce petit coin de terre pittoresque et sauvage, niché au coeur de la Provence. En ouvrant ses romans, c'est la région montagneuse du Luberon qui émerge et nos sens sont tout de suite mis en éveil. Sous un soleil du midi, les paysages déroulent leurs camaïeux d'ocres, de verts, de jaunes et de bleus. Entre les champs et les forêts de cèdres, notre odorat s'éveille aux parfums de tournesols, de romarin, de lavande et de résine. Et puis, notre ouïe ne peut rester insensible au bruit de la nature, qui, insensiblement, enveloppe le paysage sonore d'une douce musique. On s'évade alors dans cette histoire rocambolesque et cocasse.



Le Lubéron se fait aussi mystique sous la jolie plume de l'auteur. Au coeur de la Provence, se cachent des mythes et des légendes venus d'ici et d'ailleurs.



*

Au final, « La ballade du feu » est une lecture singulière, dépaysante, touchante. Ancrée dans les terres provençales, elle est une petite parenthèse pleine de douceur et de réconfort qui donne à réfléchir sur la vie et donne des envies de voyage et de liberté.

En un mot : solaire !



Olivier Mak-Bouchard est un écrivain que j'aurai plaisir à retrouver.
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La Ballade du feu

Quand j’ai vu le Kangoo roux débouler au fond du jardin de la maison de vacances d’Apt, j’étais ravie, une éternité que je n’avais pas revu mon vieux pote Olivier !

Quelques secondes plus tard, Olivier m’a claqué 3 bises (bah oui, c’est le Sud) et m’a annoncé tout sourire, bon on prend l’apéro et après on part en rando dans le Colorado.

Je vous vois venir avec votre petit air goguenard, hinhin bin oui le Colorado en Provence, elle a abusé du pastis la bichette ! Mais naaan, je ne vous parle pas d’une virée en Amérique, je vous parle du Colorado provençal, près de Rustrel dans le Roussillon, incroyable paysage dont on extrayait l’ocre !

Un vrai petit bonheur de retrouver Olivier en grande forme, et son ton tout simple et plein d’humour qui m’avait tant séduite dans Le dit du mistral.

Même s’il n’y a plus eu le charme de l’effet de surprise, Olivier reprenant sa vieille recette du dit du mistral, j’ai eu beaucoup de mal à lâcher ce livre. J’ai dévoré avec appétit l’histoire du narrateur trentenaire looser qui galère à retrouver un nouvel emploi après s’être fait virer de son précédent job pourri chez M. Bricolage (il faudra que je pense à dire à Manu qu’apparemment ça ne marche pas pour tout le monde de traverser la rue). Finalement, et si cette perte de boulot n’était qu’une opportunité en or de prendre un nouveau tournant dans sa vie en revenant à sa passion d’enfance ? (ça ça plairait déjà plus à Manu).

Olivier nous conte avec ferveur sa région, ses croyances, ses traditions, ses paysages aux cheminées de fée, sa biodiversité, mais aussi ses difficultés, les emplois impossibles à trouver, les périodes de vaches maigres pour les commerçants lorsque les touristes sont partis…

J’ai ronronné à la lecture du clin d’œil au dit du Mistral. « Tu pourrais faire des taraïettes... Plus personne n'en fait aujourd'hui dans la région. Je lis un bouquin là-dessus en ce moment, c'est complètement barré. Deux gars qui en déterrent dans un champ, mais en fait ce sont des vestiges de trompettes que les Gaulois utilisaient pour calmer le mistral. Des toutouros, ils appelaient ça », a dit Marjan. (p.107)

Voilà la lecture idéale pour entendre le chant des cigales où que vous soyez cet été, pour se détendre, faire une pause qui fait du bien, fait sourire, avec une petite touche fantastique très légère (plus que dans ses romans précédents) pour faire rêver. Un chat bavard en smoking rebaptisé Tartempion, un frère facteur, une vétérinaire qui s’appelle Marjan, un aigle de Bonelli, un coupeur de feu… Tous les ingrédients sont réunis pour le cocktail parfait, il ne vous reste plus qu’à savourer…

Vous avez regardé votre montre ? Je crois bien que c’est l’heure de l’apéro.

PS : À nouveau, je suis sous le charme de la magnifique couverture de Philéas Dog, qui ne fait qu’ajouter au plaisir de poser ce livre sur sa table de chevet ou de l’extirper de son sac dans les transports ! (et si j’arrachais la couverture pour l’encadrer ?)

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Le dit du mistral

Je sais qu'une couverture ne fait pas tout, mais c'est elle qui accroche notre regard, et va nous inciter à nous rapprocher d'un livre, plutôt que d'un autre. Cette couverture aux magnifiques aplats de couleurs a capté mon attention, me rappelant le fauvisme, Henri Matisse.

Puis le beau billet de Bichonbichette m'a donné envie d'aller plus loin.

Enfin, je dois ajouter que je n'ai jamais été déçue par les éditions le Tripode qui proposent ici un très beau travail éditorial.

C'est donc en toute confiance que j'ai commencé cette lecture.



*

Olivier Mak-Bouchard nous emmène avec lui dans le sud de la France pour une balade hors du temps, une petite parenthèse apaisante, pleine d'humour et de tendresse.

Le cadre est idyllique, les montagnes du Lubéron magnifiées par le chant des cigales, les champs de lavande caressés par le soleil, la présence du vent qui modèle les paysages.

Et l'on sent bien qu'en nous offrant cette merveilleuse palette de couleurs, de senteurs, d'émotions, et de souvenirs, Olivier Mak-Bouchard nous fait partager son amour pour cette magnifique région.



*

Lors d'une nuit d'orage, le mur mitoyen qui sépare deux propriétés s'effondre.

Le lendemain matin, les deux voisins découvrent dans les éboulis des fragments de poterie. Ils décident de mener illégalement des fouilles et de creuser pour savoir ce qui se cache derrière ce mur en pierre sèche.



*

Etonnant ce petit roman au réalisme magique qui nous emporte comme le souffle du vent.

Le récit se fait voyage, mystère au coeur de la Provence, mais il revêt également une portée universelle par les thèmes abordés : l'amour, l'amitié, le partage, la transmission, la mémoire.

L'écriture de l'auteur, poétique, simple et chaleureuse, offre de belles images, participant à créer diverses ambiances tout au long du récit.



« La nuit étincelait : des serpents d'étoiles ondulaient dans le noir de l'océan, leurs écailles ricochaient en constellations ésotériques. »

*

Des citations de grands auteurs classiques ouvrent chaque chapitre, une belle façon de leur rendre hommage.



"Le soleil fait chanter les cigales, mais, avant de mourir, elles chantent une dernière fois au clair de lune, parce que la lune c'est le soleil des morts."

Paul Arène



Si la première partie du roman m'a fait tout de suite penser à l'écriture de René Frégni, plutôt descriptive, lyrique et ancrée dans la réalité, autant dans la deuxième partie du roman, j'ai senti que sensiblement, l'auteur prenait d'autres chemins, plus secrets, plus magiques.



« Vous ne voyez pas la montagne tout de suite, vos yeux ne font pas encore la différence entre le noir étoilé et le noir océan du massif. Une à une, les étoiles timides se dévoilent. La lune fait apparaître les sommets puis les crêtes, et la masse du Luberon se laisse enfin deviner. On ne le voit pas vraiment, mais on sent qu'il est tout autour, avec ses bruits qui ressemblent à des murmures, ses taillis profonds qui résistent au regard, ses bêtes que l'on devine de sortie pour profiter de la fraîcheur. C'est angoissant : l'obscurité et le silence cachent mal tout ce qui est là, qui épie, aux aguets, mais qui demeure invisible. »



Ainsi, l'auteur s'affranchit de ces auteurs pour livrer un roman atypique et personnel.



*

Le second atout est de nous faire voyager dans le temps. Présent et passé s'intercalent, s'ajustent, s'entremêlent puis se confondent.

L'intrigue mélange plusieurs histoires : les récits de vie du narrateur et de son voisin, les contes de notre enfance, les légendes du Mont Ventoux auxquelles s'invitent des personnages historiques, les coutumes locales, les fouilles archéologiques pour un récit foisonnant et émouvant.



« Il doit se rappeler que les légendes, si elles sont racontées pour faire rêver, introduire une part de mystère dans un monde terne, sont aussi racontées pour expliquer l'incompréhensible, démêler l'indémêlable. Il devra garder à l'esprit que toutes les légendes, sans exception, ont un fond de vérité. On ne sait jamais de quoi il retourne exactement. La part du vrai, la part du faux, bien malin celui qui arrive à les démêler. »



Ainsi, le roman rebondit en permanence, entraînant le lecteur dans des directions inattendues. Tel un équilibriste, l'auteur s'applique à maintenir une frontière aux contours imprécis et perméables, entre rêve et réalité, imaginaire et surnaturel.



*

Cette lecture m'a procuré beaucoup d'émotions diverses : mélancolie, tristesse, surprise, sérénité, plaisir, gaieté.

J'ai aimé cette belle relation qui se crée entre ces deux hommes très différents, et à travers leur amitié naissante, les belles valeurs qui sont sous-jacentes : générosité, bienveillance, respect, complicité, partage.

J'ai aimé creuser dans la terre, à la recherche de traces de notre passé, curieuse et même impatiente, de savoir ce qui se dérobe au regard.

J'ai aimé ces belles descriptions, ces beaux paysages, le vent qui s'impose et rend fou.

J'ai aussi aimé ce chat qui se promène de pages en pages, autre narrateur de l'histoire.



« Hussard est un gros chat tout blanc, à l'exception de ses pattes qui sont noires, des coussinets jusqu'aux genoux. C'est pourquoi nous l'avons appelé le Hussard : on aurait dit un chasseur alpin pourvu de grandes bottes de cuir noir, et longeant le mur de la Peste. Toujours est-il que, ce jour-là, de son pas cadencé et martial, le Hussard remonta notre chemin, nous doubla sans coup férir, et s'avança jusqu'à notre porte d'entrée. Il nous attendit sur le paillasson, fier de son nouveau titre qu'il nous restait à apprendre : maître des lieux. »



*

Plus qu'une histoire, « le Dit du Mistral » est un premier roman original, capricieux comme le Mistral dans lequel l'auteur livre à ses lecteurs un roman qu'il est difficile de classer, à la fois roman du terroir, conte, fable mythologique.

Un coup de coeur que je vous invite à découvrir.

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Le temps des grêlons

Clic clac, au départ, moi j’étais pas d’accord quand Gwendo m’a arraché le téléphone des mains pour faire une photo de l’Indien. En plus, la maitresse, Mme Philibert, elle nous avait prévenus, les Indiens, ils voulaient pas qu’on les prenne en photo, ils avaient peur qu’on leur vole leur âme …

En plus, Maman elle m’avait prêté son téléphone pour le jour de la sortie à OK Corral (le super parc d’attractions sur les cow boys et les Indiens) pour la prévenir en cas de problème, pas pour faire des photos et à tous les coups, j’allais me faire gronder.

Bref, l’Indien de pacotille a posé crânement sur son fidèle destrier pour Gwendo. Sauf que, de retour dans le bus, quand on a voulu regarder la photo, ben surprise, si on voyait bien le paysage et le canasson, d’Indien, point, nada, il avait été remplacé par le paysage en arrière-plan.



Ne bougez plus, le petit oiseau va sortir, clic clac, merci Kodak, c’est dans la boîte ! et pour toujours pensez-vous en appuyant sur le bouton de l’appareil photo. Enfin, ça c’est ce que vous croyez … Hé bien détrompez-vous, car à la lecture du temps des grêlons vous allez voir les choses autrement, et vous allez peut-être même hésiter dorénavant à prendre des photos (enfin moi oui, pas folle la frelonne).



Voilà plus d’un an que je trépignais en attendant le nouvel opus d’Olivier Mak-Bouchard, eh bien je n’ai pas été déçue ! OM-B m’a refait le coup du Murakami provençal et son numéro de charme comme la dernière fois, et me voilà à nouveau ensorcelée, des spirales ou des cœurs à la place des prunelles, je ne sais plus très bien.

Dans cette aventure triptyque, nous allons voir grandir notre petit narrateur, d’enfant à grand adolescent, puis enfulte, Tanguy qui a du mal à grandir, quitter sa Maman et son bol de Banania qu’il savoure tous les matins.

Le premier volet de l’histoire, les photons se concentre sur l’enfance de notre petit héros qui se garde bien de nous dévoiler son prénom, mais sans nul doute son second prénom est celui d’Olivier (l’auteur) qui revisite avec gourmandise les lieux de son enfance. Incontestablement, la partie que j’ai préférée, l’auteur fait vivre à merveille ce petit garçon avec ses blessures (son papa décédé) et ses copains ; le gros Jean-Jean qui bégaye et Gwendo l’intello (tiens un petit air d’Harry Potter dans ce trio, sauf qu’ici la chevelure rousse et les taches de rousseur sont pour la franco-britannique Gwendolyn).

Comme n’arrête pas de nous le répéter Olivier, ouvrez l’œil et le bon pendant votre lecture, car je peux à peu près vous garantir, qu’une fois la dernière page lue (mais la vraie dernière page celle après le « Achevé d’imprimer », vous aurez envie de tout relire, en vous disant que bien sûr, vous avez manqué plein de choses. Bon enfin, ça c’est pour les cancres comme moi, Olivier est sympa, il nous offre une petite séance de rattrapage, les premiers de la classe, ils auront compris depuis longtemps et ceux qui sont dans la moyenne, ils auront capté à la dernière page numérotée, (bah oui quand même pas si facile que ça), même si forcément l’idée vous a au moins effleuré à un moment donné. Et, là, bim, promis, vous aurez à votre tour votre illumination ! C’est pas très clair mon histoire, mais hors de question de trop vous en dire !

Plein d’allusions, d’illusions, de doubles lectures, un peu comme un dessin animé Disney, un premier niveau pour les enfants, et puis un second pour les adultes avec plein de clins d’œil par ci ou là … et même que des fois, il y a beaucoup plus de degrés que ça !

Les références fusent, un vrai feu d’artifice, de Rimbaud à Walt Disney, en passant par Alice au Pays de merveilles. D’ailleurs, Olivier Mak-Bouchard se paye même le luxe de petits messages à ses lecteurs du Dit du Mistral (son précédent ouvrage), en autorisant au Hussard un petit coucou, ainsi qu’à M. Sécaillat … du grand art, je vous dis …

Bref, je me suis fait mener par le bout du nez, et j’en redemande. Allez, en route, les amis pour le pays d’Olivier Mak-Bouchard … et n’oubliez pas de réviser vos classiques (interro surprise à la fin du billet).

Bon ben, Olivier, j’attends donc déjà ton troisième opus (je recommence déjà à trépigner, une vraie danse de Saint-Guy, j’espère juste que ça n’est pas prévu le 31 septembre 2022), inutile de te dire que tu as placé toi-même la barre haut, très haut …

Clic-clac, merci pour la photo, vous pouvez enlever les Ray-Ban (M.I.B ça vous dit quelque chose ?) et reprendre une activité normale…

PS : toujours aussi fan de Phileas Dog et de cette (à nouveau) superbe couverture !

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Le temps des grêlons

Vous connaissez surement ce sentiment d’inquiétude qui vous serre un peu le cœur au moment d’ouvrir le second livre d’un auteur, dont le premier vous avait enchantée. J’ai été très vite rassurée à ma lecture de ce deuxième livre d’Olivier Mak-Bouchard. Dans un thème très différent, j’ai retrouvé la patte de l’auteur, cette écriture poétique, cette touche de fantastique mêlée à un profond amour pour cette terre du midi, ces personnages un peu lunaires…



Un jour, le nuage se rebelle : pas les nuages qui viennent parfois perturber le ciel de cet été caniculaire (comme aujourd’hui pour moi), mais celui où sont stockés toutes les informations que nous générons et dont la masse augmente exponentiellement. Ce nuage refuse d’abord les représentations des humains, ce sont d’abord les photos, puis les images filmées, la télévision qui ne montre plus les personnes. Et puis un jour, à la gare de la Ciotat, un groupe de personnes apparaissent, costumés comme dans ce documentaire de Louis Lumière. On croit à des acteurs, ce sont en fait les interprètes de l’époque. Le phénomène ne reste pas isolé, et peu à peu, ce sont toutes les personnes photographiées au cours du temps qui retombent sur terre. On les appelle les grêlons



L’auteur nous raconte cette histoire par la bouche d’un jeune garçon, devenant un homme dans cette époque troublée. Deux autres enfants font partie de son univers, dont les chemins divergeront à l’âge adulte pour le meilleur et pour le pire. Cet enfant qui gardera son cœur et son esprit d’enfant même à l’âge adulte, nous ne saurons qu’à la toute fin comment il s’appelle, et c’est un magnifique clin d’œil de l’auteur. Il est touchant et ô combien attachant dans sa vision de ce monde détraqué, vision pleine de candeur, d’un monde qui devient de plus en plus inquiétant.



Je me suis demandée jusqu’où l’auteur allait nous emmener, comment il pourrait finir ce livre. Je n’ai jamais été déçue, je ne vous en dirai pas plus. Les évènements s’enchainent, c’est à la fois inquiétant mais aussi plein d’humour et de poésie. L’auteur réussit à nous enchanter malgré ce monde qui se dérègle, c’est toute la force de son écriture et de son personnage central.

Et surtout, lisez le livre jusqu’à la toute fin….

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Le temps des grêlons

C'est une fois de plus sur ses terres de Provence, après son premier roman "Le dit du Mistral", qu'Olivier Mak-Bouchard ancre les évènements du "Temps des grêlons". Pas un traité météorologique, bien que des orages surviennent, mais un roman tout à fait atypique, mélange surprenant des genres, osant un ton original.



C'est à hauteur d'enfant, grâce à un jeune narrateur (dont le prénom n'est dévoilé qu'en fin de récit), que nous pénétrons dans cette histoire où tout débute par un étrange événement : les appareils photo ne représentent plus les êtres humains! Les paysages, oui, mais finis les selfies, le cinéma, la télé, le JT...

Saturé par notre omniprésence via nos clichés, dont le nombre ne cesse d'augmenter, le cloud s'est rebellé. Mais il ne se contente pas simplement de ne plus figer nos visages sur nos écrans numériques ou sur papier glacé ! Voilà que le cloud se met aussi à "recracher" nos avatars, larguant comme des grêlons les malheureux qui se sont fait "tirer le portrait" depuis le 19ème siècle...

Très discipliné, il respecte un ordre chronologique et renvoie d'abord les 1ers "cobayes" pris en photo par l'inventeur de l'appareil photo, M. Daguerre, dès 1837. Les personnages ainsi "recrachés" par le nuage "cloud", surnommés donc "les Grêlons", ne sont que le reflet des personnes disparues depuis bien longtemps. Pourtant ils se meuvent, respirent, mangent, comme de véritables personnes. Mais ils restent apathiques, simples avatars de ceux qu'ils représentaient. Pas tout à fait humains, pas non-humains non plus.

Dès lors, que faire d'eux ? Certains, à force d'efforts, finiront par être "illuminés", gagnant en conscience et en personnalité, les autres végétant dans un état fantomatique.

Au vu des progrès en matière de photographie sur ces deux derniers siècles, il devient évident que des arrivées massives de "grêlons" se profilent et que la situation va empirer.



De cette situation burlesque mais dramatique, l'auteur aurait pu tirer un roman s'inscrivant uniquement dans le registre de la science-fiction. Or, Olivier Mak-Bouchard, s'il introduit un élément imaginaire et peu probable (quoique ?!), s'ingénie ensuite à dresser l'état "des lieux et des âmes" d'une société qui ne sait que faire d'individus, au mieux problématiques, au pire indésirables. D'aucun pourrait s'aventurer à établir un parallèle avec les réfugiés, migrants climatiques, politiques ou économiques ; mais aussi de façon plus osée avec les personnes âgées, déjà considérées aujourd'hui dans certains pays comme inutiles économiquement, donc à charge...



Pour aborder ce thème grave, l'auteur fait le choix de s'attacher aux trajectoires de trois enfants, copains d'école, qui grandissent au cours du récit et feront des choix différents. Le narrateur, éternel enfant durant tout le roman, Jean-Jean le meilleur ami bègue et la copine anglaise Gwendoline.

Olivier Mak-Bouchard livre un roman incroyablement "calibré", équilibré, parfaitement "dosé" puisqu'il parvient à faire cohabiter la douceur, ce côté enfantin de la narration, avec un contexte qui s'assombrit progressivement. Mais il sait aussi entrelacer imaginaire et réalisme : partant d'un postulat digne de science-fiction (le cloud recrachant les sujets photographiés), il tisse un récit où l'on retrouve des problématiques de notre Histoire, des comportements qui ne nous sont pas inconnus et des questionnements sur ce qu'il pourrait advenir de nos sociétés.



Je suis très admirative de la plume de l'auteur, et de la pertinence de son choix de registre littéraire: il louvoie sans jamais perdre ou lasser le lecteur entre le conte initiatique (le "Candide" de Voltaire), cette narration naïve et enfantine autour d'une thématique sérieuse, et la science-fiction (à la façon d'un Orwell ou Aldous Huxley)



Les remarques à hauteur d'enfants sont pleines de fraîcheur, d'une simplicité qui porte à sourire, d'une délicieuse (bien qu'involontaire puisqu'émise par un enfant) irrévérence:

"Gwendo, elle a pas la même religion que nous, elle a la religion de son pays, ceux qui protestent . C'est un peu pareil que nous mais pas tout à fait : ils veulent bien croire en Dieu, en Jésus , mais à la Vierge Marie, non là ils veulent pas y croire, c'est vraiment trop gros, ils ont protesté,".(P.45)



J'ai beaucoup souri et souvent ri des réparties de ces trois jeunes amis, des réflexions du jeune narrateur, si ingénu, sur les comportements des adultes, sur notre société, nos hypocrisies et nos petits travers. Olivier Mak-Bouchard croque la situation avec le sens du burlesque et déroule totalement ces événements insensés. Je me suis régalée des réactions des professeurs de lettres, s'apercevant que le Grêlon d'Arthur Rimbaud n'offrirait pas d'oeuvre supplémentaire à l'humanité ! C'est d'un délicieux cynisme:

"Les semaines passaient et les Grêlons, ceux d'Arthur Rimbaud comme les autres, non seulement ne faisaient toujours pas de vers, n'ajoutaient aucune rime à leur œuvre, mais restaient farouchement hébétés, ne disaient rien, ne savaient rien. Les yeux ailleurs ils étaient là sans être là. Ils ne faisaient que nous regarder, fixement.

La déception a été grande, la moitié des profs de lettres et d'histoire se sont mis en dépression jusqu'à la fin de l'année."(P.120)



Malgré le contexte préoccupant, le récit gagne en cocasse et maintient ce ton frais grâce à la narration ingénue de son jeune protagoniste, qui assiste à cette "débandade" historique !



Mais malgré ce ton naïf et enfantin du début, imperceptiblement le récit bascule vers un réalisme empreint de menaces : d'une situation improbable qui apparaît au tout début comme étonnante, parfois amusante, l'auteur fait chanceler son roman dans un monde inquiétant qui n'est pas sans rappeler de sombres périodes historiques.

Quand la recrudescence des cas de Grêlons commence à peser sur la société, que des voix discordantes se font entendre, ce ne sont plus juste diverses opinions qui s'expriment mais des visions radicalement opposées qui émergent. Le glissement qu'opère Olivier Mak-Bouchard est finement amené, mais toujours avec le regard indolent mais très doux du protagoniste.

Et je suis totalement conquise par la construction de son roman, d'autant plus quand je relis la note de l'éditeur en début d'ouvrage et "l'achevé d'imprimer" dans les dernières pages, qui se répondent parfaitement et achèvent une boucle parfaite.
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La Ballade du feu

S'il a toujours aimé la terre, l'argile, la glaise, il n'a pourtant jamais été potier. La faute à tous ceux qui lui disaient qu'il pouvait faire mieux, qu'il méritait une meilleure situation. Au final, il s'est retrouvé avec un bac + 2, sans diplôme notable et qu'il a a atterri chez Monsieur Bricolage, au rayon « Aménagements extérieurs ». Mais, aujourd'hui, en raison de la crise, son CDD n'est pas renouvelé et le voilà sans boulot. C'est un brin dépité, déçu, presque dégoûté qu'il quitte le parking de Monsieur Bricolage. Un petit détour au supermarché à côté, où il tombe par hasard sur une ancienne connaissance du collège, une certaine Marianne, avant de rentrer chez lui. Là, juste devant la maison où il vit avec son grand frère, Doumé, postier altermondialiste CGTiste, se tient un chat blanc et noir, rachitique. Un chat que Doumé ne tient pas du tout à laisser entrer, encore moins le nourrir. Chose qu'il fera pourtant, une fois son frère couché. Ce soir-là, il décide qu'il est temps pour lui de se bouger et de voler de ses propres ailes. S'il sait que ce ne sera pas facile, il est loin de se douter que ce chat, que son frère et que cette Marianne rencontrée au supermarché l'aideront à réaliser son rêve...



Au gré de circonstances inattendues, d'événements hasardeux, de coups de chance parfois, de rencontres bienveillantes et d'un brin de magie, notre narrateur, dont on ignore le prénom, va voir sa vie basculer du tout au tout. De routinière, fade et ennuyeuse, quoique confortable, elle va devenir exaltante, inattendue et enrichissante. Notamment grâce à Doumé, le chat Tartempion, Marianne et un aigle de Bonelli ! Lui, le jeune homme timide, réservé, qui s'est laissé bercer par la vie et n'a jamais écouté son cœur, va, suite à son renvoi, peu à peu prendre la vie à bras le corps, à coups de clins d'œil du destin. Avec une profonde tendresse et humanité, Olivier Mak-Bouchard nous livre un roman malicieux et habilement construit, au cœur du Lubéron. Il nous plonge dans une ambiance chaleureuse, saupoudrée de magie et de croyance. Il transcende, avec simplicité et humour, la vie de ses personnages particulièrement touchants.

Un roman attendrissant et solaire, porté par une plume à la fois sensible et drôle...
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Le dit du mistral

Que voilà un premier roman réjouissant, qui mêle avec drôlerie et subtilité le conte et le réel. Rajoutez à cela un vent têtu et brutal, Le Mistral, qui « dure trois, six ou neuf jours », et vous comprendrez qu’on ne peut sortir qu’ébouriffé et un peu sonné de cette lecture.



Le point de départ est un incident banal : un violent orage a emporté un muret dans un verger de cerisiers et voilà que son propriétaire et le narrateur son voisin vont creuser et mettre à jour des vestiges archéologiques. Peu enclin à voir des archéologues débouler sur son terrain, le vieux paysan accepte tout de même de poursuivre les fouilles clandestines. Ce qu’ils vont découvrir va les mener bien loin jusqu’aux origines de la région, ce Lubéron pétri d’histoire et de légendes. La source que les deux voisins découvrent, semble avoir des vertus miraculeuses, un peu fontaine de jouvence, un peu hallucinogène, à moins que ce ne soit le soleil qui, en tapant sur le ciboulot de nos deux découvreurs, ne leur fasse prendre des vessies pour des lanternes et des pierres pour une déesse païenne.

Ces découvertes sont prétexte à des recherches historiques, et c’est là que se dévoile le talent du romancier qui devient conteur ou historien pour les besoins de l’histoire.

Olivier Mak-Bouchard connait bien sa Provence et le Lubéron, il nous ouvre les portes d’un pays façonné par l’histoire des peuples qui l’ont habité. C’est aussi le « gipoutoun », ce pays fantastique tissé de légendes. On apprend à connaitre le Ventoux, ce géant de calcaire qui règne sur la région, on croise aussi Hannibal qui, avec son armée et ses éléphants, a traversé le pays.

Au fil des pages s’invite le Hussard, ce chat silencieux, un peu « Arlésienne » et qui apparait selon son bon vouloir. N’oublions pas la faune qui peuple les collines et les falaises, comme le circaète Jean-Le-Blanc ou le loup. Leur histoire s’entremêle avec celle des bêtes des contes comme la chèvre de Seguin ou encore la » cabro d’or » gardienne du trésor d’Abderrahmane.



« Le dit du Mistral » nous ramène aux contes de notre enfance, il est aussi imprégné des odeurs de la Provence et balayé de Mistral. Un roman de grand vent pour les amoureux des légendes, ceux qui n’ont pas peur de suivre des sentiers mystérieux.

Et puis on ne peut évoquer ce roman sans parler de la langue. Chaque chapitre s’ouvre sur une citation d’un natif comme Giono ou Mistral ou bien d’un visiteur tombé en amour comme Pétrarque. Il y a aussi tous ces proverbes et ces mots en provençal semés dans le texte et qui lui donnent l’accent et cette saveur inimitable. Les découvrir, les faire rouler sur la langue, c’est comme déguster les treize desserts du réveillon du Noël provençal.

Pour parachever ce voyage, on retrouve, sous les rabats de la couverture, une carte de l’auteur, et le croquis de ces lieux chargés d’histoire et de mystère.



Alors, même si ce roman n’a pas les vertus d’une fontaine de jouvence, il a le pouvoir de nous replonger dans les histoires et les contes de l’enfance.

J’ai vraiment aimé la verve de l’écriture et ce mélange subtil des genres. Un roman aussi inventif et plaisant, ça fait du bien !



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Le dit du mistral

Le mistral gagnant



Olivier Mak-Bouchard a réussi un formidable premier roman qui met le Lubéron en vedette, mêle des fouilles archéologiques aux mythes qui ont façonné cette terre et débouche sur une amitié forte. Bonheur de lecture garanti!



Paraphrasant Georges Brassens, on peut écrire que la plus belle découverte que le narrateur de ce somptueux roman a pu faire, il la doit au mauvais temps, à Jupiter. Elle lui tomba d'un ciel d'orage.

Car c’est à la suite d’une pluie violente que le mur de pierres sèches, entre sa propriété et celle de son voisin, a été emporté, mettant à jour de curieux tessons de poteries. Ne doutant pas qu’il s’agit de vestiges archéologiques, Monsieur Sécaillat – en vieux sage – propose de reconstruire le mur et d’oublier leur découverte, de peur de voir sa tranquillité perturbée par l’arrivée de hordes d’archéologues. Son voisin, fonctionnaire dans un lycée de L'Isle-sur-la-Sorgue, arrive toutefois à le persuader de poursuivre les fouilles de façon clandestine. La curiosité étant la plus forte, les archéologues amateurs se mettent au travail et finissent par déterrer des trompettes en terre cuite.

Creuser la terre et trier les tessons a aussi la vertu de rapprocher les deux voisins qui jusque-là s’étaient plutôt évités. Car ils vont tenter d’en savoir davantage sur leurs découvertes, essayer de dater précisément les objets, comprendre à quoi peuvent bien servir ces trompettes. Des recherches sur internet, une visite au musée et déjà les hypothèses, qu’ils discutent autour d’un verre ou d’un repas, vont les exciter. Et quand soudain ils voient apparaître le visage d’une femme sculptée dans une large plaque de calcaire, ils ont l’impression d’avoir une nouvelle amie dans leur vie. Qu’il leur faudra bien partager avec leurs épouses. Si Madame Sécaillat, atteinte de la maladie d’Alzheimer, ne saisit pas forcément l’importance de cette découverte, l’épouse du narrateur – de retour d’un voyage au Japon – va juger leur comportement irresponsable. Sans pour autant trouver comment régler la question. D’autant qu’une source a jailli et que son eau semble avoir des effets très bénéfiques…

Olivier Mak-Bouchard, en mêlant habilement l’Histoire et les légendes, en ajoutant quelques touches de fantastique à son récit, réussit un livre captivant qui chante ce pays comme les grands auteurs de la région dont il s’est nourri: Alphonse Daudet, Jean Giono, Frédéric Mistral, Henri Bosco ou Marcel Pagnol. Ce faisant, il nous fait partager son amour immodéré pour cette terre si riche en mythes et légendes, mais aussi forte d’un passé dont on devient le témoin privilégié. Un peu comme Le Hussard, un chat qui est l’observateur privilégié de la relation privilégiée qui se noue ici.

Des quatre éléments qui ont façonné la géographie du Lubéron aux éléphants d’Hannibal qui l’ont traversée, de la chèvre d’or qui s’est battue vaillamment jusqu’à ce mistral qui dure trois, six ou neuf jours et peut rendre fou, on se laisse porter avec bonheur par les parfums et les couleurs, la poésie du lieu et l’enthousiasme d’un auteur qui, comme sa femme-calcaire, est doté de pouvoirs magiques!




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Le temps des grêlons

C'est tout d'abord la jolie couverture de ce roman qui a attiré mon regard : j'ai tout de suite reconnu l'empreinte de l'illustratrice Phileas Dog du très beau premier roman de l'auteur Olivier Mak-Bouchard, « le dit du Mistral ».

On retrouve dans cette illustration une même continuité dans le choix des couleurs, des formes douces et arrondies. J'ai trouvé que ce beau décor de pinèdes aux couleurs ensoleillées dégageait un charme très provençal, des senteurs résineuses et boisées. Et en même temps, la présence d'une multitude de frelons proches de leur nid amène une notion de menace, d'incertitude.

Le titre aussi évoquait pour moi des notes douces-amères, la beauté de la nature et le temps orageux qui s'annonce.



Je ne pouvais pas passer à côté de ce roman apprécié par plusieurs Babel-ami.es.



*

Je n'ai pas été étonnée que l'intrigue se déroule dans le sud de la France, dans le Lubéron, terre du premier roman d'Olivier Mak-Bouchard.

Trois enfants voient leur monde bouleversé par des évènements étranges et inexplicables : du jour au lendemain, les appareils photographiques cessent de fonctionner correctement. Les photos sont vides de toute présence humaine.

C'est à travers le regard d'un des enfants que le lecteur assiste à ce phénomène insolite qui fait beaucoup parler.



« Mme Philibert (la maîtresse) nous avait expliqué que les hommes vivaient maintenant trop vite, qu'ils allaient plus vite que la lumière, et que du coup les appareils photo n'arrivaient plus à suivre, qu'ils étaient perdus les pauvres, qu'ils n'avaient plus envie de nous tirer le portrait. »



Mais ce phénomène extraordinaire ne va pas s'arrêter là : un beau jour, le nuage contenant la mémoire de nos ordinateurs et de nos serveurs, saturé par trop de datas, laisse pleuvoir les premières personnes photographiées.



« … ces gens … sont quelque chose d'autre, de nouveau, qu'on n'a jamais vu. Quelque chose qui est né au moment de leur prise de vue, et qui revient aujourd'hui. »



Surnommées "les Grêlons", ces personnes venues du passé enthousiasment et passionnent la population, surtout lorsque des célébrités et de grands hommes sont renvoyés du nuage.



« Je suis sûre que nous allons communiquer avec eux, ils ont tant de choses à nous apprendre, en histoire, en sociologie, en ethnographie. Vous vous rendez compte, tous les … Amérindiens qui ont disparu aujourd'hui et dont nous ne savons presque rien, leurs grêlons vont pouvoir nous donner des témoignages uniques. »



Mais très vite, avec l'invention du daguerréotype, des premiers studios de photographie, puis la démocratisation des appareils photos au milieu du XXème siècle, les retombées de "grêlons" se multiplient et leur nombre devient préoccupant.



Que faire de tous ces grêlons qui atterrissent, le regard hébété, perdu, vide ?



*

Le talent d'Olivier Mak-Bouchard est de nous emporter dans un monde réaliste et crédible, tout en mâtinant son récit d'une pointe de réalisme magique.

Enfants au moment des faits, on voit les trois personnages principaux de l'histoire grandir et devenir de jeunes adultes. On voit leur amitié évoluer. Dans ce contexte incertain, ces incidents ont bien sûr un impact sur leur vie.



L'un des points forts du roman est la capacité de l'auteur à conter l'histoire simple de gens ordinaires dans un monde qui se révolte.

L'auteur a su rendre le jeune narrateur, dont le prénom n'est connu que dans les toutes dernières pages du roman, particulièrement attachant. On entre dans l'esprit d'un enfant rêveur et introverti qui a des soucis scolaires importants.

Ses deux amis sont très différents, permettant d'autres regards sur les évènements.



*

La construction du scénario est très originale par des ruptures dans la trame du récit : l'auteur intercale des courriers administratifs qui apportent une dimension encore plus réaliste, concrète. Je me suis demandée à quoi servaient ces échanges de mails, mais on le comprend à la toute fin.



A cela s'ajoute une belle surprise dans la toute dernière page du livre, le récit du narrateur étant enchâssé dans celui d'un autre. Pour s'en rendre compte, il faut absolument lire jusqu'à la toute dernière page intitulée « Achevé d'imprimer ».



*

L'écriture d'Olivier Mak-Bouchard est très plaisante : sa prose est simple, fluide, et crée une ambiance immersive et plausible.

C'est tout d'abord des sensations de fraîcheur et d'humour qui m'ont fait apprécier ce roman. Mais il se dégage aussi des saveurs que j'apprécie beaucoup dans mes lectures, une écriture poétique et introspective.

L'auteur aime pailleter son récit de références à des auteurs. Ainsi, dans "Le temps des grêlons", la poésie d'Arthur Rimbaud se mêle au scénario.



« Si les temps revenaient, les temps qui sont venus !

- Car l'Homme a fini ! l'Homme a joué tous les rôles !

Au grand jour, fatigué de briser des idoles

Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,

Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux ! »

Extrait de Soleil et Chair, Arthur Rimbaud, 24 mai 1870



Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce récit, c'est que le style est en totale adéquation avec l'âge du narrateur : le ton est donc enfantin, parfois naïf, sans être niais pour autant. On ne peut que sourire à certaines de ses pensées.



*

Entre le conte initiatique et fable humaniste et politique, l'auteur se livre à une réflexion subtile sur les thèmes autour de l'amitié, de la famille, et du difficile passage à l'âge adulte en ces temps incertains.

Mais l'auteur va plus loin, en abordant des sujets plus graves, sans pour autant être donneur de leçon : ils tournent autour de notre société et de notre mode de vie, de notre humanité et de ce qui nous définit comme des individus, de la haine et de l'individualisme, des libertés et de la montée des extrémismes.



Il m'a rappelé en cela « Zombies » et « Calamity Zombie » de Bouffanges, les deux auteurs abordant les questions relatives à l'autre, à l'acceptation de la différence, à leur intégration ou leur assimilation dans la société. Ils nous interrogent par là même sur les notions de responsabilités individuelles et collectives, de même que leurs implications morales.



« … ça devient vraiment n'importe quoi. C'est tous les jours des problèmes avec les Grêlons, tous les jours, on n'est jamais tranquilles. Un jour, c'est un atterrissage du Nuage sur les voies du métro, le lendemain, ce sont des Grêlons coincés dans les escalators. C'est bien simple, ça n'arrête jamais. »



*

Pour conclure, "Le temps des grêlons" est un récit original teinté de réalisme magique qui nous emporte dans une histoire d'amitiés touchante, tout en faisant passer des messages forts. En effet, c'est une jolie métaphore sur les dérives de nos sociétés, sur l'intolérance et la haine de l'autre, celui qui est différent, plus faible.



Un beau second roman à découvrir.
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Le temps des grêlons

Je suis allé vers le temps des grêlons, roman d'Olivier Mak-Bouchard, avec jubilation d'autant plus qu'il s'agit d'un cadeau de Noël de ma fille, oui il est temps de le lire me direz-vous, mais il ne vous aura pas échappé que mon actualité littéraire a été quelque peu envahissante durant ces derniers mois. Voici donc le temps des vacances et celui de rattraper quelques retards dans mon programme de lectures, à la faveur d'une météo qui invitait comme un signe prémonitoire à vider les nuages de tout ce qu'ils recelaient.

L'histoire démarre assez simplement. Nous sommes dans le Lubéron (j'en profite pour saluer vivement une fidèle amie de cette belle région, elle se reconnaîtra) et nous faisons la connaissance de trois collégiens, Gwendoline, Jean-Jean et le narrateur qui nous convient à un tendre récit d'amitié. Cela dit, le roman pourrait se passer en Finistère, en Patagonie ou même, allez soyons fous, en Picardie, cela ne changerait rien au propos... Mais très vite l'étrangeté racontée sur un ton innocent et déluré va s'inviter à l'occasion d'une sortie de classe : les appareils photographiques ont cessé de fonctionner, ils refusent d'enregistrer la présence des êtres humains ! Il suffit d'allumer le poste de télévision pour s'apercevoir très vite que l'événement ne se cantonne pas au simple territoire du Lubéron et de sa belle lumière, mais a fait tache d'huile sur la planète entière.

Cette cocasse anomalie va du reste s'étendre à tout ce qui touche à l'image, selfies, cinéma, reportage... Oui même les selfies, bien que les selfies au bord des falaises aient déjà jusqu'alors une malicieuse propension à faire disparaître leurs sujets, mais là c'est pour une cause qui n'a rien de surnaturelle...

Et c'est à partir de ce phénomène étrange que l'amitié des trois enfants va prendre un tournant qu'ils n'imaginaient pas...

C'est un récit raconté à hauteur d'enfants, où l'imaginaire va se déployer vers des contrées insoupçonnées.

L'intrigue se poursuit par de nouveaux événements qui semblent apporter une tentative d'éclairage, mais aussi leur lot d'énigmes.

Ainsi un jour, à la gare de la Ciotat, un groupe de personnes apparaît, comme tout droit sorti du film des frères Lumière, premier du genre...

Un policier qui n'était pas en arrêt maladie ce jour-là parvient même à retrouver l'identité de la première personne qui a posé devant Louis Daguerre en 1837, un certain Constant Huet, puisque celui-ci refait surface, tout comme les personnages du premier film du cinéma...

... Puisque tout semble remonter au saisissement de la première image gravée, pour ne pas dire immortalisée...

Des nuages vont alors déverser des cohortes de personnages dont le portrait a été gravé dans les daguerréotypes d'antan, et pourquoi pas Arthur Rimbaud tant qu'à faire puisqu'il passait par là...

Le synopsis du roman est original, inventif, qui questionne notre rapport à l'image, évitant les clichés du genre.

Le propos de départ m'a séduit comme un pas de côté allégorique sur notre société, il dit beaucoup de notre monde et de celui qui nous attend, ce temps narcissique déjà saturé d'images, mais aussi de cette société qui a peur de l'inconnu, de la différence et construit déjà sur cette peur la société totalitaire de demain.

C'est une fable dystopique qui nous happe dès les premières pages, dans laquelle une dimension politique inspirante s'invite et qui cherche à faire résonance avec nos questions sociétales d'aujourd'hui.

Roman d'anticipation ? Sans doute et il faut s'en effrayer à juste titre puisque peu à peu la société imaginée par l'auteur se transforme, se police, les extrémismes se font de plus en plus présents et finissent par organiser un nouvel ordre social si proche de celui qui pourrait nous pendre au nez d'ici quelques toutes proches années… Nous voilà prévenus ! Bon je referme la parenthèse.... Chghghghghgghg ! (bruit d'une parenthèse énorme que l'on referme...) ! Aidez-moi...

Mais voilà, une fois que le décor est planté, que le message est dit, - un message parfois au ton caricatural que l'on pourrait trouver façonné à traits mal dégrossis..., voilà j'ai trouvé que le rythme s'essoufflait dans diverses digressions dans lesquelles je me suis perdu et je me suis surpris à compter les pages qu'il me restait à lire. Ça il n'y a pas photo, c'est mauvais signe.

J'ai trouvé que le récit souffrait de quelques longueurs et j'avais très hâte de comprendre où l'auteur voulait m'emmener.

Les trois enfants ont ainsi grandi, sont devenus des adolescents puis des jeunes gens... Mais leur ton, leurs voix, leurs mots sont restés toujours ceux d'une certaine candeur figée au temps du collège, à tel point que je me suis demandé si le livre n'était pas plutôt un roman jeunesse, ce qui ne discrédite en rien l'intérêt du récit. C'était peut-être tout simplement ce que recherchait l'auteur.

Malgré les thèmes qui peuvent faire sens, je me suis demandé d'où venait mon ennui grandissant au fil des pages... Était-ce à cause de l'écriture qui finalement a fini par me lasser parce que je la trouvais peu soutenue malgré des tentatives poétiques... Ou bien était-ce l'absence d'interstices des personnages qui demeuraient muets devant mes questionnements ? Je m'attendais sans doute à une autre manière de traiter ce sujet original...

En définitive, je me suis un peu perdu dans les tentatives d'intrications quantiques d'Olivier Mak-Bouchard...

Je vous révèle mon impression du soir : les plus belles photos sont celles qu'on prend avec les yeux et aucun phénomène naturel ou fantastique n'empêchera jamais cette magie.

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Le dit du mistral

Un orage dans le Lubéron, un muret qui s'écroule, des tessons de poterie mis au jour, ainsi commence cette histoire au pays du Mistral. On est dans le Lubéron, le petit bout de paradis mis par Dieu dans ce bas monde, avec l'aide des quatre éléments, au matin du septième jour.



Et l'auteur nous entraine dans un récit qui mêle réalité et légendes, personnages vivants et dieux de l'ancien temps, tout cela dans une langue qui emprunte beaucoup de termes au parler local, sans que cela ne sonne jamais faux.



J'ai aimé suivre ces deux hommes dans leur découverte de la dame blanche, ce récit qui glisse peu à peu dans le merveilleux, sans oublier le Chat, dont la silhouette illustre cette belle couverture. Je me suis régalée à lire ces légendes, à découvrir un peu plus l'histoire de ce pays au sein de la Provence, ce pays où souffle le dieu Mistral.



Une lecture en forme de conte, qui m'a transportée ailleurs le temps de quelques heures. Dieu (mais lequel ?), que le retour sur terre me parut fade et dénué de poésie.



Merci infiniment à Sandrine (HundredDreams) dont la critique enthousiaste a fait remonter ce livre du fond de ma PAL.
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Le dit du mistral

""Avec ce calcaire, cette ocre, ce Cavalon et maintenant ce Mistral, oui, ça commence à prendre forme" réfléchit-il à voix haute.

Que le Lubéron soit" , ordonna le créateur.

Et le Lubéron fut."



Quel livre ! J'ai passé quelques jours merveilleux dans cette magnifique région du Luberon. J'y étais vraiment, complètement immergée dans ces beaux paysages, au milieu des cerisiers et des lavandes, entourée des bergeronnettes et des mésanges et surtout, surtout accompagnée par le Hussard, ce chat qui s'est invité un jour chez les humains de compagnie qu'il s'est choisis. La vie, les petites habitudes et les frasques de ce chat sont tellement bien décrites que j'y ai reconnu les chats qui ont fait partie de ma vie. L'auteur est sans doute un amoureux de ces boules de poils pour les faire vivre de façon aussi réaliste dans son histoire.



L'histoire donc. Un soir de violent orage, un mur en pierres sèches s'écroule entre la propriété du narrateur et celle de son voisin, Monsieur Sécaillat, laissant apparaître des morceaux de poterie. Après avoir vu ce qui semble être des vestiges très anciens, Monsieur Sécaillat, un paysan taiseux et un peu rustre se précipite chez son voisin, ce qui n'est pas une habitude, les 2 familles se connaissant assez peu, pour lui montrer sa découverte.



Pour le narrateur, il n'est pas question d'enterrer un possible trésor du temps passé en reconstruisant le mur, Monsieur Sécaillat ne veut pas des archéologues chez lui, les 2 hommes décident donc de faire des fouilles clandestines.

Naîtront une belle complicité et une sincère amitié lors de ce voyage dans le temps où les 2 voisins vont découvrir les vestiges d'un passé aussi riche que mystérieux.



L'auteur mêle à ce récit des contes et légendes de Provence. Si l'intrigue se situe dans le réel, le rêve apporté par la narration des contes populaires nous fait basculer dans le fantastique mais tout en nous proposant des explications archéologiques, historiques et géographiques. Et tout cela s'entremêle très bien et a l'air de couler de source si je puis dire (puisqu'il sera question d'une source, mais je n'en dis pas plus...).



Chaque chapitre de ce livre captivant commence par une citation d'auteur provençal, Henri Bosco, Frédéric Mistral, Jean Giono, Alphonse Daudet, René Char, Marcel Pagnol... C'est toute la Provence qui s'invite dans ce livre magique pour nous faire rêver.

Et bien sûr, nous y serons bercés ou bousculés par le Mistral, ce vent fougueux qui peut durer, 3, 6 ou 9 jours. Un vent crée par les Dieux si on en croit les légendes, et qui peut rendre fou...



Ce livre à l'écriture poétique est présenté par une superbe couverture, un bel écrin pour nous inviter à entrer dans l'univers à la fois réaliste et mythique d'un auteur amoureux de sa région.



Une très très belle découverte !
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Le dit du mistral

Dans ce premier roman très réussi, Olivier Mak-Bouchard nous invite en Provence.

Dès les premières lignes, j’ai retrouvé le soleil, la chaleur, le chant des cigales, les oliviers, le Mistral qui ont bercés ma prime jeunesse et qui me manquent chaque jour.



J’ai aimé cette histoire où la tradition et la modernité se mêlent intimement en faisant une grande place aux légendes.



J’ai passé quelques heures hors du temps avec deux amis qui font une découverte aussi inattendue que magique.

J’ai partagé leurs émotions, leur impatience.



J’ai écouté le vent malmener les hommes et la nature.

J’ai ressenti la douceur du Hussard, chat observateur qui semble sorti d’un conte et qui traverse tout le roman, gambadant sur les murets, sous la pluie, sillonnant les vergers, faisant la navette entre les deux hommes.



J’ai lu un livre magnifique.



Olivier Mak-Bouchard est assurément un grand amoureux de cette terre provençale pour en parler aussi bien.

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Le dit du mistral

Avec cette lecture, j’ai retrouvé le pays natal du Mistouflon (qui est évoqué dans ce livre)  : le grand et le petit Luberon, authentique, rude, sa faune, sa flore si riche. Le narrateur , cadre dans l’Éducation nationale, nous fait partager ses exploits d’archéologue amateur et clandestin. C’est coloré, c’est parfumé ,c’est même enivrant.

C’est un roman sur le partage , la complicité amicale, la transmission, l’amour de la terre ancestrale, celui de la langue provençale, des coutumes locales et un hommage à ce vent fada et qui rend fada le Mistral.

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La Ballade du feu

Je suis partie une nouvelle fois en Provence suivre un jeune homme (on ne connaitra pas son nom) qui galère et cherche un sens à sa vie. Il aurait aimé être potier mais tout le monde imaginait autre chose pour lui.

Pourquoi, qu'est-ce-qu'il y a de mieux que potier ?

Dans un style paisible et ponctué d'humour, nous le suivons avec tendresse ; ses rêves, sa relation avec son frère, sa timidité, l'envol de l'oiseau, Marjan et son chat.

C'est une histoire touchante, un conte avec ses paraboles et ses personnages attachants.

Un bon moment de lecture.
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