Les passants, éberlués par ce comportement extravagant, ont appelé les pompiers. Ils l ont cueillie, comme ça, comme une fleur, la danseuse sur le muret, là, dans son acrobatique délire. C est mieux que de l avoir récupérée écrabouillée au sol, tuée net aplatie par la mortelle exaltation. Il n a pas fallu beaucoup de perspicacité pour qu elle soit promptement envoyée en HP. Hôpital psychiatrique. Ce fut sa première entrée dans ce genre d endroit, où elle a pu « se reposer » un gros mois. Hélas, en général, ce genre de séjour est pluriel, ou il n est pas.
Ou alors, ce n est pas que le monde est difficile, c est qu il nous apparaît terne et fade : on s y ennuie. (...) Pour la personne qui fondamentalement s ennuie dans l existence, le cannabis va procurer l ivresse, le vertige, le piment. Et, mécanique de précision, la weed va renforcer le décalage : le monde, à force de fumer, apparaîtra sans weed toujours plus quelconque t ennuyeux. Effroyable tourbillon d anéantissement. L ivresse, le vertige, le piment. Nous avons l impression que cela exalte et intensifie notre rapport au monde, nous avons l impression que cela donne de la hauteur à notre existence, nous avons l impression que cela lui donne du goût.
Ivresse, vertige, piment. En vérité, l ivresse brouillé notre conscience, le vertige nous fait perdre l équilibre, le piment écrasé autoritairement de façon totalisante et totalitaire toutes les nuances, toutes les finesses, tout le relief. PP
Le déni, c est le choc du réel. L arrêt est si vrai qu il nous met hors-jeu, déboussolé et hagard. Le déni, c est l uppercut en pleine poire qui nous met KO, dans les pommes. Un moment, le sol flanche, on tombe, on perd son ancrage. Mais on reprend vite pied. On se relève. Pour lutter à nouveau contre ce nouvel état de de fait. Par la colère et le marchandage.
A ce stade, qui est celui de la conjuration d un excès de cannabis, l abstinence est beaucoup plus aisée que la modération.