Au-Delà du Réel de Paddy Chayefsky (Altered States, 1978 ; J’Ai Lu, 1979) nous plonge au cœur de la régression génétique.
Ce roman, qui sera brillamment porté à l’écran par Ken Russel en 1980, met en scène un chercheur en physiologie de l’Université de Cornell, Edward Jessup, qui travaille sur la schizophrénie et les états modifiés de la conscience. Il utilise pour ce faire un caisson d’isolation sensorielle avec immersion du cobaye dans un bain de saumure.
L’auteur s’est manifestement inspiré des travaux de John Cunningham Lily, médecin américain (1915-2001), qui avait travaillé sur le sujet et déclenché toute une vague d’engouement pour cette nouvelle technique de relaxation . Il est vrai que, combinée à l’absorption de psychotropes, elle permettrait selon certains de … rencontrer Dieu. Une petite parenthèse personnelle pour indiquer que ce type de recherche est aujourd’hui poursuivie par notre ami suisse Hugo Soder (http://www.medirelax.com/hugo-soder/).
Edward fréquente une jeune femme, Emily, qu’il épousera. Celle-ci est anthropologue et effectue des recherches sur le langage des singes les plus évolués.
Edward ramènera d’un voyage au Mexique des produits hallucinogènes qu’il utilisera lors de ses nouvelles immersions dans le caisson d’isolation. Il régressera jusqu’au stade de l’homme primitif, et c’est un petit singe qui sortira du caisson, semant la terreur dans les couloirs de l’université et dans le Jardin zoologique où il ira se repaître de tendres antilopes. Revenu à l’état « normal » une fois les effets du produit dissipés, il pourra constater que les enregistrements de son langage ressemblent fortement à ceux réalisés par son épouse dans le cadre de ses propres travaux. Une nouvelle expérience amènera Jessup au-delà de sa propre identité, découvrant que l'origine de l'univers entier, de la matière avant même la vie, est inscrite dans notre ADN. Nos propres gènes s’inscrivent dans la mémoire de l'univers, du « big bang ». Tout est en chacun de nous. Une approche qui rejoint du reste les avancées les plus récentes de la philosophie quantique, comme on peut le constater en lisant le dernier ouvrage de Serge Carfantan, Connaissance de la Totalité (Almora, 2017) .
Et c'est entièrement métamorphosé qu'il ressurgira de cette expérience de nature quasi-religieuse. Car s’il a vu la vérité en face, celle-ci est hideuse. La vérité finale de toute chose est qu’il n’y a pas de vérité finale.
On notera que ce roman est fort bien documenté sur le plan scientifique et qu’il nous offre des moments très rafraîchissant sur le thème « savants fous », comme cette rencontre avec une bande de jeunes physiciens quantiques pour essayer de comprendre le mystère des transformations physiques du chercheur.
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