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4.31/5 (sur 27 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bastia , 1975
Biographie :

Pascal Génot est scénariste BD et docteur de l’Université de Corse. Il est chargé de cours en sociologie des publics à l’Université Paul Valéry – Montpellier III.

Après des études cinématographiques, Pascal Génot a poursuivi son parcours conjointement dans la recherche en sciences de la communication et dans la bande dessinée (scénario). Ses recherches portent sur la construction médiatique des identités collectives. En bande dessinée, son travail, d’abord inscrit dans la veine du « polar urbain », s’oriente actuellement vers la BD documentaire et le transmédia.

Il signe l’ouvrage de référence La Corse au regard du film amateur. Chez Emmanuel Proust éditions, il écrit, avec son complice Bruno Pradelle, son premier scénario de bande dessinée : Sans Pitié, un polar marseillais où mafia, ex-membres OAS et ravers se croisent et s'entrechoquent pour une rencontre sanglante. Un scénario très remarqué qui a eu droit à une préface de l'écrivain Didier Daeninckx.

Il vit à Marseille.


Texte © Emmanuel Proust Éditions


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Source : http://www.bedetheque.com, https://iremam.cnrs.fr/
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Mon choix d’étudier la société algérienne est né d’une impulsion civique plutôt que politique. Je pense en effet que les Français à l’époque, qu’ils soient pour ou contre l’indépendance de l’Algérie, avaient pour point commun de très mal connaître ce pays, et ils avaient d’aussi mauvaises raisons d’être pour que d’être contre. – Pierre Bourdieu
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En juin 1957 étaient parus deux livres dont les auteurs influenceront le parcours de Pierre Bourdieu. Le premier de ces livres, La tragédie algérienne, est de Raymond Aron. Éditorialiste au Figaro, philosophe, sociologue, politologue, condisciple de Sartre dont il s’est éloigné, Aron offrira plus tard à Bourdieu son entrée dans l’université parisienne. Le second, L’Algérie en 1957, est de l’ethnologue Germaine Tillion : Bourdieu le critiquera précisant par là sa propre pensée. Dans un contexte où se livrait une bataille de l’écrit à propos de l’Algérie, Aron et Tillion représentaient deux attitudes à la proches et opposées. Raymond Aron et Germaine Tillion appartiennent à la même génération. Tous deux ont répondu à l’appel du 18 juin 1940. Lui rejoignant Londres. Elle entrant dans la résistance : arrêtée, déportée, c’est une survivante des camps. Ils ont aussi en commun d’être libéraux. Chez eux pas de virulente critique du colonialisme comme chez Sartre. Encore moins de soutien au F.L.N. comme chez Francis Jeanson qui, après avoir attaqué L’âme révoltée de Camus hésitant sur la violence révolutionnaire, développe à partir de l’été 1957 un réseau clandestin de transports des fonds du F.L.N. en métropole. Aron, spectateur engagé qui refuse d’aller en Algérie pour garder un regard distancié, juge l’indépendance inévitable. Le statu quo ne stopperait pas la violence, isolerait la France et déchirerait la nation. Quant à intégrer pleinement l’Algérie, ce serait un poids économique écrasant. Et culturellement, Aron ne croit pas à une France où plus du quart des députés seraient musulmans. Favorable aux négociations avec le F.L.N., il est décrié par de nombreuses personnalités politiques qui, en elles-mêmes, n’en pensent pas moins. Tillion, sans se prononcer sur l’indépendance, porte un regard alarmé sur le dénuement dans lequel vivent les deux tiers des Algériens. Elle craint que la séparation d’avec la France n’aggrave cette situation. Ainsi, là où Aron est pour l’indépendance de l’Algérie car il a en tête l’intérêt de la France, Tillion est réservé car elle pense aussi au sort des Algériens. Elle, connaît ce peuple intimement. Germaine Tillion fut une pionnière des sciences humaines en Algérie. Dans les années 1930, elle accompagne une ethnographe du musée de l’Homme, Thérèse Rivière, partie étudier les Berbères Chaouias des Aurès dans l’est algérien. Tillion y observe une société tribale à l’autonomie quasi autarcique et au système traditionnel toujours vivace. Elle n’imagine pas que ces montagnes seront vingt ans plus tard un immense foyer de combats. Ni qu’elle-même jouera un rôle dans le conflit. En 1954, les Aurès seront aux avant-postes de l’insurrection. Sur demande du ministre de l’Intérieur, Tillion repartira en mission d’observation. Retrouvant une région où s’abat la répression militaire et où les conditions de vie se sont dramatiquement dégradées, elle va lutter contre ce qu’elle nommera la Clochardisation de l’Algérie. Début 1955, suite à sa mission dans les Aurès, Germaine Tillion rejoint le G.G. (gouvernement général) auprès de Jacques Soustelle. Lui aussi ethnologue, résistant, chef des services secrets de la France libre, Soustelle gouverne l’Algérie tout 1955. Futur soutien de l’O.A.S., il mène une politique répressive mais approuve les projets de Tillion. Afin d’améliorer le sort des bidonvilles et des villages, Tillion crée un service de centres sociaux éducatifs. D’ici 1962, une centaine de ces centres dispenseront soins et enseignement. Palliant quelque peu les carences de l’Algérie coloniale. Puis, lorsqu’au début 1956, Soustelle est remplacé par Lacoste, Tillion quitte le G.G.À Paris, chercheuse au C.N.R.S., elle publie son analyse de la situation. Pour Tillion, la clochardisation de l’Algérie est causée par l’irruption de la modernité. La médecine a favorisé la démographie musulmane, trop nombreuse pour que l’économie traditionnelle réponde à ses besoins et trop peu instruite pour bénéficier de l’économie moderne. Face à ce drame, Tillion croit aux réformes : une instruction massive, un soutien au développement et plus de démocratie sécuriseraient le destin de l’Algérie profonde. Salué par une part du monde politique et des lettres, le libéralisme de Tillion apparut comme l’antithèse de Aron, car si on suivait l’ethnologue, l’Algérie pouvait rester française. Toutefois, signe que le sens d’un texte est aussi le fait de ses lecteurs, au sein même du F.L.N. Tillion fut lue et appréciée. Ce qui donna lieu à un moment singulier de la guerre d’Algérie…
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Certains sociologues se sentent dans l’obligation de justifier leur existence comme sociologues ; ils se sentent tenus de servir. Servir qui et quoi ? La sociologie doit d’abord affirmer son autonomie ; elle doit être toujours aussi pointilleuse et vigilante sur la question de son indépendance. C’est pour elle la seule manière de se doter d’instruments rigoureux et d’acquérir une efficacité politique. Parce que l‘efficacité politique qu’elle peut détenir tient à son autorité proprement scientifique, c’est-à-dire son autonomie. – Pierre Bourdieu
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Il n’est pas facile de penser et de dire ce qu’a été pour moi cette expérience et en particulier le défi intellectuel et aussi personnel qu’a représenté cette situation tragique, qui ne se laissait pas enfermer dans les situations ordinaires de la morale et de la politique. J’avais refusé de faire l’École des officiers de réserve, sans doute pour une part parce que je ne supportais pas l’idée de me dissocier des simples soldats, et aussi à cause du peu de sympathie que j’éprouvais pour les candidats EOR, souvent des HEC et des juristes avec qui je n’avais pas beaucoup d’atomes crochus. Après trois mois de classes assez durs à Chartres (je devais sortir des rangs à l’appel de mon nom pour recevoir, sur le front des troupes rassemblées, le journal l’Express, qui était devenu le symbole d’une politique progressiste en Algérie, et auquel je m’étais un peu naïvement abonné), j’avais d’abord abouti au Service psychologique des armées de Versailles, en suivant une filière normalienne très privilégiée. Mais des discussions avec des officiers de haut rang qui voulaient me convertir à l’Algérie française m’avaient valu d’être désigné pour partir en Algérie. – Pierre Bourdieu
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Le dessein du sociologue n’est pas de juger, mais de comprendre. – Pierre Bourdieu
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Vous verrez, nous ne sommes pas tous des assassins.
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Pendant combien de temps après 1789
les Françaises n'ont pas eu le droit de vote?
Elles étaient comme les Algériens colonisés :
La nationalité sans la citoyenneté
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À l’indépendance, l’Algérie s’est orientée vers la voie du socialisme. Prenant le pouvoir par un coup d’état en 1965, Houari Boumediene dirigea le pays jusqu’à sa mort en 1978. Son successeur, le colonel Chadli Bendjedid, effectua un virage brutal vers l’économie de marché, à un moment où flambait le prix du pétrole. Loin de favoriser son réel développement, la mondialisation tire l’Algérie vers son passé colonial, quand elle était une source de matières premières, de main d’œuvre, et un marché de consommateurs pour les produits de métropole. Sauf qu’au milieu des années 1970, la France a mis fin à l’immigration de travail, verrouillant la principale porte de sortie d’une population de désormais 40 millions d’habitants dont la moitié a moins de 25 ans, avec un taux de chômage des jeunes frôlant les 30%.
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La guerre, emportée par sa logique, a dévoilé le vrai visage du système colonial. – Pierre Bourdieu
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Un sociologue mondialement connu et reconnu pour avoir cherché tout au long de son œuvre, à comprendre, justement, les mécanismes retors de la domination sociale. Dans les grandes librairies, l’œuvre de Pierre Bourdieu a son propre rayon. Une œuvre colossale élaborée de la fin des années 1950 au décès de son auteur en 2002. Avec, pour fil rouge, la volonté de dévoiler la reproduction des inégalités sociales qui se cache dans les évidences de nos institutions, de nos discours, de nos représentations et de nos pratiques. Dans le système d’enseignement, là où l’évaluation des élèves, déterminant la place à laquelle ils pourront prétendre plus tard dans la société est censée se baser sur le mérite, le sociologue a vu les privilèges de ceux que leur éducation familiale prédispose à la réussite scolaire. Dans nos goûts culturels, là où nous pensons exprimer des sentiments désintéressés, il a révélé une logique de distinction sociale, chacun dédaignant ce qui s’apprécie dans d’autres milieux socialement inférieurs. Ailleurs également, dans la constitution de l’état ou le fonctionnement de l’économie, dans l’information médiatique ou le savoir scientifique, dans les rapports entre hommes et femmes ou entre classes sociales, il a cherché inlassablement à identifier les formes de domination sociale qui s’imposent à nous au point que nous les trouvions normales, naturelles et irremplaçables. Pierre Bourdieu fait partie des intellectuels qui ont marqué la seconde moitié du 20e siècle. Qu’on pense comme lui, avec lui ou contre lui, il est incontournable.
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