Samedi de lire du 21 juin 2014 avec l'auteure Pascale Wilhelmy - Partie 2 (Amelie Boivin Handfield).
Je dois m’attaquer à ces blessures qui minent mon existence. Que je traîne comme des pierres au fond de mes poches. Celles qui me feraient couler si je plongeais dans les eaux encore glacées. Je rêve de tout quitter, mais je reste. Ici, dans mon appartement. J’y suis bien et en sécurité. J’ai besoin d’être seule. De me soigner.
Les gens heureux sont si égoïstes. Je l’aimais plus que tout. Il m’a leurrée, jusqu’à sa dernière sortie.
Devant mon autel bancal, je ne m'élève pas. Je flotte encore moins. Je rampe plutôt sur le sol de mes infortunes.
Je ferme les yeux et inspire très fort. Je formule, sans voix dans ma tête seulement: "Il n'en n'est pas toujours ainsi". Une pensée bouddhiste sur l'impermanence. On s'y accroche quand rien ne va. On la renie lors des épisodes bénis. J'inspire encore profondément, par le nez. Jusqu'à m'en étourdir. Je bloque à la hauteur de ma poitrine. "Il n'en est pas toujours ainsi." En entrouvrant à peine les lèvres, je laisse filer l'air. Je fixe les fleurs, l'orange et les bougies. J'y fonde tous mes espoirs. J'y dirige tous mes efforts. Ma pensée volage se montre plus forte que mes intentions.
. Sa beauté n’arrive pas à excuser son sale caractère ni sa manière de vouloir diriger le cours des choses. Les hommes craignent son tempérament enflammé. Elle les attire, mais ils s’en méfient.
L’exercice donne de l’aplomb, je l’ai lu dans un magazine. Cinq trucs pour avoir de l’assurance en cinq secondes. Le premier en prend une seule : on se redresse, on se met le dos bien droit. Une bonne posture favorise l’assurance. Deux secondes, c’est le jet de parfum. Et en trois, je crois qu’il faut se taper dans les mains. S’applaudir, s’encourager. Être fier d’exister.
Moi qui croyais tout connaître, je célèbre de nouveaux plaisirs. Cet homme est doué. Il bénit le corps des femmes, ses courbes, ses recoins. Il a sûrement tout lu, tout fréquenté. Je suis ouverte à tout s’il est à mes côtés. Je veux saisir. À pleines mains, à pleine bouche. Ne rien manquer.
Le premier jour d’une année est fait d’espoir. On efface les brûlures du passé. On souffle sur les flammes. On effleure du bout des lèvres les coupures qu’une femme s’est infligées. Elle cherchait à se sentir vivante.
J'ai besoin d’un homme dans ma vie. Qu’importe ses qualités ou ses défauts. Qu’il me traite bien ou avec indifférence.
Je ne crois pas que c'est de la lâcheté. Il a sans doute été très courageux de se rendre jusqu'à ses quarante-cinq ans, m'a-t-elle envoyé solidement. Moi je l'admire, ton amoureux.
Elle m'étonnait. Je ne m'attendais pas à cet entretien. Puis je n'avais jamais envisagé le suicide comme un acte de courage.
Je lui annoncerai l'impossible. Il a désormais le droit de m'aimer. Autant qu'il le désire. Je ne redouterai pas la trahison, mi l'abandon. Je ne croirai plus qu'il exagère, qu'il me ment, lorsqu'il me déclare que je suis la femme de sa vie.
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