L'écriture est toujours simple et limpide, dans ce récit initiatique assez audacieux, impudique, parfois un peu trop «je-me-moi», c'est vrai, mais justement très en prise avec notre époque narcissique, tel un «égoportrait» littéraire...
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Devant mon autel bancal, je ne m'élève pas. Je flotte encore moins. Je rampe plutôt sur le sol de mes infortunes.
Je ferme les yeux et inspire très fort. Je formule, sans voix dans ma tête seulement: "Il n'en n'est pas toujours ainsi". Une pensée bouddhiste sur l'impermanence. On s'y accroche quand rien ne va. On la renie lors des épisodes bénis. J'inspire encore profondément, par le nez. Jusqu'à m'en étourdir. Je bloque à la hauteur de ma poitrine. "Il n'en est pas toujours ainsi." En entrouvrant à peine les lèvres, je laisse filer l'air. Je fixe les fleurs, l'orange et les bougies. J'y fonde tous mes espoirs. J'y dirige tous mes efforts. Ma pensée volage se montre plus forte que mes intentions.
Je dois m’attaquer à ces blessures qui minent mon existence. Que je traîne comme des pierres au fond de mes poches. Celles qui me feraient couler si je plongeais dans les eaux encore glacées. Je rêve de tout quitter, mais je reste. Ici, dans mon appartement. J’y suis bien et en sécurité. J’ai besoin d’être seule. De me soigner.
L’exercice donne de l’aplomb, je l’ai lu dans un magazine. Cinq trucs pour avoir de l’assurance en cinq secondes. Le premier en prend une seule : on se redresse, on se met le dos bien droit. Une bonne posture favorise l’assurance. Deux secondes, c’est le jet de parfum. Et en trois, je crois qu’il faut se taper dans les mains. S’applaudir, s’encourager. Être fier d’exister.
Moi qui croyais tout connaître, je célèbre de nouveaux plaisirs. Cet homme est doué. Il bénit le corps des femmes, ses courbes, ses recoins. Il a sûrement tout lu, tout fréquenté. Je suis ouverte à tout s’il est à mes côtés. Je veux saisir. À pleines mains, à pleine bouche. Ne rien manquer.
. Sa beauté n’arrive pas à excuser son sale caractère ni sa manière de vouloir diriger le cours des choses. Les hommes craignent son tempérament enflammé. Elle les attire, mais ils s’en méfient.
Samedi de lire du 21 juin 2014 avec l'auteure Pascale Wilhelmy - Partie 2 (Amelie Boivin Handfield).