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Citations de Patrice Desbiens (20)


Patrice Desbiens
Il a dit à la fille «je suis en train d'écrire un roman; veux-tu être dedans?» Elle a dit «oui, je suis pas mal écœurée d'être ici».
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Patrice Desbiens

Je suis d'un pays où le mot «engagé» veut dire que tu t'es trouvé une job
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Phrase par phrase
l'amour se défait.
Phrase par phrase
l'amour devient silence.
Phrase par phrase
l'amour devient rumeur.
Mot par mot
l'amour devient métaphore
tandis que la lune pend
comme une tumeur au coeur
de Sudbury samedi soir.
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Je me réveille.
Elle est elle.
Je l’appelle.
le lac noir de ses
yeux me mouille
les lèvres.

Son rire riverain
défait l’argile
de la lumière.
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Elle est belle comme
un bleu sur la peau
d’un poète.

Elle est bleue comme
un feu sauvage
dans une forêt vierge.
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Je parle deux langues : mais je
n'ai qu'un cœur.
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Sur ma bouche
son nom sera
mon dernier souffle.

Elle.
Elle.
L’infiniment
belle.

Ses yeux où se noie
une rivière.
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Patrice Desbiens
Sur la rue Laval, en face de la maison où vécut Émile Nelligan, les vidanges n'ont pas été ramassées.
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Je voudrais atteindre
tendresse.
Je voudrais étendre
ses tresses sur
le désert de mon
dos.
je voudrais guérir
cette tristesse
qui me nomme.
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[Une longue histoire courte]

La vie est tombée sur la tête.
La vie est tombé dans l'escalier.
Personne m'a poussée dit la vie :
c'était un accident.
La police prend des poètes
en otage et
leur fait écrire
le rapport.
Comme ça
elle s'assure que
jamais personne
va le lire."
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Il y a de la neige
partout ce matin

C’est comme être
dans une
enveloppe

Ça fait du bruit
quand on
respire
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[page de garde]

"Il faut apprendre à
se fermer la gueule et
à respirer
par le trou du cul".
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Je veux être dans
un film
avec toi

Un film où
il n’y a pas de
figurants
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La pluie me suit


La pluie me suit.
Je fuis comme un bruit.
Le bruit s’éloigne de sa naissance.
Je refuse la douleur.
Je marche le long des rues d’une ville.
La ville est vide et familière.
Elle a mes yeux.
Les vitrines sont toutes brisées et
les lumières sont toutes allumées.
Des voitures encore chaudes dans les parkings
de cette ville.
Des banques pleines d’argent et les portes barrées.
Je connais cette place.
Je connais cette face.
C’est l’hiver et la nuit se regarde dans la glace.
Des lits vides dans des chambres vides.
Des salons vides.
Des télévisions diffusant que de la neige.
Dans chaque maison les miroirs sont parfaits et lisses
comme la folie.
Je suis un citoyen de cette folie.
Résidence impitoyable et permanente.
Je cours comme un animal
dans ma ville natale.
Je ne peux pas partir et
je ne peux pas revenir.
Je fouille mes poches.
J’ai un cri dans gorge.
J’ai un cri dans gorge.
Un cri dans gorge.
Un cri dans gorge.
Je descends en ville.
Je descends en ville.
Il n’y a personne qui conduit l’autobus. Il sait
où m’amener. La nuit m’enferme comme une caverne.
La ville boit du sein de la peur.
Dans les hôtels, la musique colle à la chair.
Les sorties de secours sont bloquées.
Jeunes hommes chauves et
jeunes femmes fauves.

Jeunes hommes forts qui
dansent avec la mort.
Un slow cochon avec la mort.

Je descends en ville avec mon cri dans gorge.
Je m’en vais où la réalité est un bouncer qui s’excuse
en te crissant à porte.
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POÈME PATRIOTIQUE

L'idée d'un poète
cherche
l'idée d'un poème
en traversant
l'idée d'un pays.
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Les larmes me collent
aux joues.
Elles n’ont pas d’autre place
où aller.
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La seule place où je
voudrais me poser ce soir
c’est
dans tes bras

Respirer comme un
avion en amour
se balançant de
gauche à droite
entre les lumières
de tes yeux

avant d’atterrir
une fois pour toutes
une roue à la fois
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Reviens
dormir entre les
pages de
mon lit comme
un poème
inédit
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Son sourire s'étanche
s'étend
devient l'horizon
d'où le soleil ne
se lèvera plus
jamais.
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LA MORT MONTE

La mort monte
l'escalier

J'entends
les marches
qui

se plaignent
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