Patricia Allémonière (TF1) : les reporters de guerre sont devenus une monnaie dans des enjeux qui les dépassent
Déguster un masgouf, une carpe grillée dans le quartier de Qrayyat de Bagdad, à la tombée du jour, sur les berges du Tibre avec des potes irakiens, c'est cela aussi le bonheur du reporter. Je me sens chez moi, à Kaboul, Bagdad ou Damas, parfois mieux qu'à Paris. Au fil des années, j'ai aimé me plonger dans cet Orient mythique des "Mille et une nuits". Sous ces cieux étoilés, les gens sont chaleureux , respectueux, accueillants - l'exact contraire de l'image que donnent d'eux les islamistes.
Il n'y a pas besoin de mots.Ce jour-là,à Mossoul,comme partout où les événements nous ont déjà guidés et partout où l'actualité nous portera,le devoir d'informer l'emporte.Plus fort que la peur,les doutes et la solitude.
Nous y avons vécu comme des rats avec la population, dans des sous-sols ou dans des maisons sans toit, à quelques heures de notre confort parisien.
En hiver j'ai tellement ressenti le froid intense et l'humidité que mes os eu ont longtemps gardé la mémoire.
Mais comment oser se plaindre en regardant vivre ces gens qui n'avait d'autres choix que de rester piégés dans ce cauchemar ?
La guerre est un moment particulier ou, confronté à l'urgence de vivre, l'individu laisse tomber son masque des temps de paix. Il est à nu, vulnérable.
Sa mort, celle d'êtres aimés, peut survenir à tout moment, il le sait, il le sent. Dans cette fracture du temps, les regards échangés, les interviews, les rencontres que j'ai pu réaliser avec des civils ou des militaires sont d'une intensité sans équivalent.
Ce métier m'a pris aux tripes.Je confesse que j'aime l'adrénaline du reportage de guerre,mais je fais cependant très attention à ne pas devenir droguée par la guerre,ce qui arrive fréquemment dans notre profession.
Il a fallu se battre,s'imposer dans cet univers très masculin.Je savais que je n'avais pas le droit à l'erreur.
Les situations d'urgence,le manque de confort absolu,l'imprévu créent des liens incomparables.
Certains plans,que nous sommes seuls à avoir vus,peuvent hanter notre sommeil.
Nous y avons vécu comme des rats avec la population, dans des sous-sols ou dans des maisons sans toit, à quelques heures de notre confort parisien.
En hiver, j'ai tellement ressenti le froid intense et l'humidité que mes os ont eu longtemps gardé la mémoire.
Mais comment oser se plaindre en regardant vivre ces gens qui n'avait d'autres choix que de rester piégés dans ce cauchemar ?
Anne et les années 2010, la seule des cinq à témoigner avec sa caméra, la seule à écrire des images.
Elles sont rares, les femmes journalistes reporters d'images encore plus rares sur les terrains de guerres, c'est encore un combat à mener !
Anne est modeste, humble mais déterminé, elle s'est imposée peu a peu grâce à la qualité de son travail et à sa maitrise du danger.