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2.64/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Rosario , le 9/12/1975
Biographie :

Écrivain argentin.
Auteur de nombreux romans et recueils de nouvelles qui abordent la question de l'écriture et de l'expression de l'Histoire, particulièrement dans ses recoins les plus cruels.

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Rentrée Littéraire Flammarion 2012 - Présentation du livre de Patricio Pron Conférence, présentation du nouveau livre de Patricio Pron, L'Esprit de mes pères.


Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'ai appris tout seul à lire, quand j'avais cinq ans ; à l'époque, je lisais des dizaines de livres, mais je n'en ai gardé aucun souvenir, sauf qu'il s'agissait d'auteurs étrangers qui étaient décédés. Qu'un écrivain soit argentin et encore vivant, voilà une découverte relativement récente qui m'étonne encore.
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Au début, je prenais de la paroxétine et des benzodiazépines, pas plus de quinze milligrammes ; mais quinze milligrammes, pour moi, c'était comme un éternuement au coeur de l'ouragan, une quantité insignifiante et sans effet, autant vouloir cacher le soleil derrière sa main ou instaurer la justice au pays des réprouvés, voilà pourquoi les doses avaient augmenté, atteignant soixante milligrammes, à l'époque il n'y avait rien de plus fort sur le marché, à l'époque les médecins vous lançaient les mêmes regards que les éclaireurs conduisant les caravanes dans les westerns, quand ils déclarent qu'ils n'iront pas plus loin, car ils arrivent sur le territoire des Comanches, font demi-tour et éperonnent leur monture après un dernier regard pétri de honte et de pitié sur les gens de la caravane, sachant qu'ils ne les reverront plus. C'est là que je pris aussi des comprimés pour dormir ; je tombais alors dans un état proche de la mort et mon esprit était traversé par des mots comme "estomac", "lampe" ou "albinos", sans filiation logique. Je les notais parfois, le lendemain matin, si je m'en souvenais, mais en les relisant, j'avais l'impression de feuilleter un journal d'un pays plus triste que le Soudan ou l’Éthiopie, d'un pays pour lequel je n'avais pas de visa et ne voulais pas en avoir, et je croyais entendre un camion de pompiers qui filait éteindre ces putains de flammes de l'enfer, le réservoir plein de carburant.
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Quand j'étais petit, j'avais ordre de ne jamais amener d'autres enfants à la maison ; si je sortais seul, je devais marcher en sens inverse de la circulation et me méfier si une voiture s'arrêtait à ma hauteur. Je portais une plaque autour du cou avec mon nom, mon âge, mon groupe sanguin et un numéro de téléphone à contacter : si on essayait de me pousser de force dans une voiture je devais jeter cette plaque et crier mon nom le plus fort et le plus longtemps possible. On m'avait interdit de donner des coups de pied dans les boîtes en carton que je trouvais dans la rue. Je ne devais pas raconter ce que j'entendais à la maison. Il y avait un emblème peint par mon père, deux mains serrées tenant une sorte de marteau couronné par un bonnet phrygien sur fond bleu ciel et blanc encadré par un soleil naissant et des lauriers ; je savais que c'était l'emblème péroniste mais je ne pouvais le dire à personne, je devais même oublier sa signification. Ces interdictions, que je me rappelais pour la première fois depuis bien longtemps, visaient à me et à nous préserver, mes parents, mon frère, ma sœur et moi, à une époque de terreur, et on aurait dit que mes parents les avaient oubliées, mais pas moi, car en me les rappelant je pensai à une habitude que j'avais conservée, y compris dans la ville allemande, quand j'étais distrait : tracer des itinéraires imaginaires en sens inverse de la circulation, qui me conduiraient à l'endroit où je me dirigeais.
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Cependant, le lecteur n’aurait pas dû établir un rapprochement entre la disparition de Burdisso avant de se demander pourquoi on aurait assassiné un idiot faulknérien, un adulte à cervelle d’enfant, un homme qui ne buvait pas et n’avait aucune fortune, un homme qui devait aller travailler tous les jours pour subsister, accomplissant les tâches les plus modestes comme nettoyer une piscine ou réparer un toit. Cette question, reprise les jours suivants dans les articles du dossier de mon père, est peut-être une question de nature publique ; la question de nature privée, si intime que je ne pouvais me la poser qu’à moi-même, et à laquelle je ne savais pas encore répondre, était la suivante : pourquoi mon père s’était-il tellement intéressé à la disparition d’un homme qu’il n’avait peut-être pas connu, un de ces visages qu’on croise en ville et qu’on peut associer à un nom ou deux – le sien, celui de son père -, mais qui ne signifie pas grand-chose, qui fait partie du paysage comme une montagne ou un fleuve. Et je me dis que le mystère était double : celui des circonstances particulières de la mort de Burdisso, et celui des motivations qui avaient poussé mon père à partir à sa recherche, comme si ce dernier voulait éclairer un plus grand mystère, profondément enfoui dans la réalité.
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Lui et Elle pensaient à eux-mêmes, et très bientôt, ils auraient d'autres noms, pour eux et pour le fils qu'ils allaient avoir. Contrairement à beaucoup de personnes, Lui avait toujours considéré l'identité comme un point d'arrivée, jamais comme un point de départ, et il pensa qu'il devrait peut-être écrire à ce sujet à l'occasion, comme il le faisait toujours quand il essayait de comprendre quelque chose. Il avait tort de penser que sa vie intellectuelle lui suffirait ; d'une part, parce qu'il était évident qu'il ne vivait pas seulement en elle ; d'autre part, parce que cette vie avait lieu dans le présent. Il avait une dette envers lui, et peut-être envers lui-même : il l'avait, bien sûr, envers Elle et envers le fils qu'ils élèveraient.
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