Parler nous unifie ou nous divise, c'est selon. De même que je peux méditer en me rendant attentif à l'air que je respire et que j'expire, à son trajet dans mon corps, je peux m'exercer à noter l'effet de mes paroles. M'enferment-elles dans le ressassement ou me portent-elles vers autrui dans la paix ?
(dans La Croix L'Hebdo 95, 20 août 2021)
Alors je forme une prière :
Que notre oreille écoute la plainte,
Et nos yeux verront les corps qui se figent.
Déchiffrons les murmures ;
Risquons notre parole, précaire.
Des enfants se lèveront pour nous conduire.
Je m'étonnais de la résonance entre ce qu'ls me racontaient de leur vie, pour certains déjà bien douloureuse, et des situations que je rencontrais dans des pages de l'Evangile que je lisais alors. Pas de miracle, pas de pains multipliés, mais des issues se trouvaient là où tout paraissait clos. Ceux qui s'effondraient dans leur culpabilité ou sous le poids de l'accusation des autres, ce Jésus de Nazareth les libérait sans chercher à les embarquer.
On a trop oublié que la religion est affaire d'âme et de corps. Si je ne cherchais Dieu qu'avec mon âme, j'aurais l'impression d'n vouloir connaître seulement une image, une idée. Il me faut quelques gestes, le silence d'une nef, la douceur d'une crypte, le soleil radieux, le cœur amoureux,. les mains tendues aident l'âme à s'enraciner dans sa quête. Le Dieu qui vient à nous est de chair et de souffle. Le chercher n'exile pas le religieux loin de son corps et des rencontres. Le célibat fait patiente.
Cette honte troue la peau, mais Dieu m’a revêtu de plus large qu’un pagne, d’un manteau, grâce auquel je suis sorti de ma peur.