Pendant plus de quarante ans, Patrick C. Goujon a souffert de très nombreuses douleurs que rien n'arrivait à soulager et dont aucun médecin ne trouvait l'origine. C'est grâce à un suivi dans un centre anti-douleur qu'il a réussi à surmonter le déni qui était à l'origine de cette souffrance : il a été agressé sexuellement par un prêtre pendant plusieurs années de son enfance. Ce livre est le récit de ce long voyage à travers la souffrance, puis de sa libération, ou au moins de son apaisement.
Etant devenu prêtre à son tour, la découverte de ces agressions a conduit l'auteur à une remise en question : "suis-je devenu prêtre à cause cette violence ?" Mais, non, son choix est authentique, il est le fruit d'autres rencontres, beaucoup plus belles, et d'une volonté d'aller vers les autres et de les accompagner.
Pendant l'été 2021, dans La Croix L'Hebdo, Patrick C. Goujon a tenu une petite chronique sur les cinq sens. de très beaux textes qui témoignent que la violence n'a pas réussi à éteindre sa capacité à se laisser émouvoir.
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C'est un livre qui répare. Patrick Goujon a été abusé par un prêtre quand il était petit. Dans son livre, l'agression couvre trois lignes. Tout le reste est le récit de son déni plein d'ambivalence, qui le sauve et le détruit, sa reconstruction, la prise en compte de son témoignage auprès d'autres prêtres. L'auteur a de très belles formulations, épurées et pleines de douceur. Il reconnaît humblement que le pardon est difficile voire impossible, mais que c'est pas grave. Il a des mots justes et la paix qu'il a retrouvée donne de l'espoir. Vraiment une très belle lecture.
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Je m'étonnais de la résonance entre ce qu'ls me racontaient de leur vie, pour certains déjà bien douloureuse, et des situations que je rencontrais dans des pages de l'Evangile que je lisais alors. Pas de miracle, pas de pains multipliés, mais des issues se trouvaient là où tout paraissait clos. Ceux qui s'effondraient dans leur culpabilité ou sous le poids de l'accusation des autres, ce Jésus de Nazareth les libérait sans chercher à les embarquer.
Alors je forme une prière :
Que notre oreille écoute la plainte,
Et nos yeux verront les corps qui se figent.
Déchiffrons les murmures ;
Risquons notre parole, précaire.
Des enfants se lèveront pour nous conduire.
On a trop oublié que la religion est affaire d'âme et de corps. Si je ne cherchais Dieu qu'avec mon âme, j'aurais l'impression d'n vouloir connaître seulement une image, une idée. Il me faut quelques gestes, le silence d'une nef, la douceur d'une crypte, le soleil radieux, le cœur amoureux,. les mains tendues aident l'âme à s'enraciner dans sa quête. Le Dieu qui vient à nous est de chair et de souffle. Le chercher n'exile pas le religieux loin de son corps et des rencontres. Le célibat fait patiente.
Cette honte troue la peau, mais Dieu m’a revêtu de plus large qu’un pagne, d’un manteau, grâce auquel je suis sorti de ma peur.