Paul Demasy

Camp sur le Rhin. Tente de la cavalière. Aliocha est de garde.
La voix de Dorojdine, dans le lointain-. Et maintenant, soldat des soviets, le rideau de brume va se lever qui vous dérobe encore la vision du vieux monde !
Il n'y a pas de bonheur pour nous et pour le monde libre, tant que nous n'aurons pas levé le rideau protégeant le beau ciel des vieux pays. Il faudra tout détruire, tout ce qui est né de la main de l'homme, mais nous respecterons la nature des nations anciennes. Elle n'est pas hostile et la liberté ne pourra se concevoir sur toute la terre qu'avec l'assentiment du ciel français.
Vous avez vu la fille du peuple qui figure dans nos rangs l'âme russe, cette âme russe qu'incarnèrent nos héros nationaux, nos Dostoïewsky, nos Pouchkine, nos Tchekov.
Vous l'avez vue, la cavalière. C'est une femme russe. Elle a connu l'amertume d'une enfance sans protection.......
(extrait du premier tableau du deuxième acte)

Enfin, voilà une pièce ; je veux dire une pièce qui ait sa vie propre, ses organes, son rythme, son mouvement, ses idées. Elle a peut-être aussi ses faiblesses, ses déformations, ses incohérences. Mais elle existe...
Animée d'une vie à demi-surnaturelle, mais peuplée de scènes réalistes, avec ses personnages à demi-fantômes, tantôt émouvants avec simplicité, tantôt épiques, tantôt comiques.
L'oeuvre, avec ses défauts, avec sa raideur d'automate et son imagerie, extrêmement séduisante, est souvent très belle.
(A l'occasion de la répétition générale, Mr Henry Bidou écrit dans "le Journal des Débats")