Si différents qu'ils paraissent dans leur technique, il existe plus d'un point de contact entre M. Gustave Moreau et M. Puvis de Chavannes. Tous deux procèdent au fond des mêmes tendances, tous deux rendent le même culte aux hautes idées. Où l'un simplifie, l'autre complique, mais ils se rencontrent et s'unissent cependant tous deux dans le mysticisme et dans son expression par l'allégorie et le symbole. Ils sont l'un et l'autre des intellectuels, des penseurs solitaires, vivant tout à fait en dehors de la vie courante et qu'on ne saurait juger avec les règles ordinaires.
Avec les Impressionnistes, cette nouveauté s'est rapidement propagée et imposée, et le nombre des artistes engagés dans ce mouvement, très restreint au début, est devenu légion. Le plein air, la lumière, le grand. soleil, c'est là la vivante et dominante inquiétude et aussi la séduisante poésie du tableau moderne comme l'a été le clair-obscur.Parmi les artistes contemporains, il en est bien peu qui, délaissant le jour égal et froid de l'atelier, n'aient peint des sujets pris dans le grand air de la rue ou des champs, même aux heures où la lumière a le plus d'éclat.
Avec l'année 1640, nous abordons une période particulièrement féconde. A compter de cette date, les créations de l'artiste se présentent nombreuses, variées, les unes singulièrement puissantes, simplement admirables les autres, magistrales et superbes la plupart. Elles se succèdent et s'échelonnent jusqu'au moment où il fera sa deuxième excursion en Italie; presque toutes se retrouvent au musée du Prado.
Une tendresse leur est commune, qu'ils n'ont pas apprise des Italiens. Ils aiment les petits, les humbles, les pauvres et jusqu'à leurs haillons pittoresques. Aussi, par quelque endroit, trouvent-ils toujours prétexte à les introduire en leurs compositions et celles-ci en prennent on ne sait quoi d'intime, de familier et de touchant. Et ces tendances naturalistes, allant parfois jusqu'à la trivialité, que l'on voit d'abord poindre chez les artistes appartenant aux deux premiers tiers du XVIe siècle et simultanément en Andalousie, à Valence et en Castille, grandissent et vont s'affirmant de plus
en plus jusqu'à devenir enfin, au XVIIe siècle, avec le goût inné des colorations sobres, saines et puissantes, les caractères les plus éminents et les plus typiques de la peinture espagnole.
Portrait d'un jeune homme, par Francisco Goya.
Était-ce un poète, un littérateur que ce jeune homme? Présidait-il quelque cercle littéraire ou encore, comme semblent l'indiquer les accessoires de bureau placés devant lui sur une table (encrier, plumes, sonnette), n'occupait-il pas quelque poste élevé dans la hiérarchie administrative ? Il nous est malheureusement impossible d'établir son exacte identité non plus que sa véritable fonction sociale. Mais, qu'importe? Il est absolument charmant ce jeune homme, avec sa chevelure poudrée à frimas et sa coiffure à l'oiseau. Il est vêtu d'un habit coupé à la mode du temps, de couleur sombre, d'un gilet fond blanc, à rayures espacées, tramées de soie bleue, en point d'épines, et une ample cravate de satin noir ferme le col de sa chemise en fine batiste. Sa physionomie est extrêmement intelligente et fine, même elle parait quelque peu hautaine et railleuse, grâce surtout à deux yeux noirs, spirituels, vifs et très pénétrants. En l'étudiant de près, nous lui trouvons un air de famille avec Goya lui-même. Serait-ce point là le portrait de son fils Xavier, portrait qui existe, sans que nous sachions où il se trouve. Mais, quelque vague que soit notre hypothèse, le portrait dont nous nous occupons est certainement l'un des meilleurs et l'un des plus harmonieux, dans sa sobre et ferme tonalité, qui soit sorti du pinceau de Goya.
Cette toile porte ta signature de Goya et mesure : Haut. 73 cent., larg. 41 cent.
La lutte entre classiques et romantiques est depuis longtemps terminée. Plus de belles passes d'armes ; plus de lances rompues; plus de bruits de combats! Mais aussi, adieu les généreuses fièvres, les colères inspiratrices, les nobles et salutaires enthousiasmes! Si quelques vétérans, témoins actifs de la bataille héroïque de jadis, survivent encore, il y a beau temps qu'ils se sont assagis... Une paix s'est faite, peut-être un peu énervante, qui a réconcilié sous les plis d'un même drapeau les ennemis d'autrefois.
Aucun musée public n'existait en Espagne avant le règne de Ferdinand VII. Toutes les merveilleuses peintures, ainsi que les sculptures et les objets d'art qui sont entrés depuis dans la formation du Musée du Prado , appartenaient au seul patrimoine royal et servaient uniquement à l'ornement des palais de Madrid, de l'Escurial et des diverses résidences d'Aranjuez, de San-Ildefonso, du Pardo, de la Zarzuela, de la Torre de la Parada et de la Quinta.
Depuis, M. Pacully s'est fixé à Paris où il a réuni, dans une pittoresque villa du parc de Neuilly, les excellents morceaux de peinture conquis par lui soit en Espagne, soit en Portugal.
C'est en effet de ces deux contrées, trop peu explorées encore, quoi que l'on dise, que vient sa très précieuse série de spécimens de l'École hispano-flamande. Apprécier ces ouvrages, ce n'est point mon affaire. Des spécialistes éminents se sont chargés de cette tâche. Mais ce que j'a. plaisir à constater c'est l'ardeur, la clairvoyance avec lesquelles leur heureux possesseur a procédé a ses investigations. Au cours de ses nombreux voyages dans la Péninsule ibérique il s'est attaché à ne réunir que des morceaux de choix, véritablement caractéristiques pour l'École espagnole de tout temps si réaliste, et que le contact avec la Flandre ne pouvait que fortifier encore dans ses instincts Goya, chez lui, coudoie Ribera, Pedro de Cordoba et Bartolomeo Gonzalez.
Le grand succès du moment, dans la peinture des portraits féminins, appartient sans conteste à M. Carolus Duran. Sa dernière exposition au Champ-de-Mars a été pour lui un véritable triomphe. Il est désormais le peintre attitré de toutes les élégances et de toutes les splendeurs, des étoffes somptueuses, et des attitudes composées, tantôt souriantes, tantôt hautaines; il est enfin, par excellence, le peintre à la mode. Sans être un physionomiste très profond, M. Carolus Duran, nous apparaît plutôt comme un magnifique improvisateur, et il serait encore, à notre avis, un portraitiste supérieur par l'aisance, par la verve, plutôt que par la conscience et la sincérité à rendre ses modèles qu'il campe et anime, d'ailleurs, superbement dans la vérité extérieure de leurs allures, de leur port de tète, de leur expression habituelle et de leurs ajustements.
Passée presque tout entière à l'ombre des cloîtres et des églises de Séville, et tout entière employée à peindre, la vie de Murillo n'offre point de particularités romanesques. Elle fut simple et grave comme son caractère, aimable et candide comme son talent.