Elle piaffait d'impatience au pied de l'échelle. Arrivé devant elle, Emile s'tait représenté la maîtresse des lieux dès qu'il était rentré et avait respiré l'air de la maison.
Elle s'adressa à lui sèchement.
"Il te faudra connaître l'heure des repas, mon garçon. J'avais déjà assez d'ouvrage avec deux hommes, plus le vieux bon à rien, tu fais le quatrième, et s'il faut encore te courir après pour que tu viennes manger, cela n'ira pas longtemps ici, à l'Aygletière"
L'affection a tout transformé. Il avait celle des animaux simple, primaire,mais combien précieuse, puisqu'elle était la seule ; depuis l'automne celle d'un homme, Emile, lui a redonné le goût de vivre, et grâce des grâces, il reçoit maintenant celle de cette gamine Suzanne, devenue en quelques jours son rayon de soleil.
Si un jour tu pouvais me dire "je ne te déteste pas" alors, tu déposerais le monde à mes pieds.
De toutes façons, il sait bien dans son for intérieur, sa vie toute tracée, c'est même pour cette raison qu'il a bu un peu plus que nécessaire, pour qu'une petite lumière s'éclaire sur son chemin ; qu'un peu de rêve et d'enchantements le drapent dans leurs replis soyeux.
Ne pourrait-on une fois pour toutes choisir de vider le pus de toutes les blessures et vivre dans le vrai ?