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Citation de Jcequejelis


Au quart environ du tournage du film, nous guettait ce désert où s'égare momentanément toute création de l'esprit. La panne sèche se produit en général au moment où l'œuvre est trop engagée pour qu'on songe à y renoncer, mais si loin de sa conclusion que la fin paraît imprévisible et que seule une foi chancelante permet de l'envisager. Comme je connais bien ce moment de détresse intellectuelle ! Il me guette dans chacun de mes livres. J'écris le premier quart aussi facilement que souffle la brise marine : travailler est alors une joie pure, je suis persuadée chaque fois que j'écris le meilleur de mes livres. C'est alors que je commence la deuxième moitié du livre, et toute joie s'évapore, les personnages refusent de bouger, de parler, de rire, ou de pleurer, ils sont pétrifiés comme des statues de sel. Pourquoi, oh pourquoi ai-je commencé ce livre ? J'ai déjà trop travaillé pour le rejeter, et pourtant la conclusion est aussi loin de moi qu'un arc-en-ciel. Il ne me reste plus alors qu'à piétiner lourdement, à essayer d'avancer en poussant les personnages sur leur chemin, en soufflant sur eux pour tenter de leur rendre la vie, bref, en pratiquant des moyens de respiration artificielle. Un jour – bien que cela me paraisse incroyable, pendant des semaines, des mois, ou même parfois des années – un jour donc, ils recommencent à respirer. Quel soulagement ! Le désert est franchi, le dernier quart du livre file comme le vent.

44 – [Le Livre de poche n° 3885, p. 230]
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