Peter Godfrey Smith: "Other Minds: The Octopus, the Sea, and the Deep Origins..."
Pour Kuhn, le succes des sciences est dû à un équilibre entre, d'une part, la résistence aux nouvelles idées , et d'autre part, l'adoption d'idées innovatives.
Cet équilibre ne peut être décrit par des lois explicites. Il réside dans les structures sociales du monde de la recherche, dans les traditions des scientifiques et même dans leurs petites manies.
( p. 83, discussion de Kuhn)
L'on peut voir la science comme une partie d'une structure politique agissant afin de renforcer de subtiles inégalités. Et, disait-on, les institutions de la science elle-même étaient pleines d'aspects qui invitaient certains et excluaient d'autres personnes.
Les manifestations les plus importantes de cette attitude se retrouvent dans les critiques féministes de la science et dans les philosophies féministes de cette science.
(p.136 et 137)
D'après Lakatos, un programme de recherches a deux composantes : noyau et ceinture protectrice. Le noyau comprend les idées essentielles, la ceinture sert à appliquer les thèses ( abstraites) du noyau à des phénomènes réels. La version opérationnelle d'une théorie contiendra des éléments et du noyau et de la ceinture.
Première règle : l'on ne peut changer que des idées de la ceinture, pas du noyau. Seconde : d'éventuels changements doivent être progressifs, c.à.d. qu'ils permettent à le théorie d'expliquer un nombre croissant de phénomènes - non l'inverse !
(pp.104-105 : discussion de Lakatos).
Les domaines et pratiques que nous appelons "science" sont trop divers pour qu'il y ait une "théorie philosophique générale" de cette science.
( p.227)
En sciences, le terme "explication" ne saurait désigner une seule et unique relation, commune à toutes les disciplines. En cela je suis d'accord avec van Fraassen. Des disciplines différentes peuvent avoir des définitions différentes de ce qui constitue une explication. ( p.199)
En 1983 Nancy Cartwright a réveillé la philosophie de la physique avec son livre " Comment les lois de la physique mentent". Elle y montre comment ce que les gens appellent "les lois de la nature" ne décrivent pas de phénomènes réels, mais seulement le comportement de systèmes fictionnels hautement idéalisés. (p.201)
Nous avons de bonnes raisons d'avoir différents niveaux de confiance dans différentes sciences. En physique fondamentale, par exemple, nous étudions des phénomènes extrêmement éloignés des domaines auxquels nos intellects sont adaptés. Et nous utiisons des formulations mathématiques très difficiles à interpreter. Ceci devrait nous inciter à la prudence ! Mais en biologie moléculaire, par exemple, la situation est toute autre.
(P. 178)
L'existence de zones grises ne devrait pas nous étonner, le mot "science", dans notre société étant chargé d'une grande puissance rhétorique. Nombreux sont ceux qui estiment profitable de qualifier des travaux dans une zone contestée de "scientifique" ou " non scientifique". Certains qualifieront une étude de "scientifique" afin de suggérer qu'elle utilise des méthodes rigoureuses, et que ses conclusions devraient nous inspîrer confiance. Occasionnellement, quelqu'un qualifiera une étude de " scientifique" afin de lui donner un cachet négatif, par exemple pour regretter son caractère déshumanisant. Les mots " science" et "scientififque" ayant ces usages rhétoriques, nous ne devrions pas nous étonner de voir les gens débattre sans fin de ce qui est scientifique ou ne l'est pas.
(Traduction libre de la p.3)
Pour W.V. Quine, toutes nos conceptions et hypothèses forment un "réseau de croyances", qui ne contacte la réalite que si on le laisse entier. ( On ne peut tester une hypothèse ou une croyance isolée de son contexte théorique).
(p. 33)
Un paradigme, au sens large, est un ensemble d'idées et de méthodes qui, prises ensemble, constituent une vue du monde et une façon de faire de la science. En un sens plus restreint, un paradigme est une exemple, une instance spécifique d'activité scientifique. En ce sens restreint, Il peut s'agir d'une expérience particulièrement fertile, telle que celles de Mendel, qui fondèrent la génétique. Ou d'un ensemble de lois ou d'équations, telles que les lois de Newton ou les équations de Maxwell.
(traduction de la p.77, discussion de Kuhn).
Le naturalisme, en philosophie, exige que l'on commence ses investigations par les meilleures représentations offertes par la science à ce jour. Ces représentations constituent notre point de départ, et nous n'essayerons pas de les justifier depuis un point de vue extérieur à cette science. Bien sûr, ces images ne seront jamais parfaites, et elles changeront avec le temps.
Les questions que nous adresserons, cependant, ne seront pas celles que se posent les scientifiques. Il s'agira, en grande partie, des questions de la philosophie traditionnelle, concernant la nature des croyances, leur justification, et la nature de la connaissance.
( p. 154, traduction libre).