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Citation de Bernardbre


Mais chacun sait bien – et elle aussi – qu’une lettre d’amour, on ne l’adresse jamais qu’à soi-même, prenant simplement l’autre à témoin du roman qu’on se fabrique tout seul pour soi, et qu’elle crée de celui à qui l’on écrit une image rêvée dont personne n’est assez dupe pour croire qu’elle existe autrement et ailleurs que dans la fiction songeuse de ses propres illusions.

On n’écrit jamais qu’à défaut d’aimer.

La légende veut qu’il soit devenu athée et anticlérical un soir de Noël où, enfant de chœur, servant la messe de minuit, il aurait perdu son orteil qui avait gelé pendant que le sermon du curé s’éternisait : c’est une preuve qui en vaut une autre de l’inexistence de Dieu et de l’idiotie de ceux qui croient en lui.

Comme dans cette vieille fable de La Fontaine – la seule que lui, son fils, mon père, n’ait jamais oubliée et ait su réciter jusqu’au bout par cœur – mais lui, mort subitement et à seulement cinquante ans, n’en avait pas eu l’occasion –, réunit autour de son lit ses enfants et leur fait la promesse d’un trésor qui, bien sûr, n’existe pas mais à la recherche duquel ils vont consacrer désormais toute l’énergie de leur existence. La morale n’étant pas que le travail est le vrai trésor ainsi que le voudrait une interprétation conventionnelle comme celle qu’on demande à l’école pour édifier les enfants. La vérité étant que le monde est tout à fait vide, qu’on peut retourner toute la terre sans jamais y trouver quoi que ce soit. Ou plus précisément: que le seul trésor, dès lors qu’on le sait, est le rien dont procède toute vie et avec lequel elle s’achève. / Et c’est bien pourquoi les pères se taisent. Du moins lorsqu’ils en ont l’intelligence et la délicatesse.
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