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Critiques de Philippe Léotard (4)
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Clinique de la raison close

Il faut que je vous avoue, avant de commencer, que j’ai longtemps eu une aversion carabinée pour le personnage Léotard. L’acteur m’a rarement fait voyager et l’alcoolique qui se donne une image genre poète maudit m’insupportait au plus haut point. Ca se veut couleur Gainsbourg, ça se la joue canada dry Gainsbarre, bref une pâle imitation sur jouée, c’était ça Philippe Léotard pour moi quand j’étais jeune.

Depuis quelques années, quelques petits cailloux semés de ci de là, au détour d’un texte, au cœur d’une poésie, d’un ressenti, m’ont donné l’envie de découvrir vraiment le personnage.

Jeu set et match.



« Moi, je parle avec assurance d’une maison close dont je n’ai pas la clef. Mais ce que je dis est toujours aussi un peu une incitation à l’effraction ».

Tout Philippe Léotard est dans ces deux phrases. Du moins celui de la Clinique de la raison close.

En bon hyper sensible qui se respecte, il avait le choix entre s’enfermer ou provoquer. Il a alterné les deux en se cachant derrière l’alcool et en signant un pacte avec la Dame Blanche. Quelques rêves plus loin partent en volutes de fumée d’herbe. Quelques béquilles insuffisantes pour s’accepter, pour maquiller une époque, un monde où il ne se sent pas à sa place. Une main tendue pour tomber le masque, un vers de plus pour continuer la mascarade, action, le comédien est dans son rôle. Et il en crève de ce fictif lui qui ne rêve que d’absolu.

Dans cette clinique de la raison close, il va en cure de désintoxication. Une femme ou la cocaïne, le choix est difficile mais chaque homme doit préférer avoir son héroïne dans le sang plutôt que de suivre la ligne blanche d’un junkie. Le parcours est terrifiant, les douleurs physiques et psychologiques laissent peu de répits au manque d’estime de soi. Dans l’horreur de la paranoïa, que le meilleur gagne.

Le bouquin est fait d’instants de lucidité entre deux délires médicamenteux. Une douleur permanente due au manque d’amour de soi et de poudre, infuse les pages. La tête émerge à peine le temps de reprendre un peu d’air qu’un énième renoncement incite à se laisser emporter par le courant.

J’ai été largué plus souvent qu’à mon tour. Les pages écrites sous contrôle chimique partent dans tous les sens et j’ai du relire plusieurs fois certains passages pour être sur que je n’avais pas tout compris aux délires.

Par contre, les moments de moins pire, quel pied. Une poésie des tripes vient harponner le ressenti.

A la provocation succède un zest de pudeur dans cette mise à nu. L’écriture devient fluide, évidente, puissante, chargée de sens.



Des cendres à Montparnasse, fin du voyage voila déjà dix huit ans. Le temps qu’il m’aura fallu pour casser une image que je m’étais faite quand j’étais un jeune con. Avant d’en devenir un vieux, j’ai découvert une authenticité que je ne soupçonnais pas chez un homme à la sensibilité à fleur de peau.

Comédien, menteur et authentique, toutes les teintes à sa palette.

Me voila prêt à écouter l’album (A l’amour comme à la guerre) offert par Krout et découvrir ses textes de chanson.

Salut l’artiste.



« Ces pages sont des épaves, repêchées au hasard des grèves où les abandonnait mon impuissance ».
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Portrait de l'artiste au nez rouge

Portrait de l’artiste au nez rouge.

Rouge comme le rouge qui me monte aux joues, ce rouge qui teinte de regrets la honte que j’ai d’avoir un jour hurlé avec les loups. Comme je l’ai déjà dit dans un billet (Clinique de la raison close), il n’y a encore pas si longtemps, Philippe Léotard incarnait pour moi le prototype même de l’acteur qui se la joue poète maudit, provocateur à deux balles jouant un rôle de plus, nanti parmi les nantis sortant de belles théories plus ou moins compréhensibles suivant l’heure de la journée et le taux de sang présent dans son alcool.

C’est en lisant « Clinique de la raison close » que, la gorge serrée, mes premières rougeurs faciales sont apparues et que la raison close, parasitée pendant toutes ces années par l’apparence, le coté cœur s’est ouvert.

Plus qu’un coup de cœur, un coup au cœur. L’artiste au nez rouge, rouge sang ou plutôt rouge sans.

Sans repères, pour lui et sa quête d’absolu. Extrémiste de l’Amour.

Artiste au nez rouge, cet appendice proéminent derrière lequel l’homme cache une fragilité extrême. Un nez rouge comme un phare dans la nuit, l’artiste comme un naufrageur qui par ses outrances révèle à l’autre l’écueil sur lequel notre société d’apparence est venue s’échouer.

Un nez rouge comme une caricature que nous sommes, si loin de l’essentiel pour lui l’inadapté et son incompatibilité avec notre monde ou plutôt avec ce que nous faisons de la vie.

L’artiste se fait caricature lui même pour montrer l’extravagance de nos préoccupations. Excès pour excès, que le meilleur gagne…



Je mentirai si je disais que j’ai compris le sens de tous les textes mais j’ai bien perçu tous les appels au secours, toutes les déclamations d’Amour, les peurs et les éternels espoirs de cet homme détruit pour avoir gardé sa naïveté d’enfant jusqu’à son dernier souffle.



Pour une fois, je vais citer une quatrième de couverture signée JP G (de Première, je ne sais pas qui est JP G) qui dit tout :

« De ses maux il fait des mots, de sa déprime du sublime. Ce livre se lit par bribes, dans le désordre, et on ne le quitte jamais que parce qu’on sait qu’on va y revenir. Avec toujours la même boule dans la gorge » .



Clinique de la raison close, Pas un jour sans une ligne, Portrait de l’artiste au nez rouge, trois lectures et toujours la même émotion, les mêmes sensations.

Peut être qu’un jour un de ces titres tombera entre vos mains (ce que je vous souhaite) et que si ce n’est déjà fait, comme moi, vous aimerez Léo… tard.
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Pas un jour sans une ligne

"Si je me suis trompé, en disant : Je t'aime, je préfère avoir dit : je t'aime. On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer."



Voilà comment ce recueil brut de mots et de maux commence. Philippe Léotard ou la plume libre et gorgée de rage s'enflamme au détour d'une émotion d'un ressentiment ou encore d'un coup de gueule. Pas de fausse pudeur ni de pudeur du tout, écrire comme on respire pourrait être le résumé de tous ces emportements qui sont autant de dons de soi que de douleurs énoncées. Le bonhomme me plaisait beaucoup et je me disais, il faut qu'un jour , un putain de jour, j'accorde à ce type pas comme les autres, à se coeur béant les heures qu'il mérite. Je l'ai fait et j'en suis heureux pour plusieurs raisons. Philippe était Philippe et ne jouait à rien d'autre, ses textes le prouvent, même lorsqu'ils sont hasardeux ou maladroits. C'est un livre pour tous ceux qui n'osent pas écrire. Ce sont des pages pleine d'humanité. Merci Philippe !
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Portrait de l'artiste au nez rouge

On parle peu de poé­sie en ce siècle. Pour­tant ce ne sont pas les poètes qui manquent… peut-être les lec­teurs de poé­sie. Ce poète, Ange-Philippe Léo­tard Tomasi, a le nez rouge. Ce même nez qui trône au milieu de la face du clown, appen­dice fac­tice et joyeux qui sert de façade bur­lesque, mais qui est en réa­lité n’est qu’un mirage qui cache le visage et la gau­che­rie d’un ivrogne dont la folie désa­bu­sée fait rire.



Auto­por­trait du “je” par Léo­tard qui se consi­dé­rait avant tout comme un comé­dien de la vie (« Je suis bailli par une ombre plus pro­fonde en moi que moi-même, pour exer­cer cette magie d’être plus lumi­neux, voire plus brillant que les innom­brables soleils qui m’éclairent. A d’autres le soin de me sor­tir des souillures qui ne viennent que d’eux, à d’autres de me “déta­cher” s’ils veulent s’approprier. », p. 107)… Un comé­dien, un clown, un poète, quelle dif­fé­rence ? Tout cela ne sert à rien. Irré­sis­ti­ble­ment roman­tique, né sans doute un siècle trop tard, ce Léo­tard est un croi­se­ment anar­chique et assumé entre Rim­baud et Pré­vert, entre Jim Mor­ri­son et Léo Ferré, un sal­tim­banque de l’infortune, aux vers brû­lés, à l’haleine lourde et au regard lucide et inquiet (« Je suis comme tous les hommes, mais comme je suis plus inquiet, tous les hommes en moi prennent des pro­por­tions plus ter­ribles. Et inver­se­ment. Dans tous les sens. », p.155). Ce livre, s’il est plein de verve et de phrases qu’on retien­drait volon­tiers, ne révo­lu­tionne pas la forme poé­tique, certes non! Mais il offre un lyrisme de fin de siècle (de fin de par­tie dirait Beckett) sai­sis­sant, où le “je”, plein de hargne et d’amour, de « demis-mots amers », déborde du car­can qui l’emprisonne (« Si j’ai donc écrit au lieu de pro­fé­rer ou de hur­ler, c’est par las­si­tude. Oui, c’est par fatigue, c’est par… c’est parce que chaque fois que j’ai voulu par­ler sin­cè­re­ment, on m’a pris fer­me­ment, ami­ca­le­ment, par le bras et on m’a dit ‘Ne vous éner­vez pas, s’il vous plaît, calmez-vous!…’ » pré­face de l’auteur). On y croise les fan­tômes, des « amis par­tis » trop tôt qui hantent la mémoire et le verbe du poète, on y ren­contre l’amour, le cinéma…
Lien : http://www.labyrinthiques.ne..
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