Le Paris de Michel Audiard de Philippe Lombard aux éditions Parigramme
Né dans le 14e arrondissement, Michel Audiard fréquente l'école de la rue du Moulin-Vert puis le Vél' d'Hiv' de la rue Nélaton. Pendant l'Occupation, il s'inscrit en école de soudure pour échapper au STO.
Mais c'est comme porteur de journaux à bicyclette qu'il entame sa vie professionnelle. La proximité avec les journalistes, qu'il croise dans les cafés des grands boulevards, lui vaut cependant de passer de l'autre côté du miroir, sa faconde naturelle nourrissant de longs articles " de notre envoyé spécial en Indochine " d'autant mieux informés que l'intéressé prend soin de les rédiger sans quitter sa mansarde ! Suivent les critiques de films, qu'Audiard compose sans s'infliger d'assister aux projections... Ces premiers pas le mènent à Cinémonde... Un producteur ne tarde pas à lui demander un premier scénario, Mission à Tanger en 1949... qui sera suivi de nombreux autres. Entre 125, rue Montmartre, Les Barbouzes, Les Tontons flingueurs... comme scénariste et/ou dialoguiste, Audiard truffera ses ?uvres de décors familiers et de références au Paris de sa jeunesse. Celui des concierges assises sur le pas de leur porte, des pistards tournant sans relâche au Vél d'Hiv', des Halles en effervescence... et de la réplique gouailleuse qu'un titi ne manquera de faire glisser sur le zinc... " Toute une époque !" disait Blier dans Les Tontons.
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Auguste Le Breton, auteur de romans noirs adaptés à l'écran comme Du Rififi chez les hommes ou Le Clan des Siciliens (et rival autoproclamé de Simonin), aimait bien jouer les durs, comme s'en souvient le cinéaste Gilles Grangier: "Alors que nous faisions avec Audiard l'adaptation du Rouge est mis à Montfort-l'Amaury, dans la très pacifique auberge de la Moutière, il ne se déplaçait jamais sans un Luger dans sa valise. Cette arme impressionnante, à la crosse encochée d'une série d'entailles -une entaille=un ennemi abattu- était destinée, parait-il, à impressionner son éditeur qu'il ne trouvait pas "raisonnable", selon son expression! Mais son regard terrible, fixé sur nous, suggérait: "Avis aux amateurs, si des fois vous trahissez mon livre, gare!" Nous n'avons jamais vu l'engin ressortir de la valise."
LE CHOC de Robin Davis (1982)
Davis lit quelques romans et propose d'adapter La position du tireur couché de Jean-Patrick Manchette. "Tout le monde était d'accord, tout le monde a signé ... sauf que personne ne l'avait lu", raconte le réalisateur. Quand il fait lire son adaptation fidèle du roman à Delon et aux producteurs, leur réaction est pour le moins mitigée. "C'est quand même l'histoire d'un tueur qui est la plupart du temps ivre mort. Il est impuissant, il n'aime pas les femmes, il mange des nouilles à longueur de journées, il vit dans une cave parce qu'il est schizophrène et qu'il ne veut se montrer à personne, il est en lutte contre la société entière (...)"
La star accepte le scénario mais demande à son auteur de réécrire son personnage de tueur à gages en inversant les polarités. Davis n'est pas très emballé et se dit prêt à jeter l'éponge mais les producteurs Alain Terzian et Alain Sarde le convainquent de continuer. Il demande alors à collaborer avec l'écrivain Jérôme Charyn, ce qui est accepté.
A New-York, Davis rencontre son auteur fétiche mais est victime d'une grave intoxication alimentaire qui le cloue sur un lit d'hôpital pendant une semaine. A sa sortie, il récupère le script de Charyn qu'il lit dans l'avion du retour. "C'était épouvantable". (...)
Les producteurs sont en colère contre le romancier et rappellent à Robin Davis que le tournage commence dans trois semaines... Le cinéaste concocte alors un scénario dans ce laps de temps en se basant sur les grandes lignes du roman, en magnifiant le personnage de Delon (qui ne vit plus dans une cave mais dans un beau duplex, etc) et en faisant de celui de Deneuve une gardienne de dindons.
En 1959, Jean Rochefort accepte avec enthousiasme un film dont il n'a pas lu le scénario, Vingt mille lieues sur la terre de Marcello Pagliero, qui va se tourner en URSS: "Dès les premières scènes, j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un film de propagande soviétique." Pourtant, le réalisateur espérait faire une oeuvre réaliste, avec des scènes prises sur le vif, comme ce plan d'une charrette tirée par des chevaux qu'il faut remplacer par un tracteur, plan quinquennal oblige. "D'autres problèmes, moins politiques et plus prosaïques, surviennent. "Les techniciens touchaient une prime si le tournage s'étirait", raconte Rochefort, et comme "le réalisateur était alcoolique", ils n'hésitaient pas à le faire boire...
En dépit d'une avalanche de meurtres, ce n'est pas un "thriller" ;
en dépit d'une cascade de malentendus amoureux, ce n'est pas un vaudeville,
non, voyez-vous, j'appellerais plutôt cela une tragi-comédie-sentimentalo-policière-à-suspense-souriant,
c'est peut-être un peu long, mais ça dit bien ce que ça veut dire ...
Dans mon enfance, ayant le goût de choisir les films que j'allais voir, j'ai été amenée à connaitre Paris, à traverser Paris dans tous les sens.
-Taxi ! Taxi ! Au secours !
-C'est pas ma direction !
Réplique du film "Mort d'un pourri".
Le 06 octobre 1973, les troupes égyptiennes et syriennes pénètrent en Israël. Le monde entier est pris par surprise par ce que l'on appellera La guerre du Kippour. A Paris, Gérard Oury et son responsable de la publicité, Georges Cravenne, se demandent s'il est bien raisonnable de sortir dans ce contexte explosif Les Aventures de Rabbi Jacob. Le cinéaste projette le film à ses plus proches collaborateurs ainsi qu'à son ami Henri Verneuil... qui lui conseille d'attendre six mois pour le sortir! "Il pensait qe le film touchait à des questions trop sensibles et risquait de provoquer des bagarres entre Juifs et Arabes, des risques d'attentats dans les salles..", rapporte le compositeur Vladimir Cosma. Malgré cet avis et les nombreuses menaces de morts qu'il reçoit, Oury décide de conserver la date prévue, le 18 octobre.
"Le jour de la sortie du film, on apprend à la radio avec stupeur que Danielle Cravenne, la femme de Georges, avait détourné un avion! se souvient le cinéaste. Comment cette jeune femme de 35 ans, jolie, élégante, qui chérissait ses deux jeunes enfants, avait-elle pu en arriver à de telles extrémités? La réponse ne tarda pas à arriver, puisqu'elle avait fait ça pour demander l'interdiction de Rabbi Jacob dont, en raison des circonstances, et sans même l'avoir vu, elle jugeait la sortie intolérable. Elle était pro-palestinienne. C'était une jeune femme en quête d'absolu, qui n'avait rien d'une terroriste. Elle a été malencontreusement abattue par la police d'une balle dans le front." Malgré cette sortie désastreuse, Les Aventures de Rabbi Jacob va attirer plus de 7 millions de Français.
Vous rêvez de posséder la répartie de Jean-Paul Belmondo ou la charmante maladresse de Woody Allen ?
POUR REMBARRER SON CHEF :
« Mon supérieur veut vous voir.
- Ah, lequel ? Il y a tellement de gens qui vous sont supérieurs. »
Gregory Walcott et Clint Eastwood dans La Sanction
" J'ai un éblouissement en pleine Samaritaine. J'appelle mon fils, il me raccroche au nez de sa mère! Maintenant, il vient me critiquer que je ne suis pas morte. Et bien, si c'est ca votre médecine de gauche, les communistes, ils ont pas intérêt à prendre froid." - Marthe Villalonga,Nous irons tous au paradis, Yves Robert ( 1977)