Je ne savais pas à quoi m’attendre en lisant le résumé de ce livre, j’ai tenté et je ne le regrette pas car c’est un beau portrait qui est dressé là : celui d’un homme dans sa vie de tous les jours autour des siens et qui va être bouleversé par la mort subite de son meilleur ami, de son mentor. Un livre quelque peu bizarre parfois mais révélateur d’une société de gens simples qui vivent comme ils peuvent dans l’amour, l’amitié et l’entraide sans jugement, juste avec empathie.
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Eté 1970, Alabama, « le Cœur du Cœur de Dixie ». Le comté de Sumpter, à la frontière du Tennessee, est un dry county, comme il en existe d’autres dans le Sud. Il est interdit d’y vendre de l’alcool. Ce n’est pas un problème pour Bennie J. Reynolds qui, issu d’une lignée d’habitants des bois et des marais versés dans le trafic, la corruption et la démerde, est devenu l’homme le plus puissant du comté. [S]a femme est la plus belle, sa maison la plus grande et ses enfants les plus populaires de la région. Grâce à son formidable sens des affaires, il s’est débrouillé pour tenir au creux de sa main le cœur, l’âme et le portefeuille de ses concitoyens en devenant le seul pourvoyeur d’alcool de la ville, la Cité de la soif comme il se plaît à l’appeler. Mélange détonnant de gentillesse du Sud et de sans-gêne parvenu, la famille Reynolds est un peu clinquante, certes, mais qu’importe. Ici on est dans le Sud, et dans le Sud on aime la réussite et on s’arrange avec le reste, du moment qu’on respecte les traditions, les chiens, l’élection de Miss Coton et la Fête du Raton Laveur. Pourtant, cet été 1970 pourrait bien ébranler toutes les confortables certitudes de Bennie J. Des changements s’annoncent avec le départ pour l’université de ses enfants, sa fille Winn et surtout son fils, Wright.
Le roman de Morris ouvre les portes d’une galerie de portraits, tous plus pittoresques les uns que les autres. Evidemment le clan Reynolds y prend la plus large place : Bennie J. le père, travailleur acharné, viscéralement attaché à sa famille et sa terre, à certaines traditions, adepte aussi du « My way » (et tant pis pour la casse) ; Maman Cordelle, la mère, entre frivolité et autorité ; Winn et Wright, les enfants ; Hannah, la cousine ave laquelle Wright a une liaison ; Mae Emma l’employée de maison noire considérée comme la « cousine » (parce que les conventions chez les Reynolds, on s’assoit parfois dessus) ; Jerry Lee, l’homme de main de Bennie J. qui a fricoté par le passé avec Coleen, la sœur de Maman Cordelle et mère d’Hannah ; Mamma Dog Midnight, enfin, la chienne de race Coonhound (chien de chasse adapté pour le raton laveur, d’où son nom), fierté de son maître. Autour d’eux, en admiration pour leurs personnes et leurs gestes, la bonne société du comté, les riches héritiers, les petits notables et les ruraux, pas tous rusés, dont Morris se fait fort de souligner les qualités et surtout les défauts, trop humains, avec un effet hilarant certain.
Bennie J. prend la vie avec son éthique, sudiste mais aussi bien à lui. « Quoi que tu fasses en ce bas monde, fais-le avec dignité et élégance » inculque-t-il à son fils. Cela signifie bosser comme un forcené de l’aube au crépuscule, dans ses échoppes ou bien en organisant une expédition à la dernière minute dans le Tennessee voisin pour abreuver les participants de la Fête du Raton laveur, ramasser les biftons et confier à ses enfants de les apporter en sachets à la banque, envoyer balader ceux qui l’ennuient, quel que soit leur statut, enterrer son chien avec pompe quand celui-ci meurt. C’est un père inquiet pour l’avenir de sa famille et de tout ce qu’il a construit. L’immense tendresse que l’homme d’affaires matois a pour les siens est touchante. Et sa philosophie de vie de redneck chauvin mal dessalé, tantôt bornée, tantôt easygoing, fait naître aisément le sourire :
Où est-ce que Kathy Lee va faire ses études déjà ? demanda-t-il en prenant le chiot sur ses genoux.
A Rutgers, dans le New Jersey répondit Wright.
J’sais pas pourquoi ils tiennent à envoyer leurs gamins dans une ribambelle d’écoles jusqu’à ce qu’ils aient trente ans. Envoyer Kathy Lee dans le Nord, merde alors.
B. J. , elle est allée au lycée de Sumpter. Et comme Lou Ann, elle continuera sans doute jusqu’à ce quelle obtienne un diplôme à Rutgers.
Rutgers ? On dirait le nom d’une école où on apprend à fabriquer des armes. J’sais pas pourquoi les Thomas se sentent obligés de fréquenter des écoles bizarres. Ouais si Bennie J. était jeune, y ‘a qu’un endroit où il voudrait aller : l’Université d’Alabama à Tuscaloosa. Et j’ferais des études de karaté. C’est quelque chose que personne peut t’enlever.
Winn (le contraire de Lose) voyage en Europe pour les vacances. La vie universitaire va l’éloigner à nouveau du comté et elle est à l’heure des choix, cela serre le cœur de Bennie J. « Dès que cette chère Winn apparaît, c’est la fête » est un mantra chez les Reynolds. Wright (le contraire de Wrong), beau et charismatique, auquel tout le monde prédit une carrière politique nationale, s’angoisse de quitter son monde et d’assumer sa relation avec sa cousine, renâcle à l’idée de travailler aussi dur que son père, veut régler quelques comptes avec les membres de la riche micro-société locale. C’est un adulte désormais. Enfin, sous le même toit, Hannah sombre dans la mélancolie, persuadée de mourir bientôt. Si Bennie J. a tiré sa propre force et sa propre morale à patauger dans les eaux turbides du marécage et de la contrebande (il sait d’où il vient et ne cesse de conter ses propres aventures comme celles de ses aïeuls), ses enfants, dosés en douce au gin-soda et grisés par la vitesse et la vie facile, lui apportent bien des tracas.
Le texte de P. Q Morris révèle la fine connaissance de son sujet, le Sud avec ses traditions et coutumes et ses habitants, et la maîtrise d’un art, saisir le sens d’un lieu et d’un moment et donner une consistance à ses personnages. Mais peut-être devrais-je me contenter de dire que ce roman est une sacrée bonne histoire, qui pétille de vie, suinte de raide et de sensualité et frise le barjo, pour notre plus grand plaisir. Si quelqu’un pouvait dire à Phillip Queen Morris que nous n’en avons pas eu assez, il en serait remercié.
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J'ai été très emballée par le début de ce roman. Le côté déjanté et les dialogues très crus, digne de la famille Groseille dans "La vie est un long fleuve tranquille" me semblaient rafraichissants. Mais la suite du roman m'a moins convaincue, on se lasse des dialogues triviaux et on se demande où l'intrigue va nous emmener. Je pense que le style prévaut ici sur le fonds.
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Mister Alabama
Phillip Quinn MORRIS
Alvin était autrefois mister Alabama mais ii a arrêté la compétition avant d’être mister America.
Depuis il est pêcheur de moules dans les eaux saumâtres des rivières d’Alabama.
Seulement pour récolter des moules il faut plonger et souvent profondément.
Il y va accompagné de son meilleur ami Johnny Ray.
Et dans sa maison ouverte aux quatre vents il accueille ses amis Cliff, Freddy, Donna et sa soeur Alma.
Un jour au retour d’une plongée Johnny Ray lui confie avoir trouvé un trésor qu’il ira rechercher très rapidement.
Mais pas assez rapidement puisque le mal des plongeurs va le tuer.
Alvin se fixe alors 2 buts : devenir mister America à coups de stéroïdes et aller chercher le trésor en or de Johnny Ray.
Un roman pas vraiment intéressant il faut bien l’avouer.
Ça paraissait prometteur et puis... bof bof...
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Chronique de vie d'un trou paumé de l'Alabama qui suit les jours plus ou moins heureux mais arrosés d'une bande de potes plus ou moins heureux et paumés eux aussi avec Alvin Lee Fuqua en tête. Culturiste et pécheur de moules à ses heures perdues Alvin a décidé de renouer avec un rêve mis de côté: devenir Mister America pour jouer dans un film de Burt Reynolds.
Alors avec la 4ème de couv' je m'attendais à quelque chose de plus barré,déjanté,irrévérencieux et surtout plus subversif. 1979,l'après Vietnam, écrit en 89 tout était réuni pour ça.Et non c'est même plutôt le contraire en 2ème partie de roman ou cela va assez loin dans la déprime post-décés et les maux et ravages de l'anorexie.
Sympathique et touchant
Pour autant on sourit régulièrement avec les péripéties de ces persos un peu rustres pour les uns, bourrins pour les autres
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