Dans le "Sutra du Lotus", la maison en flammes est le symbole de la confusion la plus extrême, quand un père aperçoit ses enfants tellement absorbés par leurs nouveaux jouets que c'est à peine qu'ils remarquent que les murs qui les entourent sont la proie des flammes. Il comprend alors que la seule façon de les attirer dehors est de leur promettre une charrette - usant de l'image elle-même pour sauver ceux d'entre nous, hypnotisés par des images, qui ne voient pas que les flammes reduisent à néant nos fondations.
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En raison de son grand isolement sur les hauteurs, et parce que les moines et les "scientifiques du moi" y développaient des techniques intérieures tandis que d'autres pays travaillaient sur les voitures et les avions, le Tibet semble appartenir à une époque révolue qui apparait à nombre d'entre nous comme un souvenir presque préconscient, une sagesse ancestrale que nous avons perdue.
Le problème récurrent en politique est qu'à chaque fois qu'une personne brigue le pouvoir, c'est souvent par définition quelqu'un à qui nous ne le confierions pas.
Il ne s'agit pas de suggérer que voyager ne set à rien; j'ai souvent connu une immobilité fructueuse dans un coin ensoleillé d'Ethiopie ou de la Havane. Je rappelle juste que ce n'est pas tant le mouvement physique qui nous élève que l'esprit dans lequel nous bougeons. Comme Henry David Thoreau, l'un des plus grands explorateurs de son temps se le remettait en mémoire dans son journal " ce qui importe n'est pas où, ni jusqu'où vous voyagez - le plus loin généralement le pire -, mais à quel point vous êtes vivant".
Ce n'est pas suffisant de dire que nous voulons la paix, que nous sommes contre la violence, avait-il déclaré à Nara. Ne dire que cela, ce n'est pas suffisant. La violence surgit parce qu'il y a un problème. Nous devons donc résoudre le problème. La meilleure façon, c'est le dialogue. L'intérêt d'autrui et les nôtres sont extrêmement enchevêtrés.
Un homme immobile est seul, souvent, avec le souvenir de ce qu'il n'a pas. Et ce qu'il a peut fort bien ne ressembler à rien.
Et avec nos millards de voisins planétaires dans le besoin, avec tant à accomplir dans chaque vie, il peut paraître égoïste de faire une pause. Mais dès que vous vous immobilisez, vous découvrez que cela vous rapproche en fait des autre, en compréhension, aussi bien qu’en sympathie.
Une part tellement importante de nos vie se déroule dans nos têtes - en souvenirs ou en imagination, en spéculations ou en interprétations - que j'ai parfois l'impression que c'est en changeant mon regard sur ma vie que ke peux le mieux la transformer.
La nature des émissions télévisées modernes est telle qu'on ne redoute rien - ni la grandiloquence, ni la répétition, ni l'acrimonie - autant que le silence. En l'espace d'une génération [...] le monde semblait être passé d'un manque à un trop plein d'informations, et j'en venais à me dire que ce à quoi aspirait l'âme, en écoutant les hommes bavasser sur tous les écrans, c'était au moyen de prendre du recul par rapport à tout ce tohu-bohu.
Alors que l'information paraissait constituer autrefois la première étape vers la connaissance et, par la suite, vers la sagesse, elle semblait être parfois, de nos jours, leur pire ennemie.
Le Dalaï-Lama s'est même retrouvé dans la position, somme toute peu commune pour un dirigeant, de devoir tenter un coup d'état contre lui-même, en essayant de renoncer au pouvoir que son peuple s'empressa à nouveau de lui confier.
Idéalement, entrer dans une communauté fondée sur des valeurs spirituelles et non politiques revient à pénétrer dans un monde tourné vers le haut, où, espère le Dalaï-Lama, la liberté signifie être libéré de toute peur et où la richesse se mesure aux ressources intérieures.