En raison de son grand isolement sur les hauteurs, et parce que les moines et les "scientifiques du moi" y développaient des techniques intérieures tandis que d'autres pays travaillaient sur les voitures et les avions, le Tibet semble appartenir à une époque révolue qui apparait à nombre d'entre nous comme un souvenir presque préconscient, une sagesse ancestrale que nous avons perdue.
Ce n'est pas suffisant de dire que nous voulons la paix, que nous sommes contre la violence, avait-il déclaré à Nara. Ne dire que cela, ce n'est pas suffisant. La violence surgit parce qu'il y a un problème. Nous devons donc résoudre le problème. La meilleure façon, c'est le dialogue. L'intérêt d'autrui et les nôtres sont extrêmement enchevêtrés.
Le problème récurrent en politique est qu'à chaque fois qu'une personne brigue le pouvoir, c'est souvent par définition quelqu'un à qui nous ne le confierions pas.
La nature des émissions télévisées modernes est telle qu'on ne redoute rien - ni la grandiloquence, ni la répétition, ni l'acrimonie - autant que le silence. En l'espace d'une génération [...] le monde semblait être passé d'un manque à un trop plein d'informations, et j'en venais à me dire que ce à quoi aspirait l'âme, en écoutant les hommes bavasser sur tous les écrans, c'était au moyen de prendre du recul par rapport à tout ce tohu-bohu.
Alors que l'information paraissait constituer autrefois la première étape vers la connaissance et, par la suite, vers la sagesse, elle semblait être parfois, de nos jours, leur pire ennemie.
Le Dalaï-Lama s'est même retrouvé dans la position, somme toute peu commune pour un dirigeant, de devoir tenter un coup d'état contre lui-même, en essayant de renoncer au pouvoir que son peuple s'empressa à nouveau de lui confier.
Idéalement, entrer dans une communauté fondée sur des valeurs spirituelles et non politiques revient à pénétrer dans un monde tourné vers le haut, où, espère le Dalaï-Lama, la liberté signifie être libéré de toute peur et où la richesse se mesure aux ressources intérieures.