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Citations de Pierre Conesa (39)


« Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi ! », avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev. L'ennemi soviétique avait toutes les qualités d'un « bon » ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l'Occident et rendu plus vaine sa puissance.
Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les États (démocratiques ou pas), les think tanks stratégiques, les services de renseignements et autres faiseurs d'opinion ont consciencieusement « fabriqué de l'ennemi » et décrit un monde constitué de menaces, de risques et de défis.
L'ennemi est-il une nécessité ? Il est très utile en tout cas pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel. On peut dresser une typologie des ennemis de ces vingt dernières années : ennemi proche (conflits frontaliers : Inde-Pakistan, Grèce-Turquie, Pérou-Équateur), rival planétaire (Chine), ennemi intime (guerres civiles : Yougoslavie, Rwanda), ennemi caché (théorie du complot : juifs, communistes), Mal absolu (extrémisme religieux), ennemi conceptuel, médiatique...
Comment advient ce moment « anormal » ou l'homme tue en toute bonne conscience ? Avec une finesse d'analyse et une force de conviction peu communes, Pierre Conesa explique de quelle manière se crée le rapport d'hostilité, comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d'autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels.

Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l'ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire. Il s'agit moins au final d'une affaire militaire que d'une cause politique. Moins d'une affaire de calibre que d'une question d'hommes.
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L'ennemi répond à un besoin social, il participe d'un certain imaginaire collectif propre à chaque groupe. C'est un autre soi-même qu'il faut "altériser", noircir, et rendre menaçant, afin que l'usage de la violence puisse apparaître légitime.
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Le président bolivien Mariano Melgarejo était un ex-sergent arrivé au pouvoir par un coup d'État, ce que l'on appelle un golpiste. En 1870, irrité par l'ambassadeur anglais à La Paz qui se refusait à signer un traité, il le fit enduire de chocolat et lui fit faire un tour de ville monté en croupe à l'envers sur une mule puis l'expulsa du pays.

Quand l'incident parvint à Londres, la reine Victoria, au sommet de sa puissance, décida de ne pas laisser l'outrage impuni et donna l'ordre d'envoyer une canonnière contre La Paz.

Quand le Premier ministre Gladstone lui fit remarquer que La Paz était à 500 kilomètres de la mer et à 4 000 mètres d'altitude, la reine se fit apporter une carte géographique et, après avoir découvert où se trouvait le pays, elle l'effaça d'un trait de plume en déclarant : « La Bolivie n'existe pas. »

Jusqu'à la fin de son règne, le pays disparut des cartes britanniques.
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La plus grande force du cinéma est qu'il donne l'illusion du réel.
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nouveauté est la Fondation pour combattre l’injustice51, association russe à but non lucratif fondée en mars 2021 par l’entrepreneur russe Evgueni Prigozhin. Elle travaille dans le monde entier pour lutter contre les violations des droits humains, en rapport avec trente-sept médias et soixante-dix associations, plus une aide aux migrants. En France, elle s’occupe de quatorze cas dont Traoré, Steve Maia Caniço, Zineb Redouane, Rémi Fraisse, Cédric Chouviat et apporte son soutien à Kémi Séba. Déclaration : « Nous sommes préoccupés par l’augmentation de la violence et du racisme parmi les forces de l’ordre en France. » « Nous sommes prêts à financer vos actions », insiste la lettre réservée aux associations Désarmons-les ! Témoins-Caisse de Solidarité, à Lyon, Fédération nationale des maisons des potes… Contactées par téléphone, toutes ont décliné. Prigozhin, homme d’affaires, est connu pour être derrière la société de mercenaires Wagner et ses premières « usines à trolls », installées en 2013 à Saint-Pétersbourg, destinées à inonder internet de commentaires sur mesure.

Commentaire du posteur: Etonnant; non,
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Ainsi que l’avait énoncé Benjamin Constant dans un Cours de politique constitutionnelle49 au xixe siècle :

Certains gouvernements, quand ils envoient leurs légions d’un pôle à l’autre, parlent encore de la défense de leurs foyers ; on dirait qu’ils appellent leurs foyers tous les endroits où ils ont mis le feu.
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Quel paradis nous attend après la mort ?
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Les avancées antiracistes ont eu pour conséquence de faire disparaître les Noirs de nombre de productions hollywoodiennes.

Principe 1 : si une population n'est plus diabolisable, elle n'est plus commercialisable : soit elle produit ses propres films (la blaxploitation), soit elle disparaît des scénarios ; on gomme ainsi la responsabilité du passé.
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Dans la nation multiethnique américaine, Hollywood joue le rôle de "bizuteur" infligeant à chaque couche de l'oignon national un passage cinématographique dégradant, mélange de racisme et de dénigrement.
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Attention !

Il existe de faux prophètes. Le salafisme n'est que la centre quatre-vingt-quatrième annonce de la fin du monde recensée depuis la chute de l'Empire romain.
Les sites qui s'en réclament propagent les mêmes descriptions associées aux mêmes promesses de paradis que d'autres sectes, comme les témoins de Jéhovah, les mormons, la secte Aum Shinrikyo, l'ordre du Temple solaire, le mouvement New Age américain, etc.
Certaines sectes ont prédit la fin du monde pour l'an 2000, puis pour le 21 décembre 2012 (21/12/12), sur la base du calendrier maya, du passage à l'ère du Verseau ou encore de mauvais présages astrophysiques comme l'alignement du Soleil sur le centre de la Voie lactée, l'inversion des pôles magnétiques, des visions télépathiques, des visites d'ovnis, la recrudescence des taches solaires, le réchauffement de la planète, la catastrophe de Fukushima...
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Les salafistes, très ritualistes, sont très soucieux de se différencier par leurs gestuelles quotidiennes : toujours utiliser trois doigts pour manger, boire l’eau en trois temps avec la main droite au repas, ne pas souffler sur le thé pour le refroidir, se servir de la main droite quand on est assis. La querelle des « bras croisés » pendant la prière, qui a un temps déchiré la communauté musulmane de Côte d’Ivoire, illustre ce rigorisme. Elle opposait ceux qui priaient les bras croisés sur la poitrine et ceux qui priaient les bras étendus, chacun prétendant mieux connaître les habitudes du Prophète. Mais, à l’instar de la querelle sur le sexe des anges qui déchira l’Empire byzantin, le débat reste ouvert à ce jour.
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La figure du héros a besoin d'un support : à Tegucigalpa, une statue de Morazán, héros de l'unité centre-américaine, est en fait une statue du maréchal Ney que la délégation guatémaltèque envoyée à Paris a pu se procurer aux Puces, après avoir dépensé le budget dans les fêtes de la capitale. Ce n'est pas grave, le héros a son support.
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Dans le livre Principes élémentaires de propagande de guerre (utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède)48, Anne Morelli retrouve les argumentaires de la propagande moderne perfectionnés réutilisés pendant la guerre du Golfe, en Yougoslavie, Afghanistan, Haut-Karabakh et surtout Irak :

- Nous ne voulons pas la guerre.

- Le camp adverse est le seul responsable de la guerre.

- Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l’affreux de service »).

- Nous défendons une cause noble et non des intérêts particuliers.

- L’ennemi commet sciemment des atrocités, si nous commettons des bavures c’est involontairement.

- L’ennemi utilise des armes non autorisées.

- Nous subissons très peu de pertes, celles de l’ennemi sont énormes.

- Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause.

- Notre cause a un caractère sacré.

Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres
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L’idée du recours à la force reste totalement intégrée dans la conscience collective d’un certain nombre de pays, même démocratiques. Il suffit de revoir l’étonnant radio-trottoir réalisé par une équipe de CNN en 2006 demandant à des Américains dans la rue : « Dans la guerre globale contre le terrorisme, quel pays faut-il attaquer maintenant après l’Irak ? » Aucun des interviewés ne remet en doute la question et la liste des réponses laisse parfois pantois.
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Hollywood peut, sans difficulté, prendre des libertés avec la vérité historique et jouer le rôle de mécanisme autonettoyant de la conscience nationale, pour restaurer une virginité collective.
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"En politique, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai", disait Talleyrand.
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La dynastie wahhabite, qui incite les Arabes et les musulmans à aller en Palestine ou en Afghanistan, n’a jamais tiré un coup de feu contre l’État hébreu, les deux frontières n’étant pourtant distantes que de quelques dizaines de kilomètres dans le golfe d’Aqaba. Lors de la guerre des Six Jours, Riyad envoya une brigade rejoindre les forces jordaniennes qu’elles atteignirent… alors que la guerre était finie.
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La plupart des Saoudiens partent à l’étranger pour échapper aux pesanteurs et fuir les restrictions de notre société, dans laquelle il faut se justifier pour chaque geste et chaque mouvement. On les trouve sur tous les lieux de plaisirs et de corruption, mais peu dans les musées, ni sur la trace des cultures passées ou des civilisations présentes. Les parents ferment les yeux sur toutes les folies de leurs fils tant que cela se passe loin de chez eux.
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Si le lecteur croit reconnaître dans les méthodes d'approche des salafistes [décrites dans ce livre] des techniques employées ailleurs, il ne se trompe pas. Le salafisme djihadiste n'a rien inventé.
Comme dans tous les processus de recrutement sectaires, déjà bien étudiés, les trois phases "séduction - rupture - combat missionnaire" sont suivies scrupuleusement. Mais le djihadisme y a ajouté une appétence toute particulière pour la violence, allant jusqu'au sacrifice suprême du croyant, présenté comme une garantie d'accès au paradis.
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Malgré la confrontation avec la réalité ou la critique de ses ouvrages largement vantés par les médias, l'insubmersible Bernard-Henri Lévy poursuit sa route comme d'autres. Le monde "des intellectuels français est un monde Tefal : aucune erreur n'accroche jamais " constatait un diplomate français avec l'auteur.
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