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Critiques de Pierre Crevoisier (5)
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Elle portait un manteau rouge

« La violence a plusieurs visages »



Par le biais d'un roman ficelé avec brio, Pierre Crevoisier parle de sujets actuels et bouleversants tel que la violence familiale ou l'amour passionnel. Au premier plan, il y relate la vie de famille chaotique d'une petite fille battue par son père, dont la mère subissant le même sort depuis tant d'année, n'a plus la capacité de défendre ses rejetons. En alternance, il nous projette dans la vie d'un homme tombé fou amoureux d'un ange qui se veut plus « déchu » qu'« élu », l'entraînant dans une chute dont il ne se relèvera pas.



Mais en arrière-plan, bien plus parlant et percutant à mon sens, il met en lumière les dommages que la violence peut engendrer dans la vie d'autrui. Elle est sournoise, s'installe sans y être invitée, s'immisce, forçant le chemin jusqu'à gangrener l'âme même de celle qui l'a subi. Elle enfante alors une victime, parfois aussi abjecte que son créateur, soufflant autour d'elle un périmètre où la peur tétanise quiconque aurait l'audace de crier « Aux Armes ! »



Je vous ai choisi ci-dessous deux extraits. Ils vous donneront ainsi une idée du contenu. le style romanesque est fluide, agréable et captivant, ce qui permet une immersion totale et rapide. Néanmoins, la violence telle que décrite dans certain passage ; authentique et parfois crue, pourrait ne pas plaire à tout le monde. Pour ma part, même si ce n'est pas mon répertoire habituel, c'est précisément la mise en évidence qui m'a touchée. Osez les mots pour décrire l'indicible !





1er extrait – Premier coup au cadet



« La porte s'ouvre avec fracas et, en dépit du soleil, là-bas, de l'autre côté, malgré les fenêtres largement ouvertes sur un été de chaleur pesante, le soir prend des airs de nuit. Son père est entré…



…Quelques secondes s'écoulent avant que son frère débouche de la droite, marionnette vivace dont les ressorts sont encore intacts. Il crie le nom de son père et se précipite vers lui. Micha est le seul être encore épargné de la famille. Cette grâce va s'interrompre…



…Elle (Agatha) voit le pied gauche du paternel former un appui, pivoter insensiblement au moment où le droit se soulève de terre, imprime un léger recul, comme une arme chargée, balaie l'air en arc de cercle pour heurter l'enfant à la hauteur de la hanche, le projetant brusquement contre le meuble du vestibule tel un clown désarticulé.



…Aussi loin qu'elle s'en souviendra plus tard, son petit frère s'est éteint ce jour-là … »





Cet extrait m'a frappée de plein fouet !

Quand la gratuité d'un geste, engendre le basculement d'une vie.





2ème extrait - Jacques raconte dans son journal



« Samedi 1er août



Je suis fasciné par sa manière de souffler le chaud et le froid sur nos vies. Je recherche le moment et la raison de la bascule, l'instant où nous avons touché l'iceberg qui nous déchire le flanc, la rencontre du malheur par inadvertance. Je ne trouve pas. L'épisode des bijoux me hante encore. J'ai plusieurs fois tenté d'y revenir pour y déceler l'incohérence. Anna a refusé tout dialogue à ce sujet, sauf à m'entendre enfin avouer un délit que je n'ai pourtant pas commis. le soupçon du mensonge renforce encore le larcin. Je dois être fourbe pour cumuler l'acte et son déni. A moins d'un coup de folie, égaré dans ma vie, ai-je été jusqu'à commettre un acte dont je ne me souviens pas ? J'ai beau être certain, un doute s'est infiltré et lézarde mon assurance. Il suffit qu'elle le croit pour que cela soit. »





La crédulité d'un cœur ensorcelé par la force persuasive d'une manipulation amoureuse. Déconcertant !
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Elle portait un manteau rouge

Le roman s'ouvre sur une scène de suicide, un suicide programmé, minuté , préparé avec une précision horlogère toute suisse. Une ouverture qui nous plonge d'entrée dans l'ambiance générale du roman, un drame par moments étouffant.





Vincent à l'annonce de la mort de son frère dans un accident de voiture se rend chez celui-ci, très vite il comprend que l'accident n'en n'est pas un. Dans le nid d'aigle de son frère, une maison au bord d'un gouffre (le symbolisme n'est pas fortuit) il découvre des dessins, les esquisses d'une femme en rouge, et un carnet. Le carnet raconte la rencontre de son frère, photographe avec une mystérieuse femme en rouge qui va l'obséder, il va tout faire pour retrouver cette femme croisée sur un quai de gare. Entre ses deux êtres, va naître une relation tout en passion, en sensualité, en violence, une relation marquée par la destruction. La rencontre de deux êtres blessés, pleins de failles, qui vont réouvrir d'anciennes blessures. Vincent à travers le récit de son frère, à travers les mots qu'il a écrits, va découvrir un homme qu'il ne connaissait pas, un homme fragile, marqué, blessé.





"Anna est revenue. Elle m'a lancé un appel joyeux. Toujours cette capacité à feindre d'oublier les déchirures. Mais elle n'oublie pas. A la moindre averse, les détails imperceptibles reprennent vie, ma culotte à l'envers, le ton de ma voix, le regard d'une autre femme, cinq minutes de retard, mon air de dromadaire, une seconde d'hésitation, une sale tronche, l'électricité de l'air, un vin éventé, une idée saumâtre, l'atmosphère du soir , un parfum empoisonné, un nuage devant les yeux, l'humeur d'un chien, le souvenir d'autres tempêtes, le feu sous la braise, l'acrimonie naît de toutes les étincelles. Parfois je me demande si Anna ne règle pas ses comptes avec son histoire à elle, une histoire qui ne me concerne pas sinon que je réveille chez elle des réflexes pavloviens en touchant des cicatrices encore vives. Elle refuse d'en parler."





Avec Elle portait un manteau rouge, Pierre Crevoisier nous offre un premier roman tout en tension, en violence, un roman intense aux scènes tour à tour dures, insoutenables, sensuelles, le tout servi par un style tantôt cru tantôt très poétique qui sert à merveille la description de cet amour destructeur. Un roman palpitant qu'on ne peut plus lâcher une fois commencé.

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Mes trous de mémoire

Voilà un recueil de nouvelles faites de saveurs singulières, dont on se délectera volontiers au coin du feu, dans ces froides nuits d’hiver où floconne la neige, où l'espace d'un instant vous vous dîtes : « Tiens, et si je me m’offrais un temps hors du temps ».



Douces, mélodieuses, drôles, poétiques, fantastiques, magiques. Une fresque aux multiples facettes couronnée d'un titre judicieusement choisi. Car c’est sans nul doute possible, dans les trous de mémoire d’un écrivain unique en son genre, que des histoires comme celles-ci naquirent.



Je vous invite à les découvrir une à la fois, comme un carré de chocolat qu’on déguste. Les engloutir toutes d’une traite serait dommage, vous passeriez à côté de la saveur véritable de chacune.



Alors laissez-moi vous en donner un avant-goût, une de mes préférées, avec « La tâche bleue ». Elle est comme l'aube d'un nouveau jour et le crépuscule d'un soir. Elle se révèle pas à pas, vous tient en émoi et vous accroche ! Remplissant votre écrin d'une richesse qui n'a pas de prix, vous repartirez le cœur épris.





L’homme sans nez (Lauréate du prix l’Hebdo/Semaine du goût 2014)



"… J’ai le sentiment que tous les regards sont rivés sur lui. Je jette un coup d’œil, à gauche et à droite, rapidement pour ne rien manquer, tant j’ai l’impression qu’une vie se joue à cette seconde, mais je suis seul à le voir. Je reviens à lui, à ses yeux fermés, à ce temps suspendu entre le nez et la fleur, au mouvement de la narine aspirant l’air et l’essence mêlés. Ses lèvres bougent maintenant, il parle à la fleur, ouverte, offerte, comme une bouche odorante.



Puis, tout s’arrête. La main lâche la corolle, je le vois au léger apaisement de l’arbuste après la tension, le bras retombé à sa verticale, la tête reprend son angle, à droite, l’œil s’attriste, l’épaule se voute et je vois l’homme reprendre son pas, un pas résigné cette fois. …



Mon regard quitte l'homme un instant, son dos en courbure, l'affaissement des épaules, je demande :



Pourquoi est-il là ? ..."





Osant un dernier conseil ; avant de commencer ce recueil, allez à la fin du livre (p. 99). L´auteur vous offre un cadeau qui couvrira d'une douceur mélodieuse chacune de vos lectures.
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Elle portait un manteau rouge

Après le décès de son frère, un homme fait une enquête sur les derniers mois de sa vie. Il découvre l'existence d'une femme au manteau rouge avec laquelle il a vécu une relation passionnée et intense mais aussi énormément destructrice. Cette jeune femme est issue d'une famille dont le père, violent, frappait la mère. Cette violence a entrainé le suicide du petit frère. Anna reproduit ce comportement avec les hommes qu'elle rencontre. Un livre a l'ambiance lourde mais dans lequel je n'ai pas éprouvé d'empathie pour les personnages.
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Le pas de l'éléphant

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