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Citation de enkidu_


Sur la place de la mosquée de Soliman le Magnifique, le vieux petit bazar est demeuré pareil. Chacun dans son échoppe ouverte, les patients enlumineurs, le pinceau à la main, sont accroupis au milieu de leurs petites fioles de dorure et d'argenture. Presque tous paraissent âgés, hommes d'une autre époque, pourrait-on dire. De leurs doigts maigres, agiles et précis, ils tracent, sur des cartons, d'impeccables caractères, en penchant au-dessus de leur ouvrage leur tète enturbannée. Ils excellent à composer, avec des passages du Coran, des dessins presque symétriques, imitant quelquefois des urnes, ou môme des gerbes de rigides fleurs.

La calligraphie était jadis un des arts les plus en honneur dans ce pays où l'on avait le temps et la patience ; les sultans eux-mêmes s'y adonnaient et ne dédaignaient point d'écrire, pour les mosquées, des Corans précieux, de même que jadis les empereurs de Byzance enluminaient des Évangiles. Les caractères arabes (adoptés, comme on sait, par les Turcs en même temps que la religion du Prophète) sont du reste étrangement décoratifs ; sur les faïences, sur les marbres, sur les parchemins, ils se prêtent à des enroulements qui s'harmonisent avec les arabesques et qui, toujours, y ajoutent l'indicible mystère de l'Islam.

Je fais choix de belles inscriptions, — mais parmi celles qui sont déjà tout encadrées, toutes prêtes, car on pense bien que je n'ai pas le temps d'attendre pour les poser chez moi : la vie est trop courte, et la saison finira trop vite. Elles sont en lettres d'or sur fond noir, et disent des prières de résignation et de confiance. Un portefaix les charge sur son dos et nous rentrons au logis, après avoir acheté en route un marteau et des clous pour, tout de suite, les accrocher aux murailles. Dans ma chambre, à la tête du matelas, recouvert d'un tapis de Perse, où je dormirai, je suspends celle-ci : « Allah ! je me confierai en Ta miséricorde au jour des châtiments. » (pp. 91-93)
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