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Citations de Pierre Loti (920)


Tout ce que je sais, je l'ai appris à mes dépens.
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Dans ce ciel très couvert, très épais, il y avait çà et là des déchirures, comme des percées dans un dôme, par où arrivaient de grands rayons couleur d'argent rose.
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Saint-Jean-de-Luz conserve encore quelques recoins charmants, quelques tranquilles et honnêtes petites rues, empreintes du cachet local : toits débordants ; façades peintes à la chaux, où s'entrecroisent des poutres vertes ou rouges ; grands arbres passant par-dessus des clôtures de jardins ; échappées de vue sur la mer bleue ou les Pyrénées brunes ; paix et silence, entre des murs blancs, sur un pavage de galets marins...

Mais l'horreur des constructions modernes va se multipliant chaque jour. Pas un bout de plage, pas une gentille colline que ne déshonore à présent quelque grande bâtisse coûteuse, conçue par des rastaquouères extravagants, par des snobs en délire...

Quand ce serait si simple, mon Dieu, pour ne pas défigurer ce pays, de bâtir des maisons basques, comme certains rares artistes ont eu le bon goût de le faire !...

Hélas ! hélas ! qui nous sauvera de la pacotille moderne, du faux luxe, de l'uniformité et des imbéciles !...
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Le navire se balançait lentement sur place, en rendant toujours sa même plainte, monotone comme une chanson de Bretagne répétée en rêve par un homme endormi.
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Ce beau profil à peine aperçu; ce regard superbe et un peu farouche; ces prunelles brunes légèrement fauves, courant très vite sur l'opale bleuâtre de ses yeux, tout cela l'avait impressionnée et intimidée aussi.
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Aujourd'hui, Sylvestre et sa femme, seuls ensemble, s'en sont allés au cimetière, lentement. Là sans doute, au pale et trompeur soleil, ils se sont occupés à arranger les bouquets blancs encore frais, sur la petite fosse, sur l'horrible terre. Et maintenant le jour baisse avec des frissons désolés : l'heure de rentrer vient, l'heure où l'on ramenait au logis l'amour de petit enfant, les joues rougies par le vent du dehors... Ce soir, ils rentreront seuls, les parents ; c'est leur premier dimanche sans leur petit Roger ; ils l'ont laissé là-bas, décoloré et froid sous la terre. Dans leur chambre, quand ils seront de retour, devant le feu qui s'allumera, la petite voix vive et le petit rire délicieux ne s'entendront pas. La robe et le beau chapeau des jours de fête, serrés dans l'armoire, sont devenus de pauvres reliques, que le temps va bientôt démoder et jaunir.
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Elle se savait jolie de figure, mais elle était bien inconsciente de la beauté de son corps. Du reste, dans cette région de la Bretagne, chez les filles des pêcheurs islandais, c'est presque de race, cette beauté là; on ne la remarque plus guère, et même les moins sages d'entre elles, au lieu d'en faire parade, auraient une pudeur à la laisser voir. Non, ce sont les raffinés des villes qui attachent tant d'importance à ces choses pour les mouler ou les peindre...
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Elle l'aimait assez pour oser le lui avouer en face. Elle lui dirait : " Vous m'avez cherchée quand je ne vous demandais rien ; à présent, je suis à vous de toute mon âme si vous me voulez ; voyez, je ne redoute pas de devenir la femme d'un pêcheur, et cependant, parmi les garçons de Paimpol, je n'aurais qu'à choisir si j'en désirais un pour mon mari ; mais je vous aime, vous, parce que, malgré tout, je vous crois meilleur que les autres jeunes hommes ; je suis un peu riche, je sais que je suis jolie ; bien que j'aie habité dans les villes, je vous jure que je suis une fille sage, n'ayant jamais rien fait de mal alors, puisque je vous aime tant, pourquoi ne me prendriez vous pas ? "
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Presque toujours on trouve là des petits nouveaux-nés, conçus l'hiver d'avant, et qui attendent des parrains pour recevoir le sacrement du baptème : il faut beaucoup d'enfants à ces races de pêcheurs que l'Islande dévore.
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Le temps est redevenu calme, sans un nuage ; il a cette limpidité particulière aux ciels que les typhons ont balayés, transparence excessive, permettant de distinguer dans les lointains d’infimes détails qu’on n’avait encore jamais vus, comme si le grand souffle terrible avait emporté jusqu’aux plus légères brumes errantes, ne laissant partout qu’un vide profond et clair. Et, après ces pluies, les couleurs vertes des bois, des montagnes, sont devenues d’une splendeur printanière, se sont rafraîchies – comme s’avivent d’un éclat mouillé les tons d’une peinture fraîchement lavée.
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Voici qu'il grandissait à chaque mot, cet être d'un premier aspect si vulgaire, et nous commencions à l'entourer avec une curiosité charmée.

— Cependant, c'est vous qui serez le moins épargné de tous, mon Père ?

— Oh ! c'est bien probable, en effet, répondit-il, tranquille et admirable comme un martyr antique. Dix de ses paroissiens l'attendaient sur la plage au coucher du soleil ; tous ensemble, ils retourneraient la nuit au village menacé, et alors, à la volonté de Dieu !

Et comme on le pressait de rester, — car c'était courir à la mort, à quelque atroce mort chinoise, que de s'en retourner là-bas après ce refus de secours, — il s'indigna doucement, obstiné, inébranlable, mais sans grandes phrases et sans colère :

— C'est moi qui les ai convertis, et vous voulez que je les abandonne quand on les persécute pour leur foi ? Mais ce sont mes enfants, vous comprenez bien l...

Avec une certaine émotion, l'officier de quart fit préparer un de nos canots pour le reconduire, et nous allâmes tous lui serrer la main à son départ. Toujours tranquille, redevenu insignifiant et muet, il nous confia une lettre pour un vieux parent de Lorraine, prit une petite provision de tabac français, puis se mit en route.

Et, tandis que le jour baissait, nous restâmes longtemps à regarder en silence s'éloigner, sur l'eau lourde et chaude, la silhouette de cet apôtre qui s'en allait simplement à son martyre obscur.
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Et j 'ai un instant de plaisir étrange à songer que je ne suis encore ici qu'au seuil, qu 'à l'entrée profanée par tout le monde, de cet empire du Moghreb où je pénétrerai bientôt ; que Fez, but de notre voyage, est loin, sous le dévorant soleil, au fond de ce pays immobile et fermé où la vie demeure la même aujourd'hui qu'il y a mille ans .
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La petite lampe, qui brûlait seule à cette heure avancée, éclairait avec un peu de mystère ses épaules et sa poitrine, sa forme admirable qu'aucun œil n'avait jamais regardée et qui allait sans doute être perdue pour tous, se dessécher sans être jamais vue, puisque ce Yann ne la voulait pas pour lui...
Elle se savait jolie de figure, mais elle était bien inconsciente de la beauté de son corps. Du reste, dans cette région de la Bretagne, chez les filles des pêcheurs islandais, c'est presque de race, cette beauté-là ; on ne la remarque plus guère, et même les moins sages d'entre elles, au lieu d'en faire parade, auraient une pudeur à la laisser voir. Non, ce sont les raffinés des villes qui attachent tant d'importance à ces choses pour les mouler ou les peindre...
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Un soleil d'avril, du même avril, mais de la semaine suivante, arrivant tamisé de stores et de mousselines, dans la chambre d'une jeune fille endormie. Un soleil de matin, important, même à travers des rideaux, des persiennes, des grillages, cette joie éphémère et cette tromperie éternelle des renouveaux terrestres, à quoi se laissent toujours prendre, depuis le commencement du monde, les âmes compliquées ou simples des créatures, âmes des hommes, âmes des bêtes, petites âmes des oiseaux chanteurs…
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On voyait se dessiner très loin, les unes par-dessus les autres, toutes les découpures de la côte, la terre de Bretagne finissait en pointes dentelées qui s'allongeaient sur le tranquille néant des eaux.
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C'était vrai, qu'il l'avait de tout temps aimée, mais pas comme à présent : cela augmentait dans son coeur et dans sa tête comme une marée qui monte, qui monte, jusqu'à tout remplir.
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Le soleil du couchant est d'une limpidité profonde, dans des jaunes pâles extrêmement froids ; Tanger qui paraît dans le lointain, sous mes poids, semble à cette heure un éboulement de cubes sur une pente de montagne ; ses blancheurs, en s'adoucissant, tournent au bleuâtre glacé ; au-delà s'étend la mer d'un bleu sombre ;-au-delà encore, en silhouette d'un gris d'ardoise, se dessinent l'Espagne, l 'Europe, une proche voisine avec laquelle ce pays, paraît-il , fraye le moins possible .
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Samuel met deux culottes percées l’une sur l’autre pour aller au travail ; il se figure que les trous ne coïncident pas et qu’il est fort convenable ainsi.
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A côté des cabarets, l'église au perron semé de feuillages, tout ouverte en grande baie sombre, avec son odeur d'encens, avec ses cierges dans son obscurité, et ses ex-voto de marins partout accrochés à la sainte voûte. A côté des filles amoureuses, les fiancées de matelots disparus, les veuves de naufragés, sortant des chapelles des morts, avec leurs longs châles de deuil et leurs petites coiffes lisses ; les yeux à terre, silencieuses, passant au milieu de ce bruit de vie, comme un avertissement noir. Et là tout près, la mer toujours, la grande nourrice et la grande dévorante de ces générations vigoureuses, s'agitant elle aussi, faisant son bruit, prenant part à la fête...
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C’est, sans doute, parce que la persistance de certaines choses, de tout temps connues, arrive à nous leurrer sur notre propre stabilité, sur notre propre durée ; en les voyant demeurer les mêmes, il nous semble que nous ne pourrons pas changer ni cesser d’être.
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